Je remercie Annie Staricky, l’équipe informelle dont elle s’est entourée et qui a bien voulu apporter son soutien financier, et Carole Fisbach, pour la lecture des manuscrits et la frappe. Elles ont permis la réalisation de ce Thésaurus.
THÉSAURUS
VI. La femme
dans les séminaires de Jacques Lacan (1981)
Établi par Patrick Valas
J’ai suivi à travers tous les séminaires de Jacques Lacan les occurrences du terme de la femme, en notant (à quelques exceptions près) pour composer ce thésaurus la citation complète et sa référence. Je recommande au lecteur d’aller consulter et vérifier les citations à leur source dans leur contexte.*
Patrick Valas
THÉSAURUS
I. Le symptôme (paru)
II. Le surmoi (paru)
III. La fin de l’analyse et la passe (paru)
IV. La perversion (paru)
V. L’amour et le transfert (à paraître)
VI. La femme
VII. La jouissance (paru)
* Nota : Pour faciliter le travail, j’ai donné ici la référence dans les textes publiés, il ne s’agit cependant pas d’une reproduction de ces textes, puisque ces citations sont faites à partir de notes personnelles. – Par ailleurs, la pagination correspond, pour certains séminaires, à des séminaires non publiés à l’époque où j’ai établi ce thésaurus : le point de repère est donc, de façon générale, celui de la date de la leçon.
THÉSAURUS SUR LA FEMME
Livre I, 1953-1954 : Les écrits techniques.
1. … Freud est pour nous tous un homme placé comme chacun au milieu de toutes les contingences – La mort, la femme, le père. (p. 8).
2. … C’est qu’une petite fille, une femme virtuelle, donc un être beaucoup plus engagé dans le réel que les mâles. (p. 187).
Livre II, 1954-1955 : Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse.
1. Nous savons l’importance extrême du rôle que sa femme a joué dans la vie de Freud. Il avait pour elle un attachement non seulement familial, mais conjugal, hautement idéalisé. Il semble bien pourtant à certaines nuances qu’elle n’ait pas été sans lui apporter, sur certains plans instinctuels, quelque déception. (p. 185).
2. Le respect du pacte qui unit l’homme à la femme a une valeur essentielle pour la société entière, et cette valeur est depuis toujours incarnée au maximum dans les personnes du couple royal qui joue. Ce couple est le symbole du pacte majeur, qui accorde l’élément mâle et l’élément femelle… (à propos de La lettre volée). (p. 232).
3. Si ce n’est que pour être vis-à-vis de la lettre dans la même position où était la Reine, dans une position essentiellement féminine, le ministre tombe sous le coup de ce qui est arrivé à celle-là. (p. 237).
4. C’est à Amphitryon que j’ai fait allusion devant notre visiteur Moreno, lorsque je lui ai dit qu’assurément notre femme doit nous tromper de temps en temps avec Dieu. (p. 301).
5. L’amour que la femme donne à son époux ne vise pas l’individu, même idéalisé …. Mais c’est un être au-delà. (p. 302).
6. Lévi-Strauss démontre que, dans la structure de l’alliance, la femme qui définit l’ordre culturel, par opposition à l’ordre naturel est l’objet d’échange, au même titre que la parole, laquelle est en effet l’objet de l’échange originel … et nous permet en particulier de comprendre la position dissymétrique de la femme dans les liens amoureux, et tout spécialement dans leur forme socialisée plus éminente, à savoir le lien conjugal. (p. 303).
7. …c’est à partir du moment où la femme s’émancipe, où elle a comme telle droit de posséder, où elle devient un individu dans la société, que la signification du mariage s’abrase. Fondamentalement la femme est introduite dans le pacte symbolique du mariage comme objet d’échange entre - je ne dirais pas : les hommes …- entre les lignées, lignées fondamentalement androcentriques. Comprendre les diverses structures élémentaires, c’est comprendre comment circulent, à travers ces lignées, ces objets d’échange que sont les femmes. (p.304).
8. Que la femme soit ainsi engagée dans un ordre d’échange où elle est objet, c’est bien ce qui fait le caractère fondamentalement conflictuel, je dirais sans issue, de sa position - l’ordre symbolique littéralement la soumet, la transcende. (p. 304).
9. Le tous les hommes proudhonien est ici l’homme universel, qui est à la fois l’homme le plus concret et l’homme le plus transcendant, et c’est là l’impasse où la femme est poussée par sa fonction particulière dans l’ordre symbolique. Il y a pour elle quelque chose d’insurmontable, disons d’inacceptable, dans le fait d’être mise en position d’objet dans un ordre symbolique, auquel elle est d’autre part entièrement soumise aussi bien que l’homme (p. 305).
10. En d’autres termes, dans la forme primitive du mariage, si ça n’est pas à un dieu, à quelque chose de transcendant que la femme est donnée, et se donne, la relation fondamentale subit toutes les formes de dégradation imaginaire. (p. 305).
11. La révolte féminine n’est pas une chose qui date d’hier. (p. 305).
Livre III, 1955-1956 : Les structures freudiennes dans les psychoses.
1. …dans le cas de Dora . A quoi aboutit-elle, en effet si ce n’est à une question fondamentale sur le sujet de son sexe. Non pas sur quel sexe elle a, mais - Qu’est-ce que c’est que d’être femme ? Les deux rêves de Dora sont absolument transparents à cet égard- on ne parle que de cela, Qu’est-ce qu’être une femme , et spécifiquement, Qu’est-ce qu’un organe féminin ?
(XII, p, 193 ; 14 mars 1956).
2. (Dans le cas du sujet : le conducteur de tramway) : nous nous trouvons devant quelque chose de singulier, c’est très exactement que le sujet mâle se trouve dans la même position, à savoir que la femme s’interroge sur ce que c’est qu’être une femme, de même le sujet mâle s’interroge sur ce que c’est qu’être une femme. (XIII, p18 ; 14 mars 1956).
3. Pour la femme, la réalisation de son sexe ne se fait pas dans le complexe d’Œdipe d’une façon symétrique à celle de l’homme, non pas par identification à la mère mais au contraire par identification à l’objet paternel , ce qui lui assigne un détour supplémentaire. Freud n’a jamais démordu de cette conception. (XII, p193 ; 14 mars 1956).
4. C’est très exactement que sa façon d’interroger sur ce qu’est son sexe, ce qu’est sa féminité…Que dit Dora par sa névrose ? Que dit l’hystérique-femme ? Sa question est la suivante : Qu’est-ce qu’être une femme ? (XIII, p. 197 ; 21 mars 1956).
5. Pourquoi en effet ne pas admettre tout simplement que dans la rivalité de la fille avec la Mère à l’égard du Père il ne s’agit là que d’objet du désir ? (XIII, p. 197 ; 21 mars 1956).
6. L’élément anatomique sur lequel Freud insiste qui fait que pour la femme les deux sexes dans leur organisation anatomique sont identiques ? Est-ce simplement là la raison de la dissymétrie ? (XIII, p. 198 ; 21 mars 1956).
7. Ce que nous voyons c’est qu’une dissymétrie essentielle apparaît au niveau du signifiant, au niveau du symbolique. Et il n’y a pas, dirons-nous, à proprement parler du sexe de la femme comme tel ; la symbolisation en tous cas n’en est pas la même, n’a pas la même source, n’a pas le même mode d’accès que la symbolisation du sexe de l’homme ; et ceci pour une raison qu’il ne faut pas même chercher au-delà de ce quelque chose de simple, c’est que l’imaginaire ne fournit qu’une absence là où il y a ailleurs un symbole très prévalent, que c’est de la prévalence de la Gestalt phallique que dépend quelque chose d’essentiel dans ce qui force la femme, dans la réalisation du complexe œdipien, à ce détour à l’identification au père, qui est tout à fait dissymétrique pour rapporter ce qui se passe chez le garçon, et la force à prendre les mêmes chemins que le garçon pendant un temps. L’accès de la femme au complexe œdipien se fait du côté du Père. C’est son identification imaginaire qui se fait en passant par le père, exactement comme chez le garçon. Et elle le fait précisément en fonction d’une prévalence de la forme imaginaire, mais en tant qu’il est pris lui comme élément symbolique central de l’œdipe.
(XIII, p. 198 ; 21 mars 1956).
8. En d’autres termes, si le complexe de castration prend une valeur pivot dans la réalisation d’œdipe, et ceci pour les deux sujets aussi bien garçon et fille - c’est très précisément en fonction du Père que le phallus est un symbole dont il n’y a pas d’équivalent … Les deux voies les font passer par le même sentier. Le sentier de la castration chez le garçon est exactement de la même façon chez la fille avec ce qu’elle détermine comme étant le pivot de la réalisation de l’œdipe dans la sexualité féminine, à savoir le pénis. (XIII, p. 198 ; 21 mars 1956).
9. C’est le sexe féminin qui a ce caractère d’absence, ce vide, ce trou qui fait qu’une dissymétrie essentielle apparaît. (XIII, p. 199 ; 21 mars 1956).
10. C’est à la symbolisation qu’est soumise comme une exigence essentielle la réalisation génitale, que l’homme se virilise, et que la femme accepte véritablement sa fonction féminine. (XIII, p. 200 ; 21 mars 1956).
11. Qu’est-ce qui se passe en effet quand Dora se trouve poser sa question, s’interroger sur : qu’est-ce qu’une femme ?. Cela a le sens et pas un autre, d’une interrogation, une tentative de symboliser l’organe féminin comme tel. (C’est que ce pénis à elle lui sert littéralement d’instrument imaginaire pour appréhender ce qu’elle n’arrive pas à symboliser). (XIII, p. 200 ; 21 mars 1956).
12. En ce sens on peut dire que l’hystérique femme, s’il y a beaucoup plus d’hystériques femmes que d’hystériques hommes, c’est un fait d’expérience clinique, c’est parce que le chemin de la réalisation symbolique de la femme comme telle est plus compliqué. Inversement pour ce qui est d’en poser le problème, c’est-à-dire en quelque sorte de s’arrêter à mi-chemin. Car devenir femme et s’interroger sur ce qu’est être une femme sont deux choses essentiellement différentes. Je dirais même plus, que c’est parce qu’on ne le devient pas qu’on s’interroge, et jusqu’à un certain point, s’interroger est le contraire de le devenir. La métaphysique de sa position est le détour imposé à la réalisation subjective chez la femme. C’est parce que sa position est essentiellement problématique, et jusqu’à un certain point inassimilable qu’elle fera plus facilement une hystérique qu’un sujet du sexe opposé. Mais d’un autre côté, une hystérie sera précisément aussi une solution plus adéquate, quand la question prend forme sous cet aspect de l’hystérie. Et elle prend cette forme par la voie la plus courte, c’est-à-dire qu’il lui est très facile de poser la question simplement par l’identification au père. C’est ce qui fait la particulière clarté de la position féminine à l’intérieur de l’hystérie. (XIII, p. 200 ; 21 mars 1956).
13. L’hystérie homme et femme se pose la même question : c’est-à-dire que … c’est quelque chose qui concerne la position féminine (XIII, p. 201 ; 21 mars 1956).
14. Le facteur commun de la position féminine comme de la position masculine ; c’est à savoir pour tous les deux se pose sans aucun doute dans des voies et dans des termes différents, la question de la procréation. (XIII, p. 201 ; 21 mars 1956).
15. Il s’agit justement de savoir en quoi le mécanisme de la psychose, nommément du président Schreber, pour autant qu’il importe aussi que nous voyons s’y dessiner la question de la procréation et de la procréation féminine tout spécialement. Qu’est-ce que cela veut dire ? (XIII, p. 202 ; 21 mars 1956).
16. Ce que nous pouvons caractériser comme étant la position hystérique, c’est une question, et une question qui se rapporte précisément à cette référence aux deux pôles signifiants du mâle et de la femelle et que pose par tout son être l’hystérique : comment peut-on être mâle ou être femelle (XX, p. 283 ; 31 mai 1956).
17. (À propos de Schreber) … Il n’y a pour lui aucun autre moyen de se réaliser, de s’affirmer comme sexuel, sinon en s’admettant, en se reconnaissant comme une femme, et donc comme transformé en femme. Car c’est là le fil permanent, l’axe-pivot, la ligne bipolaire du délire. … après tout il admet : ne vaut-il pas mieux être une femme d’esprit qu’un homme crétinisé ? (XX, p. 286 ; 31 mai 1956).
18. Le tu est quelqu’un auquel on s’adresse en lui donnant un ordre, c’est-à-dire comme il convient de parler aux femmes. (XXIV, p. 336 ; 27 juin 1956).
Livre IV, 1956-1957 : La relation d’objet et les structures freudiennes.
1. L’objet génital, pour l’appeler par son nom, c’est la femme, alors pourquoi ne pas l’appeler par son nom ? De sorte que c’est en somme un certain nombre de lectures sur la sexualité féminine dont je me gratifie. (II, p.1 ; 28 novembre 1956).
2. Les rapports de l’homme et de la femme, n’est pas une chose non problématique, si ce n’était pas une chose problématique il n’y aurait pas d’analyse du tout. (II, p.2 ; 28 novembre 1956).
3. (À propos de la sexualité masculine et féminine) … dès le départ il y a quelque chose qui permet d’expliquer et de concevoir d’une façon très simple et très claire pour leur évolution sont très différentes. (II, p.31 ; 28 novembre 1956).
4. Un M. Jones dont je vous dirai ultérieurement comment il aborde le problème par exemple du développement premier de la femme et des fameux complexes de castration chez la femme qui posent un problème insoluble. (III, p. 17 ; 5 décembre 1956).
5. Ce phallus a cette importance si décisive que sa nostalgie, sa présence, son instance dans l’imaginaire se trouve plus importants semble-t-il encore pour les membres de l’humanité auquel il manque, à savoir la femme. (IV, p. 24 ; 12 décembre 1956).
6. Ce que Freud nous dit, c’est que la femme a dans ses manques d’objet essentiel le phallus, que non seulement cela a le rapport le plus étroit avec sa relation à l’enfant pour une simple raison, c’est que si pour autant qu’elle sature à son niveau, qu’elle trouve en lui quelque chose qui la calme plus ou moins bien, ce pénis, ce besoin de phallus. (IV, p. 25 ; 12 décembre 1956).
7. « La perversion » la plus problématique qui soit dans la perspective de l’analyse, à savoir l’homosexualité féminine. (VI, p.1 ; 3 janvier 1957).
8. Le sujet féminin est toujours appelé dans sa rencontre, une sorte de retrouvaille qui le place d’emblée par rapport à l’homme, dans cette ambiguïté des rapports naturels et des rapports symboliques. … le problème est de savoir ce que l’objet féminin en pense, et ce que l’objet féminin en pense c’est encore moins naturel que la façon dont le sujet masculin l’aborde. Ce que l’objet féminin en pense à savoir quel est son chemin depuis ses premières approches de l’objet naturel et primordial du désir à savoir le sein maternel. Comment l’objet féminin entre dans cette dialectique ? Ce n’est pas pour rien que je l’appelle objet. (VI, p.2 ; 3 janvier 1957).
9. L’homosexualité féminine a pris dans toute l’analyse une valeur particulièrement exemplaire dans ce qu’elle a pu révéler des étapes du cheminement et des arrêts de ce cheminement qui peuvent marquer le destin de la femme dans ce rapport naturel, biologique au départ, mais porte sur le plan symbolique. (VI, p.2 ; 3 janvier 1957).
10. Possession ou non possession du phallus, l’élément différentiel primordial dans lequel a ce niveau l’organisation génitale des sexes s’opposent. (VI, p.3 ; 3 janvier 1957).
11. Qu’il y ait dans l’expérience précoce de la petite fille quelque chose qui corresponde à la localisation vaginale, qu’il y ait des émotions voire même une masturbation vaginale précoce, je crois que c’est ce qui ne peut guère être contesté. (VI, p.5 ; 3 janvier 1957).
12. L’observation de Dora où Freud y a vu clair ultérieurement . il était intervenu auprès de Dora alors qu’il méconnaissait l’orientation de sa question vers son propre sexe, à savoir l’homosexualité de Dora. (VI, p.23 ; 3 janvier 1957).
13. Pour l’enfant femelle c’est très précisément en tant qu’elle ne le possède pas (le phallus) qu’elle va être introduite à la symbolique du don … alors que si la fille entre dans le complexe d’œdipe c’est pour autant que ce qu’elle n’a pas, elle a à le trouver dans le complexe d’œdipe. (VII, p. 27 ; 16 janvier 1957).
14. Pour que le sujet féminin entre dans la dialectique de l’ordre symbolique, il faut qu’il y entre par quelque chose qui est ce don du phallus, il ne peut pas y entrer autrement. Ceci donc suppose que le besoin réel qui n’est pas nié par Freud, qui ressortit à l’organe féminin comme tel, à la physiologie de la femme, est quelque chose qui n’est jamais donné dans l’entrée, dans l’établissement de la position du désir. Le désir vise le phallus en tant qu’il doit être reçu comme don. (VIII, p. 22 ; 23 janvier 1957).
15. Dora s’interroge : Qu’est-ce qu’une femme ? et c’est pour autant que Madame K. … incarne cette fonction féminine comme telle, qu’elle est pour Dora la représentation de ce dans quoi elle se projette comme étant la question. (VIII, p. 23 ; 23 janvier 1957).
16. C’est en tant que Dora s’interroge sur ce que c’est qu’être femme qu’elle s’exprime comme elle s’exprime par ces symptômes. (VIII, p.31 ; 23 janvier 1957).
17. (Freud : Trois essais sur la sexualité) Ce fétiche ce n’est pas n’importe quel pénis pour tout dire, ce n’est pas le pénis en tant précisément que la femme là, c’est-à-dire en tant exactement qu’elle ne l’a pas. (IX, p.2 ; 30 janvier 1957).
… (ce n’est point d’un phallus réel en tant que comme réel il existe ou il n’existe pas, c’est d’un phallus symbolique en tant qu’il est de la nature, pour parler de ce qui est du symbolique, de sa présence dans l’échange comme absence. (IX, p.4 ; 30 janvier 1957).
18. Il y a au-delà d’elle pour l’homme, ce phallus qu’elle n’a pas, c’est-à-dire le phallus symbolique qui existe là en tant qu’absence, pas seulement parce qu’elle n’en a qu’un tout petit insuffisant, c’est tout-à-fait indépendant de l’infériorité qu’elle peut ressentir sur le plan imaginaire, pour ce qu’elle a de participation réelle avec le phallus. (IX, p.5 ; 30 janvier 1957).
19. Freud nous dit que c’est par l’intermédiaire de ce qu’il appelle l’idée de la castration chez la femme, et qui est justement ceci qu’elle n’a pas le phallus, mais qu’elle ne l’a pas symboliquement, donc qu’elle peut l’avoir, c’est par là qu’elle entre dans le complexe d’œdipe nous dit-il. Alors que c’est par là que le petit garçon en sort. (IX, p. 6 ; 30 janvier 1957).
20. L’androcentrisme qui marque dans la schématisation Levi-straussienne, les structures élémentaires de la parenté : les femmes s’échangent entre les lignées fondées sur la lignée mâle, … c’est un fait les femmes s’échangent comme objet entre les lignées mâles, et elles y entrent par un échange qui est celui de ce phallus qu’elles reçoivent symboliquement, et en échange duquel elles donnent cet enfant. (IX, p.6 ; 30 janvier 1957).
21. Ce thème fondamental que la femme se donne, qu’est-ce qu’il exprime ? Si nous le regardons de près, sinon justement ce besoin d’affirmer de l’amour, il est clair que c’est la femme qui reçoit réellement, elle reçoit bien plus qu’elle ne donne. (IX, p.7 ; 30 janvier 1957).
22. Le fétichisme est excessivement rare chez la femme. (IX, p.8 ; 30 janvier 1957).
23. Si la femme en effet a beaucoup plus de mal que le garçon, à son dire (de Freud), … c’est en effet parce qu’il lui faut passer par quelque chose vis-à-vis de quoi elle a un rapport tout différent de l’homme, … mais qui n’est certainement pas en aucun cas, à déduire de quoi que ce soit qui prenne son origine dans une disposition physiologique quelque soit l’un des deux sexes… (XI, p.24 ; 27 février 1957) … il ne s’agit pas d’un manque réel … (p.26).
24. Si vous lisez l’article de Freud sur la sexualité féminine, vous apprendrez que ce n’est pas simplement de manquer de phallus qu’il s’agit pour la petite fille, mais il s’agit bel et bien de le donner ou de donner son équivalent, tout comme si elle était un petit garçon, à sa Mère. (XI, p.29 ; 27 février 1957).
25. Le trou béant de la tête de Méduse est une figure dévorante que l’enfant rencontre comme issue possible dans cette recherche de la satisfaction de la Mère. (XI, p.34 ; 27 février 1957).
26. Il faut donc que non seulement le sujet après l’œdipe aboutisse à l’hétérosexualité, mais il faut qu’il y aboutisse d’une façon telle qu’il se situe correctement par rapport à la fonction du Père, quel qu’il soit, garçon ou fille et ceci est le centre de toute la problématique de l’œdipe. (XII, p.6 ; 6 mars 1957). Freud l’articule expressément dans son article sur la sexualité féminine (1931) ; en fin de compte, pris sous cet angle, et si on peut dire sous l’angle de vue préœdipien, la problématique de la femme est beaucoup peu simple. Si elle apparaît beaucoup plus compliquée dans Freud, c’est-à-dire dans l’ordre où il l’a découverte, c’est précisément parce qu’il a découvert d’abord non sans raison l’œdipe. (XII, p. 6 ; 6 mars 1957).
27. Cela dit, en effet pour la femme nous pourrions dire qu’il ne s’agit que du glissement de ce phallus. (XII, p.6 ; 6 mars 1957) … la petite fille trouve alors le pénis réel là où il est, au-delà de l’enfant, dans celui qui peut lui donner l’enfant, dans le Père nous dit Freud. (XII, p.8 ; 6 mars 1957). … Et c’est bien en tant qu’elle ne l’a pas comme appartenance, et même nettement que sur ce plan elle y renonce, qu’elle pourra l’avoir comme don du Père, et c’est bien pourquoi c’est par cette relation au phallus que la petite fille, nous dit Freud, entre dans l’œdipe, et comme vous le voyez d’une façon simple. (XII, p.8 ; 6 mars 1957).
28. Si l’œdipe par lui-même apporte toutes sortes de complications, voire d’impasses dans le développement de la sexualité féminine, inversement cet œdipe en tant que chemin d’intégration dans la position hétérosexuelle typique est beaucoup plus simple pour la femme. (XII, p.8 ; 6 mars 1957).
29. Le Père dont elle attend effectivement cet enfant… elle met la femme dans une dépendance de ce qui dès lors n’est plus pour elle que ce qui doit lui être donné, dans cette dépendance très particulière, qui, paradoxalement comme l’ont remarqué les auteurs, fait naître dans le développement à un moment donné les fixations proprement narcissiques chez l’être les plus intolérants à une certaine frustration. Nous y reviendrons plus tard quand nous reparlerons de l’idéal monogamique chez la femme. (XII, p.10 ; 6 mars 1957).
30. Le rôle du Père … ceci comporte quelque chose sur lequel nous reviendrons et qui donne son style particulier au développement du surmoi féminin : c’est qu’il y a une espèce de balance entre ce qu’on a appelé très justement l’importance, la prévalence de la relation narcissique dans le développement de la femme. (XII, p.9 ; 6 mars 1957).
31. C’est aussi bien d’ailleurs autour de cette simple réduction de la situation, qui identifie l’objet de l’amour et l’objet qui donne la satisfaction, que se situe dans un développement qu’on peut qualifier de normal, ce côte spécialement fixé, voire arrêté, précocement arrêté du développement de la femme, dont Freud dans certains passages et à certains tournants de ses écrits prend un ton si singulièrement misogyne. (XII, p.10 ; 6 mars 1957).
32. Si l’idéal de la conjonction conjugale est monogamique chez la femme, pour les raisons que nous avons dites au départ, il n’y a pas absolument à s’étonner, il n’est que se reporter au schéma de départ de la relation de l’enfant à la mère, que tente toujours à se reproduire du côté de l’homme, et pour autant que l’union typique, normative, légale est toujours marquée de la castration, tente à se reproduire chez lui cette division ou ce splitting, qui le fait fondamentalement bigame – je ne dis pas polygame, contrairement à ce qu’on croit – encore que, qu’entendre à partir du moment où le deux est introduit, il n’y a plus de raison de limiter le jeu dans le palais des mirages. (XII, p.31 ; 6 mars 1657).
33. La privation … c’est le fait que la femme spécialement n’a pas le pénis. (XIII, p.7 ; 13 mars 1957) et que donc la castration … prend comme base cette appréhension dans le réel de l’absence de pénis chez la femme (XIII, p.7 ; 13 mars 1957) (…si nous introduisons dans le réel la notion de privation, c’est pour autant que nous symbolisons déjà assez le réel (XIII, p. 8 ; 13 mars 1957) … l’objet dont il s’agit dans l’occasion est le pénis, c’est un objet qui nous est donné à l’état symbolique. (XIII, p.9 ; 13 mars 1957).
34. … l’enfant n’intervient – comme l’expérience de l’analyse de la sexualité féminine nous en donne l’assurance, et à laquelle il faut garder le point de référence, l’axe avec fermeté de ce que Freud a maintenu jusqu’au terme concernant cette sexualité féminine, qui comme substitut – compensation, bref, dans une référence à ce quelque chose qui est ce qui manque essentiellement à la Mère. (XIV, p.22 ; 20 mars 1957).
35. Il est clair que ce n’est pas tout à fait la même chose, si l’enfant par exemple est la métaphore de son amour pour le père, ou s’il est la métonymie de son désir du phallus qu’elle n’a pas et qu’elle n’aura jamais. (XIV, p.24 ; 20 mars 1957).
36. On ne voit pas pourquoi les femmes seraient vouées plus que les autres à désirer justement ce qu’elles n’ont pas, ou à s’en croire pour vues. C’est bien pour des raisons qui sont – limitons-nous à cela – de l’ordre de l’existence, de l’instance propre, et comme telle du signifiant, c’est parce que le phallus a dans le système signifiant une valeur symbolique, qu’il est aussi retransmis à travers tous les textes du discours inter-humain, d’une façon telle qu’il s’impose parmi les autres images et d’une façon prévalente, au désir de la femme. (XV, p.26 ; 27 mars 1957).
37. … c’est que tout le progrès de l’intégration, aussi bien de l’homme que de la femme, à son propre sexe, exige pour l’un et pour l’autre la reconnaissance de quelque chose qui est essentiellement privation à assumer pour l’un des sexes et pour l’autre, privation à assumer également pour pouvoir assumer pleinement son propre sexe. Bref pénis-neid d’un côté, complexe de castration de l’autre. (XXII, p.6 ; 19 juin 1957).
38. La femme est tombée au milieu des mêmes problèmes que nous, et il n’est pas besoin d’aborder la face si on peut dire féministe ou sociale de la question. (XXII, p.7 ; 19 juin 1957).
39. Je crois que Don Juan aime les femmes … Je dirais même qu’il les aime assez pour ne pas le leur dire… Je crois que c’est dans le sens de la notion de la femme phallique qu’il faut le chercher… Don Juan chercher la femme et c’est la femme phallique. (XXV, p.16 ; 3 juillet 1957). … Il finit par ne la trouver que sous la forme de cet invité sinistre qui est en effet un au-delà de la femme. (XXV, p.16 ; 3 juillet 1957).
40. L’importance du phallus, et du phallus imaginaire d’autre part, en tant qu’il est l’objet du pénis-neid de la femme. (XXV, p.30 ; 3 juillet 1957).
41. Il (Freud) introduit en mai 1910, l’importance qu’a la fonction mère phallique, femme phallique, non pas pour celle qui en est le sujet, mais pour l’enfant qui dépend de ce sujet. (XXV, p.30 ; 3 juillet 1957).
42. L’enfant en tant que confronté, isolé par la confrontation duelle avec la femme se trouve affronté du même coup au problème du phallus en tant que manque pour son partenaire féminin, c’est-à-dire pour le partenaire maternel en l’occasion. (XXV, p.32 ; 3 juillet 1957).
Livre V, 1957-1958 : Les formations de l’inconscient.
1. Les femmes, m’a-t-il semblé, devaient être – je parle des femmes réelles, pas de la Vénus de Milo – devaient avoir dans l’Antiquité beaucoup de poils et ne devaient pas sentir bon, si l’on en croit l’insistance qui est mise sur la fonction du rasoir et sur certain parfums. (VI, p.31 ; 18 décembre 1957).
2. Que l’homme assume le type viril, que la femme assume un certain type féminin, se reconnaît comme femme, s’identifie à ses fonctions de femme. La virilité et la féminisation voilà les deux termes qui sont essentiellement la fonction de l’œdipe. (VII, p.11 ; 15 janvier 1958).
3. Par quelque côté que ce soit, le côté de la force ou de la faiblesse, (c’est pour autant que le Père devient), un objet préférable à la mère que va pouvoir s’établir l’identification terminale. La question du complexe d’œdipe inversé et de sa fonction s’établit à ce niveau. Je dirai plus, c’est même ici que se centre la question tout à fait importante de la différence de l’effet du complexe sur le garçon et sur la fille. Il est bien évident qu’à ce niveau-là ça va tout seul pour ce qui est de la fille, et c’est pour cela qu’on dit que la fonction complexe de castration est dissymétrique pour le garçon et pour la fille. (Pour la fille le Père n’a pas de peine à se faire préférer à la Mère). (VII, p.26 ; 15 janvier 1958).
4. C’est du complexe de castration que dépendent ces deux faits que d’un côté, le garçon devienne un homme, de l’autre côté la fille devienne une femme. (VIII, p.16 ; 22 janvier 1958).
5. L’issue du complexe d’œdipe est différente comme chacun sait pour la femme … pour elle c’est beaucoup plus simple, elle n’a pas à faire cette identification … elle sait où il est, elle sait où elle doit aller le prendre, c’est du côté du Père, vers celui qui l’a, et cela aussi vous indique en quoi ce qu’on appelle une féminité, une vraie féminité a toujours un peu aussi une dimension d’alibi. Les vraies femmes, ça a toujours quelque chose d’un peu égaré. (VIII, p.33 ; 22 janvier 1958).
6. La mère, elle, est une femme que nous supposons arrivée à la plénitude de ses capacités de véracité féminine. (IX, p.17 ; 29 janvier 1958).
7. Cette affirmation de Freud, que pour les deux sexes, il y a comme une étape absolument originale, essentielle, de ce qui est étroitement lié à leur développement sexuel, cette étape où pour l’un comme pour l’autre sexe, le thème de l’autre comme autre désirant, est absolument lié à la possession du phallus. (XI, p.16 ; 12 février 1958). (Faute de comprendre qu’il s’agit là d’un signifiant, et pas d’autre chose. Les commentateurs s’exténuent…). (p.17).
8. Freud avait une relation à la femme sur laquelle sans doute peut-être un jour nous aurons l’occasion de revenir, tendance assez déplorable à recevoir de la constellation féminine, qu’il a eue en somme autour de lui, dans les continuatrices ou les aides de sa pensée, constellation qui d’ailleurs est bien conforme à son existence elle-même donc très privées de femmes, ou s’en privant. (XI, p.27 ; 12 février 1958). (On n’a vraiment pas trace d’autre chose qui soit une relation proprement amoureuse… p.27).
9. Je vous ferai remarquer ceci, c’est qu’il va comme une chose courante dans l’analyse, que la relation de l’homme à la femme et de la femme à l’homme spécialement est une relation dont on dit sans plus qu’elle comporte de la part de la femme un certain masochisme (XI, p.36 ; 12 février 1958) … (Ce n’est pas parce que les masochistes manifestent dans leurs rapports avec leurs partenaires certains signes ou fantasmes d’une position typiquement féminine, qu’inversement la relation de la femme à l’homme est une relation masochiste. (XI, p.36 ; 12 février 1958). (Le prétendu masochisme féminin c’est simplement son rapport mieux soutenu et accepté par à la chaîne signifiante).
10. La féminité comme mascarade (Joan Rivière). (XII, p.7 ; 5 mars 1958).
11. De Freud à propos de la position phallique chez la femme. (XIII, p.2 ; 12 mars 1958).
12. La fille se croit d’abord pourvue d’un phallus, comme elle croit aussi sa mère pourvue d’un phallus. (XIII, p.13 ; 12 mars 1958) … en fin de compte c’est en position masculine que la fille se présente par rapport à la Mère (p.13) et quelque chose de complexe, de plus complexe pour elle que pour le garçon, doit intervenir pour qu’elle reconnaisse sa position féminine. (p.13). (La phase phallique est une phase phallique clitoridienne (dit Freud), le pénis fantasmatique est une exagération du petit pénis que donne effectivement l’anatomie féminine). (p.15).
13. Pour cette déception de ce détour fondé pourtant pour lui dans un mécanisme naturel que Freud nous donne le ressort de l’entrée de la petite fille dans sa position féminine. (XIII, p.15 ; 12 mars 1958).
14. Les trois formes de pénis-neid :
ce fantasme que le clitoris soit un pénis. I
pénis-neid : que ce qui est désiré c’est le pénis du Père. R
pénis-neid : avoir un enfant du Père. S
(XIII, p.18 ; 12 mars 1958).
15. Exposé sur les textes de la sexualité féminine de Jones. (XIII, p.20, 21 et suivante ; 12 mars 1958).
16. C’est au titre d’un clément signifiant privilégié qu’intervient la relation dans l’œdipe de la petite fille au phallus. (XIII, p.24 ; 12 mars 1958).
17. Si la femme doit passer par ce signifiant, si paradoxal soit-il, c’est pour autant que ce dont il s’agit pour elle … que la faire entrer dans le cycle des échanges de l’alliance et de la parenté, c’est-à-dire d’y devenir elle-même cet objet d’échange. (XIII, p.34 ; 12 mars 1958) … toute analyse correcte de ce qui structure à la base cette relation œdipienne, est que la femme doit se proposer ou plus exactement s’accepter elle-même comme un élément de ce cycle des échanges. (p.34).
18. (Pour l’enfant) … Il n’y a aucun autre désir dont il dépende plus étroitement et plus directement qu’au désir de quoi ?, de la femme, du désir de la femme en tant qu’il est précisément signifié par ce qui lui manque et par le phallus. (XIII, p.36 ; 12 mars 1958).
19. Le complexe de castration chez la femme dans Karen Horney. (XIV, p.11 ; 19 mars 1958).
20. Chez Helen Deutsch. (p.24 et suite) … « C’est en somme dans l’au-delà de l’acte génital tel qu’il se présente… l’élément majeur de la position féminine se trouverait dans l’au-delà de cette relation génitale comme telle. (XIV, p.27 ; 19 mars 1958).
21. (Freud). C’est dans la mesure où une femme fait une identification à son Père que dans ses rapports avec son mari elle lui fait tout le grief qu’elle avait fait à sa mère. (XV, p.5 ; 26 mars 1958).
22. Ce n’est pas une castration s’adressant aux organes génitaux dans leur ensemble, c’est bien pour cela d’ailleurs que chez la femme elle ne prend pas l’aspect d’une menace contre les organes génitaux féminins en tant que tels, mais en tant qu’autre chose, justement en tant que phallus. (XV, p.11 ; 26 mars 1958).
23. Au-delà de ce qu’on peut appeler la mascarade féminine, puisqu’en fin de compte tout ce qu’elle montre de sa féminité est précisément lié à cette identification profonde, à un signifiant qui est le plus lié à sa féminité. (XVIII, p.34 ; 23 mai 1958).
24. Il reste à ne pas être ce que l’on est, c’est-à-dire ce que l’on est à le repousser dans le paraître, ce qui est très exactement ce qu’est la position de la femme dans l’hystérie. En tant que Femme elle se fait masque, elle se fait masque précisément derrière ce masque être le phallus. (XIX, p.20 ; 7 mai 1958).
25. Sous la forme du corsage de l’hystérique, c’est-à-dire de la position fondamentale de la femme par rapport à l’homme concernait le désir, à savoir là derrière la chemisette, n’y allez surtout pas voir parce que bien entendu il n’y a rien, il n’y a rien que le signifiant. Ce qui n’est pas rien justement, que le signifiant du désir. (XIX, p.29 ; 7 mai 1958). (La pudeur a des sens et des portées différentes chez l’homme et chez la femme). (.p.9).
26. …Ce que Freud a appelé à propos du sexe féminin, à propos de la tête de Méduse, ou l’homme qui répond à l’absence révélée comme telle. (XIX, p.29 ; 7 mai 1958).
27. Le pénis en creux ou la coupe, pour autant que c’est une des formes sous lesquelles peut se présenter au niveau de l’assomption de l’image phallique par le sujet féminin, précisément le signifiant phallus, en comme cette sorte de Graal… (XXIII, p.11 ; 11 juin 1958).
28. Nous venons quand même à cette occasion de la névrose obsessionnelle féminine, comme tout ce qui est de l’ordre de la structure dans la névrose, est quelque chose qui laisse fort peu de place à ce que la position du sexe, au sens du sexe naturel, du sexe biologique peut avoir de déterminant. (XXIII, p.22 ; 11 juin 1958).
29. La solution du problème de la castration aussi bien chez l’homme que chez la femme, n’est pas autour de ce dilemme de l’avoir ou de ne pas l’avoir, le phallus, car c’est uniquement à partir du moment où le sujet s’aperçoit qu’il y a une chose qui en tout cas est à reconnaître et à poser, c’est qu’il ne l’est pas, le phallus et c’est à partir de cette réalisation dans l’analyse que le sujet n’est pas le phallus, qu’il peut normaliser cette position, je dirai naturelle, que ou bien il l’a ou bien il ne l’a pas. (XXIII, p.35 ; 11 juin 1958).
30. Ce que j’ai appelé la valeur de mascarade, et ce par quoi elle fait pour autant de sa féminité justement un masque. Ce dont il s’agit c’est qu’à partir du fait que ce phallus qui est pour elle le signifiant du désir, il s’agit qu’elle en présente l’apparence, qu’elle paraisse l’être. (XXIII, p.37 ; 11 juin 1958).
31. Je dirais qu’en somme pour la femme, son développement sexuel passait obligatoirement par quelque chose qui pourrait s’appeler : elle doit être le phallus sur le fond de ce qu’elle ne l’a pas. (XXIV, p.2 ; 18 juin 1958).
32. Le phallus est quelque chose de tout à fait autre, qu’un accessoire de la puissance où il est vraiment ce moyen, cette médiation par où au niveau signifiant ce qui se passe entre l’homme et la femme est symbolisé. (XXV, p.39 ; 25 juin 1958).
Livre VI, 1958-1959 : Le désir et son interprétation.
1.Nous dirons que comme objet d’échange, la femme est, si l’on peut dire, une très mauvaise affaire pour ceux qui réalisent l’opération. (VI, p.26 ; 17 décembre 1958). (suite de ce qu’en pensait Freud). (p.27-28, etc.).
2. De l’autre côté le rapport de la femme à l’homme, que chacun se plaît à croire beaucoup plus monogamique, est quelque chose qui ne présente pas moins la même ambiguïté, à ceci près que ce que la femme trouve dans l’homme, c’est la phallus réel, et donc son désir y trouve comme toujours sa satisfaction. Effectivement elle se trouve en posture et voit une relation de jouissance satisfaisante. Mais justement c’est dans la mesure où la satisfaction du désir se produit sur le plan réel, que ce que la femme effectivement aime, et non pas désire, c’est cet être qui, lui, est au-delà de la rencontre du désir et qui est justement l’autre, à savoir l’homme en tant qu’il est privé de phallus, en tant précisément que de par sa nature d’être achevé, d’être partout, il est châtré. (VII, p.29 ; 7 janvier 1959).
3. Le rapport de la femme au phallus est la fonction essentielle de la phase phallique dans le développement de la sexualité féminine … c’est qu’elle est sans l’avoir. Le rapport du sujet féminin au phallus c’est d’être sans l’avoir. (XII, p.9 ; 11 février 1959).
4. Concernant la sexualité féminine et ce rapport si particulier, si permanent dont Freud a insisté sur son caractère irréductible, et qui se traduit psychologiquement sous la forme du pénis-neid. (XII, p.9 ; 11 février 1959).
5. (À propos d’Ophélie). Ophélie est très précisément une des créations les plus fascinantes qui ait été proposée à l’imagination humaine. Quelque chose que nous pouvons appeler le drame de l’objet féminin, le drame du désir, du monde qui apparaît à l’orée d’une civilisation sous la forme d’Hélène. (XIII, p.18 ; 4 mars 1959).
6. C’est Freud qui nous l’indique : nous voyons cette horreur de la féminité comme telle … ce qu’il fait jour devant les yeux même d’Ophélie comme étant de toutes les possibilités de dégradation, de variation, de corruption qui sont liées à l’évolution de la vie même de la femme pour autant qu’elle se laisse entraîner à tous les actes qui peu à peu font d’elle une mère. (XIII, p.18 ; 4 mars 1959).
7. (Dans Hamlet) … Et tout le dialogue avec Ophélie est bien la femme conçue ici uniquement comme le porteur de cette turgescence vitale qu’il s’agit de maudire et de tarir. (XVII, p.27 ; 15 avril 1959).
8. L’œdipe porte comme conséquence le stigmate, la cicatrice chez l’homme comme chez la femme du complexe de castration. (XIX, p.13 ; 29 avril 1959).
9. Ce que la femme demande au départ, ce par quoi nous dit Freud, elle entre dans l’œdipe, ce n’est pas d’avoir une satisfaction, c’est d’avoir ce qu’elle n’a pas, comme telle. (XXV, p.29 ; 17 juin 1959) … c’est à l’avoir à la place où elle devrait l’avoir si elle était un homme. Il s’agit bien de cela, il n’y a pas là-dessus d’ambiguïté … (p.29). C’est tout le procès de ce qui se passe … qui implique qu’en fait, même quand elle parviendra à l’avoir – car elle est dans une position très privilégiée, la femme par rapport à l’homme – ce phallus qui est « un » signifiant, je dis bien : « un signifiant » elle peut l’avoir réellement. C’est même ce qui fait son avantage et la relative simplicité de ses problèmes effectifs par rapport à ceux de l’homme. (XXV, p.30 ; 17 juin 1959).
10. La femme a affaire, même quand elle parvient à la réalisation de sa féminité, c’est à l’objet « phallique » toujours en tant que séparé. C’est même parce qu’elle a affaire comme telle et sous ce registre que son action, son incidence peut être perçue par l’homme comme « castratrice ». (XXV, p.31 ; 17 juin 1959) … C’est que ce phallus qu’elle n’a pas, elle l’est symboliquement pour autant qu’elle est l’objet du désir de l’autre. Cette position spécifique de la femme , en tant qu’elle lui est inconsciente, ce qui veut dire qu’en tant qu’elle ne vaut que pour l’autre … La formule très singulière dans laquelle se résout son rapport au phallus, c’est paradoxalement que dans l’inconscient elle l’est, à la fois, et elle l’a … (XXV, p.31 ; 17 juin 1959) … à ceci près qu’elle ne le sait pas sinon par son désir (p.31). (Rapport à la perversion, p.32). et c’est ceci qui explique la moindre fréquence de la perversion chez la femme.
11. La jalousie féminine qui, par des dimensions marquées, des dimensions aussi distinctes, le style de l’amour dans l’un et l’autre sexe, est vraiment quelque chose qui je crois ne peut vraiment bien se situer qu’au niveau le plus radical. (XXV, p.34 ; 17 juin 1959).
12. C’est précisément dans la mesure où la femme occupe cette position particulière et qui le sait très bien… la valeur du désir à savoir qu’au-delà de toutes les sublimations de l’amour, le désir a un rapport à l’être, même sous sa forme la plus truitée, la plus bornée, la plus fétichiste, et pour tout dire la plus stupide. (p.35) … Elle sait que même si ce que l’homme aime, c’est son soulier, ou le bas de sa robe, ou la peinture qu’elle a sur le visage, c’est néanmoins de ce côte-là que l’hommage à l’être se produit. (XXV, p.35 ; 17 juin 1959).
Livre VII, 1959-1960 : L’éthique de la psychanalyse.
1. (Confidence de Freud rapportée par Jones). Il y a toujours un point sur lequel je reste sans pouvoir donner de réponse. « Qu’est-ce que veut la femme ? » et très précisément qu’est-ce qu’elle désire, le terme will, dans cette expression pouvait avoir ce sens dans la langue allemande. (I, p.17 ; 18 mars 1959).
2. Le problème de la sexualité, vu dans la perspective de la demande féminine est quelque chose dont il est en somme très étrange que l’expérience analytique ait plutôt étouffé, amorti, éludé les zones. (I, p.18 ; 18 mars 1959).
3. La dame – le danger – la domination – das Ding. (VI, p.30 ; 23 décembre 1959).
4. Dans la société féodale, la position effective de la femme … fonction d’échange sociale, un support d’un certains nombres de biens et de signes de puissance, elle n’est véritablement rien d’autre. (XI, p.21 ; 10 février 1960).
5. L’objet féminin est à proprement parler dans ce champ poétique (de l’amour courtois) vidé de toute substance réelle (XI, p.26 ; 10 février 1960).
6. Si cette idée incroyable a en effet pu venir, de mettre la femme à cette place, à la place de l’Etre, ce n’est bien évidemment pas en tant que femme, mais en tant qu’objet du désir. Et c’est précisément ce qui fait tous les paradoxes de ce fameux amour courtois autour duquel les gens se cassent la tête en y apportant toutes les exigences d’un amour qui n’a bien évidemment rien à faire avec cette sublimation historiquement datée. (XVIII, p.24 ; 4 mai 1960).
7. Le désir de la Mère est un désir qui a eu cette singulière propriété d’être à la fois le désir fondateur de toute la structure, et de ce qui a fait venir au jour ces frères uniques. Etéocle et Polynice, Antigone, Ismène, mais c’est en même temps un désir criminel … aucune médiation n’est possible de ce désir. (XXIII, p.29 ; 8 juin 1960). Si ce n’est son caractère radicalement destructif. (La descendance de l’union incestueuse). (p.29).
8. (À propos de la Pudeur). L’omission de ce quelque chose qui garde l’appréhension directe de ce qu’il y au centre de la conjonction sexuelle, l’omission de cette barrière me paraît à la source de toutes sortes de questions sans issue, et nommément concernant ce que nous pourrons dire d’articulé concernant la sexualité féminine. (XXV, p.20 ; 22 juin 1960).
9. … le fait que de cet organe, le petit homme est un support plutôt piètre, qu’il apparaît avant tout plutôt privé, et que c’est là que nous pouvons entrevoir la communauté de son sort avec ce que la petite fille éprouve et qui dans cette perspective s’inscrit également d’une façon beaucoup plus clair. (XXVI, p.14 ; 29 juin 1960).
Livre VIII, 1960-1961 : Le transfert dans sa disparité subjective, sa prétendue situation, ses excursions techniques.
1. (À propos de l’amour Grec) … ne croyez pas pour autant que les femmes ne reçussent pas les hommages qui lui convenaient… (Ainsi Socrate fait parler Diotime à sa place) n’y voyez vous pas le témoignage que le suprême hommage revient, même dans la bouche de Socrate, à la femme ? … Je ne doute pas en effet de l’importance des femmes dans la société antique… Elles avaient leur vraie place… (p.23). Elle avaient un poids tout à fait éminent dans les relations d’amour, comme nous en avons toutes sortes de témoignages… (p.24) … Rôle très éminent le sien dans l’amour, qui est tout simplement le rôle actif, à savoir que la différence qu’il y a entre la femme antique et la femme moderne, c’est qu’elle exigeait son dû, c’est qu’elle attaquait l’homme. (II, p.25 ; 23 novembre 1960).
2. C’est du côté de l’amant, dans le couple érotique, que se trouve si l’on peut dire, dans la position naturelle, l’activité … ce que nous découvrons à l’analyse de ce que la femme peut, comme telle, expérimenter de son propre manque, on ne voit pas du tout pourquoi à un certain étage nous ne concevons pas que dans le couple, alors hétérosexuel, c’est à la fois du côté de la femme qu’est le manque dirons-nous, sans doute, mais aussi du même coup l’activité. (III, p.24 ; 30 novembre 1960).
3. … étant au cœur du problème de l’amour ; par une singulière division, c’est la femme qui est lui ai-je dit, peut-être que Socrate à partir d’un certain moment laisse parler. (IX, p.2 ; 25 janvier 1961).
Livre IX, 1961-1962 : L’identification.
1. Si le phallus est cet élément de Médiation qui donne au désir son support, eh bien la femme n’est pas la plus mal partagée dans cette affaire par ce qui …après tout pour elle, c’est tout simple : puisqu’elle ne l’a pas elle, elle n’a qu’à le désirer ; et ma foi dans les cas les plus heureux, c’est en effet une situation dont elle s’accommode fort bien. Toute la dialectique du complexe de castration, en tant que pour elle, elle introduit l’œdipe, nous dit Freud, cela ne veut pas dire autre chose. Grâce à la structure même du désir humain, la voie pour elle nécessite moins de détour. (XVI, p.9 ; 4 avril 1961).
2. Il y a une espèce de puanteur très particulière qui se dégage de tout ce qui entoure l’entité princesse. Nous savons pendant une période d’à peu près trois siècles, quelque chose qui est dominé par les lettres adressées à des princesses, les mémoires des princesses et ça tient une place certaine dans la culture. C’est une sorte de suppléance de cette dame dont j’ai tenté de vous expliquer la fonction si difficile à comprendre, si difficile à approcher dans la structure de la sublimation courtoise dont je ne suis pas sûr après tout de vous avoir fait apercevoir quelle est vraiment la véritable portée. (XVII, p.3 ; 11 avril 1962).
Livre X, 1962-1963 : L’angoisse.
1. … si ce n’est que l’entrée en fonction du vagin, comme tel dans la relation génitale, est un mécanisme strictement équivalent à tout autre mécanisme hystérique, et, ici, pourquoi nous en étonner ? Pourquoi nous en étonner, à partir du moment où, par notre schéma de la place, du lien vide, dans la fonction du désir … reconnaître que le lieu, la maison de la jouissance se trouve … justement en un organe que vous savez de la façon la plus certaine … comme insensible. (VI, p.5 ; 19 décembre 1962).
2. La prostituée, nous le savons, par nos analyses, la relation à elle, est presque directement engrainée sur les références à la mère. Dans d’autres cas les détériorations, dégradations de la vie amoureuse sont liées à l’opposition du terme maternel dont il évoque un certain type de rapport au sujet, à la femme d’un certain type différent en tant qu’elle devient support, elle est l’équivalent de l’objet phallique. (VII, p.19 ; 9 janvier 1963).
3. C’est en tant que la loi l’interdit, qu’elle impose de la désirer, car après tout, la mère n’est pas en soi l’objet le plus désirable. Si tout s’organise autour de ce désir de la mère, c’est à partir de là que se pose la femme qu’on doit préférer. (VIII, p.16 ; 16 janvier 1963).
4. Reprise du cas de l’homosexuelle féminine, dans son rapport avec la dame. (VIII, p.22 à 26 ; 16 janvier 1963).
5. Après tout il ne nous suffit que de notre expérience au transfert et de savoir à quel moment de nos analyses, nos analysées tombent enceintent et à quoi ça leur sert, pour savoir parfaitement que c’est toujours le rempart d’un retour au plus profond narcissisme. (IX, p.20 ; 23 janvier 1963).
6. La Privation est quelque chose de réel, il est clair qu’une femme n’a pas de pénis. Mais si vous ne symbolisez pas le pénis comme l’élément essentiel à avoir ou ne pas avoir, de cette privation elle ne saura rien. Le manque , lui, est symbolique. (X, p.10 ; 30 janvier 1963).
7. Je vous ai fait remarquer à propos du contre-transfert, c’est à savoir combien les femmes semblaient s’y déplacer plus à l’aise … Il s’agit bien évidemment, ici, d’attacher quelque chose qui est de l’ordre du ressort du désir à la jouissance … à nous référer à de tels travaux que la femme comprenne très bien ce qui est ce désir de l’analyste … vous disant que l’angoisse fait le médium du désir à la jouissance… (XIV, p.23 ; 13 mars 1963).
8. Des rapports de l’homme et de la femme … L’assurance que ce malentendu est structural. (XIV, p.23 ; 13 mars 1963).
9. La femme, ce qui est bien évident, ne manque de rien, parce qu’on aurait tout à fait tort de considérer que le pénis-neid soit un dernier terme. (XIV, p.23 ; 13 mars 1963) … car cette affaire de l’analogie clitoris-pénis est loin d’être absolument fondée … un clitoris n’est pas simplement un plus petit pénis … le fait de n’avoir rien à désirer, sur le chemin de la jouissance, ne règle absolument pas pour elle la question du désir. (p.31).
10. Des rapports de la femme, comme psychanalyste, avec la position de Don Juan (XIV, p.31 ; 13 mars 1963).
11. Ce domaine, le domaine de la jouissance, c’est le point où, si je puis dire, grâce à ce point, la femme s’avère comme supérieure, justement en ceci que son lien au nœud du désir est beaucoup plus lâche. (XV, p.2 ; 20 mars 1963). Cette nécessité qui est le statut de (-) au centre du désir de l’homme voilà ce qui pour la femme n’est pas un nœud nécessaire. (p.2). C’est une grande simplification que, pour elle, cet objet phallique ne vienne par rapport à cette confrontation qu’en second et pour autant qu’il joue un rôle dans le désir de l’Autre. (p.3).
12. Ce rapport simplifié avec le désir de l’Autre, c’est ce qui permet à la femme quand elle s’emploie à notre noble profession, d’être à l’endroit de ce désir … dans un rapport dont nous sentons qu’il est beaucoup plus libre. … C’est parce que dans son rapport à l’Autre elle n’y tient pas aussi essentiellement que l’homme … ça veut dire qu’elle n’y tient pas aussi essentiellement que l’homme pour ce qui est de la jouissance de sa nature. (XV, p.3 ; 20 mars 1963).
13. (À propos du mythe de Tirésias) … ce sont les femmes qui jouissent. Leur jouissance est plus grande. (XV, p.5 ; 20 mars 1963).
14. Pierra Aulagnier, qui est un esprit ferme, comme savent l’être les femmes, et même que c’est ça qui lui fera du tort. (XV, p.11, 20 mars 1963).
15. Que le retour au sein maternel est un fantasme d’impuissant. (XV, p.6 ; 20 mars 1963).
16. Le mythe qui fait de la femme, c’est un mythe bien masculin, l’équivalent d’une de ses côtes : on lui a retiré cette côte, on ne sait pas laquelle et d’ailleurs il ne lui en manque aucune. Mais il est clair que dans le mythe de la côte, il s’agit justement de cet objet perdu que la femme, pour l’homme est un objet qui est fait de ça. (XV, p.18 ; 20 mars 1963).
17. L’expérience nous apprend que dans la jouissance, à proprement parler de la femme … l’impuissance de ce partenaire peut-être fort bien agrée. (XV, p.19 ; 20 mars 1963).
18. Le masochisme féminin prend une toute autre portée … c’est à savoir que c’est un fantasme masculin. … c’est que dans ce fantasme, c’est par procuration et en rapport avec cette structure imaginée chez la femme que l’homme fait se soutenir sa jouissance de quelque chose qui est sa propre angoisse, ce qui recouvre pour l’homme l’objet et la condition du désir, la jouissance dépend de cette condition, or le désir lui ne devait que couvrir l’angoisse. Vous voyez donc la marge qui lui reste à parcourir pour être à portée de la jouissance. Pour la femme, le désir de l’autre est le moyen pour quoi ? pour que sa jouissance ait un objet, si je puis dire, convenable, son angoisse n’est que devant le désir de l’autre, dont elle ne sait pas bien en fin de compte ce qu’il couvre, et pour aller plus loin dans mes formules, je dirais, que de fait, dans la règle de l’homme il y a toujours la présence de quelque imposture. (XV, p.21 ; 20 mars 1963).
19. Le rapport de la femme à la mascarade… (XV, p.21 ; 20 mars 1963).
20. Don Juan est un rêve féminin … ce qu’il faudrait à l’occasion c’est un homme qui serait parfaitement égal à lui-même, que d’une certaine façon, par rapport à l’homme, la femme peut se targuer de l’être. Un homme qui ne manquerait de rien … Le rapport à Don Juan a cette image du père en tant que non châtré, c’est-à-dire une pure image, c’est une image féminine… (p.23) … Le prestige de Don Juan est lié à cette acceptation de cette imposture. Il est toujours là à la place d’un autre, il est si je puis dire, l’objet absolu. (XV, p.24 ; 20 mars 1963).
21. (Don Juan) ce n’est pas là ce qui pour la femme est un personnage angoissant. Il arrive que la femme se sente vraiment être l’objet au centre d’un désir, eh bien croyez-moi c’est là qu’elle fuit vraiment. (XV, p.25 ; 20 mars 1963).
22. (Dans le monastère bouddhique) c’est une de ces statues, l’une des plus belles qui se trouve au monastère des femmes, à la nonnerie de Tougouzi. (XVI, p.22 ; 8 mai 1963).
23. La métamorphose singulière que je vais vous demander de retenir, c’est à savoir que, ce Bodhisattva Avalokiteçvara, celui qui entend les pleurs du monde, se transforme, à partir de l’époque de Kumaraj-iva, qui me semble être quelque peu responsable, se transforme en une divinité féminine, cette divinité féminine … c’est celle qui va, qui s’accorde, … la Kwan Yin apparaît toujours sous une forme féminine et c’est à cette transformation et sur cette transformation que je vous prie de vous arrêter un instant. (XVI, p.30 ; 8 mai 1963).
24. … dans la façon la plus incarnée, ce qu’il pouvait y avoir de plus vivant, de plus réel, de plus animé, de plus humain, de plus pathétique, dans une relation première au monde divin … se trouve incarné sous une forme de la divinité féminine. (p.32) … quelque chose qui est identique au principe féminin du monde, l’âme du monde c’est là quelque chose qui doit un instant nous arrêter. (p.32). … La question devant une statue de cette espèce, de savoir si elle est mâle ou femelle ne s’est jamais posée pour eux (p.34). … cela porte sur elle le rayonnement inversé de ce qu’on ne peut méconnaître que comme un long désir, porté au cours des siècles par ces recluses sur cette divinité au sexe psychologiquement indéterminable. (XVI, p.36 ; 8 mai 1963).
25. Quand l’homme fait l’amour comme tout le monde et qu’il est désarmé … (la femme) … Il y a en tout cas ceci qu’elle a gagné, c’est qu’elle est, sur les intentions de son partenaire, désormais tout à fait tranquille. (XIX, p.20 ; 29 mai 1963).
26. Le désir de la femme est commandé par la question à elle aussi de sa jouissance. Que de la jouissance elle soit non seulement beaucoup plus près de l’homme mais doublement commandée, c’est ce que la théorie analytique nous dit depuis toujours. Que le lieu de cette jouissance ne soit lié pour nous au caractère énigmatique, insituable de son orgasme. C’est ce que nos analyses ont pu pousser assez loin, pour que nous puissions dire que ce lien est un point assez archaïque pour être plus ancien que le cloisonnement présent du cloaque, ce qui a été dans certaines perspectives analytiques, par telle analyste et du sexe féminin, parfaitement repéré. Que le désir qui n’est point la jouissance soit chez elle naturellement là où il doit être selon la nature, c’est-à-dire tubaire … c’est parce que l’homme ne portera jamais jusque-là la pointe de son désir, qu’on peut dire que la jouissance de l’homme et de la femme ne se conjoignent pas organiquement. (XIX, p.22-23 ; 29 mai 1963).
27. Ce que la femme nous demande à nous analystes, à la fin d’une analyse menée selon Freud, c’est un pénis sans doute, pénis-neid, mais pour mieux faire que l’homme. (XIX, p.23 ; 29 mai 1963).
28. Qu’est-ce qu’il y a pour la femme comme façon de surmonter ce pénis-neid … c’est le mode le plus ordinaire de la séduction entre les sexes : c’est d’offrir au désir de l’homme l’objet dont il s’agit de la revendication phallique, l’objet non détumescent, à soutenir son désir ; c’est de faire de ses attributs féminins les signes de la toute puissance de l’homme. … ce que Joan Rivière appelle la mascarade féminine. Simplement elle doit y faire bon marché de sa jouissance. (XIX, p.24 ; 29 mai 1963).
29. De l’homme dans son désir de la toute puissance phallique, la femme peut être assurément le symbole et c’est justement en tant qu’elle n’est plus la femme, et quant à la femme il est bien clair par tout ce que nous avons découvert , ce que nous avons appelé le pénis-neid, qu’elle ne peut prendre le phallus que pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire soit (a) l’objet, soit son propre petit () à elle qui ne lui donne qu’une jouissance approchée de ce qu’elle imagine de la jouissance de l’Autre, qu’elle peut sans doute partager par une sorte de fantasme mental mais qu’à aberrer de sa propre jouissance. En d’autres termes, elle ne peut jouir de () que parce qu’il n’est pas à sa place, à la place de sa jouissance où sa jouissance peut se réaliser. (XX, p.3 ; 5 juin 1963).
30. Combien de fois, au point que ça devient une constante de notre pratique, les femmes veulent se faire psychanalyser comme leur mari et souvent par le même psychanalyste. Qu’est-ce ça veut dire, si ce n’est que c’est le désir supposé couronné de leur mari qu’elle ambitionne de partager. Le (-), la repositivation au () qu’elles supposent s’opérer dans le champ psychanalytique, voilà à quoi elles ambitionnent d’accéder. (XX, p.4 ; 5 juin 1963).
31. L’homosexualité féminine a peut-être une grande importance culturelle mais aucune valeur de
fonction sociale. (contrairement au lien social de l’homosexualité masculine) parce que porte, elle sur le champ propre de la concurrence sexuelle. (XX, p.6 ; 5 juin 1963).
32. Le fait que le désir mâle rencontre sa propre chute, avant l’entrée dans la jouissance du partenaire féminin, et même si l’on peut dire, que la jouissance de la femme s’écrase … s’écrase dans la nostalgie phallique. (XXII, p.24 ; 19 juin 1963). (La jouissance de la femme est en elle-même et ne se conjoint pas à l’autre). (p.24).
33. L’homme n’est dans la femme que par délégation de sa présence sous la forme de cet organe caduc, de cet organe dont il est fondamentalement, dans la relation sexuelle, et par la relation sexuelle, châtré. (XXII, p.25 ; 19 juin 1963).
34. Ceci peut dire que les métaphores du don, ici ne sont que métaphores et comme il n’est que trop évident il ne donne rien, la femme non plus. (XXII, p.25 ; 19 juin 1963).
35. Pour la femme la position est plus confortable, l’affaire est déjà faite et c’est bien ce qui fait son lien, bien plus spécial, au désir de l’autre, c’est bien aussi pourquoi Kierkegaard peut dire cette chose singulière et juste profondément, je crois, que la femme est plus angoissée que l’homme. (XXIV, p.17 ; 3 juillet 1963).
Livre XI, 1963-1964 : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse.
1. Que veut une Femme ? (Question qu’il n’a jamais résolue, Freud). Voici ce qu’a été effectivement sa relation à la femme, son caractère uxorieux, comme s’exprime pudiquement Jones le concernant. Nous dirons que Freud aurait fait assurément un admirable idéaliste passionné, s’il ne s’était pas consacré à l’autre, sous la forme de l’hystérique. (II, p.29 ; 22 janvier 1964).
2. Au niveau même de l’expérience phénoménale de la contemplation, ce côté omnivoyeur se peint dans la satisfaction d’une femme à se savoir regardée, à condition qu’on ne le lui montre pas. (VI ; 19 février 1964).
3. Sans aucun doute, c’est par l’intermédiaire des masques que le masculin, le féminin, se rencontrent de la façon la plus aigue, la plus brûlante. (IX, p.99 ; 11 mars 1964).
4. Mais la prétendue valeur, par exemple, du masochisme féminin, comme on s’exprime, il convient de la mettre dans la parenthèse d’une interrogation sérieuse. Elle fait partie de ce dialogue qu’on peut définir, en bien des points, comme un fantasme masculin. (XV, p.176 ; 20 mai 1964). Il est tout à fait frappant de voir que les représentantes de ce sexe dans le cercle analytique, sont spécialement disposées à entretenir la créance basale au masochisme féminin. Sans doute y a-t-il là un voile qu’il convient de ne pas soulever trop vite, concernant les intérêts du sexe. (XV, p.176 ; 20 mai 1964).
5. Une psychanalyste a épinglé l’attitude sexuelle féminine – c’est la Mascarade … La mascarade a un autre sens dans le domaine humain, c’est précisément de jouer au niveau, non plus imaginaire, mais symbolique. (XV, p.176 ; 20 mai 1964).
6. Dans le psychisme, il n’y a rien par quoi le sujet puisse se situer comme être de mâle ou être de femme. (XVI, p.186 ; 27 mai 1964).
7. Les voies de ce qu’il faut faire comme homme ou comme femme sont entièrement abandonnées au drame, au scénario, qui se place au champ de l’Autre – ce qui est proprement l’œdipe. Je l’ai accentué la dernière fois, en vous disant que ce qu’il faut faire, comme homme ou comme femme, l’être humain a toujours à l’apprendre de toutes pièces de l’Autre. (XVI, p.186 ; 27 mai 1964).
Livre XII, 1964-1965 : Problèmes cruciaux pour la psychanalyse.
R.A.S.
Livre XIII, 1965-1966 : L’objet de la psychanalyse.
1. Pourquoi faut-il prouver qu’une femme doit avoir un orgasme pour qu’elle soit femme, cette métaphysique a pris une telle valeur que des femmes sont malades de ne pas jouir vraiment. Ceci pour mettre les points sur les i concernant ce qu’il en est de la jouissance sexuelle. (IX, p.140 ; 27 avril 1966).
2. Il est clair que tout d’abord il est impossible de définir quelques signes de ce qu’on pourrait appeler orgasme chez la plupart des femelles dans le régime animal. Il est clair qu’on n’en trouve pas. (IX, p.140 ; 27 avril 1966).
3. Suivent quelques remarques sur l’inceste Père-fille et à propos de ce que Jones en dit. (IX, p.141-142-143 ; 27 avril 1966).
4. Qu’est-ce qui a à faire avec la féminité, le charme érotique dans le maniement du narcissisme, c’est ce qu’a épinglé Madame Joan Rivière au titre de : « mascarade », « la féminité comme mascarade ». La femme prend la place de l’objet (a). (IX, p.143 ; 27 avril 1966).
5. Si la femme conserve, portée à une puissance supérieure, ce que lui donne de n’avoir pas le phallus, c’est de le porter à la fonction de signifiance en ce jour d’être non marqué. (IX, p.144 ; 27 avril 1966).
Livre XIV, 1966-1967 : La logique du fantasme.
1. La différence des sexes, ne se supporte en effet que de la Bedeutung de quelque chose qui manque sous l’aspect du phallus. (III, p.19 ; 11 janvier 1967).
2. Mais ce pôle maternel n’a en réalité rien à faire avec l’opposition masculin-féminin, car pour le garçon comme pour la fille, ce qu’il est comme produit, comme petite… (VIII, p.47 ; 1er mars 1967).
3. Puisque le fait de ne pas l’avoir joue pour la femme un rôle aussi constitutif, et il semble même que ce manque effectif, comme le souligne Freud, lui confère là quelque avantage. (VIII, p. 47 ; 1er mars 1967).
4. L’hétérogénéité radicale de la jouissance mâle et de la jouissance femelle, et la précarité de leur entrecroisement. (VIII, p.48 ; 1er mars 1967).
5. En effet la jouissance que la femme retire de donner dans l’amour ce qu’elle n’a pu… est pour ainsi dire de l’ordre du « causa sui » … d’avoir fourni l’objet qu’elle n’a pas, elle n’y disparaît dans cet objet, je veux dire que cet objet ne disparaît la laissant à la satisfaction de sa jouissance essentielle que par le truchement de la castration. (p.48) … C’est pour cela que c’est toujours par identification à la femme que la sublimation prend toujours l’apparence d’une création. (VIII, p.48 ; 1er mars 1967).
6. Entre l’homme et la femme, il y a nécessairement cet objet tiers dont la valeur de substitution toujours glissante ne permet en aucun cas de les tenir pour opposés en quelque essence éternelle. (IX, p.60 ; 12 avril 1967).
7. (À propos de la différence des sexes dans le réel et le symbolique). … Il n’y a pas de mâle sans femelle … ceci est de l’ordre du réel. (IX, p.61 ; 12 avril 1967).
8. À l’autre bout de l’ethnologue constatant que ce sont toujours les femmes qu’on échange, tente de suivre leur circulation entre les lignées. (IX, p.62 ; 12 avril 1967).
9. (Confusion des valeurs d’échange et de jouissance). … puisque dans les structures élémentaires de la parenté, ce sont les femmes qui circulent, c’est que dans l’ordre humain la femme est lieu où se réalise cette fausse identification qui produit la valeur d’échange. Si donc le tout puissant phallus circule, (… la femme devient ce dont on jouit). … Mais la femme en tant qu’elle est devenue à cette occasion le lieu de transfert de cette valeur de jouissance soustraite à la valeur d’usage. La forme de l’objet de jouissance. (IX, p.64 ; 12 avril 1967). … la femme devenue valeur d’échange…
10. Mais ne croyez pas que la femme, point aliénation de la théorie analytique, s’en porte plus mal. Sa jouissance à elle, elle peut en disposer … Pour faire « l’homme-elle » elle ne manque pas de ressource. (IX, p.64 ; 12 avril 1967).
11. Y a-t-il en effet en ce point d’extrême litige, un signifiant qui permette de donner sens à l’opposition masculin/féminin ? Freud là-dessus est absolument sans ambages : il n’y en a pas. (X, p.67 ; 19 avril 1967). … puisqu’il est impossible de donner un sens analytique aux termes « masculin » et « féminin »… Si en effet la relation sexuelle existait, cela voudrait dire que le sujet de chaque sexe peut toucher quelque chose dans l’autre au niveau du signifiant. Nous aurions un sujet se manifestant comme mâle et qui serait représenté comme sujet auprès d’un signifiant désignant le terme femelle, et dont il n’y aurait aucun besoin qu’il détermine le moindre sujet, la réciproque étant vraie. (X, p.68 ; 19 avril 1967).
12. Autrement dit « la valeur de jouissance » prend origine dans le manque, marqué par le complexe de castration. L’important est de voir la réversion qui en résulte. Du fait même en effet que le phallus, désigné par le - est porté à la valeur, la femme, elle, va prendre sa valeur d’objet et d’objet de jouissance. (X, p.69 ; 19 avril 1967).
13. C’est précisément en tant qu’elle n’a pas le phallus que la femme peut en prendre la valeur. Rappelez-vous que dans la Genèse le femme est conçue comme ce quelque chose dont le corps de l’homme a été privé ; on appelle ça une côte : c’est par pudeur. (X, p.69 ; 19 avril 1967).
14. Que veut une femme ? D’ailleurs depuis que la psychanalyse existe, on n’a pas fait un pas pour déterminer ce qu’il en est de la jouissance féminine, et c’est quand même quelque chose qui vaut d’être relevé. (XII, p.82 ; 10 mars 1967).
15. Or la question que je voudrais justement dégager est celle de savoir si l’objet intéressé dans l’acte sexuel est l’homme ou bien un homme, la femme ou bien une femme. Et c’est l’intérêt de l’introduction du mot « acte », d’ouvrir la question de savoir si, en ce point où il est au plus haut degré problématique. Il a rapport à l’avènement d’un signifiant représentant le sujet comme sexe auprès d’un autre signifiant. (XIII, p.87 ; 24 mai 1967).
16. Ce qu’il en est de la jouissance féminine, sur ce point d’ailleurs, les psychanalystes, selon la tradition des mâles, se tiennent cois. Quand aux psychanalystes femmes, elles se montrent aussi défaillantes à l’approche de ce thème, et comme terrifiées à l’idée de ce qu’elles pourraient avoir à formuler à son propos. (XIII, p.87 ; 24 mai 1967).
17. Néanmoins ce que la psychanalyse affirme seulement, faute de savoir l’exprimer d’une façon logiquement correcte, c’est que la jouissance féminine elle-même ne peut passer que par le même repère, telle est justement ce qu’on appelle chez la femme le complexe de castration. (XIII, p.89 ; 24 mai 1967).
18. C’est bien en cela que le sujet femme n’est pas facile à articuler, à un certain niveau, je vous ai proposé « l’homme-elle », mais la femme, justement, ne se limite pas à cela. Cependant, il n’y aucun moyen de lui assigner sa place, si ce n’est en référence à ce qui ne se trouve que chez ce qu’on appelle anatomiquement ce mâle. Mais si c’est à partir du suspens posé sur l’organe mâle, et par rapport à la béance du complexe de castration qu’une orientation est possible pour l’homme comme pour la femme, chez celle-ci la négativation du phallus prend sa valeur dans une position renversée. Un renversement, c’est une orientation, c’est un sens : et avant le renversement il se peut qu’il n’y ait aucun sens subjectivable, raison pour laquelle les psychanalystes hommes ou femmes, dans leurs élucubrations sur la jouissance sont restés à égalité. C’est peut-être bien peu pour caractériser la jouissance féminine ; mais jusqu’à nouvel ordre, on comprend qu’il faille s’en contenter. (XIII, p.89 ; 24 mai 1967).
19. Y a-t-il une conjonction réunissant comme tels le mâle et la femme dans la jouissance. (XIII bis, p.92 ; 31 mai 1967).
20. Puisque le corps de la femme est désormais la métaphore de ma jouissance, ce sera aussi au niveau de la femme que la jouissance fera question. Or cette fois il ne s’agit plus d’un mythe mais bien de ce qui fait la difficulté de l’acte sexuel, et qui se situe dans l’écart introduit entre (mon) corps et (ma) jouissance. (XIV, p.103 ; 7 juin 1967).
21. La femme, comme métaphore et comme valeur de jouissance. (XIV ; 7 juin 1967).
22. Ce n’est pas que l’échange des femmes puisse se retraduire en échange des phallus, mais plutôt que le premier se trouve symboliser le fait que la jouissance, sous traite comme telle, passe au rang de valeur, et que la femme devenait la métaphore de la jouissance, le phallus est la métaphore qui convient pour désigner cette partie du corps négativée. (XIV, p.104 ; 7 juin 1967).
23. Cela n’en laisse pas moins en suspend la possibilité d’articuler quelque chose pour situer la femme dans sa fonction de métaphore, par rapport à une jouissance passée à la fonction de valeur. (Mythe d’Isis : Déesse se définissant comme jouissance pure, ce qui la distingue d’une mortelle … ce qui ne veut pas dire que les Dieux n’ont pas de corps mais ils échangent). … Il est en tous les cas très important de le rappeler, car le statut de la déesse est d’être jouissance … or je l’ai. (XIV, p.105 ; 7 juin 1967).
24. Se poser la question de la jouissance féminine, c’est ouvrir la porte de tous les actes pervers. (p.105). C’est l’homme qui du moins en apparence, a le privilège des grandes positions perverses, alors que la femme n’y entre que par la réflexion de ce qui introduit en elle ce manque de la jouissance de l’homme, donc par la voie du désir qui, étant désir de l’Autre, est pour elle désir de l’homme. (XIV, p.106 ; 7 juin 1967).
Livre XV, 1967-1968 : L’acte psychanalytique.
1. (À propos du Banquet). Quand à ce qui est de l’homme (de la bonne administration de la cité). Il est curieux que dès le premier temps apparaît la référence à la femme, disant que la vertu de la femme, c’est la bonne ordonnance de la maison. Moyennant quoi hop ! voilà tous les deux du même pas sur le même plan ; il n’y a pas de différence essentielle et en effet si c’est comme ça qu’on le comprend, pourquoi pas ?
… une certaine morale, proprement la morale traditionnelle a toujours été d’éluder, mais c’est fait admirablement en l’espèce, d’escamoter au départ dans les premières répliques de sorte qu’on n’a plus à en parler, de ne même pas poser la question justement, celle qui est tellement intéressante pour nous analystes, en tant que nous sommes analystes, à savoir s’il n’y a pas un point où la morale de l’homme et de la femme pourrait peut-être se distinguer. (III, p.3 ; 29 novembre 1967).
Livre XVI, 1968-1969 : D’un Autre à l’autre.
1. Il n’y a pas d’union de l’homme et de la femme, sans que la castration, petit a, ne détermine au titre du phantasme précisément la réalité du partenaire chez qui elle estime possible. (I, p.2 ; 18 novembre 1968).
2. Vous pouvez vous apercevoir par exemple que la femme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de votre castration, ceci pour les mâles, après ça vous conduisez plus sûrement votre vie… (II, p.13 ; 20 novembre 1968).
3. Qu’est-ce qui a appris dans la psychanalyse à savoir bien traiter sa femme ? Parce que enfin ça compte pour une femme ! Il y a une certaine façon de l’attraper par le bon bout, ça se tient en main d’une certaine façon à laquelle elle ne se trompe pas, elle, elle est capable de vous dire « vous ne me tenez pas comme on tient une femme ». (XIII, p.2 ; 5 mars 1969). … Que les voies dans une analyse puissent être éclaircies qui l’empêchaient, cet homme à qui cette femme s’adressait dans ce que je viens de dire, de le bien faire, on aime à croire que ça se produit à la fin d’une analyse. (p.2).
4. La jouissance est ici un absolu, c’est le réel, et tel que je l’ai défini comme ce qui revient toujours à la même place. Et si on le sait c’est à cause de la femme. Cette jouissance comme telle est telle qu’à l’origine seule l’hystérique la met en ordre logiquement, c’est elle en effet qui la pose comme un absolu. (XIII, p.10 ; 5 mars 1969). … c’est en ceci qu’elle dévoile la structure logique de la fonction de la jouissance. Car si elle la pose aussi, en quoi elle est juste théoricienne, c’est à ses dépens. (p.11).
5. Toute la normativité s’organise pour l’homme, comme pour la femme par la passation d’un manque. (XIV, p.8 ; 12 mars 1969).
6. Je vous ai dit qu’il n’y a pas de rapport sexuel, s’il y a un point où ça s’affirme et tranquillement dans l’analyse, c’est que la femme, la femme on ne sait pas ce que c’est. (XIV, p.11 ; 12 mars 1969). (… il ne s’agit pas de savoir pour l’instant si les femmes sont refoulées, il s’agit de savoir si la femme l’est). (p.11).
7. … à propos de la jouissance de la femme… non pas du rapport sexuel, sur lequel vous ne pouvez pas dire grand chose, mais sur ce qu’il en est du maniement de la jouissance sexuelle. Toutes les énigmes qui apparaissent on ne sait pas pourquoi, quand on étudie la sexualité féminine, l’énigme que représente aux yeux de certains la sensibilité de la paroi vaginale, et le fait en quelque sorte je ne dis pas incitoire, mais limitrophe de la jouissance féminine, quelque chose qui serait bien plus aisément à s’accorder de la topologie que nous essayons d’approcher ici. (XIV, p.14 ; 12 mars 1969).
… « la Chose freudienne » c’est bien pour ça que nous lui donnons des traits de femme … c’est que la chose, elle n’est pas sexuée, c’est probablement ce qui permet que nous faisions l’amour avec elle, sans avoir la moindre idée de ce que c’est la femme comme chose sexuée. (p.15).
J’ai pris soin dans son séminaire sur L’Ethique de faire une grande part à l’amour courtois. C’est parce que ça nous permettait d’introduire ceci : c’est que la sublimation concerne la femme dans le rapport de l’amour, au prix de la constituer, au prix de la Chose. (p.15).
8. Comment ces gens avaient pu imaginer des hommages si exaltés, qu’est-ce que c’est que tout ça ? Toutes ces femmes que nous chantent les poètes, elles ont pour caractère toutes le même caractère, évidemment qu’elles ont toutes le même caractère. C’est aussi un représentant de la représentation. Elles sont comme les vénus préhistoriques, elles ont toutes le même caractère, ça ne veut pas dire que ces femmes n’existaient pas ! ni que les poètes ne leur faisaient pas l’amour en fonction de leur mérite. (XIV, p.16 ; 12 mars 1969).
9. La sublimation, c’était cet effort pour permettre que l’amour se réalise avec la femme et pas seulement de faire semblant que ça se réalise avec la femme. (XV, p.9 ; 19 mars 1969).
… J’ai pas souligné que dans cette institution « l’amour courtois » …en principe la femme n’aime pas. Tout au moins on n’en sait rien. (p.10).
10. Si pour le pervers, il faut qu’il y ait une femme non châtrée, plus exactement, s’il la fait être telle « hommelle ». (XVIII, p.17 ; 30 avril 1969).
11. (Au niveau signifiant) : nulle opposition n’est jamais promue comme fondamentale qui désigne le mâle-femelle. (XX, p.12 ; 14 mai 1969).
12. Qui ne laisse aucune trace : l’homme dans la femme. (XX, p.13 ; 14 mai 1969).
13. Le mythe du primordial, c’est celui en effet qui confond dans sa jouissance toutes femmes. La seule forme du mythe en dit assez, c’est dire qu’on ne sait pas de quelle jouissance il s’agit. Est-ce la sienne ou de celle de toutes les femmes ? À ceci près, que la « jouissance féminine » est restée comme je vous l’ai fait remarquer toujours aussi à l’état d’énigme dans la théorie analytique. (XX, p.15 ; 14 mai 1969).
14. « L’hommelle » en face de quoi se trouve Hans (XX, p.17-18-19 ; 14 mai 1969).
15. L’hystérique se caractérise de ne pas se prendre pour la femme. (XXI, p.10 ; 21 mai 1969).
16. Sait-on ce que c’est que la femme ? … de ce qu’il en est de la femme c’est aussi con que le maître. (XXIV, p.13 ; 18 juin 1969).
… Je ne parle pas des femmes pour l’instant, mais des femmes. (p.13).
17. Il devient tout à fait clair de savoir pourquoi le « 1 » dont se supporte le sujet femme est si originairement le Phallus. C’est au niveau du 1 qu’il s’agit de susciter que l’identification de la femme dans le mirage duel pour autant qu’à son horizon est cet « Autre », l’ensemble vide c’est à savoir « un corps », un corps ici vidé de sa jouissance… (La femme, l’hystérique, elle risque, elle parle de cette jouissance dont chacun sait qu’elle est pour la femme inaugurale …). (XXIV, p.13 ; 18 juin 1969).
18. … Que (la jouissance) toujours elle subsiste distincte et parallèle de celle qu’elle prend à être la femme de l’homme, celle qui se satisfait de la jouissance de l’homme, cette jouissance de l’homme à quoi la femme se prend, se captive comme le maître à l’esclave. (XXIV, p.13 ; 18 juin 1969).
19. « L’hystérique » s’introduit de ne pas se prendre pour la femme, et en quoi ne se prend-elle pas pour la femme ? … Elle est captivée, intéresse, souvenez-vous de Dora – par la femme en tant qu’elle croit que la femme est celle qu’il faut pour la jouissance de l’homme. « L’hystérique » fait l’homme qui supposerait la femme savoir. (XXIV, p.14 ; 18 juin 1969).
20. Ni le maître ni la femme ne sont supposés savoir ce qu’ils sont. (XXIV, p.15 ; 18 juin 1969). … savoir ce qu’il veut, c’est pour le maître comme pour la femme le désir même. (p.16).
… ce que « l’hystérique » suppose, c’est que la femme sait ce qu’elle veut au sens où elle le désirerait, et c’est bien pourquoi l’hystérique ne parvient pas à s’identifier à la femme qu’au prix d’un désir insatisfait. (p.16).
21. « Œdipe », « l’hystérique » qui a répondu, répondu en tant qu’il faut bien qu’il ait dit la vérité sur la femme pour que la sphinge disparaisse. C’est pourquoi conformément à sa destinée de l’hystérique il a fait l’homme par la suite. (XXV, p.2 ; 25 juin 1969).
22. Le savoir sert la femme parce qu’il la faite cause du désir. (XXV, p.1 ; 25 juin 1969).
23. (L’hystérique). Elle m’assure mieux qu’à Freud qui n’a pas su l’entendre, que la jouissance de la femme se suffit parfaitement à elle-même. Elle érige cette femme mythique qu’est la sphinge … c’est qu’il lui faut quelque chose d’autre à savoir « jouir de l’homme » (p.2) … n’est pour elle que le pénis érigé moyennant quoi elle se sait elle-même comme Autre - c’est-à-dire comme « Phallus » dont elle s’est privée, autrement dit comme châtrée. (XXV, p.2 ; 25 juin 1969).
24. Le rapport de la femme à son autre jouissance, telle que tout à l’heure je l’ai articulé – la femme qui se fait cause au désir. (XXV, p.5 ; 25 juin 1969).
25. Je vous ai parlé de « l’hommelle », est ce que tout ne converge pas vers elle, « l’hommelle », celle qui est à la fois le « maître et le savoir ». (XXV, p.6 ; 25 juin 1969). (Dans « Il », l’hommelle c’est la femme du recteur). (p.6). Elle est d’une ignominie ravissante.
26. L’hystérique si nous la faisons femme (ça n’est pas son privilège) … L’hystérique fabrique comme elle peut un homme qui serait animé du désir de savoir. (p.7 ; 17 décembre 1969).
27. De par ce langage qui dérape sur l’ampleur de ce que comme femme elle peut ouvrir sur la jouissance. (p.8 ; 17 décembre 1969).
Livre XVII, 1960-1970 : L’envers de la psychanalyse.
1. L’Hystérique qui parle d’or, c’est ceci : « Je veux un homme qui sache faire l’amour, et bien oui, l’homme s’arrête là, il s’arrête à ceci, qu’il est en effet quelqu’un qui sache que pour faire l’amour on peut repasser. (I bis, p.5 ; 3 décembre 1969).
2. (À propos du discours analytique). … chez les analystes femmes, il provoque un curieux frémissement de celui qui les pousse depuis quelque temps à confondre la vérité analytique, avec la révolution. (III, p.1 ; 21 janvier 1970). … c’est aux femmes, puisque ce n’est pas par hasard qu’elles sont moins enfermées que leurs partenaires dans ce cycle des discours… (p.2). … on ne peut dire autant de la femme … avant de frémir, la femme qu’anime la vertu révolutionnaire de l’analyse pourrait se dire que bien plus que l’homme elle a à bénéficier de ce que nous appelons une « certaine culture du discours ». p.2 (discours de l’Hystérique).
Il est clair pourtant que ce n’est pas par hasard que le mot « vérité » provoque chez elle ce particulier frémissement, seulement la vérité n’est pas d’un accès facile. (p.2).
3. Freud parfois se dérobe, nous abandonne, il abandonne la question de la jouissance féminine. (IV, p.2 ; 11 février 1970). (… l’orgasme originel) … de la primauté ou non dans le développement de la femme d’une jouissance d’abord réduite à l’équivalent de la jouissance mâle. (p.3).
… Masters et Johnson : l’orgasme majeur en tant qu’il serait celui de la femme ressortit à la « personnalité totale ». (p.3).
4. D’une dominance de la femme en tant que Mère et mère qui dit, mère à qui l’on demande, mère qui ordonne et qui ordonne et qui institue du même coup cette dépendance du petit homme, la femme donne à la jouissance dosée le masque de la « répétition ». (p.9). La femme ici se présente ce qu’elle est comme invitation de la mascarade, elle apprend à son produit à paraître : elle porte vers le plus de jouir parce qu’elle plonge ses racines, elle la femme, comme la fleur dans la jouissance elle-même. Les moyens de la jouissance sont ouverts au principe de ceci qu’il ait renoncé à la jouissance close et étrangère à la Mère. (IV, p.9 ; 11 février 1970).
5. Le mâle dès lors est et n’est pas ce qu’il est au regard de la jouissance et de là aussi la femme se produit comme objet, justement de n’être pas ce qu’il est d’une part différence sexuelle, et d’autre part d’être ce à quoi il renonce comme jouissance. (IV, p.9 ; 11 février 1970).
6. L’évitement de la jouissance absolue en tant qu’elle est déterminée par ceci : qu’à fixer l’enfant à la mère, la connivence sociale le fait le siège des intérêts. (IV, p.10 ; 11 février 1970).
7. (Dora) elle sait très bien en jouir par cela même comme nous en témoigne l’importance décisive chez elle de la masturbation infantile. (V, p.8 ; 18 février 1970).
8. Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes, c’est la mère, on ne sait pas ce qui peut lui prendre, tout d’un coup de le refermer son clapet ; c’est ça le désir de la Mère (VI, p.9 ; 11 mars 1970).
9. On jouit de la Mère et la Mère jouit. (VI, p.10 ; 11 mars 1970).
10. (À propos de Jocaste) … les femmes sont pas comme ça sans avoir comme ça un petit renseignement. (VI, p.13 ; 11 mars 1970).
11. Une femme s’est trouvée engrossée, pourquoi ça ne serait pas dans une psychanalyse ? (Le psychanalyste … qui soit le Père réel, même si on n’a pas baisé avec lui). (VII, p.11 ; 18 mai 1970).
12. C’est la question « Que veut une femme » une femme pas n’importe laquelle … rien que poser la question, ça veut dire qu’elle veut quelque chose : il n’a pas dit « Que veut la femme » parce que la première femme rien ne dit qu’elle ne veut quelque soit. Je ne dirais pas qu’elle s’accommode de tous les cas, elle … que veut une femme ?, vous situer la question au niveau du désir … la question au niveau du désir pour la femme c’est interroger l’Hystérique… ce que l’Hystérique veut … c’est un maître … elle veut un maître, elle veut que l’Autre soit un maître … qu’elle veut un maître sur lequel elle règne. (p.13) … elle règne et il ne gouverne pas. (p.13) … vous devez vous apercevoir que c’est pas spécifié à un sexe. (VII, p.13 ; 18 mai 1970).
13. Ainsi dans la psychanalyse, parce qu’aussi bien dans l’inconscient, l’homme, de la femme ne suit rien, ni la femme de l’homme, au phallus se résume le point de mythe dont le sexuel est impliqué dans la passion du signifiant. (VIII, p.10 ; 8 avril 1970).
14. Ce petit a se substitue à la femme que l’homme la désire. Ce à quoi la femme à affaire si tant est qu’on puisse en parler, c’est proprement cette jouissance qui est la sienne. (X, p.4 ; 20 mai 1970).
15. La privation de la femme telle qu’elle est exprimée au terme de défaut de discours, ce que veut dire la castration. (X, p.4 ; 20 mai 1970).
16. L’ordre parlant institue ce désir constitué comme impossible qui fait de l’objet féminin privilégiée la mère en tant qu’elle est interdite. (X, p.4 ; 20 mai 1970).
17. Pas de place possible … comme union mythique qui serait défini comme sexuelle entre l’homme et la femme. (X, p.4 ; 20 mai 1970).
18. Pour lui donner l’horizon de la femme, c’est dans ce que « de jouissance informée sans forme ». (X, p.10 ; 20 mai 1970).
19. L’effet de l’incidence du discours … l’affect de cet effet de discours … en tant qu’il reçoit cet effet féminisant qu’est le petit a. (X, p.10 ; 20 mai 1970).
20. Si l’homme avait moins pratiqué le truchement de Dieu pour croire qu’il s’unit à la femme (p.12) … il y a peut-être longtemps qu’on aurait trouvé cette « lathouse » ! (X, p.12 ; 20 mai 1970).
Livre XVIII, 1970-1971 : D’un discours qui ne serait pas du semblant.
1. Il faut se rendre compte que ce qui définit l’homme c’est son rapport à la femme et inversement. (II, p.9 ; 2, janvier 1971).
2. De ce « faire homme », l’un des corrélats essentiels c’est de faire signe à la fille qu’on l’est. (II, p.10 ; 20 janvier 1971).
3. C’est en tant que mâle, le mâle le plus souvent, la femelle n’en est pas absente, puisqu’elle est précisément le sujet. (II, p.10 ; 20 janvier 1971).
4. Au lieu d’avoir l’exquise courtoisie animale, il arrive aux hommes de violer une femme ou inversement. (p.10) … aux limites du discours … passage à l’acte. (II, p.10 ; 20 janvier 1971).
5. L’identification sexuelle ne consiste pas à se croire Homme ou Femme, mais à tenir compte de ce qu’il y ait des femmes pour le garçon et qu’il y ait des hommes pour la fille. Et ce qui est important, ce n’est pas tellement ce qu’ils éprouvent, c’est Ma situation réelle, permettez-moi c’est que les hommes, la fille, c’est le phallus et que c’est ça qui les châtre, que pour les femmes, le garçon c’est la même chose, le phallus, et que c’est ça qui les châtre aussi, parce qu’elles n’acquièrent qu’un pénis et que c’est raté. Le garçon ni la fille, d’abord ne courent de risque que par les drames qu’ils déclenchent. (II, p.12 ; 20 janvier 1971).
6. La femme c’est précisément dans cette relation, dans ce rapport pour l’homme, l’heure de la vérité. La femme est en position au regard de la jouissance sexuelle de ponctuer l’équivalent de la jouissance et du semblant. (II, p.13 ; 20 janvier 1971).
7. Il est certainement plus facile à l’homme d’affronter aucun ennemi sur le plan de la rivalité que d’affronter la femme en tant qu’est le support de cette vérité, de ce qu’il y a de semblant dans le rapport de l’homme à la femme. (II, p.13 ; 20 janvier 1971).
8. Nulle autre que la femme ne sait mieux ce qui de la jouissance et du semblant est disjonctif. (II, p.13 ; 20 janvier 1971).
9. D’un homme, il convient de savoir qu’elle est sa femme, j’entends celle qu’on épouse à l’occasion … pour peser une personne, rien de tel que de peser sa femme. (II, p.13 ; 20 janvier 1971).
10. Quand il s’agit d’une femme, c’est pas la même chose parce que la femme a une très grande liberté à l’endroit du semblant (p.14). Elle arrivera à donner du poids, même à un homme qui n’en a aucun. (II, p.14 ; 20 janvier 1971).
11. Le Yin et le Yang … le modèle général de ce rapport du mâle et de la femelle est bien ce qui hante depuis toujours … (IV, p.10 ; 17 février 1971).
12. Cette fonction du phallus rend désormais intenable cette bipolarité sexuelle. (IV, p.10 ; 17 février 1971).
13. Le phallus c’est l’organe en tant qu’il est, il s’agit de l’être, la jouissance féminine. Voilà en quoi réside l’incompatibilité de l’être et de l’avoir. (IV, p.11 ; 17 février 1971).
14. Mâle et femelle … être et avoir. (IV, p.11 ; 17 février 1971).
15. Ce que désigne le mythe de la jouissance de toutes les femmes c’est que le « toutes les femmes » il n’y en a pas. Il n’y a pas d’universel de la femme. (IV, p .13 ; 17 février 1971).
16. Phallus … ce qu’il en est de la jouissance qu’il constitue, puisque j’ai dit que c’était la jouissance féminine. (IV, p.13 ; 17 février 1971).
17. Après tout il est possible qu’il y ait un savoir de la jouissance qu’on appelle sexuelle qui soit le fait de cette certaine femme (p.13). (Le tantra…). … l’habilité des joueuses de flûte est beaucoup plus patent… (IV, p.13 ; 17 février 1971).
18. … le savoir supposé de la femme qui saurait … Il en résulte qu’une femme n’a de témoignage de son insertion dans la loi, de ce qui supplée au rapport que par le désir de l’homme (p.14).
… donc la femme à cette occasion on s’aperçoit que c’est elle qui est l’autre. (p.14) … seulement elle est l’autre d’un tout autre ressort… (IV, p.14 ; 17 février 1971).
19. Ce rapport de l’homme et de la femme … il n’a pas à cet égard de nature, puisque la femme n’existe pas. Qu’elle existe c’est un rêve de femme, et c’est le rêve d’où est sorti Don Juan, s’il y avait un homme pour qui la femme existe, quelle merveille, on serait sûr de son désir – c’est l’élucubration féminine … (p.18) pour qu’un homme trouve sa femme quoi d’autre sinon la formule, romantique, c’était fatal, c’était écrit. (p.18). (… cette disjonction de l’homme et de la femme) (IV, p.18 ; 17 février 1971).
20. Le désir de la femme. (Je m’en fous moi des écrits). Ça s’écrit A barré (). (V, p.7 ; 10 mars 1971).
21. Le patient qui appelle sa mère sa femme. (V, p.12 ; 10 mars 1971).
22. Joue sur le fait que la lettre a un effet féminisant. (VI, p.8 ; 17 mars 1971).
23. Si cette lettre en l’occasion peut avoir un effet féminisant … « le mythe écrit d’œdipe » est fait très exactement pour nous pointer que c’est impensable que de dire « la femme » c’est un impensable pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas dire « toutes les femmes » parce que ce n’est introduit dans ce mythe qu’au nom de ceci : que le Père possède « toutes les femmes » ce qui est manifestement le signe d’une impossibilité. D’autre part ce que je souligne à propos de cette Lettre volée, c’est que s’il n’y a qu’une femme, qu’en d’autres termes la fonction de la femme ne se déploie que de ce que de même le mathématicien Brouwer … (VI, p.11 ; 17 mars 1971).
24. La femme n’a rien à faire, si elle existe, mais justement elle n’existe pas, … « la femme » elle n’a rien à faire avec la loi … on fait quand même l’amour. (VI, p.12 ; 17 mars 1971).
25. La femme comme telle se trouve dans cette position uniquement rassemblée de ceci, qu’elle est, je dirai sujette de la parole. (VI, p.13 ; 17 mars 1971).
26. La parole s’efforce de réduire la femme à la sujetion. (VI, p.13 ; 17 mars 1971).
27. La femme … je veux dire l’en-soi de la femme, la femme : comme si l’on pouvait dire : toutes les femmes : la femme j’insiste : qui n’existe pas, c’est justement la lettre, la lettre en tant qu’elle est le signifiant où il n’y a pas d’Autre. S (A barré). (VI, p.14 ; 17 mars 1971).
28. (À propos de la lettre) … que cet effet d’illusion puisse s’articuler ce que je fais moi – que comme un effet de féminisation. (VII, p.3 ; 12 mai 1971).
29. La lettre comme telle … Elle a un effet féminisant. (VIII, p.20 ; 18 mai 1971).
30. Ce signe – il s’agit de la lettre – est bien celui de la femme, pour ce qu’elle y fait vouloir son être en le fondant hors la loi qui la contient toujours … La loi la contient toujours, par l’effet de ses origines en position signifiant voire de fétiche. (VIII, p.4 ; 18 mai 1971).
31. La femme comme conjointe au Roi, c’est en tant que quelque chose est improprement symbolisé et typiquement autour du rapport comme sexuel. (VIII, p.4 ; 18 mai 1971).
32. Cette lettre (dans La lettre volée) … c’est qu’elle féminise ceux qui se trouvent en être dans une position qui est celle d’être à son ombre. (p.6). … La lettre bien sûr, ce n’est pas à la femme, à la femme dont elle porte l’adresse, qu’elle satisfait en arrivant à sa destination, mais au sujet. (VIII, p.6 ; 18 mai 1971).
33. Dans les commandements dit du Décalogue, la femme est assimilée aux sus-dits (animaux domestiques). (VIII, p.10 ; 18 mai 1971).
34. Les hystériques sont celles qui sur ce qu’il en est du rapport sexuel disent la vérité. (VIII, p.14 ; 18 mai 1971).
35. (L’homme…). La femme ne peut remplir sa place dans le rapport sexuel, elle ne peut l’être qu’au titre d’une femme. J’ai fortement accentué qu’il n’y a pas de « toute femme » … d’être une femme qu’elle puisse s’instituer dans ce qui est inscriptible de ne pas l’être, c’est-à-dire restant béant de ce qu’il en est du rapport sexuel. (VIII, p.14 ; 18 mai 1971).
36. … Sa jouissance il ne fait pas croire qu’elle ne l’a pas de son côté. (VIII, p.15 ; 18 mai 1971).
37. L’ « Au moins-un » comme fonction essentielle du rapport en tant qu’il situe la femme, le rapport au point ternaire clé de la fonction phallique. (VIII, p.15 ; 18 mai 1971).
38. L’homme et la femme ne s’entendaient-ils ainsi qu’à se taire… comme tels ils sont des faits de discours. (IX, p.1 ; 9 juin 1971). (Un homme et une femme peuvent s’entendre … Je ne dis pas non. Ils peuvent comme tels s’entendre crier. (p.1). Ceci arrive qu’ils aient dans le cas où ils ne réussissent pas à s’entendre autrement. (p.1).
39. (Formules de la sexuation) c’est par rapport à « toute femme » qu’une femme se situe. (IX, p.2 ; 9 juin 1971).
40. (À ce point de rebroussement) … est une figuration topologiquement tout à fait incorrecte de la jouissance chez une femme. (IX, p.8 ; 9 juin 1971).
41. L’Hystérique … l’homoïnzun conforme à l’os qui faut à sa jouissance pour qu’elle puisse le ronger. (IX, p.8 ; 9 juin 1971).
42. L’Hystérique … relire Aristote de déceler quel rapport à la femme, précisément identifiée par lui à l’Hystérique, ce qui met plutôt les femmes de son époque en très bon rang. À tout le moins elles étaient pour les hommes stimulantes – de déceler quel rapport à la femme identifiée à l’hystérique lui a permis c’est un saut qui lui a permis d’instaurer sa logique en forme de … (p.9) … l’idée qu’Aristote se faisait de la femme … Justement la seule formule universelle qu’il se serait pas permis de prononcer… (p.10) … que x impose la passe à un « toute femme »… est l’énonciation dont se décide l’hystérique… comme sujet, et que c’est pour cela qu’une femme est solidaire d’un papludun qui proprement la loge dans cette logique du successeur que Peano nous a donné comme modèle. Mais l’Hystérique n’est pas « une femme ». Il s’agit de savoir si la psychanalyse telle que je la définis donne accès à « une femme » ou si qu’« une femme » advienne c’est l’affaire de doxa. … ce qui ne peut d’une femme telle que j’en définis le pas, ce qui ne peut d’elle, d’« une femme » être su dans l’inconscient … de façon articulée (IX, p.10 ; 9 juin 1971).
43. À savoir si cette vente, en tant qu’elle s’incarne dans l’hystérique est susceptible effectivement d’un glissement assez souple pour qu’elle soit l’introduction à une femme ? (IX, p.11 ; 9 juin 1971).
44. L’hystérique se situe d’introduire le « pas plus d’un » dont s’intitule chacun des femmes par les voies du ce n’est pas de « toute femme » que peut se dire qu’elle soit fonction du Phallus. (IX, p.11 ; 9 juin 1971). (… hystérique … femme … désir insatisfait).
45. En somme l’œdipe a l’avantage de montrer en quoi l’homme peut répondre à l’exigence du « pas plus d’un » qui est dans l’être d’une femme. (IX, p.13 ; 9 juin 1971).
46. Le père jouit … de toutes les femmes. (p.13).
… après quoi aucun ne lui succède dans sa gloutonnerie de jouissance. (IX, p.13 ; 9 juin 1971).
47. Ce n’est donc plus les mères, mais les femmes du Père, comme telles qui sont concernées par l’interdit. (IX, p.14 ; 9 juin 1971).
48. La totalité de ce qui fémininement peut être sujet à la jouissance. (IX, p.14 ; 9 juin 1971).
49. C’est bien toutes les femmes qui sont interdites de principe à la communauté des mâles (origine de la Loi). (IX, p.15 ; 9 juin 1971).
50. Signifiant capable de donner du sens au désir de la Mère qu’à juste titre je pouvais situer le Nom du Père. (X, p.11 ; 16 juin 1971).
51. La Mère dans sa lignée est je dirais innombrable. (X, p.12 ; 9 juin 1971).
52. Il faut lire l’Ecclésiaste : « Jouis tant que tu es dans ce bas monde, jouis avec la femme que tu aimes. C’est le comble du paradoxe … car c’est justement de l’aimer que vient l’obstacle. (X, p.16 ; 9 juin 1971).
Livre XIX, 1971-1972 : Ou pire/Le savoir du psychanalyste.
1. Des hommes et des femmes, c’est réel. Mais nous ne pouvons articuler rien à leur propos dans l’« a » langue. (I, p.6 ; 2 décembre 1971).
2. Entre une petite fille et un petit garçon. Cette différence est bien une différence naturelle. (II, p.17 ; 8 décembre 1971).
3. Elle consiste à les reconnaître, sans doute sur la base de la petite différence, mais avant tout, par les critères formés sous la dépendance du langage. (II, p.18 ; 8 décembre 1971).
4. Le « peut-être » c’est ce qui fait que la femme ne sait jouir que dans une absence. (II, p.19 ; 8 décembre 1971).
5. C’est comme signifiant qu’est le sexué. Alors il ne s’agit pas de faire la distinction, marquer le signifiant homme comme distinct du signifiant femme, d’appeler l’un x et l’autre y, car c’est justement là la question du comment ils se distinguent. (III, p.8 ; 15 décembre 1971).
6. C’est assez rigolo l’usage du signifiant, qu’on dise au gars : « sois un homme » on lui dit pas « sois l’homme », ce qui est curieux c’est qu’on dit pas beaucoup « sois une femme » mais par contre de la femme – article défini. On a beaucoup spéculé sur l’article défini. (III, p.29 ; 15 décembre 1971).
7. D’ailleurs en général, il n’y a que les femmes qui comprennent ce que je dis. (III, p.30 ; 15 décembre 1971).
8. Le Père n’est pas châtré, sinon comment est-ce qu’il pourrait les avoir toutes. (III, p.31 ; 15 décembre 1971).
9. Si chacun se trouvait face à face avec sa chacune, ce serait plein de risques. Les filles, elles, elles se mettent deux par deux : elles font amie/amie avec une amie jusqu’à ce qu’elles aient arraché un gars de son régiment. (IV, p.11 ; 6 janvier 1972).
10. « L’homme », il s’imagine qu’il connaît le Monde, au sens biblique, comme ça. Le Monde, c’est-à-dire un rêve de savoir, vient à la place de la femme. (IV, p.15 ; 6 janvier 1972).
11. Le rapport entre l’homme et la femme et tout ce qui en résulte pour chacun des partenaires, à savoir sa position et son savoir, la castration elle est pourtant. (IV, p.16 ; 6 janvier 1972).
12. Pour se faire une saine idée de ce qu’il en est de l’amour, il faudrait partir de quand ça se joue sérieusement entre un homme et une femme : c’est toujours avec l’enjeu de la castration. (IV, p.16 ; 6 janvier 1972).
13. L’homme, la femme : c’est la thèse dont aujourd’hui je pars. C’est d’abord affaire de langage. (p.32).
… l’homme, la femme, nous ne savons pas ce que c’est… (V, p.32 ; 12 janvier 1972).
14. … que j’ai commencé de désigner respectivement par l’homme et par la femme est inapprochable du langage. (V, p.37 ; 12 janvier 1972).
15. La femme se situe de ceci que ce n’est pas-toute. (V, p.39 ; 12 janvier 1972).
16. Il reste entre ce qui fonde symboliquement la fonction argumentaire des termes « l’homme » et « la femme », il reste cette béance d’une indétermination de leur rapport commun à la jouissance. (V, p.39 ; 12 janvier 1972).
17. Le mythe d’œdipe, c’est ce qu’on a pu faire pour donner l’idée de cette condition logique qui est celle de l’approche indirecte que la femme peut faire de l’homme. (V, p.40 ; 12 janvier 1972).
18. … la jouissance sexuelle sera possible mais limitée, ce qui suppose, pour chaque homme, dans son rapport avec la femme, quelque maître, pour le moins de cette jouissance. Il faut à la femme au moins ça, que ce soit possible, la castration : c’est son abord de l’homme. Pour ce qui est de la faire passer à l’acte, la dite castration, elle s’en charge. (p.40). …(la castration…) c’est très précisément le point par où l’homme a accès à la femme. (V, p.40 ; 12 janvier 1972).
19. C’est qu’il faudrait que le sujet admette que l’essence de la femme ce ne soit pas la castration. (V, p .40 ; 12 janvier 1972).
20. C’est du réel que la femme prend son rapport à la castration. Et c’est ce qui nous livre le sens de x, c’est-à-dire du pas-toutes … le pas-toutes veut dire le « pas impossible ». Il n’est pas impossible que la femme connaisse la fonction phallique. (V, p.41 ; 12 janvier 1972).
21. C’est à partir du moment où c’est de l’impossibilité comme cause que la femme n’est pas liée essentiellement à la castration, que l’accès à la femme est possible dans son indétermination. (V, p.41 ; 12 janvier 1972).
22. J’entends que la femme a la fonction phallique présente en manière d’argument dans la contingence peut s’articuler ce qu’il en est de la valeur sexuelle femme. (V, p.41 ; 12 janvier 1972).
23. De bander. … ça n’a aucun rapport avec le sexe. Pas avec l’autre en tout cas. Bander pour une femme, c’est lui donner la fonction x, la prendre comme phallus. (VII, p.24 ; 3 février 1972).
24. Il est éclatant que l’homme comme la femme, ils font semblants. (VII, p.25 ; 3 février 1972).
25. J’ai souligné que, dans la quête sexuelle, les garçons l’encouragent. Pour les filles elles aiment à se redoubler, tant ça les avantage. (IX, p.42 ; 3 mars 1972).
26. … comment l’universel « homme » se rapporte à l’universel « femme » c’est là la question et qui s’impose à nous du fait que le langage, très précisément, exige que ce soit parlable, fondé. (p.43) … alors en quoi les deux partenaires diffèrent. C’est ce qu’en sait les deux formules écrites au tableau. (formules de la sexuation). (p.45). … s’il s’avère que du fait de dominer également les deux partenaires, la fonction phallique ne les fait pas différents, il n’en reste pas moins que c’est ailleurs qu’ils vont en chercher la différence. (p.45). … c’est très précisément que ce n’est pas toute femme qui s’y inscrit. (p.47). … Il n’y en a pas pour la simple raison qu’une femme ne saurait être châtrée pour les raisons les meilleures… (p.47). … c’est justement en ce qu’au « tout » s’offre un pas-tout. Qu’il y a chance d’une répartition de gauche à droite, de ce qui se fondera comme mâle et comme femelle. (p.47) … c’est à savoir que la femme, au regard de la fonction phallique ne se situe que de « pas-toutes y être sujette ». (p.47).
… le sort de ce que serait un mode sous lequel se soutiennent la différentiation du mâle et de la femelle chez l’être parlant… (p.48). … sous cette forme que la femme suscite de ce que l’universelle pourrait surgir de la fonction phallique où elle participe comme vous le savez, à la vouloir, soit ravir à l’homme, soit qu’elle lui en impose le service, ou pire, c’est le cas de le dire, qu’elle le lui rende. Mais ceci ne l’universalise pas, ne sait que de ceci qui est cette racine du pas-toutes qu’elle recèle une autre jouissance – la jouissance dite proprement féminine qui ne dépend nullement de la jouissance phallique. (IX, p.49 ; 3 mars 1972).
27. Si la femme n’est pas-toute c’est que sa jouissance elle, est duelle. C’est bien ce qu’a révélé Tirésias quand il est revenu d’avoir été, par la grâce de Zeus, Thérèse pour un temps, avec naturellement la conséquence que l’on sait, et qui était là comme étalée, visible … pour lui montrer ce qui l’attendait comme d’avoir existé, justement lui comme homme de cette possession suprême qui résultait de la duperie où sa partenaire le maintenait de la véritable nature de ce qu’elle offrait à sa jouissance. (IX, p.49 ; 3 mars 1972).
28. Ceci manifeste au niveau du mythe ceci que pour exister comme homme à un niveau qui échappe à la fonction phallique, il avait d’autre femmes que celle-là qui n’auraient justement pas dû exister pour lui… (IX, p.49 ; 3 mars 1972).
29. Cet hétéros en tant qu’absent, ce n’est pas du tout forcément le privilège du sexe féminin … (p.50). … D’un côté, on a l’Universel fondé sur un rapport nécessaire à la fonction phallique, et de l’autre côté : un rapport contingent parce que la femme n’est « pas-toute ». (IX, p.50 ; 3 mars 1972).
30. Ce qui fait difficulté, c’est bien précisément les rapports entre hommes et femmes … (p.53).
… l’exigence qu’il existe au-moins-un-homme, qui est celle qui paraît émise au niveau de ce féminin qui se spécifie d’être un pas-toute … (p.53). (Rien ne l’impose c’est au-moins-un). (p.54).
… c’est une exigence autre, qui se pose sur ceci ; c’est que l’universel masculin peut prendre son assiette dans l’assurance qu’il n’existe pas de femme qui ait été châtrée, ceci pour des raisons qui nous paraissent évidentes. Seulement ceci n’a en fait pas plus de portée par la raison que c’est une assurance tout à fait gratuite. A savoir que la femme montre assez que sa relation à la fonction phallique est tout à fait active… (IX, p.55 ; 3 mars 1972).
31. … la femme n’en est pas plus assurée dans son essence universelle … le fait qu’il n’y ait pas d’exception n’assure pas plus l’universelle de la femme. (IX, p.55 ; 3 mars 1972).
32. (Marx) dont il se trouve qu’il consolide le discours du maître, en le complétant, mais pas seulement de la plus-value, en incitant la femme à exister comme égale. Egale à quoi, personne ne le sait, puis on peut très bien dire aussi de l’homme égale à zéro. (X, p.72 : 8 mars 1972).
33. On confond, on se précipite dans la négation de la division sexuelle de la différence. Si je dis « division » c’est ce c’est opérationnel si je dis « différence » c’est parce que c’est ce que prétend effacer l’usage du signe « = » la femme = l’homme. (X, p.72 ; 8 mars 1972).
34. Il est curieux qu’à poser cet Autre, ce que j’ai eu à avancer aujourd’hui ne concerne que la femme. C’est bien elle, cette figure de l’Autre, qui nous donne l’illustration d’être, comme l’a écrit un poète, d’être entre le centre et l’absence. (p.74). (Entre centre et absence : pas-toute : celle qui n’est pas contenue dans la fonction phallique, sans être pourtant sa négation, dont le mode de présence est entre centre et absence entre la fonction phallique dont elle participe singulièrement de ce que l’homoinzun qui est son partenaire dans l’amour y renonce pour elle. Ce qui lui permet de laisser ce qui n’en participe pas dans l’absence. (X, p.75 ; 8 mars 1972).
35. Il n’est pas moins jouissance, d’être jouiabsence. Personne ne dira que ce que j’énonce de la fonction phallique relève d’une méconnaissance de ce qui en est de la jouissance féminine. (X, p.75 ; 8 mars 1972).
36. C’est au contraire de ce que la jouisseprésence de la femme, dans cette partie qui ne la fait pas toute ouverte à la fonction phallique, c’est de ce que cette jouisseprésence, l’au moins un soit pressé de l’habiter dans un centre dans radical sur ce qui exige son existence. (X, p.75 ; 8 mars 1972).
37. Les hommes et les femmes sont ensemble, ça ne les empêche pas d’être chacun de son côté. (XIII, p.66 ; 6 mai 1972).
38. De « la femme » qui, pour le père Freud, a constitué jusqu’à la fin problème de ce qu’elle veut. (XIV, p.96 ; 10 mai 1972).
39. L’utilité de ce qu’il y ait de l’un, à ce que vous sachiez entendre qu’il en est de cette bipartition, à chaque instant fuyante de l’homme et de la femme. « Tout ce qui n’est pas homme est-il femme ? » On tendrait à l’admettre. Mais puisque la femme n’est pas-toute, pourquoi tout ce qui n’est pas femme serait-il homme ? (XIV, p.109 ; 10 mai 1972).
40. Car il n’y a aucun moyen de répartir deux séries quelconques, d’attributs qui fassent une série mâle d’un côté, et de l’autre côté la série femme … active … dans le rapport sexuel alors … il me semble que c’est plutôt la femme qui, elle, en met un coup ! (p.115).
… partout eh bien l’homme il se les roule, la femme elle moud, elle broie, elle coud, elle fait les courses, et elle trouve encore le moyen de tortiller du derrière après pour … je parle de la danse, pour la satisfaction jubilatoire du type qui est là, qui la regarde … pour ce qui est de l’actif et du passif. (XIV, p.116 ; 17 mai 1972).
41. La chasse … la pêche… (ce par quoi l’homme est femme). (p.XIV, p.117 ; 17 mai 1972).
42. … la sex-ration… Y a-t-il autant de mâles que de femelles ? (XIV, p.118 ; 17 mai 1972).
43. Vous le savez, ici, je dis ce que je pense : c’est une position phéminine. (XIV, p.76 ; 1er juin 1972).
44. Vous êtes tout à fait finis, selon les cas, pour ce qui est des hommes. Pour ce qui est des femmes, dénombrables. (XIV, p.81 ; 1er juin 1972).
45. Il y a quelque part un « tout x » qui devient objet a chaque fois qu’il s’incarne dans un être qui se pose comme tel, à titre d’homme, nommément. C’est ce qui fait que ce soit dans l’autre colonne que s’articule quelque chose dans quoi puisse se ranger quiconque se place au titre de la femme. (p.84).
… ce qui s’en énonce, c’est qu’il n’y en a pas une qui dans l’énoncé qu’il n’est pas vrai que la x domine ce qu’il en est du rapport sexuel, s’inscrive en faux …p.84).
Je dirai que ce qui concerne le : il n’existe pas de x tel que non phi de x, c’est à proprement la vierge.
… Le viril, c’est du côté de la femme, c’est la seule à y croire. Elle pense ! C’est même ce qui la caractérise. … C’est pour ça que la vierge n’est pas dénombrable, car elle se situe entre l’Un et le Zéro. (p.85).
(… les 11000 vierges c’est une façon d’énoncer le non dénombrable. 11000 c’est un chiffre énorme, surtout pour des vierges). (XIV, p.85 ; 1er juin 1972).
46. C’est en tant qu’il y a le vide, le manque de qui que ce soit qui désire la fonction phallique au niveau de la femme que, inversement, il n’y a rien d’autre. (Au niveau de la femme) que ce quelque chose que le pas-tout formule à l’endroit de la fonction phallique. Elle est en effet pour elle pas-toute ce qui ne veut pas dire qu’elle le nie. Le mode sous lequel elle n’existe pas dans cette fonction de la nier, c’est qu’il est ce qui s’inscrit du signifiant de ceci que l’Autre est barré (S A barré). La femme n’est pas le lieu de l’Autre, elle s’inscrit comme n’étant pas l’Autre. L’Autre étant ce qui fonctionne comme lieu de la vérité. (p.86).
C’est de s’absenter, c’est d’être ce jouiscentre conjugué non de l’absence, mais à une dé-sence que la femme ne se pose pour ce fait signifiant … l’Autre n’est pas là, ce n’est pas elle, mais le lieu où se situe la parole. (XIV, p.86 ; 1er juin 1972).
47. La sémantique c’est la traductibilité. C’est ce grâce à quoi un homme et une femme ne se comprennent que s’ils ne parlent pas la même langue. (XIV, p.87 ; 1er juin 1972). … (Les langues ne sont pas-toutes…).
48. Pour ce qui nécessite l’existence du père, nous partirons de ce point, béance de l’indécidable, entre le pas-toutes et le pas-une. (XIV, p.87 ; 1er juin 1972).
49. La femme se distingue de n’être pas-toute. (Pas-toute c’est l’expression de la contingence). (XIV, p.87 ; 1er juin 1972).
50. (L’unien - l’unier).
Le Père unie donc. Dans le mythe, il a ce corrélat de toutes - toutes les femmes – c’est là, si l’on suit les inscriptions quantiques qu’il y a lieu d’introduire une modification, il les unie certes, mais pas-toutes justement. (XVII, p.121 ; 14 juin 1972).
Livre XX, 1972-1973 : Encore.
1. Le sexe corporel de la femme. J’ai dit de la femme, justement il n’y a pas la femme. La femme n’est pas-toute : le sexe de la femme ne lui dit rien, si ce n’est par l’intermédiaire de la jouissance du corps. (p.13). À propos de l’homme en tant que pourvu de l’organe dit phallique. (p.13 ; 21 novembre 1972).
2. Et qu’on ne me parle pas des caractères sexuels secondaires de la femme, parce que jusqu’à nouvel ordre, ce sont ceux de la mère qui priment chez elle. Rien ne distingue la femme comme être sexué, sinon justement le sexe. (p.13 ; 21 novembre 1972).
3. Que tout tourne autour de la jouissance phallique est l’obstacle par quoi l’homme n’arrive pas, dirais-je à jouir du corps de la femme, précisément parce que ce dont il jouit, c’est de la jouissance de l’organe. (p.13 ; 21 novembre 1972).
4. Achille et la tortue. Tel est le schème du jouir d’un côté de l’être sexué. Quand Achille a fait son pas, tiré son coup auprès de Briséis, celle-ci telle la tortue a avancé d’un peu, parce qu’elle n’est pas-toute, pas toute à lui, il en reste (et ainsi de suite). (p.13 ; 21 novembre 1972).
5. L’être sexué de ces femmes pas-toutes ne passe pas par le corps mais par ce qui résulte d’une exigence logique dans la parole. En effet, la logique, la cohérence inscrite dans le fait qu’existe la langage et qu’il est hors des corps qui en sont agités, bref l’Autre qui s’incarne si l’on peut dire comme être sexué, exige cet une par une. (p.15 ; 21 novembre 1972).
6. On sait assez combien les analystes se sont amusés autour de Don Juan. … dont ils ont tout fait y compris ce qui un comble, un homosexuel. Mais centrez-le sur ce que viens de vous imager, cet espace de la jouissance sexuelle recouvert par des ensembles ouverts, qui constituent une finitude, et que finalement on compte. Ne voyez-vous pas que l’essentiel dans le mythe féminin de Don Juan, c’est qu’il les a une par une ? Voilà ce que l’autre sexe, le sexe masculin, pour les femmes, en cela de l’image de Don Juan est capital. Des femmes à partir du moment où il y a les noms on peut en faire une liste, et les compter. S’il y en a mille e tre c’est bien qu’on peut les prendre une par une, ce qui est l’essentiel. Et c’est tout autre chose que l’Un de la fusion universelle. Si la femme n’était pas-toute, si dans son corps elle n’était pas pas-toute comme être sexué, rien de tout cela ne tiendrait. (p.15 ; 21 novembre 1972).
7. Néanmoins, que les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, ce fut la conséquence du message, voilà ce qui au cours des âges a eu quelques répercussions. (p.17 ; 12 décembre 1972).
8. C’est que pour tout ce qu’il en est des rapports des hommes et des femmes, ce qu’on appelle collectivité, ça ne va. (p.34 ; 9 janvier 1973).
9. Les hommes et les femmes et les enfants ne sont que des signifiants. Un homme, ce n’est rien d’autre qu’un signifiant. Une femme cherche un homme au titre de signifiant. Un homme chercher une femme au titre de signifiant. Ça va vous paraître curieux - de ce qui ne se situe que du discours, puisque, si ce que j’avance est vrai, à savoir que la femme n’est pas toute, il y a toujours quelque chose qui chez elle échappe au discours. (p.34 ; 9 janvier 1973).
10. On peut écrire à la rigueur x R y : et dire, x c’est l’homme, y c’est la femme et R le rapport sexuel. Pourquoi pas ? Seulement voilà, c’est une bêtise, parce ce que ce qui se supporte sous la fonction de signifiant, de homme et de femme, ce ne sont que des signifiants tout à fait liés à l’usage courcourant du langage. S’il y a un discours qui vous le démontre, c’est bien le discours analytique, de mettre en jeu ceci, que la femme ne sera jamais prise que quoad matrem. La femme n’entre en fonction dans le rapport sexuel qu’en tant que la Mère. Ça c’est des vérités massives. (p.38 ; 9 janvier 1973).
11. Ce sont là des vérités massives, mais qui nous mèneront plus loin grâce à quoi, grâce à l’écriture. Elle ne fera pas objection à cette première approximation, puisque c’est par là qu’elle montrera que c’est une suppléance de ce pas-toute sur quoi repose la jouissance de la femme. A cette jouissance qu’elle n’est pas toute, c’est-à-dire qui la fait quelque part absence d’elle-même, absence en tant que sujet, elle trouvera le bouchon de ce que sera son enfant. (p.36 ; 9 janvier 1973).
12. L’homme n’est qu’un signifiant parce que là où il entre en jeu comme signifiant, il n’y entre que quoad castrationem, c’est-à-dire en tant qu’il a rapport avec la jouissance phallique. (p.36 ; 9 janvier 1973).
13. L’homme, une femme ai-je dit la dernière fois, ce ne sont rien que signifiants. (p.39 ; 16 janvier 1973).
14. (À propos du rapport sexuel). Il y a donc la façon mâle de tourner autour, et puis l’autre … comment, de la façon femelle ça s’élabore du pas-tout. Seulement comme jusqu’ici ça n’a pas beaucoup été exploré, le pas-tout, ça me donne évidemment un peu de mal. (p.54 ; 13 février 1973).
15. … Dans le journal c’était écrit – Pour le Dr Lacan les dames, la donne, n’existe pas. (p.54 ; 13 février 1973).
16. Une personne furieuse me dame du M.L.F. (p.54 ; 13 février 1973).
17. C’est justement du côté des dames, pour autant que c’est de l’élaboration du pas-tout qu’il s’agit de frayer la voie… Peut-être par une autre voie arriverai-je ainsi à faire sortir du nouveau sur la sexualité féminine. (p.54). … Nos collègues les dames analystes, sur la sexualité féminine, elle ne nous disent… pas tout ! C’est tout à fait frappant. Elles n’ont pas fait avancer d’un bout la question sur la sexualité féminine. Il doit y avoir à ça une raison interne, liée à la structure de l’appareil de la jouissance. (p.54 ; 13 février 1973).
18. Il n’y en a pas d’autre que la jouissance phallique – sauf celle sur laquelle la femme ne souffle mot. Peut-être parce qu’elle ne la connaît pas, celle qui la fait pas-toute. (p.56 ; 13 février 1973).
19. Car il faut voir la différence radicale de ce qui se produit de l’autre côté, à partir de la femme… Du côté de la femme. Mais marquez cela du trait oblique dont je désigne ce qui doit se barrer – du côté de la (barré) femme, c’est d’autre chose que de l’objet a qu’il s’agit dans ce qui vient suppléer ce rapport sexuel qui n’est pas. (p.59 ; 13 février 1973).
20. Des personnes bien intentionnées – c’est bien pire que celles qui le sont mal - se sont trouvées surprises d’avoir écho que je mettais entre l’homme et la femme un certain Autre qui avait l’air d’être le bon vieux Dieu de toujours. (p.64 ; 20 février 1973).
21. L’amour courtois, c’est pour l’homme dont la dame était entièrement, au sens le plus servile, la sujette, la seule façon de se tirer avec élégance de l’absence de ce rapport sexuel. (p.65 ; 20 février 1973).
22. Prenons d’abord les choses du côté de tout x. x, c’est-à-dire du côté où se range l’homme. On s’y range en somme par choix – libre aux femmes de s’y placer si ça leur fait plaisir. Chacun sait qu’il y a des femmes phalliques, et que la fonction phallique n’empêche pas les hommes d’être homosexuels. Mais c’est aussi bien elle qui leur sert à se situer comme hommes, et aborder la femme. … Pour l’homme à moins de castration, c’est-à-dire de quelque chose qui dit non à la fonction phallique, il n’y a aucune chance qu’il ait jouissance du corps de la femme, autrement dit, fasse l’amour… (p.67 ; 20 février 1973).
23. … J’ai encore une demi-heure pour essayer de vous introduire, si j’ose m’exprimer ainsi, à ce qu’il en est du côté de la femme. (p.68). … Pas pour tout x phi de x … à lire pas-tout, ça veut dire que lorsqu’un être parlant quelconque se range sous la bannière des femmes, c’est à partir de ceci qu’il se fonde de n’être pas-tout à se placer dans la fonction phallique … (p.68). C’est ça qui définit la … la quoi ? La femme justement à ceci près que La femme, ça ne peut s’écrire qu’à barrer La. Il n’y a pas La femme, article défini pour désigner l’universel, il n’y a pas La femme puisque – j’ai déjà risqué le terme, et pourquoi regarderais-je à deux fois ? - de son essence elle n’est pas-toute … (p.68).
… c’est un signifiant ce La … (p.68). … dont le propre est qu’il est le seul qui ne peut rien signifier et seulement fonder le statut de La femme dans ceci qu’elle n’est pas toute. Ce qui ne nous permet pas de parler de La femme. (p.68).
… Il n’y a de femme, qu’exclue par la nature des choses qui est la nature des mots … dont elles-mêmes se plaignent assez pour l’instant, c’est bien ça - simplement elles ne savent pas ce qu’elles disent, c’est toute la différence entre elles et moi. (p.68).
… elle a, par rapport à ce que désigne de jouissance la fonction phallique une jouissance supplémentaire. Vous remarquez que j’ai dit supplémentaire. Si j’avais dit complémentaire, où en serions-nous ! On retomberait dans le tout. (p.68 ; 20 février 1973).
24. Les femmes s’en tiennent, aucune s’en tient à être pas-toute, à la jouissance dont il s’agit et mon Dieu d’une façon générale on aurait bien tort de ne pas voir que contrairement à ce qui se dit, c’est quand même elles qui possèdent les hommes … (p.68).
… le populaire appelle la femme la bourgeoise … c’est lui qui l’est, à la botte, pas elle. Le phallus, son homme connu elle dit, depuis Rabelais, on sait que ça ne lui est pas indifférent. Seulement toute la question est là, elle a divers modes de l’aborder, ce phallus et de se le garder. (p.69). Ce n’est pas parce qu’elle est pas-toute dans la fonction phallique qu’elle y est pas du tout. Elle y est pas pas du tout. Elle y est à plein. Mais il y a quelque chose en plus … (p.69).
… Il y a une jouissance, puisque nous nous en tenons à la jouissance, jouissance du corps qui est si je puis m’exprimer ainsi – pourquoi pas en faire un titre de livre ?, c’est pour le prochain de la collection Galilée – au-delà du phallus. Ce serait mignon ça. Et ça donnerait une autre consistance au M.L.F. Une jouissance au-delà du phallus… (p.69).
… Il y a une jouissance à elle, à cette elle qui n’existe pas et ne signifie rien. Il y a une jouissance à elle dont peut-être elle-même ne sait rien, sinon qu’elle l’éprouve – ça, elle le sait. Elle le sait bien sûr quand ça arrive. Ça ne leur arrive pas à toutes … (p.69).
… Jouissance clitoridienne … etc. (p.69). et l’autre justement celle que je suis en train d’essayer de vous faire aborder par la voie logique, parce que jusqu’à nouvel ordre il n’y en a pas d’autre. Ce qui laisse quelque chance à ce que j’avance, à savoir que, de cette jouissance, la femme ne sait rien, c’est que depuis le temps qu’on les supplie, qu’on les supplie à genoux - je parlais la dernière fois des psychanalystes femmes - d’essayer de nous le dire, eh bien motus ! On n’a jamais rien pu en tirer. Alors on l’appelle comme on peut cette jouissance, vaginale, etc. … Si simplement elle l’éprouvait et n’en savait rien ça permettrait de jeter beaucoup de doutes du côté de la fameuse frigidité. (p.70 ; 20 février 1973).
25. Lisez certaines personnes sérieuses, comme par hasard des femmes. ( Hadewijch d’Anvers, une Béguine, ce qu’on appelle tout gentiment une mystique. (p.70).
On peut aussi se mettre du côté pas-tout. Il y a des hommes qui y sont aussi bien que les femmes. (p.70).
(Sainte Thérèse de Bernin, de quoi jouit-elle… Il est clair que le témoignage essentiel des mystiques, c’est justement de dire qu’ils l’éprouvent, mais qu’ils n’en savent rien). (p.71 ; 20 février 1973).
26. Cette jouissance qu’on éprouve et dont on ne sait rien, n’est pas ce qui nous met sur la voie de l’ex-sistence ? Et pourquoi ne pas interpréter une face de l’Autre, la face Dieu, comme supportée par la jouissance féminine ? (p.71 ; 20 février 1973).
27. (À propos des formules de la sexuation). Telles sont les seules définitions possibles de la part dite homme ou bien femme pour ce qui se trouve être dans la position d’habiter le langage. (p.74 ; 13 mars 1973).
28. (Was Will das Weib ?) le Que veut la femme ? Freud avance qu’il n’y a de libido que masculine. Qu’est-ce à dire ? - sinon qu’un champ qui n’est tout de même pas rien se trouve ainsi ignoré. Ce champ est celui de tous les êtres qui assument le statut de la femme … De plus, c’est improprement qu’on l’appelle la femme, puisque comme je l’ai souligné la dernière fois – le la de la femme, à partir du moment où il s’énonce d’un pas-tout, ne peut s’écrire. Il n’y a ici de la que barré. Ce La barré a rapport … avec le signifiant de A en tant que barré. (p.75 ; 13 mars 1973).
29. La femme a rapport au signifiant de cet Autre en tant que comme Autre il ne peut que rester toujours Autre. (p.75 ; 13 mars 1973).
30. Ce La (barré) ne peut se dire. Rien ne peut se dire de la femme. La femme à rapport avec S (A barré) et c’est en cela déjà qu’elle se dédouble, qu’elle n’est pas-toute, puisque, d’autre part, elle peut avoir rapport avec . (p.75 ; 13 mars 1973).
31. C’est en tant que sa jouissance est radicalement Autre que la femme a davantage rapport à Dieu … (p.77 ; 13 mars 1973).
32. De cet Autre en tant que pourrait l’être, si elle existait, la femme, qu’est situé cet être mythique chez Aristote de l’être suprême. (p.77 ; 13 mars 1973).
33. Si de S A (barré) je ne désigne rien d’autre que la jouissance de la femme, c’est assurément parce que c’est là que je pointe que Dieu n’a pas encore fait son exit. (p.78 ; 13 mars 1973).
34. Mais il se trouve que les femmes aussi sont âmoureuses, c’est-à-dire qu’elle âment l’âme. Qu’est-ce que ça peut bien être que cette âme qu’elles âment dans leur partenaire pourtant homo jusqu’à la garde, dont elles se sortiront pas ? (p.79).
… Pour que l’âme trouve à être, on l’en différencie, elle, la femme, et ça d’origine. On la dit-femme, on la diffâme. Ce qui de plus fameux dans l’histoire est resté des femmes, c’est à proprement parler ce qu’on peut en dire d’infamant. (p.79 ; 13 mars 1973).
35. (À propos de l’amour courtois) … Il devait devenir perceptible que du côté de la femme, il y avait quelque chose qui ne pouvait plus du tout marcher. (p.79 ; 13 mars 1973).
36. On pourrait peut-être pendant que ça dure ce tournant, avoir un petit éclair de quelque chose qui concernerait l’Autre, en tant que c’est à ça que la (barré) femme a à faire. (p.80 ; 13 mars 1973).
37. (Les perversions). … l’amusant c’est que Freud les a primitivement attribuées à la femme. (p.80 ; 13 mars 1973).
38. La question de savoir, dans ce qui constitue la jouissance féminine. Pour autant qu’elle n’est pas toute occupée par l’homme, et même, dirais-je que comme telle elle n’est pas du tout, la question est de savoir ce qu’il en est de son savoir. (p.81 ; 13 mars 1973).
39. La femme ne peut aimer en l’homme ai-je dit que la façon dont il fait face au savoir dont il âme. Mais pour le savoir dont il est question se pose à partir de ceci, qu’il y a quelque chose. Sa jouissance dont il n’est pas possible de dire si la femme peut en dire quelque chose, si elle peut en dire ce qu’elle en sait. (p.82 ; 13 mars 1973).
40. Ce n’est pas une autre question que de savoir si ce terme dont elle jouit au-delà de tout ce jouer qui fait son rapport à l’homme, et que j’appelle l’Autre en le signifiant d’un A, si ce terme lui sait quelque chose. Car c’est en cela qu’elle est elle-même sujette à l’Autre, tout autant que l’homme. (p.82).
… De sorte qu’on pourrait dire que plus l’homme peut prêter à la femme à confusion avec Dieu, c’est-à-dire ce dont elle jouit, moins il hait, moins il est – les deux orthographes - et puisqu’après tout il n’y a pas d’amour sans haine, moins il aime. (p.82 ; 13 mars 1973).
41. Plus l’homme prête à la femme de le confondre avec Dieu, c’est-à-dire ce dont elle jouit … (moins il hait … moins il est … moins il aime). (p.84 ; 20 mars 1973).
42. Si le désir, si la libido n’est que masculine, la chère femme, ce n’est que de là où elle est toute, c’est-à-dire là d’où la voit l’homme, rien que de là … que la chère femme peut avoir un inconscient. (p.90 ; 20 mars 1973).
43. Et à quoi ça lui sert ? Ca lui sert, comme chacun sait, à faire parler l’être parlant, ici réduit à l’homme, c’est-à-dire - je ne sais pas si vous l’avez bien remarqué dans la théorie analytique – à n’exister que comme mère. Elle a des effets d’inconscient, mais son inconscient à elle … au point où l’Autre à qui elle a affaire (p.90) … cet inconscient, qu’en dire ? - sinon à tenir avec Freud qu’il ne lui fait pas la partie belle. (p.91 ; 20 mars 1973).
44. Quand je dis que la femme n’est pas-toute et que c’est pour cela que je peux pas dire la femme, c’est précisément parce que je mets en question une jouissance qui au regard de tout ce qui se sert dans la fonction de x est de l’ordre de l’infini. (p.94 ; 10 avril 1973).
45. C’est entre le x (il existe un x) et (il n’existe pas d’x) que se situe la suspension de cette indétermination entre une existence qui trouve de s’affirmer, et la femme en tant qu’elle ne se trouve pas ce que confirme le cas de Régine. (p.94 ; 10 avril 1973).
46. (La Chose freudienne) : entendez-y ceci, qu’il n’y a qu’une manière de pouvoir écrire la femme sans avoir à barrer le la – c’est au niveau où la femme, c’est la vérité. Et c’est pour ça qu’on ne peut qu’en mi-dire. (p.94 ; 10 avril 1973).
47. Je ne sais comment m’y prendre, pourquoi pas le dire, avec la vérité – pas plus qu’avec la femme. J’ai dit que l’une et l’autre, au moins pour l’homme c’était la même chose. (p.108 ; 15 mai 1973).
48. (La question que posait Freud). Que veut la femme ? – la femme étant dans l’occasion l’équivalent de la vérité. (p.115 ; 15 mai 1973).
49. C’est pour ça que, dans tout rapport de l’homme avec une femme – celle qui est en cause – c’est sous de l’Une-en-moins qu’elle doit être prise. Je vous avais déjà indiqué ça à propos de Don Juan, mais bien entendu, il n’y a qu’une seule personne qui s’en soit aperçue, ma fille nommément. (p.116 ; 15 mai 1973).
50. L’homme croit créer - il croit-croit-croit – il crée-crée-crée. Il crée-crée-crée la femme. (p.118 ; 15 mai 1973).
51. Car cet a-sexué, n’est-ce pas à le conjoindre avec ce qu’elle a de plus-de-jouir, étant l’Autre - ne pouvait être dite qu’Autre - que la femme l’offre à l’homme sous l’espèce de l’objet a. (p.118 ; 15 mai 1973).
Livre XXI, 1973-1974 : Les non-dupes errent.
1. (La dupe) … c’est l’accent que met la dictionnaire pour préciser qu’elle est du féminin. (p.8 ; 13 novembre 1973).
2. « Une des meilleures raisons, écrit Chamfort, qu’on puisse avoir de ne se marier jamais (ah !) c’est qu’on n’est pas tout à fait la dupe d’une femme tant qu’elle n’est pas la vôtre ». « La vôtre, votre femme ou votre dupe. Ça c’est quelque chose, tout de même qui paraît, enfin… éclairant, hein ? (p.8 ; 13 novembre 1973).
3. Une femme ne se trompe jamais. Pas dans le mariage en tout cas. C’est en quoi la fonction de l’épouse n’a rien d’humain. (p.9 ; 13 novembre 1973).
4. Quand un homme rencontre une femme hein c’est parce que je suis modeste, je veux dire par là que je ne prétends pas aller jusqu’à parler de ce qui arrive quand une femme rencontre un homme. (p.44 ; 18 décembre 1973).
5. La charité est vous le voyez dans l’art enfui assez lamentablement symbolisée par cette femme aux seins innombrables, n’est ce pas à laquelle sont perdus d’innombrables moustaches. (p.50 ; 18 décembre 1973).
6. Est-ce que « une » n’est pas un mode différent de « un » ? (p.62 ; 8 janvier 1974).
7. Cette fonction de l’homme par rapport à la femme, cette fonction de la femme par rapport à l’homme, il n’en existe pas qui puisse s’écrire : (il n’existe pas de fonction) . f (x,y). (p.65 : 15 janvier 1974).
8. … Une supposition que, il y ait un sujet, mâle ou femelle, c’est une supposition que l’expérience rend très évidemment intenable. (p. 66 ; 15 janvier 1974).
9. … L’imaginaire, c’est le faux deuxième, par rapport au réel, en tant que le mâle chez l’être parlant, n’est pas la femelle. (p.71 ; 15 janvier 1974).
10. L’inconscient se définit de ceci et rien que de ceci qu’il en sait plus que cette vérité, et que l’homme n’est pas la femme. Même Aristote n’a pas osé moufeté ça. Comment est-ce qu’il aurait fait d’abord hein ? Dire « aucun homme n’est femme » ça, ça aurait été vachement culotté. … s’il avait dit « tout homme n’est pas femme » eh bien vous voyez, le sens que ça prend : celui d’une exception, il y en a quelques uns qui ne le sont pas. C’est en tant que tout, qu’il n’est pas femme. … Il n’existe pas de x dont on puisse dire qu’il ne soit pas vrai qu’être homme ce n’est pas être femme x. (il n’existe pas xy). (p.71 ; 15 janvier 1974).
11. L’amour ça me tracasse. Vous aussi bien sûr. Mais pas comme moi. Ouais … c’est même pour ça que, une parenthèse, votre nombre me gêne. Depuis quelque temps, je ne puis pas vous identifier à une femme. Ça m’emmerde. (p.72 ; 15 janvier 1974).
12. La femme ça n’existe pas … Mais une femme, ça … ça peut se produire, quand il y a nœud, ou plutôt tresse. (p.73).
… Une femme n’est pas du tout forcément dressée ?, de sorte que ce n’est pas du tout forcément avec le même élément qu’elle fait le rond au bout du compte. (p.73). C’est même pourquoi elle reste une femme, entre autres, puisqu’elle est définie par la tresse dont elle est capable. (p.74 ; 15 janvier 1974).
13. … Le ratage, si je puis dire, dans cette affaire, c’est-à-dire ce par quoi la femme n’existe pas, c’est bien en quoi elle arrive à réussir l’union sexuelle. (p.74). … Cette triplicité – dont une femme, parfois fait sa réussite en la ratant, c’est-à-dire dont elle se satisfait comme réalisant en elle-même l’union sexuelle. (p.74 ; 15 janvier 1974).
14. Comme dirait cette charmante femme, « Rien n’est impossible ce qu’il ne peut pas faire, il le laisse ». (p.75 ; 15 janvier 1974).
15. Moi, je suis embarrassé, par exemple de votre nombre tout à fait comme un poisson d’une pomme. Et pourtant il y a d’autres moments où je vous dis que les rapports de mon dire, avec enfin cette assistance justement, dont je ne sais que faire, sont de l’ordre des rapports de l’homme avec une femme. (p.79 ; 12 février 1974). (Dans la Genèse l’offre d’EVE).
16. (La femme n’existe pas…). Il n’y a pas de rapport entre l’homme et la femme. … La femme n’est pas toute. … C’est de ça qu’il résulte que l’homme avec une femme en est aussi embarrassé qu’un poisson d’une pomme. (p.80 ; 12 février 1974).
17. Le savoir inconscient – c’est de ça qu’il s’agit de faire le joint pour que le dire vrai réussisse à quelque chose, c’est-à-dire réussisse à se faire entendre quelque part pour suppléer à l’absence de tout rapport entre l’homme et une femme (des pas-toutes). Voilà la distance, la différence qu’il y a entre le dire vrai et la science du réel. (p.83 ; 12 février 1974).
18. Pour l’homme, l’amour, j’entends ce qui s’accroche, ce qui se situe dans la catégorie de l’imaginaire, pour l’homme, l’amour va sans dire. L’amour ça va sans dire parce qu’il lui suffit de sa jouissance, et c’est d’ailleurs très exactement pour ça qu’il n’y comprend rien. Mais pour une femme, il faut prendre les choses par un autre biais, n’est-ce pas, si pour l’homme ça va sans dire parce que la jouissance couvre tout, et y compris justement qu’il n’y a pas de problème concernant ce qu’il en est de l’amour, la jouissance de la femme – et c’est là-dessus que je terminerai aujourd’hui – la jouissance de la femme, elle, ne va pas sans dire, c’est-à-dire sans le dire de la vérité. (p.89 ; 12 février 1974).
19. (Avec un chauffeur de taxi) … Non seulement il lui était impossible à la personne qui parlait, de dire si c’était un homme ou une femme, mais même elle lui a demandé et lui n’a pas pu lui répondre. (p.97 ; 19 février 1974).
20. Il n’y a rien qui ressemble plus à un corps masculin, qu’un corps féminin. (p.97 ; 19 février 1974).
21. Il n’y a pas la négation de la fonction x, et c’est la seule forme d’universalité du dire d’une femme. (p.98 ; 19 février 1974).
22. Ce qui s’oppose au tout de l’homme, là, c’est il faut bien le dire les femmes, en tant qu’il n’y a pas moyen d’en venir à bout sinon à les énumérer, je peux pas dire toutes parce que le propre du dénombrable, c’est justement qu’on n’en vient jamais au bout. (p.98 ; 19 février 1974).
23. Ou … ou intenable qui serait que tout ce qui n’est pas homme, est femme et inversement. (p.99 ; 19 février 1974).
24. Il peut arriver que j’aime une femme comme un chacun d’entre vous. C’est ces sortes d’aventures dans lesquelles vous pouvez glisser. Ça ne donne pourtant aucune assurance concernant l’identification sexuelle de la personne que j’aime pas plus que de la mienne. (p.100 ; 19 février 1974).
25. Les femmes, elles s’y entendent à ça à faire des trames, des tresses. (p. 103 ; 12 mars 1974).
26. L’Autre de qui s’incarne … La voix – à savoir la Mère, la Mère parle, la Mère par laquelle la parole se transmet…, la Mère en est réduite, de ce nom, à le traduire par un non. Justement le non que dit le Père. (p.121 ; 19 mars 1974). La Mère suffit généralement à elle toute seule à en désigner le projet. (p.121 ; 19 mars 1974).
27. Marque la vérité, qu’elle ne peut pas-toute être dite. (p.140 ; 23 avril 1974).
28. Le Tentateur hein, et puis la gourde, n’est-ce pas, la nommée EVE, et puis le connard des connards, l’ADAM premier… (p.142 ; 23 avril 1974).
29. Quel rapport avait ce nœud borroméen avec ce que j’avais énoncé des quatre – je dirai – options, dites d’identification sexuée. (p.159 ; 14 mai 1974). p.159 et suite…
30. Vous savez que le pas-tout m’a très essentiellement servi à marquer qu’il n’y a pas de la femme. (p. 162 ; 14 mai 1974).
31. Au niveau où s’articule ce pas-toute il n’y a pas qu’une jouissance. (p.171 ; 21 mai 1974).
… C’est je ne sais quoi comme ce qui répondrait à cette prétendue division de la jouissance dite clitoridienne à la jouissance vaginale, ce n’est pas de cela dont il s’agit. … ce dont je parle c’est de cette distinction qu’il faut faire de la jouissance phallique en tant que chez l’être parlant elle prévaut, et que c’est ici qu’est dérobée toute la fonction de la signifiance … qu’il y a une distinction à faire de cette jouissance … avec ce dont il s’agit c’est d’une jouissance et d’une jouissance qui se trouve d’après notre expérience être d’un autre ordre que ce qu’il en est de la jouissance phallique. (p.171). (… que le corps … de ce qu’il jouisse de lui-même, … même si quelque chose dans le corps peut lui donner un mince support – je veux dire au niveau de cet organe qui s’appelle le clitoris… p.172).
… que chez l’animal il nous faille bien constater que la jouissance phallique qu’elle quelle soit n’a pas la même prévalence. (p.171).
… autre chose est la façon dont fait irruption dans la vie de chacun cette jouissance. (p.172 ; 14 mai 1974).
32. (L’université) … c’est peut-être elle « la femme ». Mais c’est la femme préhistorique, c’est celle dont vous voyez qu’elle est fait de replis – évidemment, moi c’est dans un de ces plis qu’elle m’héberge. (p.173 ; 21 mai 1974).
33. Elle ne se rend pas compte – quand on a beaucoup de plis on ne sent pas grand-chose – sans ça, qui sait, elle me trouverait peut-être éminemment bon. (p.173 ; 21 mai 1974).
34. Le savoir de la femme, puisque c’est comme ça que j’ai situé l’université. Le savoir de la femme, c’est peut-être pas tout à fait la même chose que le savoir dont nous nous occupons ici. (p.174 ; 21 mai 1974).
35. (L’identification sexuée – pas de rapport sexuel). Il n’y a donc d’identification sexuée que d’un côté. (p.183 ; 11 juin 1974).
36. C’est que toutes ces identifications sont du même côté : ça veut dire qu’il y a qu’une femme qui est capable de les faire. (p.183). (Je dis « une femme », et je dis « l’homme »). … la femme n’existe pas. (p.184 ; 11 juin 1974).
37. Au lieu qu’une femme peut faire une identification sexuée elle a même que ça à faire, puisqu’il faut qu’elle ne fasse pas la jouissance qui est justement ce qui lui manque. (p.184 ; 11 juin 1974).
38. Formule de la sexuation (p.184 ; 11 juin 1974). Ça veut dire que la femme il est.
39. Mais une femme conserve si je puis dire, un petit peu plus d’aération dans ses jouissances. (p.185). Elle est moins échancrée contrairement à l’apparence. (p.185 ; 11 juin 1974).
Livre XXII, 1974-1975 : R.S.I.
1. L’homme est marié avec ce phallus. Il n’a pas d’autre femme que ça. (Ornicar 2, p.105 ; 17 décembre 1974).
2. Il n’y a pas le moindre soupçon que se disant, Descartes ait eu le sentiment qu’il y a un rapport entre l’arithmétique et le fait que les femmes font de la dentelle, voire que les tapissiers font des nœuds. (Ornicar 3, p.99 ; 14 janvier 1975).
3. Un Père n’a droit au respect, sinon à l’amour, que si le dit amour, le dit respect, est – vous n’allez pas en croire vos oreilles – père-versement orienté, c’est-à-dire fait d’une femme objet a qui cause son désir. Mais ce qu’une femme en a-cueille ainsi n’a rien à voir dans la question, ce dont elle s’occupe, c’est d’autres objets a que sont les enfants. (Ornicar 3, p.107 ; 21 janvier 1975).
4. Père-version paternelle, c’est-à-dire que la cause en soit une femme qui lui soit acquise pour lui faire des enfants. (Ornicar 3, p.108 ; 21 janvier 1975).
5. J’ai été amené à vous parler d’une femme, puisque je vous dis que la femme, cela n’existe pas.
La femme, c’est parfaitement dessinable, puisque c’est toutes les femmes comme on dit. Mais si les femmes ne sont pas-toutes ? Aussi la femme, disons que c’est toutes les femmes, mais alors c’est un ensemble vide…
… Une femme, la question ne se pose que pour l’autre, c’est-à-dire de celui pour lequel il y a un ensemble définissable par cette chose écrite au tableau. (Ornicar 3, p.108 ; 21 janvier 1975).
6. Et je vais sauter le pas. Pour qui encombré du phallus, qu’est-ce qu’une femme ? C’est un symptôme, et ça se voit. (Ornicar 3, p.108 ; 21 janvier 1975).
7. Une femme en effet pas plus que l’homme, n’est un objet a – elle a les siens, je l’ai dit tout à l’heure, dont elle s’occupe, et cela n’a rien à faire avec celui dont elle se suppute dans un désir quelconque. La faire symptôme, c’est une femme, c’est-à-dire que la jouissance phallique est aussi bien son affaire, contrairement à ce qui se raconte. La femme n’a à subir ni plus ni moins de castration que l’homme. Au regard de ce dont il s’agit dans sa fonction de symptôme, elle est tout à fait au même point qu’un homme. (p.109). Encore faut-il articuler ce qui correspond pour elle à cette ek-sistence de réel qu’est le phallus de tout à l’heure, celui sur lequel je vous ai laissé la langue pendante. … Cela n’a rien à faire avec le petit machin dont parle Freud. (Ornicar 3, p.109 ; 21 janvier 1975).
8. (La femme … comme symptôme). … il en va de même d’une femme à ceci près qu’il arrive qu’on croit qu’elle dit effectivement quelque chose. C’est là que joue le bouchon – pour y croire, on la croit. On croit ce qu’elle dit, c’est ce qu’on appelle l’amour. (Ornicar 3, p.110 ; 21 janvier 1975).
9. Une femme dans la vie de l’homme, c’est quelque chose à quoi il croit. Il croit qu’il y en a une, quelques fois deux ou trois, et c’est bien là l’intéressant, il ne peut pas croire qu’à une. Il croit à une espèce, dans le genre des sylphes ou des ondins. (Ornicar 3, p.109 ; 21 janvier 1975).
10. La croire, une femme, est un état Dieu merci répandu. (Ornicar 3, p.110 ; 21 janvier 1975).
11. J’ai introduit aujourd’hui, en rapport avec l’histoire des points de suspension, qu’une femme est un symptôme. Ça colle si bien à la pratique que, comme personne ne l’avait jusqu’à présent, j’ai en devoir de le faire. (Ornicar 3, p.110 ; 21 janvier 1975).
12. Le 19e siècle a été étonnamment dominé par l’action d’une femme, à savoir la Reine Victoria. Sans doute fallait-il cette espèce de ravage pour qu’il y ait ce que j’appelle un réveil. (Ornicar 4, p.93 ; 11 février 1975).
13. La Reine Victoria voilà une femme, non pas la femme qui n’existe pas, mais une femme entre autres, certes bien isolée dans le contexte anglais. (Ornicar 4, p.94 ; 11 février 1975).
14. Mais quand on rencontre un vagin denté, si je puis dire, de la taille exceptionnelle de la Reine Victoria. (p.94). … Une femme qui est Reine, c’est vraiment ce qu’on fait de mieux comma vagin denté. (Ornicar 4, p.94 ; 11 février 1975).
15. Les femmes peuvent-elles, doivent-elles tenter une espèce d’intégration aux catégories de l’homme ? (Ornicar 4, p.94 ; 11 février 1975).
16. Elles en savent tellement plus du seul fait d’être femme. (Ornicar 4, p.94 ; 11 février 1975).
17. Par quelle mystérieuse rencontre Freud est-il surgi là après cette spectaculaire mise en exercice de ce que les femmes ont de pouvoir. (Ornicar 4, p.94 ; 11 février 1975).
18. … (à propos des femmes). … mais ce n’est pas tellement qu’elles sachent mieux traiter l’inconscient – je n’en suis pas très sûr – mais leur catégorie à l’endroit de l’inconscient est sans doute d’une plus grande force. Elles en sont moins empêtrées. Elles traitent ça avec une sauvagerie, une liberté d’allure tout à fait saisissable, pensez par exemple à Mélanie Klein. (Ornicar 4, p.95 ; 11 février 1975).
19. Les psychanalystes femmes sont certainement plus à l’aise à l’endroit de l’inconscient. Mais une femme ne s’en occupe pas sans que ce soit à ses dépens, elle y perd quelque chose de sa chance qui, rien que d’être une entre les femmes, est en quelque sorte sans mesure. Si je devais localiser quelque part l’idée de liberté, ce serait évidemment dans une femme que je l’incarnerais. Une femme, pas forcément n’importe laquelle, puisqu’elles ne sont pas-toutes et que le n’importe laquelle glisse vers le toute. (Ornicar 4, p.95 ; 11 février 1975).
20. Quelqu’un m’a objecté qu’à force de dire que la femme n’existe pas, je la faisais exister – n’en croyez rien. (Ornicar 4, p.106 ; 18 février 1975).
21. Dieu est la femme rendue toute. Je vous l’ai dit, elle n’est pas-toute. Mais au cas où elle ek-sisterait d’un discours qui ne serait pas du semblant, nous aurions : le x .(tel que non phi de x) Le Dieu de la castration. (Ornicar 5, p.25 ; 11 mars 1975).
22. Un vœu de l’homme. Un vœu qu’il existe des femmes qui ordonneraient la castration. L’ennui c’est qu’il n’y en a pas. … Il n’existe pas La femme, la femme-toute, n’implique pas, contrairement à la logique aristotélicienne, qu’il y en ait qui ordonne la castration. (Ornicar 5, p.25 ; 11 mars 1975).
23. Ce néanmoins pas-toute ne veut pas dire qu’aucune dise le contraire, et qu’il existe un x de la femme qui formule le « ne le gardez pas » ; très peu pour elles, le dire que non. Elles disent rien, simplement. Elles disent rien, sinon en tant que La-toute, dont j’ai dit que c’était Dieu. La-toute si elle existait. Il n’y en a pas pour porter la castration pour l’Autre, et ceci est au point que le phallus, elle se le voudrait, comme on dit. Rien de plus phallogocentrique, comme on l’a écrit quelque part, qu’une femme, à ceci près qu’aucune ne-toute le veut, ledit phallus. Elles en veulent bien chacune, à ceci près que ça ne leur pèse pas trop lourd. (Ornicar 5, p.25 ; 11 mars 1975).
24. Donner ce qu’on a pas c’est l’Amour, l’amour des femmes en tant qu’une par une elles existent. Elles sont réelles et même terriblement. Elles ne sont même que ça. (Ornicar 5, p.25 ; 11 mars 1975).
25. Les Imbéciles de l’amour fou, qui avaient eu l’idée de suppléer à la femme irréelle s’intitulaient eux-mêmes surréalistes. (Ornicar 5, p.27 ; 11 mars 1975).
26. Leur idée de suppléer à la femme qui n’existe pas comme la, à la femme dont j’ai dit que c’était bien là le type même de l’errance, les remettait dans l’ornière du Nom-du-Père. (Ornicar 5, p.27 ; 11 mars 1975).
27. (À propos des Noms-du-Père). … J’aurais h-uni, mot qui vient de hune femme quelque ânerie nouvelle. (Ornicar ?5, p.28 ; 11 mars 1975).
28. La parole pleine supporte ce qui fait nœud dans le tu es ma femme. Comme j’avais sur le râble Lagache et Favez-Boutonnier, je n’ai pas dit tout de suite tuer ma femme, ça aurait fait mauvais effet. (Ornicar ? 5, p.53 ; 15 avril 1975).
29. (Proverbe arabe). Il y a trois choses sur quoi rien ne laisse de trace. L’homme dans la femme, le pas de la gazelle sur le rocher et plus inaccessible à nos yeux faits pour les signes du changeur. (Ornicar ? 5, p.59 ; 13 mai 1975).
30. En appelant nœud ce qui unit l’homme et une femme. (Ornicar 5 ?, p.60 ; 13 mai 1975).
Livre XXIII, 1975-1976 : Le sinthome.
1. Ève, l’unique la femme, mythique en ce sens que le mythe l’a faite singulière, l’unique La femme à avoir jamais été incontestablement possédée pour avoir goûté du fruit de l’arbre défendu, celui de la science, l’Evie, donc, n’est pas mortelle, plus que Socrate. La femme dont il s’agit est un autre nom de Dieu, et c’est en quoi elle n’existe pas. (Ornicar ? 6, p.5 ; 18 novembre 1975).
2. La femme n’est toute que sous la forme dont l’équivoque rend de lalangue nôtre son piquant sous la forme au mais pas ça, comme on dit tout mais pas ça. C’était bien la position de Socrate, le mais pas ça, et c’est ce que j’introduis sous mon titre de cette année comme le sinthome. (Ornicar ? 6, p.5 ; 18 novembre 1975).
3. (Freud) ce qui ne l’a pas empêché de poser la question… W w d W – Was will das Weib ? C’était une erreur, il pensait qu’il y avait das weib, il n’y a que ein Weib : W w e W. (Ornicar ? 7, p.13 ; 13 janvier 1976).
4. (Nora : Joyce). Le non-rapport, c’est qu’il n’y a aucune raison pour qu’il tienne une femme entre autres pour sa femme. Une femme entre autres est aussi bien celle qui a rapport à n’importe quel autre homme et c’est bien de ce n’importe quelle autre homme qu’il s’agit dans le personnage qu’il imagine, et pour lequel il ouvre le choix de l’une femme en question, qui n’est autre dans l’occasion que Nora. (Ornicar ? 7, p.15 ; 13 janvier 1976).
5. (Joyce). … à l’égard de sa femme, il a les sentiments d’une mère, il croit la porter dans son ventre. C’est bien le pire égarement de ce qu’on peut éprouver vis-à-vis de quelqu’un qu’on aime. (Ornicar ? 7, p.17 ; 13 janvier 1976).
6. Eh bien pour Joyce le gant retourné c’est Nora. … Pour Joyce, il n’y a qu’une femme, elle est toujours le même modèle, et il ne s’en garde qu’avec la plus vive des répugnances. Ce n’est, c’est sensible, que par la plus grande des dépréciations qu’il fait de Nora une femme élue. Non seulement il faut qu’elle lui aille comme un gant, mais il faut qu’elle le serre comme un gant. Elle ne sert absolument à rien. (Ornicar ? 8, p.10 ; 10 février 1976).
7. Le clitoris est bien dans cette affaire comme un point noir, métaphorique ou pas. Ça a d’ailleurs quelques échos dans le comportement qu’on ne note pas assez de ce qu’on appelle une femme. C’est très curieux qu’une femme s’intéresse tant aux points noirs. (Ornicar ? 8, p.11 ; 10 février 1976).
8. … c’est une métaphore de son point noir à elle, elle ne voudrait pas que ça tienne tant de place. C’est toujours le bouton du gant retourné, il y a de temps en temps des femmes qui doivent procéder à l’épouillage comme les singesses, mais il ne faut pas confondre – ce n’est pas du tout pareil d’écraser une vermine ou d’extraire un point noir. (Ornicar ? 8, p.11 ; 10 février 1976).
9. Je me suis permis de dire que le sinthome est le sexe auquel je n’appartiens pas, c’est-à-dire une femme. Une femme est pour tout homme un sinthome. Pour ce qu’il en est de l’homme pour une femme, il faut trouver un autre nom, puisque le sinthome se caractérise de la non équivalence. L’homme est pour une femme tout ce qui vous plaira, une affliction pire qu’un sinthome, un ravage même. (Ornicar ?8, p.20 ; 17 juin 1976).
10. L’idée de la femme, elle n’est pas-toute. (9 mars 1976 – non publié).
11. Les femmes ne constituent qu’un ensemble. (– do –¬¬).
12. Impliquer que la femme n’est pas-toute, c’est introduire la dissymétrie. (– do ¬¬–).
13. Homme couleur de femme, ou femme couleur d’homme. (– do ¬¬–).
14. Une femme n’a-t-elle jamais un sens pour l’homme ? (– do ¬¬–).
15. C’est l’ensemble des femmes qui engendre dans chaque cas lalangue. (Devant une langue qui se décompose). (– do ¬¬–).
16. (À propos de L’empire des sens…). (… C’est de l’érotisme féminin). Là j’ai commencé à comprendre le pouvoir des japonaises. L’érotisme féminin semble y être porté à son extrême et cet extrême est le fantasme ni plus ni moins tuer l’homme. Mais même ça, ça ne suffit pas. Il faut qu’après l’avoir tué, on aille plus loin. Après, pourquoi après ? Là est le doute. La Japonaise en question, qui est une maîtresse femme, c’est le cas de le dire, à son partenaire lui coupe la queue. On se demande pourquoi elle la lui coupe pas avant. C’est bien que c’est un fantasme. (Ornicar ? 9, p.38 ; 16 mars 1976).
17. Ce que fantasme la femme, si c’est bien là ce que nous a présenté le film, c’est bien quelque chose qui de toute façon empêche la rencontre. (Ornicar ? 8, p.39 ; 16 mars 1976).
18. La toute nécessité de l’espèce humaine étant qu’il y ait un Autre de l’Autre, c’est celui-là qu’on appelle généralement Dieu, mais dont l’analyse dévoile que c’est tout simplement La femme. (Ornicar ?8, p.39 ; 16 mars 1976).
19. Il y a une barre que n’importe quelle femme sait sauter, c’est la barre entre le signifiant et le signifié. (Ornicar ? 8, p.39 ; 16 mars 1976).
20. La seule chose qui permette de la désigner comme La, puisque je vous ai dit que La femme n’existait pas, et j’ai de plus en plus de raisons de le croire, surtout après avoir vu ce film, la seule chose qui me permette de suppléer La femme c’est que comme Dieu elle soit pondeuse, seulement le progrès que l’analyse nous fait faire, c’est de nous apercevoir qu’encore que le mythe de La fasse toute sortir d’une seule mère à savoir d’Eve, il n’y a que des pondeuses particulières. C’est en quoi j’ai rappelé, dans le séminaire Encore paraît-il, ce que voulait dire cette lettre compliquée, le signifiant de ceci qu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre. (Ornicar ?8, p.39 ; 16 mars 1976).
21. (Totem et Tabou). Freud avance : c’est dans la mesure où les fils sont privés de femme qu’ils aiment le père. (Ornicar ?11, p.7 ; 10 mai 1976).
Livre XXIV, 1976-1977 : L’insu que sait de l’une bévue s’aile à mourre.
1. Ca ne va pas très loin, cette connaissance, qui est à prendre au sens où l’on a avancé qu’il suffirait qu’un homme couche avec une femme pour qu’il la connaisse voire inversement. (Ornicar ?12, p.6 ; 16 novembre 1976).
2. (Comme je ne suis pas femme. … Je ne sais pas ce qu’il en est de ce qu’une femme connaît d’un homme). Il est très possible que ça aille très loin, mais ça ne peut tout de même pas aller jusqu’à ce que la femme crée l’homme. Même quand il s’agit de ses enfants. Il s’agit là d’un parasitisme dans l’utérus de la femme, l’enfant est parasite. (Ornicar ? 12, p.6 ; 16 novembre 1976).
3. Nous sommes toriques … cela nous amène à considérer que l’hystérie dont chacun sait qu’il est aussi bien mâle que femelle. (Ornicar ?12, p.12 ; 14 décembre 1976).
4. Le rapport sexuel, il n’y en a pas. Il y en a pas à proprement parler, je veux dire au sens où quelque chose ferait qu’un homme reconnaît tout forcément une femme. Moi j’ai cette faiblesse de la reconnaître, mais je suis assez averti pour avoir fait remarquer qu’il n’y pas de la. Cela coïncide avec mon expérience. Je ne reconnais pas toutes les femmes. (Ornicar ?17, p.8 ; 15 mars 1977).
5. Quant à la mère … le mieux qu’on ait à en faire, c’est de se le couper … pour être sûr de ne pas commettre l’inceste. (Ornicar ?17, p.8 ; 15 mars 1977).
6. J’ai dit qu’il y n’a pas de tous. C’est bien en quoi les femmes sont plus homme que l’homme. Elles ne sont pas-toutes ai-je dit. (Ornicar ?17, p.18 ; 10 mai 1977).
7. Aristote impute, on ne sait pourquoi, à la femme d’être hystérique. C’est un jeu de mot sur l’hystéron. (Ornicar ?17, p.22 ; 17 mai 1977).
Livre XXV, 1977-1978 : Le moment de conclure.
1. Ce qui dans le sexuel importe c’est le comique. C’est quand un homme est femme qu’il aime, c’est-à-dire au moment où il aspire pour quelque chose qui est son objet. Par contre c’est au titre d’homme qu’il désire, c’est-à-dire qu’il se suppute de quelque chose qui s’appelle proprement bander. (Ornicar ? 19, p.9 ; 15 novembre 1977).
Livre XXVI, 1978-1979 : La topologie et le temps.
1. En dehors de l’initiation il faut qu’on soit homme ou femme. (16 janvier 1979).
Livre XXVII, 1979-1980 : La dissolution.
1. Contrairement à ce qui se dit de la jouissance phallique, « la femme » si j’ose dire puisqu’elle n’existe pas, n’en est pas privée.
Elle ne l’a pas moins que l’homme à quoi s’accrocher son instrument (organon). Si peu qu’elle-même en soit pourvue … elle n’en obtient pas moins l’effet de ce qui en limite l’autre bord de cette jouissance à savoir l’inconscient irréductible. C’est même en cela que « les » femmes qui, elles existent sont les meilleures analystes – les pires à l’occasion. C’est à la condition de ne point s’étourdir d’une nature anti-phallique, dont il n’y a pas trace dans l’inconscient, qu’elles peuvent entendre ce qui de cet inconscient ne tient pas à se dire, mais attient à ce qui s’en élabore, comme leur procurait la jouissance proprement phallique. (Ornicar ? 20, p.12 ; 15 janvier 1980).
2. Me voilà l’homme couvert de lettres. Mon camarade Drieu, lui, était ou se croyait l’homme couvert de femmes, au point d’en faire le titre d’un de ses romans – titres dont me dénommèrent mes camarades de salle de Garde – alors que je n’en avais que deux (femmes) comme tout le monde, à s’occuper de moi, et discrètement je vous prie de le croire. Ces lettres je les ai prises au sérieux. Je veux dire : je les ai prises une par une, comme il se fait des femmes. (Ornicar ? 20, p.14 ; 11 mars 1980).
3. Car il faut que je termine sur le malentendu, des femmes que j’ai dites à mon dernier séminaire n’être pas privées de la jouissance phallique, on m’impute de penser que ce sont des hommes. Je vous demande un peu. La jouissance phallique ne les rapproche pas des hommes, les en éloigne plutôt, puisque cette jouissance est obstacle… . Je préviens cette fois le malentendu en soulignant que ça ne veut pas dire qu’elles ne puissent avoir, avec un seul, choisi par elles, la satisfaction véritable phallique. Satisfaction qui se situe de leur ventre, mais comme répondant à la parole de l’homme. Il faut pour ça qu’elle tombe bien. Qu’elle tombe sur l’homme qui lui parle selon son fantasme fondamental à elle. Ça n’arrive pas souvent et quand ça arrive ça fait pas rapport pour autant, écrit soit entériné dans le Réel. Elle en tire effet d’amour quelques fois de désir toujours. (Ornicar ? 20, p.16 ; 11 mars 1980).
Ecrits.
1. (À propos du ministre). L’Homme assez homme pour braver jusqu’au mépris l’ire redoutée de la femme, subit jusqu’à la métamorphose la malédiction du signe dont il l’a dépossédée. Car ce signe est bien celui de la femme, pour ce qu’elle y fait valoir son être, en le fondant hors la loi, qui la contient toujours de par l’effet des origines, en position de signifiant, voire de fétiche. (Lettre volée, p.31).
2. … Il est significatif que la lettre qu’en somme le ministre s’adresse à lui-même, soit la lettre d’une femme : comme si c’était là une phase où il dût en passer par une convenance naturelle du signifiant. (Lettre volée, p.35).
3. Telle la lettre volée comme un immense corps de femme, s’étale dans l’espace du cabinet du ministre, quand y entre Dupin. (Lettre volée, p.36).
4. On sait que les dames détestent qu’on mette en cause les principes, car leurs attraits doivent beaucoup aux mystères du signifiant. (Lettre volée, p.40).
5. Dora et la question de sa féminité. (Intervention sur le transfert, p.221).
6. (À propos de Dora). Freud lui-même a reconnu après coup la source préjudiciable de son échec dans la méconnaissance où il était alors lui-même de la position homosexuelle de l’objet visé par le désir de l’hystérique. (Fonction et champ de la parole et du langage, p.306).
7. C’est ainsi que l’hystérique s’éprouve dans les hommages adressés à un autre, et offre la femme en qui elle adore son propre mystère à l’homme, dont elle prend le rôle sans pouvoir en jouir.
… En quête sans répit de ce que c’est qu’être une femme, elle ne peut que tromper son désir, puisque ce désir est le désir de l’autre, faute d’avoir satisfait à l’identification narcissique qui l’eût préparée à satisfaire l’un et l’autre en position d’objet. (La psychanalyse et son enseignement, p.452).
8. C’est le même ressort qui fait que les femmes dans le réel servent, ne leur en déplaise, d’objets pour les échanges qu’ordonnent les structures élémentaires de la parenté et qui se perpétuent à l’occasion dans l’imaginaire, tandis que ce qui se transmet parallèlement dans l’ordre symbolique, c’est le phallus. (Du traitement possible de la psychose, p.565).
9. Une relation du sujet au phallus qui s’établit sans égard à la différence anatomique des sexes et qui est de ce fait d’une interprétation spécialement épineuse chez la femme et par rapport à la femme, nommant sur les quatre chapitres suivants :
1 – de ce pourquoi la fille se considère elle-même, fût-ce pour un moment, comme castrée, en tant que ce terme veut dire : privée de phallus, et par l’opération de quelqu’un, lequel est d’abord sa mère, point important, et ensuite son père mais d’une façon telle qu’on doive y reconnaître un transfert au sens analytique du terme.
2 – de ce pourquoi plus primordialement, dans les deux sexes, la mère est considérée comme pourvue de phallus, comme mère phallique.
3 – de ce pourquoi corrélativement la signification de la castration ne prend de fait (cliniquement manifeste) sa portée efficiente quant à la formation des symptômes, qu’à partir de sa découverte comme castration de la mère.
4 - … le développement de la phase phallique. On sait que Freud spécifie sous ce terme la première maturation génitale : en tant d’une part qu’elle se caractériserait par la dominance imaginaire de l’attribut phallique, et par la jouissance masturbatoire, - que d’autre part il localise cette jouissance chez la femme au clitoris, promu par là à la fonction du phallus, et qu’il semble exclure ainsi dans les deux sexes puisqu’au terme de cette phase, c’est-à-dire jusqu’au déclin de l’Œdipe – tout repérage instinctuel du vagin comme lieu de la pénétration génitale. (La signification du phallus, p.686).
10. Si paradoxale que puisse sembler cette formulation, nous disons que c’est pour être le phallus, c’est-à-dire le signifiant du désir de l’Autre, que la femme va rejeter une part essentielle de la féminité, nommément tous ses attributs dans la mascarade (p.694). C’est pour ce qu’elle n’est pas qu’elle entend être désirée en même temps qu’aimée. Mais son désir à elle, elle en trouve le signifiant dans le corps de celui à qui s’adresse sa demande d’amour. (p.694). Sans doute ne faut-il pas oublier que de cette fonction signifiante, l’organe qui en est revêtu, prend valeur de fétiche. Mais le résultat pour la femme reste que convergent sur le même objet une expérience d’amour qui comme telle la prive idéalement de ce qu’il donne, et un désir qui y trouve son signifiant. C’est pourquoi on peut observer que le défaut de la satisfaction propre au besoin sexuel, autrement dit la frigidité est chez elle relativement bien tolérée, tandis que la Verdrängung inhérente au désir est moindre que chez l’homme. (La signification du phallus, p.694).
11. L’homosexualité féminine par contre, comme l’observation le montre, s’oriente sur une déception qui renforce le versant de la demande d’amour. (La signification du phallus, p.695).
12. Le fait que la féminité trouve son refuge dans ce masque par le fait de la Verdrängung inhérente à la marque phallique du désir, a la curieuse conséquence de faire que chez l’être humain la parade virile elle-même paraisse féminine. (Le fait de Freud : libido comme la nature masculine). (La signification du phallus, p.695).
13. Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine (dans son entier). p.723).
(Rapport à l’anatomie et à la physiologie, p.727).
14. Telle est la femme derrière son voile : c’est l’absence du pénis qui la fait phallus, objet du désir. (Subversion du sujet et dialectique du désir, p.825.)
15. Ce que notre expérience démontre de vacillation dans le sujet concernant son être de masculin ou de féminin, n’est pas tellement à rapport à sa bisexualité biologique qu’à ce qu’il n’y a rien dans sa dialectique qui représente la bipolarité du sexe. (Position de l’inconscient, p.849.)
Scilicet
1. Indiquons seulement que les femmes ici nommées, y firent appel – c’est leur penchant dans ce discours – de l’inconscient à la voix du corps, comme si justement ce n’était pas de l’inconscient que le corps prenait voix. (Scilicet IV « L’étourdit », p.20). (Et page suivante, Jones, Karen Hornay, Helen Deutsch).
2. De deux modes dépend que le sujet ici se propose d’être dit femme … les voici :
(Il n’existe pas d’x).(tel que non phi de x) et (pas pour tout x).(phi de x). (p.22 et suite).
… Dire qu’une femme n’est pas toute, c’est ce que le mythe nous indique de ce qu’elle soit la seule à ce que sa jouissance dépasse, celle qui se fait du coït. (p.23).
… Nous c’est encore où se saisit ce qu’on y a à apprendre, à savoir qu’y satisfait-on à l’exigence de l’amour, la jouissance, qu’on a d’une femme la divise, lui faisant de sa solitude partenaire, tandis que l’union reste au seuil. Car à quoi l’homme s’avouerait-il servir de mieux pour la femme dont il veut jouir, qu’à lui rendre cette jouissance sienne qui ne la fait pas toute à lui : d’en elle la re-susciter. (p.23)
3. Ainsi s’explique ce mi-dire dont nous venons à bout. Celui par quoi la femme de toujours serait leurre de vérité. (p.50)
4. C’est une vérité élémentaire de la psychanalyse que, malgré l’idée d’instinct, il est très problématique qu’un homme soit d’aucune façon intéressé par une femme s’il n’a eu une mère. C’est l’un des mystères de la Psychanalyse que le petit garçon soit immédiatement attiré par la Mère, tandis que la petite fille est dans un état de reproche, de dysharmonie avec elle. J’ai assez d’expérience analytique pour savoir combien la relation mère/fille peut-être ravageante. (Conférences aux U.S.A., Scilicet VI/VII, p.16.)
5. Mais le fin de la vérité, la vérité vraie, est qu’entre homme et femme ça ne marche pas. (Scilicet VI/VII, p.16.)
6. Dieu intervient tout le temps, par exemple sous la forme d’une femme. Les curés savent qu’une femme et Dieu c’est le même genre de poison. Ils se tiennent à carreau, ils glissent sans cesse. (Scilicet VI/VII, p.32.)
7. Une femme se présentifie pour l’homme par un symptôme. Une femme c’est un symptôme pour l’homme. (Scilicet VI/VII, p.60.)
CE QUE LACAN DISAIT DES FEMMES
Etude de psychanalyse
On sait que la psychanalyse fait parler l’inconscient. Qu’il dise le sens sexuel n’émeut plus personne, passé le siècle. Mais ce qu’il dit des hommes et des femmes reste comme une épine dans la doctrine. Une pierre de scandale même, quand les préjugés s’en mêlent.
Pas besoin d’être féministe pour percevoir ceux de Freud, ils sont trop datés fin XIXe siècle. Les débats post-freudiens de la première moitié du XXe siècle, inspirés par un souci d’équité tout opposé, n’ont guère fait avancer la question. Bonne intention n’est pas doctrine.
Il fallut la seconde moitié du siècle et Jacques Lacan pour que du neuf s’y fasse entendre. Il était temps, car on sent bien qu’une subversion sexuelle était déjà en cours dans la civilisation, impossible à méconnaître en ce début de XXIe siècle, et que pour un peu la psychanalyse ratait.
Colette Soler
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