De la jouissance et des discours (B)

lundi 7 février 2011
par  P. Valas

L'âne
 

De la jouissance et des discours (B)
Patrick Valas


 

Lacan se présentait modestement comme un commentateur de Freud. « Notre père à tous dans la psychanalyse » disait-il. Il était parti des catégories du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique en 1953. 20 ans sur l’erre de Freud, il y revient à Rome en 1974 pour la troisième fois. A une nouvelle raison, un nouveau départ.

Tout au long de son enseignement, il aura proposé différentes structures pour rendre compte d’une pratique qui ne se spécifie que de l’usage de la parole :

- Les réseaux de la surdétermination réelle du sujet par le signifiant.

Réseaux
 

- Le graphe, lié au texte du discours dont se détermine le sujet, et la jouissance dont le défaut rendrait vain l’univers[1].

Le graphe
 

- La topologie des surfaces, non rapportables, à la lettre.

Bande de Moebius triple
 

Étoffes du sujet lié à l’objet a qui le cause.

Il y a bien une tentative dans L’Étourdit de faire une topologie textuelle, qui littéralise les rapports du tout et du pas-tout.

Sexuation
 

Soit le mathème des jouissances spécifiques du sinthome-il et du sinthome-elle [2].

Le sinthome borroméen
 

- Les mathèmes des discours qui se fondent de lettres : S1, S2, $, petit a. Chacune en place de l’Autre dans chaque discours qualifiant respectivement la jouissance de l’Un, le savoir comme jouissance, la jouissance du symptôme et le plus-de-jouir.

Radiophonie Les 4 discours
 

- Le noeud borroméen enfin, qui en dévoilant paradoxalement l’essence même de la lettre en sa défaillance est la tentative d’une écriture autre. Cette dernière élaboration fait apparaître que toutes les modalités des jouissances, jouissance de l’Autre comme impossible, jouissance phallique hors-corps et joui-sens sont appendues à l’être de jouissance du sujet, soit l’objet petit a.

Le nœud borroméen
 

Les objets mathématiques, dont Lacan fait usage, ne sont pas modèles, ni métaphores, ils sont à chaque fois la structure même. Aucune n’invalide la précédente. Chaque changement, et les remaniements conceptuels qui l’accompagnent, sont liés à ce qui se découvre dans la pratique.

La parole, ne peut pas tout dire. Mais qu’on dise, ça se lit dans ce qui est dit, et ça s’écrit, pour que ça cesse de se répéter. Le dire comme événement, touche du réel, est à distinguer de l’énonciation.

Lacan a fait le choix décidé de la mathématisation de la psychanalyse. Il a inventé un certain nombre d’écritures, parce que si le savoir s’enseigne, ce sont les formules qui se transmettent.

Du coup, l’essence de la théorie analytique, est paradoxalement un discours sans parole, l’accent étant ici à mettre sur théorie. Ce qui n’invalide pas que sa pratique ne se spécifie que de la parole. Pas de l’amour, ni du transfert, qui eux ne sont pas moyens mais résultats.

Même pour lui, la présence de la sienne de parole dans l’écriture du discours, ferait preuve de sa débilité. Donnait-il une prévalence à l’écrit, qu’il disait confusionnel ? Le terme de poubellication, permet le doute même s’il n’est pas sans la revendication du pouvoir d’illecture de ses écrits. Ils ne sont pas-à-lire. Ce qui veut dire pas à interpréter, ne contenant pas d’énigme. Ils sont à expliquer en y mettant du sien pour que la chose analytique ne soit pas détournée par le commerce culturel.

Comment faire pour tracer les routes dans le champ lacanien ? Eh bien on envoie un âne, pour suivre son parcours. Oui mais si on n’a pas d’âne ? Alors j’y vais moi-même de ce pas.

La jouissance ça commence à la chatouille jusqu’à l’embrasement de tout le corps qui peut conduire à la mort. C’est même pour ça que tout le monde en a peur.

La jouissance, qu’est que c’est ? Comment la saisir, elle qui nous saisit d’abord ?

J’ai pas dit comment l’éprouve t’on ? Ce qui est affaire d’expérience quotidienne pour chacun. Le plus souvent on s’en plaint. Ce qui fait le fond de la vie, pour tout ce qu’il en est des rapports des hommes et des femmes, ce qu’on appelle collectivité, ça ne va pas. Une grande partie de notre activité se passe à le dire. La jouissance peut se définir, dans un premier crayon, comme ce rapport dérangé du sujet à son corps.

Le coup de génie de Freud, c’est d’avoir couché ceux qui se plaignent sur le divan. Le divan est un lit très spécial, un lit où on ne fait pas l’amour, mais il conduit immanquablement au lit de la naissance, qui est aussi le lit des parents.

La jouissance comme dérangement on en parle et elle commence à exister du fait qu’elle est dite.

Freud [3], ne conceptualise pas la jouissance, mais il en a cerné le champ, qu’il situe au-delà du principe de plaisir réglant le fonctionnement de l’appareil psychique, où se manifestent paradoxalement comme plaisir dans la douleur des phénomènes répétitifs, cauchemars, symptômes, conduites d’échecs, etc. Autant de mode de fixations d’une jouissance ruineuse, qu’il rapporte du fait de sa fonction d’inertie dans la psyché à ce qu’il nomme pulsion de mort. Le plaisir est une barrière contre la jouissance qui se manifeste en excès par rapport au plaisir en confinant à la douleur.

Avec le terme unique de jouissance Lacan fait une économie conceptuelle considérable puisque sous ce vocable, très exceptionnellement utilisé par Freud, se rapportent toutes les modalités de la jouissance (genuss) qu’il a pu décrire : Horreur, déplaisir, insatisfaction, douleur, dégoût, masochisme érogène, libido et jouissance sexuelle, etc. Elles sont distinctes. Lacan va les déployer dans leur articulation à la structure dont se détermine le sujet.

Le terme de jouissance remonte par une filiation sémantique et étymologique très complexe à l’élaboration augustinienne du couple de l’uti et du frui [4]. Uti renvoie à jouir de, et frui à jouir. D’où s’origine le terme juridique d’usufruit. Les notions de uti et de frui sont liées à deux sortes d’amour :

- D’une part l’amour (caritas), réservé à Dieu, qui procure le jouir (frui). Récompense de celui qui fait bon usage du monde. Il y aurait là une pente à faire de la jouissance féminine une vertu théologale.

- D’autre part l’amour (cupiditas), dont fait partie le désir sexuel, qui consiste à utiliser, à exploiter, user (uti) de son objet pour jouir d’autre chose, pour parvenir à d’autres fins. C’est un mauvais usage du monde. Saint Augustin fait donc la distinction entre une jouissance coupable, et une bonne jouissance en référence à la loi divine. Ce qui n’est pas sans rappeler ce que dit Freud, qui ne croît pas aux divinités, que la jouissance est un mal car elle comporte le mal du prochain. De ce côté double faute, pour la jouissance masculine : Faute de l’autre jouissance, il obtient pour son insatisfaction celle qu’il ne faudrait pas, qui relève de la coupalité.

Le dire de Lacan que l’être sexué ne s’autorise que de lui-même, et de quelques autres [5], rend compte de ce qu’un choix forcé est possible, surdéterminé par les discours, mais indépendamment du sexe biologique :

- Ou bien, être homme couleur de femme.

- Ou bien, être femme couleur d’homme.

Il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire entre eux. Chacun de son côté, chacun restant à côté de l’autre, l’un et l’une-Autre, y gagneront dans leurs jouissances spécifiques. A cet égard Lacan indique que l’on peut remplacer le x des formules par le petit a, qui fait mieux apparaître la fonction de la jouissance que formulent ces mathèmes de la sexuation.

L’homme :

Est homme s’il le veut bien.

Est femme quand il fait le choix décidé de l’être.

Il se féminise quand il aime.

Quand il pratique comme psychanalyste, il est semblant de pas-toute.

Il rejoint La femme dans la psychose.

Une femme :

Est homme si ça lui chante. Parfois amazone.

Elle est toujours femme, même quand elle fait semblant d’être homme.

Je commence par le berceau, qui est le plus petit lit où faire l’amour :

Il y a une jouissance première de tout le corps qui se manifeste comme une palpitation de la vie, dont on ne sait rien. Après la suffocation orgastique de la naissance, le premier cri, puis le cri qui se répète, chez l’enfant à son réveil en un crescendo de jouissance insupportable, témoignent de cette jouissance, d’avant la parole, d’avant lalangue. Dans le corps à corps avec sa mère qui l’apaise, en réponse au ronron, à la lallation de son babil, le nourrisson reçoit d’elle les mots de lalangue privée dite maternelle qui font traces. N’importe quel élément de lalangue, est au regard de la jouissance du corps, un brin de jouissance, puisqu’elle s’est faîte de ce jouir même, en se surajoutant à elle. C’est en ça qu’elle étend ses racines si loin dans le corps. Elle anime sa jouissance, et la civilise [6]. Autrement dit la convertit en satisfaction (qu’elle puisse se fixer avec une telle prégnance sur l’organe est une énigme qui semble ne pas avoir d’équivalent dans le règne animal). Dans cette relation si intime entre le jeune enfant et sa mère, la parole c’est le rapport sexuel, qui s’écrit entre deux générations voisines, comme un bain de jouissance par cette transmission de lalangue [7].

Mettant un terme au ravage qui s’amorce, la mère et le père interviennent. Non pas comme des fonctions, ce que l’on entend trop souvent dans nos milieux, mais bien comme êtres de chair, désirants et parlants pour que l’enfant puisse renoncer, de son propre (insondable décision de l’être) à ses satisfactions premières.

- D’une part la mère pose une limite, en ne confondant pas son être de mère avec ce qu’elle est comme femme, occupée à sa jouissance autre, la jouissance féminine, hors discours et par là même inaliénable.

- D’autre part le père réel, intervient lui aussi. Mais pour remplir sa fonction, dans le bon cas ce qui est assez rare, il doit en réaliser le type. C’est la seule fois dans tout son enseignement que Lacan donne sa version du Père réel en l’élevant au rang de Type – comme il a brossé les types, entre autres, du Riche, du Saint ou de la Canaille. Ce qui mérite de retenir notre attention, justement en cette époque où l’on parle du déclin du père. Le Père fait fonction d’exception. J’en donne quelques traits seulement. Ce Père, est un père qui d’abord donne son nom et qui prend soin paternel, qu’il le veuille ou pas, des enfants qu’il a eu d’une femme élue, causant son désir. Il ne quémande pas l’amour, ce qui ne l’empêche pas d’aimer. Ce qu’il profère, à condition que ce ne soit pas cousu de fil blanc, c’est que la Loi, est juste mi-dire que la vérité n’est que la petite sœur de la jouissance. c’est la loi de l’Amour. Elle, n’a rien à voir avec les règlements du monde. C’est un peu laconique, j’en conviens, mais ça suffit pour saisir que la père-version est une nouvelle version du père qui n’est pas la normalité. Je vous encourage vivement à lire ce passage de Lacan dans sa leçon du 21 janvier 75, dans RSI [8]. Son énonciation de l’époque par Lacan était proche d’une longue jaculation mystique. On est très loin des prêcheries de certains analystes d’aujourd’hui qui convoquent pour parer au malaise dans la civilisation, le Père fouettard ou le Père-Noël.

Voilà peut-être une des seules réponses que la psychanalyse puisse donner des conditions pour que la Parole fondamentale institue la vie. Une vie qui se transmet de génération en génération et qui prend son sens du désir, au-delà de la détresse d’être né.

D’où l’irréductible de cette structure de fixion (2 + a) que constitue le couple parental au regard de l’enfant objet petit a. Pour que cet enfant nommé, l’enfant produit du malentendu de leurs jouissances puisse faire le choix logique de son être sexué, en prenant ses assises dans les discours qui l’attendaient à sa place, non seulement comme sujet mais en présidant aussi à la venue au monde de son être biologique.

Après Mai 68, qu’il considère comme un remue-ménage conformiste voire décadent, sans pour autant mépriser ses acteurs, Lacan revendique, l’ouverture du champ de la jouissance. Jamais personne avant lui en effet n’avait tenté d’élaborer comment elle était un ressort majeur de la marche du monde.

La théorie des discours :

Les 4 discours
 

Les discours ce sont les murs de la caverne, dont on ne sort pas. « Je parle aux murs » disait Lacan, ce sont les petites lettres S1, S2, $ et petit a qui s’ordonnent logiquement sur la structure quadripartite, définissant 4 discours. Le passage de l’un à l’autre dans un ordre lévogyre ou dextrogyre, étant toujours affaire d’inconscient, ou pour le dire mieux, de parlêtre [9]. Malgré ce qu’il fait raisonner de parlotte, ce terme indique que nous considérons que la parole pèse aussi lourd que le réel, et que ce qui s’est fait avec la parole peut être défait par la parole. A cet égard, tous les dispositifs analytiques, cure, cartel, procédure de la passe, contrôle, et présentation clinique, sont des dispositifs de parole.

Quand Lacan a produit ses mathèmes des discours, il les a écrits comme vous le savez, mais quelques années plus tard il a donné la raison de ces écritures, à partir de la fonction de la parole. En effet, la parole s’émet toujours d’un lieu de vérité, même si elle est menteuse. A partir de ce point elle se déploie selon deux vecteurs divergents, l’un aboutissant au pôle du semblant et l’autre à celui de la jouissance. Il y toujours un reste, une production qui échappe à la prise du signifiant. Ainsi se définit un tétrapôle, soit l’écriture de la structure sur laquelle s’inscrivent les lettres ordonnant les quatre discours, conditionnant le statut de la parole dans chacun. La parole qui commande n’est pas la parole qui enseigne, ni la parole analysante, ni la parole d’amour. Parler n’est pas toujours le bla bla bla. Tout acte de parole, je mets l’accent sur le terme d’acte, peut être un forçage fondant un dire comme événement. Touche du réel qui cesse de ne pas s’écrire. C’est bien de cette contingence du dire de Freud définissant l’inconscient et du dire de ses analysants que Lacan a pu écrire dans sa logique le discours analytique. Son sens éclaire celui des autres discours. Une éthique étant propre à chacun [10]. Selon ce qui l’agence et la jouissance qui le cause.

Lacan a produit les mathèmes des discours, en un temps où les discours commençaient à se déliter :

- L’universitaire bradant le savoir, dont il était garant, à l’office du marché sous forme d’unité de valeur. Les contrats entre l’université et l’entreprise privée en témoignent, ce qui n’est pas sans orienter ce qui s’enseigne. En même temps l’irruption de l’Internet, permet l’accès à tous à des formes de savoir les plus variés, médical, ou même érudit, ce qui change la donne. (Les élèves par exemple trouvent des sites où pomper leurs devoirs) etc.

Le discours scientifique, du fait de la suprématie grandissante de la technique et de ses contraintes, prenant le pas sur la recherche, ne peut que se ranger sous la bannière de l’université ou du privé pour des raisons budgétaires. Refoulant ainsi que de structure elle est au voisinage du discours hystérique. En effet les sciences sont aujourd’hui tellement performantes, mais aussi tellement inféodées au pouvoir politique, qu’elles lui prêtent leur concours pour aller jusqu’à vouloir calibrer les sujets et même la logique du vivant aux normes sociales. Pour la scientocratie bureaucratique, à ne pas confondre avec la science comme pensée, la psychanalyse devient une discipline à détruire. Impossible alors de faire entendre la nécessité de prendre en compte la considération du sujet dans la science.

- Le discours du maître, se pervertit par sa copulation avec le discours de la science, d’où la montée de la classe des experts en tout genre. Il en résulte que le pouvoir politique ne commet plus d’acte. L’État devient gestionnaire et par un étrange renversement ce sont les choses qui gouvernent les sujets.

- Singé par le discours publicitaire le discours hystérique, celui du parlêtre, est mis hors jeu, voire effacé. Lacan disait en 1978, qu’il n’est pas très sûr que la névrose hystérique existe toujours, contrairement à la névrose obsessionnelle [11].

Lacan voulait réanimer ces discours, leur redonner consistance de la structure, parce que si la caverne peut être vaste, elle a des limites.

Le dit discours capitaliste, dominant la planète. Ce n’est plus la caverne, c’est un gouffre aspirant sans remède les autres discours qui se télescopent :

Quelques remarques seulement, parce que c’est un conglomérat, fait d’éléments très disparates. Je n’ai pas le temps, ni les moyens conceptuels de l’analyser, et je recommande la même prudence pour les autres discours.

Le sujet ($) en position d’agent, c’est le sujet auto-fondé, celui de la libre entreprise qui se croit affranchi de la monarchie du signifiant. Démentir collectivement la castration conduit à la perversion généralisée. Mais laquelle ?

Tous masos, de gré ou de force. D’où la prolifération des contrats, en place du lien social qui fait défaut, pour s’assurer de la bienveillance de l’Autre. Autrement dit le Surmoi et la jouissance exténuante qu’il commande, à mort. Le Surmoi incarné dans le tout-savoir gestionnaire. Nous sommes tous sous contrat, et même plus, nous avons un contrat sur la tête. Toujours à la merci d’un tueur à gages. Vous savez bien que quand on veut honorer la qualité d’un politique ou d’un chef d’entreprise on dit : « c’est un tueur ».

Le discours capitaliste, c’est le discours perverti du maître moderne. Cela veut dire que dans ce discours l’imaginaire se substitue au lien symbolique. D’où sa capacité extraordinaire à attraper les corps, à partir de quelques représentations imbéciles, affectant le sujet des passions tristes, peur, ressentiment, haine, rancune, méchanceté, dérision, canaillerie collective, entraînant une homogénéisation des jalouissances. L’emballage, l’emballement est tellement bien ficelé qu’on ne peut plus mourir de honte. Faudra bientôt mourir dans la dignité. La structure est rompue, ce n’est plus un discours, mais un para discours. Heureusement, tout le monde n’est pas doué pour la perversion, et la toute spécialement conne, la masochiste, qui est plutôt l’apanage de l’homme. Pour la perversion masochiste très peu pour les femmes. Du côté de leur jouissance autre il y aurait la promesse de quelques aérations supplémentaires et une aide à la psychanalyse. Quand on n’est pas doué pour la perversion, cela fait beaucoup de monde, on déprime. On a dit dépression de ce fait elle existe, directement branchée sur le masochisme moral et le masochisme érogène. Donc prolétaires, déprimés, employés, comportementalistes et pour certains shootés au virtuel et autre dérivés vénéneux. [À ce propos, j’ai toujours soutenu que les sujets prenant des substances addictives le font moins pour jouir que pour que ça cesse et accéder par là au plaisir, qui est la barrière la plus sûre contre la jouissance qui est souffrance].

Ces discours de la haine, d’une férocité sans précédent, s’habillent d’une humanitairerie de commande, qui prône la fraternité des corps dont s’engendre le racisme, et les procès de ségrégation que la montée des fondamentalismes religieux alimente. Le plus souvent les sujets égarés, privés de liens sociaux se tournent, plutôt du côté de la religion, car mieux vaut un désir interdit que forclos. Il y a aussi des regroupements en des communautés de jouissance, toujours inconsistantes.

Dans ce tintamarre la science en progrès constant et la religion en expansion œcuménique vont très bien ensemble. Mais ça ne présume aucun réveil [12].

Je n’en ai pas la place ici, mais il faudrait approcher de plus près la question du retour au religieux, qui est de structure pour les sujets, et le distinguer des religions et de l’Église.

À ces discours, la psychanalyse offre au sujet une autre voie :

Il n’y a pas que les mathèmes qui se transmettent, il y a d’autre formules inoubliables, je cite Lacan :

« Qu’est-ce qui nous lie à celui qui, avec nous, s’embarque dans la position qu’on appelle celle du patient ? […] De qui sommes-nous frères dans tout autre discours que dans le discours analytique ? Est-ce que le patron est le frère du prolétaire ? Est-ce qu’il ne vous semble pas que ce mot frère, c’est justement celui auquel le discours analytique donne sa présence, ne serait-ce que de ce qu’il ramène ce qu’appelle ce barda familial ? Vous croyez que c’est simplement pour éviter la lutte des classes ? Vous vous trompez, ça tient à bien d’autres choses que le bastringue familial. Nous sommes frères de notre patient en tant que, comme lui, nous sommes les fils du discours.[…] Notre frère transfiguré, c’est cela qui naît de la conjuration analytique et c’est ce qui nous lie à celui qu’improprement on appelle notre patient » [13].

L’horizon borroméen de la psychanalyse.

Ego de Joyce
 

Il ne sera pas mathématique, pas plus que les formules de la sexuation côté femme, mais éthique.

Le nœud borroméen est le forçage d’une écriture autre. Celle d’une matrice de la structure particulièrement féconde, mais qui est réfractaire à une mathématisation intégrale [14]. C’est en cela que le nœud borroméen intéresse Lacan. Une faille majeure s’ouvre :

Tout cela est conforme à l’orientation de Lacan, si l’on songe à l’indécidable, l’incomplétude, ou encore à la mathématisation dispersée, locale, non déductible des bouts de réel.

Tout ce qu’il avance, il insiste de plus en plus sur ce point, lui vient de sa pratique. Les homophonies et les néologismes les dysorthographies calculées, sont autant de mathèmes d’une lettre venue de la seule langue, toute autre que celle de la mathématique et pourtant chargée de fonctions identiques [15].

Lacan tranche par les stratégies de l’entre-deux, du mi-dire et du pas-tout. À l’œuvre la logique du partiel, de l’incomplet, de l’heteros. Ce que l’on ne peut pas dire relève du

Bien-Dire ce qui ne peut pas se dire.

En définitive de quel sujet parlons nous dans la psychanalyse ?

Lacan en livre la clé dans ces termes dans Encore :

« L’inconscient, je n’y entre pas plus que Newton sans hypothèse. Mon hypothèse, c’est que l’individu qui est affecté de l’inconscient est le même qui fait ce que j’appelle le sujet d’un signifiant » [16].

Ce sujet réel, souffrant de son corps et de son esprit que la psychanalyse responsabilise, comme tout sujet, a un nom propre, même s’il le juge inapproprié. C’est l’individu qui a un corps, sans pour autant qu’il puisse se réduire à l’être de ce corps qu’il a, mais qu’il n’est pas. Pour l’opposer à la trinité divine, le sujet, se définit comme une trinité infernale, par le nouage du Réel qui est hors-sens, du côté du vivant dont ne sait rien, du Symbolique qui devient lalangue et de l’Imaginaire, non spéculaire mais réel, donnant consistance de forme au corps. Sur ce corps, sans signification phallique peuvent s’inscrire des représentations imbéciles. Au centre l’objet petit a, où la jouissance se condense du fait de la parole. Il devient le noyau élaborable, de toute jouissance.

Les définitions ont changé [17].

L’homme parle avec son corps, il parlêtre [18] de nature, et ce jouit. Là est le mystère du corps parlant.

Mais du fait de lalangue, la parole fourmille d’équivoques et devient la forme de cancer dont l’homme est affecté. Du coup le symptôme, qui vient du réel et se présente « comme un petit poisson dont le bec vorace ne se referme qu’à se nourrir de sens » [19] prolifère. Il s’agit donc de réduire cette face de saloperie que comporte, l’équivoque. L’interprétation analytique est un dire apophantique qui en jouant sur le non-sens fait coupure, touche du réel. Elle fait écriture de ce qui se lit dans ce que dit l’analysant, en lui apprenant à lire autrement. Déchiffrage comme joui-sens et chiffrage autre du jouir. La coupure, fait la lettre du sujet par où se nouent le réel de l’inconscient et le symptôme comme réel, en civilisant leur jouissance.

La psychanalyse ne consiste pas à dissoudre le sinthome.
Elle conduit le sujet à l’exil artificiel de son symptôme, celui de la différence absolue, qui paradoxalement permet le lien social par la reconnaissance de l’autre en le laissant à son mode de jouissance.

Aujourd’hui, je l’annonce avec solennité je me range dans la série des ânons du père !

Pour la psychanalyse, cette pratique grâce à quoi « on essaie d’assurer ce qu’il faut trouver de jouissance dans le parler pour que l’histoire continue » [20].

Patrick Valas. Le 17 novembre 2008. Intervention aux Journées de l’EPFCL sur le thème "Le champ lacanien et le psychanalyste".


Annexe I

Alors que le commerce entre les hommes était plutôt facteur de paix, il en est tout autrement aujourd’hui. C’est la guerre féroce du Marché, des multinationales et de leurs armées de lawyers. La mondialisation de l’économie de marché (et du travail par-dessus le marché — on le délocalise), dérégulée par choix, où tout s’achète et se vend, nécessite des méthodes d’exploitation de plus en plus guerrières des ressources humaines, pour ne parler que de celles-là (la matrice d’Eisenhower qu’elles appliquent, est un rappel de leur origine et des raisons de leur essor, mais pas pour la même cause). Elle a pour effet le sous-développement, du sujet d’abord, avant que d’être économique. L’acculturation de l’évaluation, qui a été un slogan politique pendant la campagne présidentielle, en témoigne. L’obscurantisme qu’elle engendre donnent des trucs, entre autres, du genre de ce que l’on nous a rapporté, lors de l’après- midi organisée par le pôle Paris, IDF Champagne Nord, le 20 septembre dernier : Une institution qui s’occupe de sujets psychotiques, reçoit les visiteurs des mercredis de l’évaluation, lesquels voulaient distribuer en plus aux patients un tract et un formulaire pour les inciter à se porter volontaires comme donneurs d’organes.


Annexe II

Les sciences dures se laissent aller parfois à des excès étranges. Notamment celle qui est à la pointe de la recherche, la physique nucléaire, celle du quanta [21]. Ces recherches visent à élucider le paradoxe qui conjoint une théorie corpusculaire et une théorie ondulatoire de la lumière. On ne pas ignorer que Lacan est allé y voir de très près. Il se réfère aux quanta dans L’Envers de la psychanalyse en 1970 [22], dans La Troisième en 1974 et dans L’insu que sait… en 1978 [23], pour parler de la structure et du sujet de la science qui s’en détermine. Par le montage d’appareils complexes (et bientôt le Cyclotron géant, le LHC), on fait apparaître des particules inconnues, dont certaines sont porteuses d’information. On les a nommées, pour certaines particules psi, et même aujourd’hui psychon. Elles feraient pont entre l’âme-à-tiers et le psychique. Au fond ces sujets savants démontrent à leur insu que la motérialité de lalangue est parfaitement nouée au réel.


Annexe III

La biologie moderne repose encore essentiellement sur la génétique, avec son fameux « génie » qui n’est en fait qu’une version exténuée du Père Noël. On a commencé à établir la carte du génome, c’est-à-dire son décryptage, à présent on va plus loin, on fait des nouvelles cartes, on établit la carte de tous les gènes transcrits dans une cellule (transcriptome) et puis celle de toutes les protéines avec leurs interactions (protéomes). On modélisera tout ça avec des ordinateurs. J’écris cela pour prouver que j’ai lu des livres de biologie en faisant remarquer, sournoisement, que rien qu’à les nommer ainsi, on entend bien que ça résonne avec symptôme, donc ce jouit, pourquoi pas ? Bref, depuis ces découvertes, on sait, je cite que le déterminisme génétique ne doit pas être rejeté uniquement parce qu’il est moralement injuste, il s’agit ici du darwinisme social victorien qui prétend réduire le vivant aux normes sociales, mais parce qu’il est scientifiquement faux [24]. Ce qui veut dire que la génétique est incapable sur cette base de rendre compte des liens entre le phénotype et le génotype, c’est-à-dire entre la morphogenèse du corps et sa stabilité structurelle. Et si par hasard ce gène n’était pas plutôt un effet qu’une cause de l’évolution des espèces ? En l’état actuel de nos connaissances, on peut seulement avancer, s’agissant de l’évolution naturelle des espèces, qu’elle ne procède pas par la sélection des plus forts. Cette sélection est une suite d’émergence, de hasard, elle est opportuniste et aléatoire. Mais beaucoup d’hommes de science croît au Père Noël, donc à la génétique, donc à la doxa, qui a toujours raison disait Deleuze, du coup, personne ne moufte du côté des sciences de la vie, devant le détournement de leurs trouvailles. On a eu raison de dire que « Le Père Noël est une ordure » [25].

[Cela n’empêchent pas les faussaires d’être publiés à tout va dans les revues scientifiques les plus prestigieuses, Nature, comme par hasard (40,2 points), The Lancet (40,5 points) et The New England Journal of Medicine [26] (80,5 points), le must pour gagner des points en médecine valant pour la mesure de l’Impact factor. Il y a quelques années, ce dernier publiait, à partir d’archives secrètes retrouvées, un article sur la valeur scientifique assurée des expérimentations dites médicales effectuées par les nazis sur les déportés du camp de Dachau.]


Annexes IV.

Il y a un mois est paru dans le Figaro un article intitulé :

« La fidélité conjugale serait aussi une affaire de gène ».

Je cite : Ca sera comme une petite contribution aux Nouvelles de « l’immonde », la chronique tenue depuis 15 mois par Claude Léger dans le mensuel de notre école :

« Une étude suédoise confirme le rôle du gène du récepteur de la vasopressine. Depuis des années des chercheurs sont sur la piste du gène de la fidélité amoureuse. Chez le campagnol des prairies la réponse est connue depuis 1993 ». Là on a toute une chaîne signifiante, la sans-gêne, la vasouille et même le compagnol. Pour dire qu’il n’y a pas de rapport sexuel on ne peut pas faire mieux ! Voilà comment un savoir dans le réel véhiculé par lalangue, peut se lire comme nous avons appris à le faire dans notre pratique, en entendant, ce qui se dit un peu de traviole. En tout cas c’est comme ça que je comprends, le conseil donné par Lacan qu’il ne fallait pas dénoncer le désordre du monde mais y lire le pas-tout. Pas-tout qui cesse de ne pas s’écrire, dans ces publications, largement diffusées, sans la moindre objection à ces délires, du côté des sciences de la vie. Quand elles s’associent avec le politique, au pire elles commettent des abominations. Au mieux, les politiques et les dits experts d’un savoir quelconque se convoquent mutuellement pour faire de la com’ : On bla-blatte et « On se retrouve après une page de pub », comme on dit. Pas de chaîne télé, sans une série intitulée Les Experts. On nous déverse sur la tête une pluie d’informations pour nous mener par le bout du nez.



[1] Lacan J., Écrits p. 819

[2] Lacan J., Conclusions. La transmission volume 2, p. 220. Lettres de l’EFP, No 25.

[3] Freud ne conceptualise pas la jouissance, mais il en a cerné le champ, qu’il situe au-delà du principe de plaisir réglant le fonctionnement de l’appareil psychique, où se manifestent paradoxalement comme plaisir dans la douleur des phénomènes répétitifs, cauchemars, symptômes, conduites d’échecs, etc. Autant de mode de fixations d’une jouissance ruineuse, qu’il rapporte du fait de sa fonction d’inertie dans la psyché à ce qu’il nomme pulsion de mort. Le plaisir est une barrière contre la jouissance qui se manifeste toujours en excès par rapport au plaisir en confinant à la douleur. [Il use plutôt du terme de Lust (qui se traduit par plaisir, joie, envie, désir) dans leur sens courant dans sa langue. Le terme de Genuss (jouissance) est rarement employé, il est réservé aux plaisirs intenses, extase, béatitude ou volupté quand il s’agit de la satisfaction sexuelle. Mais quand il veut souligner le caractère extrême d’un plaisir il connote le terme Genuss (jouissance) obtenue dans certaines situations, d’horreur, ou de jubilation morbide. S’il ne conceptualise pas la jouissance, il en a cerné le champ, qu’il situe au-delà du principe de plaisir réglant le fonctionnement de l’appareil psychique, où se manifestent paradoxalement comme plaisir dans la douleur des phénomènes répétitifs, cauchemars, symptômes, conduites d’échecs, etc. Autant de mode de fixations d’une jouissance ruineuse, qu’il rapporte du fait de sa fonction d’inertie dans la psyché à ce qu’il nomme pulsion de mort. Le plaisir est une barrière contre la jouissance qui se manifeste toujours en excès par rapport au plaisir en confinant à la douleur. Lacan reprendra cette définition de la pulsion de mort : Elle est pulsation de jouissance qui insiste et cause la répétition des traits qui la marquent. Comme la quête d’une jouissance perdue, au regard de la jouissance mortifiée morcelée par la structure discontinue du signifiant, obtenue par le sujet. Ce qui se répète est un mode de jouir qui va au stéréotype propre à chacun. L’important ici est de noter, l’affinité de la jouissance avec sa marque. C’est l’instance de la lettre dans l’inconscient. Comme les petites lettres et schémas dont Freud fait usage pour désigner les traces mnésiques de l’appareil psychique.]

[4] Saint Augustin, De moribus Ecclesiae Catholicae, le Diversis Quaestionibus, le Doctrina Christiana et le De Trinitate.

[5] Lacan J., Les nons-dupes errent, Leçon du 9 avril 1974. Inédit.

[6] Lacan J., Les non-dupes errent : 11 juin 74.

[7] La structure de lalangue est donc seconde par rapport à cette jouissance. Ça jouit où ça parle, du fait de lalangue. Lacan dit toujours lalangue jamais la lalangue. Il forge ce terme, pour la première fois dans son séminaire Le savoir du psychanalyste dès la première séance, il envoi même au tableau un de ses séminaristes pour lui demander d’écrire ça comme il convient. Il parle aux murs dans la chapelle de Sainte-Anne. Les murs, S1, S2, $ et petit a sont ceux de la caverne et des discours dont on ne sort pas.

[8] Lacan J., « Un père n’a droit au respect, sinon à l’amour, que si le dit, le dit amour, le dit respect, est, vous n’allez pas en croire vos oreilles, père-versement orienté, c’est-à-dire fait d’une femme, objet petit a qui cause son désir .Mais ce que cette femme en petit a cueille, si je puis m’exprimer ainsi, n’a rien à voir dans la question ! Ce dont elle s’occupe, c’est d’autres objets a qui sont les enfants auprès de qui le père pourtant intervient, exceptionnellement dans le bon cas, pour maintenir dans la répression, dans le juste mi-Dieu si vous me permettez, la version qui lui est propre de sa perversion, seul garantie de sa fonction de père ; laquelle est la fonction, la fonction de symptôme telle que je l’ai écrite là, comme telle. Pour cela, il y suffit qu’il soit un modèle de la fonction. Voilà ce que doit être le père, en tant qu’il ne peut être qu’exception. Il ne peut être modèle de la fonction qu’à en réaliser le type. Peu importe qu’il ait des symptômes, s’il y ajoute celui de la perversion paternelle, c’est-à-dire que la cause en soit une femme qu’il se soit acquise pour lui faire des enfants et que, de ceux- ci, qu’il le veuille ou pas, il prenne soin paternel. La normalité n’est pas la vertu paternelle par excellence, mais seulement le juste mi-Dieu dit à l’instant, soit le juste non-dire — naturellement à condition qu’il ne soit pas cousu de fil blanc, ce non-dire, c’est-à-dire qu’on ne voie pas tout de suite enfin ! De quoi il s’agit dans ce qu’il ne dit pas.
C’est rare ! C’est rare et ça renouvellera le sujet de dire que c’est rare qu’il réussisse ce juste mi-Dieu ! Ça renouvellera le sujet quand j’aurai le temps de vous le reprendre. Je vous l’ai dit simplement au passage dans un article sur le Schreiber, là rien de pire, rien de pire que le père qui profère la loi sur tout : pas de père éducateur surtout ! Mais plutôt en retrait sur tous les magistères
RSI, leçon du 21 janvier 75 : Ornicar 4, p.10.

[9] Ce terme de Lacan, lui est venu lors de sa conférence de presse, à Rome en 1974. Il devait se substituer à celui d’inconscient chez Freud. Mais par la suite Lacan en fait surtout usage courant pour désigner le sujet, l’individu qui a un corps et qui porte un nom propre.

[10] Chaque discours donne le statut des conditions de la jouissance, qui le cause. Ainsi du juridique, avec sa notion d’usufruit. Je vous en ai donné l’origine augustinienne. L’usufruit, c’est jouir avec modération d’un bien, c’est aussi pouvoir le céder. La fonction de tout discours comme lien social est de tempérer la jouissance et son solde, dont il est comptable. On peut comprendre ça autrement : Ce qui s’écrit dans l’inconscient, conditionne la jouissance qui se répète, mais, il y a une déperdition dont l’inconscient se fait le comptable. Est-ce qu’il y a du comptable dans l’inconscient ? Oui répond Lacan, il compte les coups, pas très bien, il se trompe, mais il compte à la manière du petit bonhomme. En somme l’écrit c’est la jouissance, le savoir moyen de cette jouissance par le biais du discours. On n’a pas attendu la psychanalyse pour le savoir.

[11] Lacan J., Conclusions. La transmission volume 2, p. 219. Lettres de l’EFP, No 25.

[12] Lacan J., L’insu que sait… 17 mai 1977. Ornicar ? 17-18 p. 21.

[13] Lacan J., …Ou pire, leçon du 21 juin 1972. Inédit.

[14] Sa monstration dans un maniement inlassablement varié, ne requiert pas pour légitimer son efficace d’être intégralement écrit. Le nœud peut supporter des lettres R, S, I. en montrant ce qu’est le littéral dans son essence. C’est-à-dire que la lettre ne trouve pas en elle-même de quoi se littéraliser entièrement. Le nœud dit quelque chose de la lettre parce qu’il s’en excepte, la lettre s’y rencontre dans la dimension de sa propre défaillance.

[15] Milner J.-C., L’Œuvre claire, pp 161-171. Seuil, Paris 1995.

[16] Lacan J., Encore, leçon du 26 juin 1973. p.129 Paris, Seuil 1975.

[17] Soler C., "Le sujet borroméen". Mensuel no32 de l’EPFCL.

[18] Le terme de parlêtre est amené pour la première fois par Lacan dans sa conférence de presse en 1974. Ce terme devait se substituer à celui d’inconscient chez Freud. Par la suite Lacan en fait usage pour désigner le sujet comme individu.

[19] Lacan J., La Troisième. P 7 Opus cité.

[20] Lacan J., Déclaration à France-culture. Juillet 1973.

[21] L’électrodynamique quantique relativiste, (développée par Richard Feynman et Julian Schwinger) est une théorie qui considère que l’interaction électromagnétique entre particules chargées se fait par l’échange de photons ; par extension, l’interaction gravitationnelle se ferait par l’échange de gravitons et les interactions faibles et fortes par l’intermédiaire de bosons. Pour décrire l’interaction des particules élémentaires, il a fallu développer une autre théorie portant le nom de théorie quantique des champs. On étudie ces particules à partir d’un accélérateur de particule. En les faisant s’entrechoquer on fait apparaître des éléments plus petits que l’on étudie. En médecine on fait des recherches sur le cancer à partir de ça.

[22] Lacan J. — Grâce au montage de certains appareils on peut visualiser, à partir de modèles, le tracé ondulatoire de certaines particules qui seraient susceptibles de porter l’information psi. Autrement dit ce que Freud n’a pas pu s’empêcher d’écrire comme initiale de la psyché. « Il est en somme concevable de symboliser la structure par quelque chose qui entoure en forme de cercle chacun de ces points, chacun de ces points qui représente une particule […] S’il n’y avait pas de ces savants qui s’occupent des particules, il n’y aurait pas non plus de psarticules et ça nous force la main à penser que, non seulement il y a le parl’être, mais qu’il y a aussi le psarl’être, en d’autres termes que tout ça n’existerait pas s’il n’y avait pas le fonctionnement de cette chose pourtant grotesque qui s’appelle la pensée ». L’envers de la psychanalyse, leçon du 11 mars 70 Paris Seuil 1991

[23] Lacan J., L’Insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre. Leçon du 8 mars 77.

[24] Kupiec J-J., L’origine des individus, Fayard, collection Le temps des sciences, Paris 2008.

[25] C’est le titre d’une pièce de théâtre, puis d’un film joué et peut-être produit par la troupe du Café de la gare, dans les années 70-80.

[26] The New England Journal of Medicine : "The Nazi science : Dachau hypothermia experiments." R. L. Berger. Volume 322, 17 mai 1990 Nº 20.
Heureusement, plus tard à la suite de longs débats le Dr. Alexander concluait qu’il avait réuni la chaîne d’évènements et les pièces à conviction nécessaires pour engager des poursuites contre ces chercheurs et leur programme d’expérimentation sur l’hypothermie humaine à Dachau.


Commentaires  Forum fermé

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De la jouissance et des discours (B)
jeudi 27 octobre 2016 à 11h32 - par  Soufflet eric

Merci Monsieur Valas pour votre analyse du discours capitaliste -liberale qui a su « amalgamer » a la fois le discours du maitre, universitaire et hysterique,nous mettre le nez dans la cAverne d’alibaba et de ses semblants de richesse et de toute puissance pour bien nous enfermer et nous eviter de nous retourner, les nevroses ne se sont jamais aussi bien portées .Il est certain que la psychanalyse est a eviter ou a rejeter dans ce cas.
Face a cette confusion qui se generalise ou se « normalise »,ne s’agit il pas de retabilr une distance,cet « entre-deux »,ce « mi-dire », ce « pas-tout’, ce »bien-dire" ;entre la confusion et le rejet ou l’exclusion , il y a ce trait d’union possible,ne serait-ce pas la ou se situe l’ethique de la psychanalyse, une ethique du desir ? Meme les psychanlystes semblent ne pas ou ne plus savoir-faire avec cette derniere ?
Bien a vous,