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jeudi 15 décembre 2011
par  P. Valas

Daniel Pendanx, L’institutionnel, la clinique, et le management comportementaliste

Le management, épousant la structure familialiste (paternaliste) des vieilles associations philanthropiques patriotes…

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vendredi 16 décembre 2011 à 09h01 - par  Daniel Pendanx

J’ai lu de Melman sur le site de l’ALI, une toute récente intervention en octobre dernier en Martinique, qui m’a plu, et qui me paraît pouvoir tout à fait, en particulier dans sa fin (que je souligne ci-dessous) sur la topologie et le transfert, correspondre et s’articuler à ce que Legendre soutient sous les formules "il n’y a de sujet que sujet institué", ou celle de la "constitution institutionnelle de la parole"…. d’où je tire celle de castration institutionnelle

formules qui ne signifient pas dans mon esprit, tout au contraire, qu’on puisse réduire la topologie institutionnelle à un formalisme linguistique ou mathématique, qui dès lors, je livre cela prudemment, tend à couper les registres (RSI) eux-mêmes des constructions culturelles, institutionnelles, juridiques, qui comme "produits des dispositions de la langue", "parlent le sujet par avance". . Tout cela touche de près je crois à ce qu’il en est de la place instituée du psychanalyste… , et de tout interprète dans la scène du cas, soit-il cet interprète le père ou la mère n’est-ce pas.

d’aucuns disent qu’il y a une recrudescence des phobies chez les enfants ; je n’en sais rien, mais si tel est le cas, je crois que cela pourrait être très utilement rapporté à la déconstruction culturelle et juridique en cours de la structure. Par exemple, nombre de mères aujourd’hui, via le gosse qu’elles refilent au père (au père vécu comme une mère-sans), se retrouvent fixées (girl-phallus) à cette figure du pauvre papa castré…. et font duo avec maman, la leur n’est-ce pas… Le problème étant non pas tant que ces choses se passent, elles se sont toujours peu ou prou passées, mais que le fantasme qui les organise soit aujourd’hui légitimé, que ces situations d’inversion correspondent à ce qui de l’idéal du moi (de l’identification au père de la préhistoire individuelle) est promu, par exemple ces jours ci avec le retour de la dite "garde alternée", abordée de façon "psychologique" au final molle, et non en regard de la structure, par ceux qui du côté de la psychanalyse prétendent vouloir éclairer le législateur …

l’extrait de l’intervention de Charles Melman :

" Il m’arrive souvent, ne serait-ce que pour le fun, de commencer comme ça un propos en m’adressant aux amis qui sont là en disant « mes chers camarades » évoquant par là le fait que dans le meilleur des cas nous sommes en train de naviguer ensemble sur le même bateau et de ramer dans le même sens, ce qui n’est pas toujours le cas bien sûr ! Il m’arrive aussi de dire « mes chers amis » ce qui est souvent dit par antiphrase, je veux dire compte-tenu des sentiments contre-transférentiels qui sont ordinaires et vis-à-vis desquels il ne faut aucunement s’insurger.

Il m’arrive aussi parfois de dire « mes chers enfants » et je me disais que ce serait bien difficile que je vous dise « mes chers enfants », la question se posant de savoir qui pourrait occuper cette place où il vous dirait « mes chers enfants ». Traditionnellement c’est le prêtre bien sûr qui semble légitimé. Nous sommes dimanche matin…bon ! Mais enfin la messe est finie à cette heure-là …« mes chers enfants ! ».

En tout cas le dire, quand je le dis c’est par provocation, le dire amène forcément à s’interroger sur la place du psychanalyste. Quelle est la place d’où il parle ? C’est la question que me posait Alain-Pierre Louis : « Quelle est la place du psychanalyste ? ». Elle est à la fois aussi bien, évidente que dissimulée, elle est la place qui est à la fois la plus proche et la plus éloignée, c’est une place qui est subjectivement fort bien connue puisque c’est celle qui fait que la relation au monde ou à l’environnement n’est jamais duelle mais passe toujours par cet intermédiaire avec lequel chacun d’entre nous dialogue… dialogue intime où il y a à la fois des adresses qui peuvent être plaintives, des injonctions qui lui viennent…

Donc, il y a cette place lieu du dialogue intérieur, et qu’il y a lieu d’interroger. Celui qui dialogue ainsi, est-ce qu’il sait avec qui il parle ? Quel est celui qui occupe cette place et qui est cependant tout à fait déterminant, non seulement dans ses modalités de pensée mais aussi d’action puisque c’est dans le dialogue avec celui-là que vont se décider ce qu’il va faire ou pas. Quel est celui-là ? c’est un peu l’opération miraculeuse - elle me paraît toujours miraculeuse - qu’opère le divan, c’est-à-dire lorsque quelqu’un vient s’allonger dans ce dispositif génialement trouvé par Freud, par son intuition dès lors que je cesse de m’adresser à mon semblable, ma parole se trouve effectivement adressée à ce tiers, avec la tâche évidemment de déterminer quel est-ce tiers, qui dans ma singularité commande ainsi mon destin, mon histoire, mon aventure. Et, si je suis amené à identifier ce tiers, serait-ce sous la forme de l’objet cause de mon désir et en tant qu’il est effectivement l’élément tiers impliqué dans mon rapport au monde, de savoir quel est à la fin de la cure, le mode de rapport que j’aurai avec lui.

Ce que Freud appelait liquidation du transfert étant le fait de reconnaître que ce qui opère là pour moi comme tiers, n’est nullement la figure d’un Dieu absolu et universel, mais simplement ce qui pour moi, est venu s’inscrire dans mon histoire. La possibilité d’une cure étant que je trouve vis-à-vis de lui, une position qui soit non plus de suggestion… On ne va pas dire d’esclavage, ce ne serait pas exact…une position de suggestion, une position d’obéissance, de soumission dans le jeu qui m’est imposé, puisque je ne choisis pas mon jeu, je suis pris dedans, je suis pris dans une pièce dont l’auteur m’échappe. Qui l’a écrite la pièce dans laquelle je suis un figurant, un acteur, une actrice, ce que l’on voudra ? Et donc reconnaître que le lieu d’où ça parle, où est venue se loger cette instance, ce lieu d’où ça parle et avec lequel je dialogue, est fondamentalement un lieu vide.

Cette vacuité dont je me protège par l’injection d’un au-moins-Un qui va me servir de référent, ça c’est le problème du lieu d’où parle l’analyste : est-ce qu’il va parler depuis le Un, par exemple celui de ses maîtres, de leur savoir ? « Moi je suis lacanien » ! C’est indéniable ! Est-ce que je vous parle au nom du lacanisme, si ce mot a un sens ? Il n’en a aucun. Ce n’est pas une doctrine ni un système ! Donc ça n’a pas de sens, mais ça n’a pas d’importance ! Est-ce que je vous parle en lacanien ? Je me réfère au Un de mon maître ?

Est-ce que dans un souci de libéralisme, je vais quitter le monothéisme pour dire « après tout, les autorités, elles sont plurielles ; il y a du bon à prendre chez chacun »…du bon ou du mal peu importe ! Il y a à prendre chez chacun, comme ça au moins on se soulage, on se soulage du Un tout seul. Il y a toutes les écoles, il y a tous les maîtres, il y a tous les référents. Ils ne disent absolument pas la même chose, parce qu’il y a cette troisième instance qui risque d’occuper la place, c’est celle du symptôme de chacun. Quand chacun parle, habituellement ce qui est son référent c’est son symptôme, c’est-à-dire sa façon à lui de mal se débrouiller avec la jouissance. C’est ça le symptôme ! Symptôme dans lequel nous sommes tous, qui fait que nous nous débrouillons mal avec la jouissance !

La façon dont l’un se débrouille mal avec la jouissance peut faire école. Les diverses Écoles philosophiques sont après tout des écoles de modalités de jouissance. C’était tout à fait clair quand la philosophie avait un sens. C’étaient des Écoles, des façons d’organiser, de supporter la douleur, par exemple chez les Stoïciens… je ne vais pas développer ! Chacun risque de parler avec son symptôme, de fasciner et de faire École, d’inviter à ce qu’on s’organise pour partager le même défaut, la même modalité de traiter un défaut qui est, ce que Jeanne évoquait tout à l’heure, qui est un défaut général. Il reste qu’il n’y a que des modalités de le traiter, donc les Écoles.

Ceci en préambule pour vous amener à ouvrir l’oreille sur la place où chacun peut être amené à vous parler quand il est psychanalyste et pour repérer là ce qui l’anime. La place de Lacan était très claire ! Tout son abord de la topologie était pour témoigner que là où en dernier ressort nous attendons tout du verbe, d’un verbe, d’une parole…la bonne ! Il n’y a en dernier ressort que du dispositif topologique…ça je dois dire que c’est radical ! Il faut le supporter, ça ne va pas de soi ! Penser que nous serions en dernier ressort les enfants, non pas d’un verbe bon ou mauvais, d’une langue bonne ou mauvaise, d’un patois ou d’un dialecte, de ce que l’on voudra. Non ! Non ! Non ! Nous sommes les enfants de dispositions topologiques, qui sont les produits de l’organisation d’une langue. Enfin ça se ramène à ça ! Il n’y a pas de traitement plus radical du transfert que cette façon de procéder…."

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