Patrick Valas, MEIN KAMFT for psycho-analysis situation, in Europa and the Wolrd. Hasta la vista in China y Cuba si.

jeudi 11 octobre 2018
par  P. Valas

 

LE STYLE ASSOCIATION MONDIALE DE PSYCHANALYSE


 

Louis Soler

Guide des bons et mauvais usages stylistiques à l’AMP

À l’intention de ceux qui ne sont pas encore tout à fait connectés sur l’AMP, mais qui voudraient être reconnus comme psychanalystes véritables et réussir dans leur vie professionnelle, on se propose un guide des bons et mauvais usages stylistiques de cette institution : aujourd’hui, bons et mauvais usages des métaphores, comparaisons, allégories, fables, modèles à suivre, etc.

Voici quelques exemples tirés d’un passé récent (si l’on veut s’en inspirer dans l’avenir, on notera qu’un usage est bon, c’est-à-dire juste, éloquent et drôle, dans la bouche ou sous la plume du Délégué Général, de sa famille et de ses inconditionnels ; mauvais, c’est-à-dire injustifié, lamentable et injurieux, dans tous les autres cas).

Le Titanic

Même s’il s’agit d’une métaphore éculée, étant donné le succès commercial du film, ne pas hésiter à la ressortir à toute occasion.

Bon usage : le navire prend l’eau, il faut aider à sa réparation.
Mauvais usage : si le navire prend l’eau, c’est qu’il a heurté des icebergs, signalés depuis longtemps. Mais le capitaine n’a rien voulu entendre, tout à son obssession de vouloir battre le record du monde de traversée de l’Atlantique.

Un comble : en plein naufrage, il a ordonné à l’orchestre de jouer Tout va très bien, Madame la marquise.

La grenouille et le bœuf

Bon usage : fable illustrant merveilleusement la vanité des « bis » : une grenouille, c’est féminin, c’est insignifiant, ou bien ça se tait stupidement, ou bien ça coasse non moins stupidement, ça plonge sous l’eau à la moindre tempête, ça vous pompe le peu d’air qu’elle peut pomper, et de ce fait se ridiculise, car quelle prétention que de vouloir se gonfler jusqu’à égaler le bœuf, qui est, comme chacun sait, « de belle taille » !

Mauvais usage : la grenouille n’est que grenouille, soit, mais que d’œufs pondus au fil des ans, autrement dit, que de petites grenouilles pour animer le marigot ! Le bœuf est certes gros et gras, mais stérile. Il se contente de régurgiter et ruminer l’herbe d’autrui qu’il affirme être sienne. Au mieux, il laboure infatigablement un champ tous les ans plus vaste. Mais il fait regretter, par contraste, le taureau inséminateur…

Le pompage (généralisation de la fable précédente)

Bon usage : bien qu’emprunté à l’argot scolaire (cf. Céline dans Le voyage au bout de la nuit, p. 534 : « Baryton me prenait tout entier. Il m’accaparait même, ne me lâchait plus, il me pompait tout mon anglais »), ce terme dit, dans un style imagé, ce que d’autres développeront de façon plus noble et plus théorique (énoncé et énonciation, etc.).

Le mot, dans sa plaisante familiarité, a le mérite de rappeler l’inimitable génie d’un être d’exception à qui non seulement nous devons tout, mais qui a su inspirer leurs meilleures idées à bien des intellectuels de l’après-guerre (de Rancière à Sartre en passant par Foucault).

Ce terme indique aussi que se réclamer de Lacan - comme le font servilement tant de bureaucrates nostalgiques - n’exclut pas son dépassement par le seul et l’unique capable de le faire.

Les trouvailles du nouveau Grand Timonier de la psychanalyse

Les trouvailles du nouveau Grand Timonier de la psychanalyse -il se réveille la nuit et réveille les autres pour s’en émerveiller - sont depuis des années systématiquement pillées par des profiteurs doublés d’ingrats.

Bon usage : Inversement, les adeptes du bon usage prennent grand soin de citer leur source perpétuelle : si l’Exception dit : « l’été 98 a été exceptionnel », ils n’oublieront pas de signaler en note le jour et l’heure de cette énonciation, non sans avoir vérifié s’il ne s’agit pas d’une prédiction déjà formulée dans sa prime jeunesse. Cela alourdit certes la fin de leurs articles, mais les met à l’abri de l’accusation de « pompage ».

Mauvais usage : si vous refusez de reconnaître ledit « pompage » (vous pouvez à la rigueur le faire en privé, mais jamais publiquement, s’il vous plaît !), il ne sert à rien de rappeler que vous avez toujours apprécié les qualités pédagogiques du soi-disant « pompé », sa puissance de travail et ses dons d’organisateur. En effet, votre refus signifie une volonté suspecte de rendre à Lacan ce qui lui appartient, et un manque de confiance (laquelle est, paraît-il, toujours « aveugle ») envers celui qui l’a renouvelé. Cela revient à dire que l’« au moins un » jadis consacré par le beau-père n’est pas le seul, n’est pas l’inventeur d’une orientation inédite, n’est pas le Dieu vivant de la psychanalyse. Si vous ne dégoulinez pas d’amour et de reconnaissance, votre « transfert négatif » sera relevé, et sanctionné en conséquence.

Hillary Clinton

Bon usage (familial) : on déclarera dans un journal espagnol, en réponse à une question qui n’a pas été posée, que la personne au monde la plus digne d’admiration pour une femme d’aujourd’hui, c’est Hillary Clinton. En effet : où trouver un meilleur symbole de lutte inlassable aux côtés d’un dirigeant attaqué de toutes parts ?

Mauvais usage (hexagonal) : au pays du « gai savoir » et de « la dive bouteille », se permettre quelque rabelaisienne plaisanterie sur cette solidarité avec une autre victime du « pompage »

Ceaucescu et Hassan II

Bon usage (familial) : dire à un élu qui l’a été en réalisant un score de type stalinien : « Bravo, tu as fait mieux que Ceaucescu ! », c’est un trait charmant, qu’on peut citer publiquement à la grande joie de l’assistance. Non seulement il ne viendra à l’idée de personne de prendre la remarque au premier degré, mais cela montrera à quel point les princes qui nous gouvernent et leurs proches possèdent le sens de l’humour.

Mauvais usage (électronique) : même précédée d’un hommage sincère aux mérites de l’intéressé, une comparaison beaucoup moins irrévérencieuse utilisée pour illustrer métaphoriquement la contradiction entre des idéaux sans cesse proclamés et des pratiques réelles récentes, sera prise au pied de la lettre, elle, et fera scandale. L’allusion ironique à « notre ami le roi » (du Maroc, soulignera l’intéressé à l’intention de ceux qui n’auraient pas compris) sera dénoncée à Barcelone par trois fois en Assemblée générale, et des dizaines de fois en petit comité. Ainsi, selon que vous vous situerez ici ou là, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir.

Dans un cas, on vous trouvera très drôle, dans l’autre vous serez interpellé (verbalement, précisons-le pour dissiper toute nouvelle interprétation littérale) : vous aurez commis un crime de lèse-majesté, que dis-je, un sacrilège !

Curé, faux-derche, traître de comédie, etc.

Même schéma que ci-dessus. Tombés de la bouche d’or de l’Exception exceptionnelle, tous les noms d’oiseau susceptibles de ridiculiser un collègue et de le couler aux yeux de ses analysants, sont des plaisanteries sans conséquence, voire des signes d’affection d’un camarade un peu taquin.

Ça se dit, ça s’imprime en toute bonne conscience. Et flatteurs d’applaudir. Ah, Dieu, que « la guerre de l’amour » est jolie !

Dans la bouche d’une exception non exceptionnelle, la moindre critique, même courtoise, est une injure insupportable. Tout le ban et l’arrière-ban des inconditionnels, tous les Conseils à l’unanimité ou presque, se mobilisent aussitôt pour voler au secours du « Crucifié du Monde » (car c’est ainsi que cet éternel offensé — « le seul à être censuré », nous dit sans rire un de ses plus fervents dévôts —, se désigne lui-même !).

Atlas devenu Hermès

C’est le titre de l’éditorial paru sous la signature de Jacques-Alain Miller dans le numéro 0 d’un Journal des Exceptions très « agréable à regarder », nous dit une publicité.

Bon usage : admirer la « posture héroïque » de celui qui, « Atlas devenu Hermès », mais à ses débuts modeste Pagnol du 6e arrondissement, est fier d’avoir soutenu « jusqu’aux confins du monde connu (…) la gloire de (son) beau-père ».

S’extasier sur le poème final, où enfin lavé des fientes dont l’a souillé « le peuple chieur », le « Crucifié du Monde », ressuscité, se découvre « frais, gai, lucide, sentant bon ».

C’est beau comme de l’Antique ! On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec Simon le Stylite, statue vivante perchée au haut de sa colonne, et dont les déjections, miraculeusement, embaumaient les foules venues l’adorer du fond des déserts… Nul doute que l’Histoire retiendra ce grand moment de la pensée psychanalytique et de la littérature réunies.

Mauvais usage : faire remarquer qu’après tout, « Atlas devenu Hermès », c’est le parcours d’un portefaix devenu V.R.P. ! Rappeler qu’Hermès, saint patron des orateurs et des commerçants, est aussi le dieu du vol et du mensonge. Noter l’étrange fascination envers la scatologie (au point que certains ont cru lire en titre : Journal des Excrétions).

Regretter que le brillant normalien au style digne d’un Montesquieu, et qu’on admirait de pouvoir se réclamer à la fois de Mao, de Lacan et de Joseph de Maistre, en vienne à commettre ces salmigondis héroï-comiques d’auto-célébration. Voilà ce qui arrive quand le culte de la psychanalyse se confond avec le culte du moi ! Oui, le style c’est l’homme à qui l’on s’adresse, mais quand cet homme c’est soi-même et personne d’autre, le style, forcément, s’en ressent…

Secte

C’est dans le numéro 1 des Amis d’Ornicar ?, nouveau bulletin des Gentils Membres, sous la signature transparente de « Bécassin » (qui est, avec « Perfecto Becasson » la version light de « Gros bêta »).

Là, la distinction entre bon et mauvais usage est directement spécifiée par l’auteur :

les « Amis d’Ornicar ? » (AO, dit le bulletin — ne pas confondre avec AOUN) sont, nous explique-t-on, une « bonne secte ». Pas « une secte méchante et rabougrie, rassemblée autour d’un trognon ».

À quoi voit-on qu’elle n’est pas « méchante et rabougrie » ?

À son implantation mondiale, probablement…

Et qui va décider que son chef n’est pas un « trognon » ?

Ma pomme, pardi, le chef en personne ! De sorte que si l’on s’en tient à ces deux critères simples, la secte Moon et « Les Amis d’Ornicar ? » sont la parfaite illustration de ce qu’est une bonne secte !

Bécassin ajoute à la dimension internationale de la secte des AO, une spécialité bien de chez nous, la référence à l’abbaye de Thélème, au « gai savoir » et à la « dive bouteille » : à consommer avec modération, sans doute, car dans la pratique, on a vu que le précepte « Fais ce que voudras » doit être complété par « à condition de ne pas critiquer le gourou ».

En somme : « Fais ce qu’Il voudra »

Du moment que les adeptes sont d’accord, qui trouverait là à redire ?

Certains ont bien essayé d’avancer quelque objection, mais on leur a fait comprendre ce qu’était une « bonne secte » : « Los que no estén contentos, que se vayan y que nos dejen tranquilos », a-t-on pu entendre à Barcelone (« Ceux qui ne sont pas contents, qu’ils s’en aillent et qu’ils nous laissent tranquilles »).

Tranquilles, enfin seuls, tous communiant autour de l’Infaillible de la psychanalyse : voilà l’idéal. Si le programme ne s’est pas encore tout à fait réalisé, c’est que le gourou, encore « novice », a commis des erreurs, il l’a reconnu.

Il est « Perfecto », mais a été « Becasson » : trop effacé, trop libéral, faisant naïvement confiance à des disciples peu sûrs ou à des moyens incontrôlables — le courrier électronique, par exemple.

Mais récemment, le gourou a promis de s’amender, de veiller au grain désormais. Bientôt, tout sera « perfecto », vous allez voir ! La Longue Marche vers le « Camino de perfección » a déjà commencé…

Louis Soler

 


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