Il y a plusieurs libertinages :
— un libertinage philosophique,
très actif au début du XVIIe siècle ; un libertinage mondain, qui se confond avec certaines manifestations de l’« honnêteté mondaine » puis essaime dans la société des petits-maîtres et des marquis du XVIIIe ;
— un libertinage « moral »,
fondé sur la revendication de la liberté des mœurs, qui donne lieu à une recherche incessante du plaisir et du jeu. Pourtant, le même projet anthropologique préside à ces divers aspects du libertinage : c’est ce projet qu’on tente d’éclairer ici.
L’étude de la socialité, qui fait l’objet du chapitre I, aborde le problème du retrait du sage devant le pouvoir, emblème de la situation des « intellectuels » au XVIIe siècle ; elle fait déboucher cette question sur les stratégies de l’honnêteté et sur l’acceptation du conformisme, derrière lequel les libertins de la deuxième moitié du XVIIe siècle essaient de protéger l’indépendance de leur pensée, sinon de leurs plaisirs.
Le chapitre IV répond à celui-ci en découvrant, dans le célèbre portrait de Louis XIV par Rigaud, l’image d’un monarque qui utilise la simulation et la manipulation des représentations pour mieux assujettir.
Un chapitre est consacré à montrer la fabrication d’une féminité énigmatique au XVIIe siècle, objet d’un constant désir de conquête ; l’étude va du scénario initiatique à l’obscurité maintenue sur la naissance des héroïnes, en passant par la scène, si fréquente, dans les textes, où une dame s’évanouit opportunément sous les yeux d’un homme fasciné…
Quant au chapitre III, en recourant aux publications les plus osées du siècle, il élabore une analyse des images du corps et du jeu de tensions qui sous-tend l’exploration érotique.
C. R.