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samedi 26 janvier 2013
par  P. Valas

Daniel Pendanx, les pétitions et l’interprète.

Le mariage gay, les pétitions et l’interprète.

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mercredi 30 janvier 2013 à 20h00 - par  eva talineau

merci pour cet article très intéressant, qui a le mérite aussi de montrer à quel point on est encore loin d’un véritable débat sur la question, où les arguments ne consisteraient pas à s’anathémiser les uns les autres, et à ridiculiser ceux qui s’expriment avec plus ou moins de maladresse et d’embarras comme si ce sujet était facile et qu’on pouvait s’y mouvoir en étant « d’accord avec soi-même », d’un seul tenant. Et même si la position de « botter en touche » en posant que la psychanalyse n’existe pas, mais seulement des psychanalystes, un pour un est honorable, et compréhensible, je pense tout de même que c’est en tant que psychanalystes qu’un projet de loi, comme celui qui est en cours, requiert notre attention, et que c’est à partir de ce qui fonde notre pratique que nous aurions - je mets cet « aurions » au conditionnel - à en répondre, même si c’est une exigence difficile à tenir.
Plutôt que de paraphraser votre excellent article, je vais l’accompagner d’une énonciation autre, en écho.
Mettre la différence sexuelle au cœur de ce qui fonde chez les humains le lien social, cela n’a rien de « naturaliste », mais au contraire, fonde la signifiance, pour les humains, sur une différence irréductible. L’écart homme-femme est la métaphore de ce décollement de l’identité pure, identique à elle-même, telle qu’elle aurait été léguée par les ancêtres et s’imposerait d’évidence (les sociétés dites « froides » anthropologiquement, celles qui ont précédé la nôtre). C’est à travers ce décollement, que Marcel Gauchet désigne comme « tournant axial » que l’histoire humaine a commencé comme histoire, et la Genèse, comme d’autres mythes ont « théorisé » cela, vu que depuis toujours, les humains « théorisent » les pas décisifs à travers lesquels ils construisent le symbolique qui les porte. L’humain est celui qui à la fois agit et pense, avec des effets rétroactifs de la pensée sur l’action. Ce n’est pas une chose anodine de tenir pour contingente cette pointe avancée de la transmission humaine qu’est la différence sexuelle, et de poser qu’on pourrait, sommes toutes, inventer d’autres modalités d’entrée dans la culture qui seraient « équivalentes ». On peut toujours inventer d’autres modalités d’entrer dans la culture - mais ces modalités ne sont pas « »équivalentes« à cette modalité que métaphorise la différence sexuelle - quoi qu’en dise Elisabeth Roudinesco, dans ses prises de position publiques. Car il ne s’agit pas, pour un humain »d’entrer dans la culture" - ça c’est une vision sociologique, et non analytique de la chose - mais de prendre place dans un fil de transmission, lancé depuis des millénaires, qui ne se fonde pas sur la continuité pure, mais sur un binôme paradoxal continuité/discontinuité, qui depuis l’aube des temps trouve un mode d’expression privilégié dans la différence homme/femme et les différents modes de conjonction que cette différence soutient.
La psychanalyse met au cœur du sujet et de la vie humaine cet espace de séparation d’où nait le symbolique. C’est de ce jaillissement continué que chaque analyse est comptable, dans chaque cure singulière, et il n’est pas interdit de penser qu’il en est aussi, de quelque façon, comptable dans ses prises de position dans la vie de la cité.

Encore merci pour votre article, qui touche vraiment le cœur de la question, avec intelligence et acuité.

eva talineau

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