Sibylle Lacan

dimanche 10 novembre 2013
par  P. Valas

Sibylle Lacan

Quand je suis née, mon père n’était déjà plus là.
Je pourrais même dire, quand j’ai été conçue, qu’il ne vivait plus vraiment avec ma mère.
Une rencontre à la campagne entre mari et femme, alors que tout était fini, est à l’origine de ma naissance.
Je suis le fruit du désespoir, d’aucuns diront du désir, mais je ne le crois pas.

Un père
Née le 26 novembre 1940, Sibylle Lacan, deuxième fille issue du premier mariage de Jacques Lacan avec Marie Louise Blondin (1906-1983), est morte à Paris à son domicile dans la nuit du 7 au 8 novembre 2013.

Traductrice de l’espagnol, de l’anglais et du russe, elle avait publié en 1994 Un père (Gallimard), livre traduit en une quinzaine de langues, et dans lequel elle relatait, avec émotion, talent et tendresse, ses relations complexes avec son père :

Quand je suis née, mon père n’était déjà plus là.
Je pourrais même dire, quand j’ai été conçue, qu’il ne vivait plus vraiment avec ma mère.
Une rencontre à la campagne entre mari et femme, alors que tout était fini, est à l’origine de ma naissance.
Je suis le fruit du désespoir, d’aucuns diront du désir, mais je ne le crois pas.

Sibylle Lacan

Points de suspension

Etre fille du désespoir n’empêchait pas Sibylle d’aimer passionnément la vie.
Tous ceux qui l’ont connue dans ce quartier de Montparnasse qu’elle aimait tant — entre le Select, pour le thé et la Closerie des Lilas pour les nuits — se souviendront longtemps de son intransigeance généreuse que partageait son compagnon de toujours : Christian Valas.

Sa manière lente de parler — avec la voix de son père et la tonalité d’un visage qui évoquait sa mère—, montrait bien comment chez elle chaque mot prenait la signification d’un impératif catégorique.
Sibylle Lacan voulait toujours tout savoir, tout comprendre, tout expliquer et chez elle le langage, la langue et la parole primaient sur toutes les autres formes d’expression.

Elle connaissait à merveille le milieu psychanalytique, elle avait effectué deux cures sur le divan de deux élèves de son père et elle était habitée par un travail de la mémoire qui ne souffrait aucun compromis.
Avec elle et face à elle, dire le vrai, exhumer la vérité relevaient d’une obligation quasi-ontologique.

Elle n’aimait d’elle-même qu’une photographie de son enfance, celle-là même qu’elle choisissait sans cesse et qui lui rappelait qu’elle était tout autant la fille de son père que celle de sa mère et qu’elle les voulait unis l’un à l’autre pour l’éternité.

Et c’est la raison pour laquelle, dans son deuxième ouvrage, Points de suspension (Gallimard, 2000), dédié à sa mère et composé lui aussi comme un puzzle, elle parlait simplement de son enfance, des personnes aimées, des lieux, des objets.

En bref, de fragments d’une vie reconstruite avec bonheur.

Comme le soulignera Jean Ristat, ce livre témoignait d’une écriture devenue un instrument contre une « mort revancharde ». Après une reconquête d’elle-même, Sibylle y regardait le monde avec amour : J’ai grandi à l’ombre des glaïeuls, disait-elle, en s’imprégnant du temps retrouvé bien au-delà d’une vie brisée.

Elisabeth Roudinesco

Sibylle tra.

http://www.lemonde.fr/disparitions/…

Hommage à Sibylle Lacan.

Hommage à Sibylle Lacan par François Meyronnis

ARTCURIAL, mardi 3 juin à 20h.30.
Paris - 7 Rond-Point des Champs-Élysées.

"Avant d’être la fille d’un célèbre psychanalyste, Sibylle Lacan est surtout un écrivain.
Deux livres, Un père et Points de suspensions, font surgir la mémoire à travers une forme brève.
Leur langue est précise, élégante, frappée.
Elle aimait que les phrases lui viennent avec abandon, comme une nappe de prose roulant librement vers elle.
Et que le langage dise l’épiphanie, tel l’éclair : que la syntaxe se rende ductile au plus singulier.
Elle donnait sa part au malheur, sa filiation lui semblait entachée par l’absence du père.
Elle disait d’elle-même : « je suis le fruit du désespoir, d’aucuns diront du désir, mais je ne le crois pas. »
Ceux qui l’ont connu savent pourtant à quel point elle fut vivante, d’une intensité parfois douloureuse, mais avec en elle une joie d’enfance sans concession.
Une âme noble, intègre, généreuse, et, sous les souches de ronces, plein de fantaisie".
François Meyronnis.

Henri Laurens

Paul Klee


Commentaires  Forum fermé

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Sibylle Lacan
jeudi 10 novembre 2016 à 18h15 - par  fernando mora

sybille no se crio con Lacan pero portaba su nombre, judith nuna fue lacan sino bataille en es deshojar de margaritas de quien era Jacques el Doctor para Malou la madre de Sybille quien tomo una decision que marco a esta aun antes de nacer en 1941 cuando su marido le manifesto que esperaba un hijo de de silvia kristel esposa de Georges Bataile si entiendo lo dicho por sybille es porque me pase en analisis viviendo su drama mi padre siendo el doctor mora era otro doctor lacan. Oyervide lo sabia y se fue a la tumba con eso. como ella manejo el hecho de se hija del famoso doctor lacan candil de afuera obscurida de su casa soportar a Judith en su propia universidad y lo que paso posterior al matrimonio y muerte de u hemana conocio a marguerite pantaine que trabajo en la casa de su abuelo y a marguerite duras la escritora celebre devino escritora para testimoniar lo que su padre dijo, que el padre era lo peor no fue psicoanalista pero Lacan y lo psicoanalistaqs aprenderian mucho sino idolatrarn mucho a Lacan y al clan Miler BATAILLE. TODOS LOS BIENES PSARON A Judith ella se hallaba en paris cuando su padre murio y de u herencia el nombre y el desamor.

Site web : sybile lacan
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Sibylle Lacan
jeudi 12 décembre 2013 à 01h08 - par  Sabrina

Aujourd’hui j’ai commencé et terminé Un père. Je viens juste de le finir. Emue par cet écrit et par cette femme qui en est l’autrice, je souhaitais lui écrire pour lui signifier à quel point je suis touchée par ces mots et son livre et son vécu. Je ne savais pas encore qu’elle avait quitté le monde du langage il y a à peine un mois. Est-elle enterrée à Guitrancourt ? Alors vous me verrez apporter avec moi une rose rouge. « Je la (mettrai) précautionneusement sur la stèle, cherchant longuement la position idéale, puis m’(immobiliserai). J’(attendrai) que le contact s’(établisse). (…) En désespoir de cause, je (collerai) ma main sur la pierre glacée, jusqu’à la brûlure. (Si souvent dans le passé, nous nous étions tenu la main.) Rapprochement des corps, rapprochement des âmes. La magie opéra. Enfin j’étais avec (elle). Chère Sybille, je t’aime. (…) »

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jeudi 12 décembre 2013 à 23h35 - par  P. Valas

Elle repose au cimetière Montparnasse, selon son voeu.

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Sibylle Lacan
dimanche 1er décembre 2013 à 14h14 - par  Genevieve Jurgensen

Sibylle fut une amie de vacances et d’enfance, été après été, à Noirmoutier. Plus proche de ma sœur Christine que de moi, qui avais six ans de moins. Après une analyse de son livre que j’avais publiée dans La Croix sous mon nom de plume (édition du 3 juin 2000), elle m’avait écrit pour me remercier, sans faire le rapprochement. Ses livres respiraient l’intelligence. Sibylle, c’était vraiment quelqu’un.

Site web : Sibylle
samedi 19 septembre 2015 à 23h15 - par  Hélène Vexliard-Barthélémy

Sybille je viens d’apprendre que ru es partie, deux ans après.
Je suis triste.
J’aurais voulu te revoir.
Hélène Vexliard-Barthélémy

Amitiés à Christian

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