Patrick Valas chez Juan-David Nasio, les malentendus de la « psychosomatique ».

mercredi 23 septembre 2015
par  P. Valas

Le 10 avril 2010 Patrick Valas, répondant à l’invitation de Juan-David Nasio, intervient dans un des Séminaires Psychanalytiques de Paris (SPP) qui a pour titre « comment agir avec un patient psychosomatique ? ».
Ici dans un exposé remarquable Patrick Valas conteste l’existence d’un tel patient et interroge le sens même du mot « psychosomatique » à la lumière des concepts de Jacques Lacan.
Isidore Ducan le 23 septembre 2015

MP3 - 182.3 Mo
Patrick Valas chez Juan-David Nasio, les malentendus de la « psychosomatique »

Freud et Lacan avancent que le corps du parlêtre présente « une sensibilité particulière, constitutionnelle au langage ».
En aucun cas ils ne font du langage un organe du corps.
Lalangue est déjà là avant notre naissance et sera là après notre mort.
Elle colonise le corps en parasitant sa jouissance, tout en l’animant.
Nous ne savons pas pourquoi l’homme est le seul être au monde à posséder un langage articulé.

La psychosomatique : Un fétiche pour les ignorants (patrick valas).

La psychosomatique : Un fétiche pour les ignorants

JPEG - 198.8 ko

Patrick Valas, Essai sur le corps, en médecine, biologie et psychanalyse.
Freud et Lacan avancent que le corps du parlêtre présente « une sensibilité particulière, constitutionnelle au langage ».
En aucun cas ils ne font du langage un organe du corps.
Lalangue est déjà là avant notre naissance et sera là après notre mort.
Elle colonise le corps en parasitant sa jouissance, tout en l’animant.
Nous ne savons pas pourquoi l’homme est le seul être au monde à posséder un langage articulé.

Patrick Valas, Essai sur le corps, en médecine, biologie et psychanalyse.

PDF - 3.2 Mo
el cuerpo, en médecine, biologie et psychanalyse (en espagnol)
PDF - 1.2 Mo
le corps en medecine biologie et psychanalyse.

Patrick Valas, essai sur le corps en médecine, biologie et psychanalyse
Une aussi vaste question nécessiterait clés années de travail, aussi bien on se limitera ici à une approche très schématique du concept de corps dans ces disciplines pour en donner des définitions qui permettraient de prendre quelques repérages ordonnant les recherches.
Il ne s’agit pas non plus de faire l’histoire des conceptions du corps à travers les âges et les civilisations.
On sait depuis toujours que le somatique et le psychique sont noués, la coupure ne passe pas entre eux.
La coupure passe entre le psychique et le logique – autrement dit le discours, ce pourquoi la science et la psychanalyse ne définissent pas ces choses de la même façon.

Il y a l’organisme vivant et le corps.
Ils sont noués d’une façon pour nous encore énigmatique.

La biologie en effet ne peut pas rendre compte de la morphogénèse à partir de ses prédicats réductionnistes, cellulaires, génétiques ou moléculaires.
La psychanalyse peut apporter une réponse à cette question par la distinction qu’elle fait entre l’organisme et le corps.
Entre l’image inconsciente du corps (F. Dolto) et le schéma corporel (Freud, Dolto, Lacan).

Addenda :

Université de Paris VII-faculté Xavier Bichat.- Assistance Publique des hôpitaux de Paris.
La lettre du Professeur Marcel-Francis Kahn.
Médecin de l’hôpital Bichat.
Service de Rhumatologie.
46 rue Henri Huchard.
75 0 18 Paris
Tél : 01 40 25 74 00

Mon cher Patrick
D’abord, un grand merci pour l’envoi de ton article que j’ai immédiatement lu dans la mesure où j’ai retrouvé traité avec une grande honnêteté intellectuelle et une ouverture d’esprit pas toujours présent dans le milieu psy une problématique qui m’intéresse et m’interpelle.
Je n’utilise jamais le mot psychosomatique, qui tant chez les soignants que chez les patients a des connotations confuses, source de malentendus et de ruptures dans la relation thérapeutique (« Docteur, vous me dites que c’est dans la tête » est une phrase classique qui traduit souvent un déficit de connaissance, ou de traitement et thérapeutique, correct de la relation diagnostique
Tu te doutes peut-être que j’appartiens essentiellement au premier courant, ce qui, bien sûr, ne m’empêche pas de reconnaître l’existence et l’intervention de l’appareil psychique dans la modulation, voire la production des symptômes lésionnels ou fonctionnels (au sens biochimique du terme).
À ce propos, cependant, deux remarques :
1) Il n’y a pas de raison de chercher une théorie unitaire quand on est tenant (ce terme est un peu dur) de l’homme biologique - il est tout à la fois neuronal, hormonales, génétique et immunitaire - les connaissances actuelles permettent d’accepter que ce sont là des facettes différentes mais interconnectées dans la réalité biologique qui n’empêche nullement d’étudier plus spécifiquement les « bouts de réel ».
2) Nous ne sommes aujourd’hui malgré tous les progrès, qu’à un moment donné de la connaissance et le désir de « tout » savoir est un rêve asymptotique - la boîte noire du fonctionnement neuronal est loin d’avoir tout livré, à commencer par la structure et le mode d’expression de l’inconscient et de son étude par les rêves. Aucun membre du courant « tout biologique » n’a de réticence à admettre l’inconscient et même le rôle dialectique du langage.
Un exemple de cette boîte noire qui se présente aux cliniciens et qui d’ailleurs me passionne depuis longtemps : les manifestations conversionnelles de l’appareil locomoteur - même si leur psychogenèse peut-être prise en compte (expliquée ??) par les théories analytiques, leur mode de production « neurologique » et les voies par lesquelles ces manifestations s’expriment reste un grand mystère.
Par ailleurs, es-tu sûr que la spécificité parlante du corps humain n’a pas d’équivalent dans le règne animal ? Les dauphins, être très évolués, communiquent entre eux par des signaux acoustiques très sophistiqués - tu l’évoque d’ailleurs - de plus, la souffrance animale de cause affective existe - pendant la guerre j’avais été frappé par un chien qui s’est laissé mourir d’inanition après que son maître ait été déporté.
Quant aux maladies où l’on invoque une causalité psychique totale ou partielle, il est vrai que comme tu le dis, il y a indiscutablement une participation subjective dans leur déclenchement, les poussées de certaines manifestations paroxystiques dont « les violettes artificielles » de Marcel Proust sont un bon exemple.
Je connais les positions de l’école de feu Marty guillemets dans la mesure où leur conception me semble effectivement farfelues. Mais où leur prise en charge des problèmes psychologiques des maladies somatiques aident ces derniers (j’ai pu le constater) il m’arrive de travailler avec eux (mais pourquoi pas maintenant avec toi…)
Quant aux conceptions lacaniennes, j’ai eu l’occasion - si j’ose dire - de les approcher de près car je connaissais Lacan (par la guerre d’Algérie… Et ses filles) et j’ai même eu l’occasion de le soigner. Et si je peux témoigner qu’il préparait soigneusement ses séminaires (ce dont certains doutaient), son discours devant les problèmes somatiques me semblait très différent de son discours - que je n’ose appelé académique.
J’ai bien aimé et souligné comme il convenait, la phrase « ce n’est pas à la psychanalyse qui n’en a pas les moyens, de démontrer par quel circuit neurophysiologique le signifiant peut affecté le corps »… Même si « c’est un fait indiscutable qui peut s’observer dans la pratique ». Mais il n’est pas dit que tout soit écrit dans ce domaine.
Mais que par l’impact du désir et du langage, ou, a contrario par des explications purement pavloviennes, on arrivera peut-être à démêler ces circuits.
Dans ma spécialité, je suis confronté tous les jours avec les problèmes de la douleur, y compris de celles non liées à une pathologie bien identifiée. Tu sais peut-être que j’ai introduit en France l’étude de la fibromyalgie, symptôme neurologique sans désordre anatomique ou biologique identifié mais dont l’existence est bien réelle. Et je suis assez d’accord pour les propositions que tu fais sur la prise en charge des patients mêmes si l’on peut garder les éléments de divergences concernant les interprétations.
Je suis aussi d’accord sur ton interprétation des médecines dites parallèles, même si je combats leur diffusion pour des raisons de cohérence idéologique.
Je te signale à ce propos que le mot allopathie (proposé voir imposé par les homéopathes), est dénué de sens étymologique.
J’espère que nous aurons l’occasion de parler de tout cela de vive voix.
Très amicalement à toi
Marcel Francis

PS : le 2/1/1999 je me suis confronté à un acte manqué, qui explique que je n’étais pas envoyé cette lettre écrite il y a plus d’un mois !
J’y ajoute donc de tout mon cœur !


Documents joints

Patrick Valas chez Juan-David Nasio, les (...)

Commentaires  Forum fermé

Logo de G. Boyer.
Les Séminaires Psychanalytiques de Paris
samedi 21 juillet 2012 à 10h46 - par  G. Boyer.

Vers la 45e minute de l’audio
vous lisez la lettre à vous envoyée en parlant de « . honnêteté intellectuelle et ouverture d’esprit rares ds le milieu MEDICAL . »

Navigation

Articles de la rubrique