L’homme aux hippocampes

dimanche 13 décembre 2009
par  P. Valas

JPEG - 40.5 ko
 

C’est à la lecture des livres que l’on peut prendre la mesure de la menace qui pèse sur les hippocampes.

L’espèce est en effet menacée autant par les neurosciences que par le réchauffement climatique.

Aurions-nous été suffisamment attentifs au changement du paradigme qui nous fait passer, s’agissant des biologistes, de L’homme-aux-rats, à l’homme-aux-hippocampes ?

L’hippocampe est-il un poisson ou un cheval ?

- S’il est un poisson, alors la friture entre la psychanalyse et la biologie est à prévoir.

- S’il est un cheval, c’est une thèse forte, et même un peu audacieuse on en convient, mais on la soutiendra sans scrupules.

 
Parce que si l’hippocampe est un cheval marin qui joue de la trompette, comme le montre sans la moindre équivoque le succès planétaire auprès des enfants, du film hollywoodien La Petite sirène, alors nous tenons la clé de ce mystère qui hante certains hommes (ou enfants phobiques), dans la figure du Centaure. Peu importe alors de savoir s’il a 4 ou 5 pattes, laissons cela aux logiciens.

Autrement dit sommes-nous évolutionnistes ou créationnistes ?

C’est la question du pot de moutarde qui est posée ici, de savoir pourquoi il est toujours vide alors qu’on le croyait plein en le posant sur la table pour nos invités ?

On ne fabrique pas une nouille en mettant de la farine autour d’un trou, mais le contraire, parce que le signifiant fait trou du pot de par le savoir-faire intransmissible de l’artisan.

Dieu l’empoté, est toujours à l’horizon de la pensée créationniste.

Avant que d’être parlant, il y a le corps tout court qui n’est pas à confondre avec l’organisme vivant de nos savants

Avec Freud et Lacan, nous sommes évolutionnistes, et même plus, à la pointe de la pensée de Darwin, on y viendra plus loin.

Darwin à fait subir à l’homme une blessure narcissique grave, en affirmant que l’homme descend du singe.

Du coup Dieu, qui à néanmoins créé l’homme à son image — Dieu donc en fait une drôle de gueule, il a pris un râteau avec sa créature préférée.

Il y a cependant une faille de structure dans le système de Darwin (voire Gödel), plutôt une faiblesse dans son raisonnement.

En effet si l’homme descend du singe, ce qui est probable (sans oublier l’hippocampe qui n’est pas un poisson), nous sommes bien obligés de poser la question suivante, qui trouvera certainement sa réponse logique à partir de l’expérience clinique :

L’homme est-il descendu du singe alors que celui-ci était encore dans l’arbre ou bien en était-il descendu ou pas encore monté ?

- Dans la première alternative, on comprend mieux pourquoi les hommes tombent facilement des arbres ou leur restent suspendus par une corde.

- Dans la seconde alternative, on peut saisir pourquoi les hommes ne savent pas monter aux arbres, sauf les enfants ou dans les pays où il y a des cocotiers.

 
Je crois pour ma part que l’hippocampe sera un meilleur vecteur pour introduire la considération du sujet dans la science, plutôt que l’éléphant de nos écrits techniques les plus sophistiqués, ou le rhinocéros de nos contrôles.

Avant que d’être parlant, il y a le corps tout court.

Avec René Thom, Claude Léger, Jean Rostand, Freud, Lacan et Françoise Dolto.

Argument :

La science moderne ne peut plus rendre compte de la morphogénèse des grands organismes.

La biologie, comme la médecine, du fait de leur pensée réductionniste à l’extrême, organique, tissulaire, génétique, moléculaire, atomique, corpusculaire, quantique, ne savent plus ce qu’est un corps avant que d’être parlant.

Ainsi depuis le déchiffrage du génome, on ne peut plus faire le lien entre génotype et phénotype.

Seule la psychanalyse peut trouver une réponse pertinente sur la question du corps. Avec le stade du miroir (Lacan), l’image inconsciente du corps (Dolto) et l’hippocampe qui va ouvrir une voie royale au sujet pour son retour triomphant dans le discours de la science dont il est l’agent, par essence et par excellence.

Patrick Valas
Paris, Monparno.