Pierre Maréchaux
Sur l’imaginaire de la maladie : littérature et métaphores.
1. La réflexion que j’aimerais mener avec vous aujourd’hui concerne l’imaginaire de la maladie.
Avant de m’arrêter sur une maladie et de définir le corpus littéraire sur lequel elle portera, je crois qu’il est nécessaire de préciser ce que j’entends par imaginaire de la maladie.
Le rapport à la maladie en terme de connaissance obéit à une casuistique : face à un symptôme, j’ai le choix de l’ignorer, de m’en remettre à mes faibles lueurs médicales ou à celles d’un tiers, de consulter une encyclopédie avec le risque de confondre les signes et d’aboutir au final à un diagnostic erroné, de m’en remettre enfin à la Faculté et à ses protocoles inévitables : première visite, examens biologiques ou radiographiques, deuxième visite au terme de laquelle un traitement est arrêté.
Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, je suis condamné à l’imaginaire :
si je soumets mes propres symptômes à une maladie qui selon moi peut s’y rapporter, j’aurai immédiatement tendance, une fois le nom de la maladie prononcé, à vouloir retrouver mes sensations dans la liste de celles qui lui sont afférentes. Rassuré par le pouvoir d’un nom, sorte de terminus ad quem, je procèderai à un détournement de ma perception, quitte à en gauchir la réalité, trop heureux d’établir l’adéquation parfaite entre le mot et les choses. Ce n’est pas que je me mente, c’est que le vide nominal est si intolérable que je préfère malgré moi conspirer avec mes illusions plutôt que d’en rester à une aporie. Mon imaginaire plâtre en quelque sorte les lacunes entre mes sensations réelles et mes croyances fabriquées. Et pour peu qu’un de mes symptômes ne corresponde pas à ce qu’on dit de la maladie, ne me fiant plus à moi-même, incorrigible, j’en chercherai d’autres listes dans l’espoir qu’elles cadrent bon gré mal gré avec ce que je sens.
si je choisis de demander au praticien de nommer à ma place mon mal, lui déléguant la tâche d’un logothète, le travail de mon imaginaire ne sera pas inexistant.
Je lui déléguerai d’abord le soin d’établir un pont entre les sensations et les symptômes connus d’une affection dont le nom sera arrêté par ses soins, mais une fois qu’il aura décrété mon mal, avec l’aplomb d’un oracle, c’est là que je ferai librement usage de ma faculté d’imaginer.
Pour peu que ce mal soit réductible à des phases, à des étapes, à des métamorphoses, j’aurai à charge de les reconnaître et de tisser des équivalences entre la description clinique qu’il m’en aura donnée et les signes que je déchiffrerai en moi-même.
C’est dans cette perception évolutive comme devant corroborer un déterminisme nosologique que je serai amené à vivre ma maladie pour ainsi dire entre deux eaux, partagé entre le positivisme et l’imaginaire, entre la courbe de mes résultats et la tentation irrationnelle de vouloir les retrouver en moi-même, c’est-à-dire de les intérioriser.
Qu’est-ce qu’intérioriser un résultat médical ? Cela se peut-il ? Par quelle réactivation des perceptions ? Par quelle clairvoyance interne ?
Cela correspond-il à une vérification au terme de laquelle après métrage d’une certaine donnée de mon corps, je me propose, moi qui en suis le propriétaire, d’en faire une validation aléatoire, sur un autre plan…
Voilà qui nous entraîne au cœur de ce qu’on pourrait appeler l’onirisme médical. Car il se pourrait bien que le discours médical pur qui se fonde sur des chiffres, sur des images et des protocoles ressemble à un idiolecte, c’est-à-dire à un discours solitaire et que si l’on voulait en étudier la réception dans l’esprit du patient, on verrait à quel point, une fois perçu, il a changé de forme.
N’y a-t-il pas d’ailleurs un acte salutaire dans cette métamorphose, acte qui viserait à refuser la réduction du vivant à des coordonnées numériques sur une courbe et le remplacer par le cours labile des sensations.
Dans à l’Ombre des jeunes filles en fleurs, Bergotte, écrivain admiré par le narrateur, est fâché d’apprendre que le médecin qui soigne les crises d’asthme du jeune homme n’est autre que le docteur Cottard :
Les trois quarts du mal des gens intelligents viennent de leur intelligence.
Il leur faut au moins un médecin qui connaisse ce mal-là. Comment voulez-vous que Cottard puisse vous soigner, il a prévu la difficulté de digérer les sauces, l’embarras gastrique, mais il n’a pas prévu la lecture de Shakespeare […] Il vous trouvera une dilatation d’estomac, il n’a pas besoin de vous examiner puisqu’il l’a d’avance dans son œil. Vous pouvez la voir, elle se reflète dans son lorgnon.
Face à ce discrédit, le narrateur répond en son for intérieur :
Je ne m’inquiétais nullement de trouver mon médecin ennuyeux ; j’attendais de lui que, grâce à un art dont les lois m’échappaient, il rendît au sujet de ma santé un indiscutable oracle en consultant mes entrailles.
Et je ne tenais pas à ce que, à l’aide d’une intelligence où j’aurais pu le suppléer, il cherchât à comprendre la mienne que je ne me représentais que comme un moyen indifférent en soi-même de tâcher d’atteindre des vérités extérieures.
Je doutais beaucoup que les gens intelligents eussent besoin d’une autre hygiène que les imbéciles et j’étais tout prêt à me soumettre à celle de ces derniers.
La question ici traitée sur le mode burlesque n’est pas de savoir s’il y a deux médecines, mais bien plutôt de constater qu’il existe deux points de vue :
la première (celle de Proust lui-même) s’en remet et s’en tient au discours de la Faculté, la seconde revendique la possibilité de contester un diagnostic jugé trop hâtif et la prétention de la médecine à vouloir être universelle c’est à-dire à viser l’interchangeabilité des patients.
A travers la phrase de Bergotte sur Shakespeare et sa dénonciation de l’impéritie des cliniciens, j’entrevois comme un court-circuit de la relation ; c’est qu’entre l’idiolecte du praticien et les idiosyncrasies du malade il y a comme une béance inévitable, la rencontre de deux langues étrangères dont peu de racines sont communes.
Je me détournerai de la manière dont un médecin écoute ou n’écoute pas le discours de sa patientèle.
Je ne suis ni sémiologue, ni traducteur.
Je m’arrêterai plutôt à la façon dont les malades intègrent en leur for intérieur le discours médical, le réduisent à des mots différents, le mettent en image, le transforment en récit et parfois en mythe, fabulent de telle sorte que cette fable pourtant mensongère tient aussi fermement qu’une vérité ancrée, réduisent la machine biologique du corps non pas une courbe de données numériques mais à une dramaturgie interne où les organes, les flux, les tissus jouent des rôles divers.
N’étant pas sociologue non plus , il m’est difficile, après enquête, de faire la synthèse de récits de malade.
Je préfère choisir la littérature qui telle une lentille prismatique grossit ou déforme le réel avec des fulgurances telles parfois qu’elles sont plus vraies que nature. Je m’en tiendrai à un corpus d’écrivains tous malades du Sida entre 1982 et 2010 : Hervé Guibert, Paul Monette et Edmund White.
2. Ecrire sur le Sida comme l’ont fait au moins deux de ces auteurs ressemble à une lutte contre un ennemi à la fois doué d’invisibilité et d’ubiquité.
Si le Sida constitue un mythe, c’est bien parce qu’il offre au sens commun l’image d’un principe hégémonique (et je n’ai pas le temps de développer que le Sida est une maladie stoïcienne puisqu’il mime fortuitement quelques grands principes physiques de cette philosophie ) d’autant plus difficile à cerner et à définir qu’il est polysymptomatique et qu’il essaime à la façon d’une hydre.
La première constante parmi les écrivains mentionnés réside dans la question de la
dénomination :
le Sida est rarement nommé ou bien si tel est le cas, il s’actualise sans cesse dans un poudroiement de symptômes, qui de pages en pages évoluent, après de multiples guérisons temporaires. Hervé Guibert par exemple, qui est le plus réaliste de tous, œuvre toujours en termes d’invasion et de dissémination. Le virus HIV est pour lui une hypostase qui très vite tourne court et se délite en phénomènes et en épiphénomènes.
Depuis que j’étais assuré de la présence à l’intérieur de mon corps du virus HIV qui s’y tapissait, à un point, on ignorait lequel, ou du système lymphocitaire ou du système nerveux ou du cerveau, fourbissant ses armes, bandé à mort sur sa mécanique d’horlogerie qui avait fixé sa détonation à six ans, sans parler de mon champignon sous la langue qui était devenu stationnaire et que nous avions renoncé à soigner, j’avais eu divers maux secondaires que le docteur Chandi avait traités…
Mais si la précision de son récit est très clinique elle n’échappe pas à la métaphore :
le virus sagittaire, bandant son arc de mort.
Une même impression se fait jour dans le roman de Paul Monette, Borrowed Times, An Aids Memoir (1988), dont la trame ressemble à une partie d’échec contre une maladie intermittente, mais où la marche et le jeu des pièces semblent relever de la prestidigitation ou de l’apparition disparaissant, qu’elles soient tantôt éradiquées à jamais, tantôt renaissantes (telle candidose disparue réactivée ou récidivante), tantôt métamorphiques .
La seconde constante face au caractère protéiforme du mal, c’est la tentation de penser la maladie en termes de courbes de niveaux et de la fixer entre des limites chiffrées.
Toutefois même s’il est satisfaisant pour la conscience de son analepsie de dessiner mois après mois la progression des T4, celle-ci est vécu par les écrivains en termes métaphoriques comme si la posture de soldat était dans un cas fût-il désespéré préférable à celle d’un patient inactif : dans la bouche de Guibert, la maladie opère un repli , les lymphocytes connaissent une dépopulation , puis tout revacille ; mais vient parfois le temps où la réalité vient crever ces bulles de langage :
Dans Le protocole compassionnel, Guibert laisse entrevoir que la métaphorisation de la maladie va de pair avec la fluctuation des T4, avec leur baisse et leur redressement, rythmant sans cesse des relations d’espoir et d’inquiétude.
Or écrit-il, arrive un stade de la maladie où l’on n’a plus prise sur elle… nous sommes entrés dans la zone de l’incontrôlable. Je fais un looping en chute libre dans la main du destin, il serait absurde de gâcher cette dégringolade à chercher ses lunettes pour essayer de déchiffrer les lignes de cette main-parachute .
Image intéressante car elle opère comme un déni à l’imaginaire, elle l’empêche sporadiquement de prendre son essor. Mais c’est sans compter sur le pouvoir de regarder l’appareil médical lui-même avec ses serviteurs immédiat comme à travers le voile de la Fable. Là, l’expérience accède au récit et même un peu au mythe de sorte qu’un lavage alvéolaire semble avoir pris racine dans un conte de Perrault :
Je me disais qu’en aucun cas une femme si élégante ne pouvait assumer la brutalité de l’acte auquel on m’avait préparé. Elle tira vers moi un fauteuil sur roulettes, méconnaissable avec une bouse verte tirée jusqu’au haut du cou, presque scotchée, ses gants translucides, son bonnet antiseptique, son masque à gaz de bicycletteuse japonaise, ses lunettes grossissantes. La jolie jeune femme, par un coup de baguette, était devenue un horrible crapaud vert qui m’expliquait comment nous allions faire la chose.
Après évocation du tuyau servant à réaliser l’opération Guibert poursuit :
Ce tuyau menait à la mort assurément, il menait à la cause de la mort pour la plupart des malades du sida, la mort par suffocation… J’avais prié la jolie princesse, juste avant qu’elle ne se métamorphose en crapaud, de m’expliquer les choses en détail au fur et à mesure avant de les réaliser, et elle s’exécutait calmement dans la plus grande précision. La fée se cachait bien sous le déguisement du crapaud. Ses gros yeux de batracien étaient tout près des miens, apeurés, à la distance d’un baiser…
C’est peut-être cela l’acte qui consiste à métaphoriser la maladie, mais ici l’expérience est dédoublée car une conscience aiguë qui met sur le même plan une faculté d’intellection (Guibert ne se ment pas sur ce qu’il subit) et une faculté de fabulation (il voit le monde ave un œil nouveau, allégorique, presque à l’instar d’un mythographe).
On ne parlera pas ici d’imaginaire pur de la maladie car l’imaginaire se mêle à la connaissance exacte du traitement.
Il faut dire que cette notion d’imaginaire est plus active lorsque rien ne se passe : il n’y a que les enfants ou quelques écrivains férus de second degré qui peuvent subdiviser leur perception et voir à la place d’une infirmière bon genre un crapaud ou une fée.
Quand rien ne se passe (quand il s’agit d’enregistrer l’avancée inexorable de la chute des T4 par exemple), c’est là que l’imaginaire prend le pas car il n’y a rien pour le relayer : et c’est dans ce cas qu’on peut parler de maladie imaginaire.
Pendant longtemps et encore maintenant le Sida a mis en lumière un vrai paradoxe de l’imaginaire : d’abord la séropositivité et son annonce opérait dans l’esprit des malades comme un coup de tonnerre dans la mesure où elle activait puissamment le mythe de l’Inguérissable.
On pouvait presque dire, allant à l’encontre de l’adage : mors certa, hora certa.
Mais dans un même temps le patient avant de commencer les traitements restait quelquefois dans un no man’s land qui, soumis à toutes sortes de paramètres, l’exemptait d’une quelconque médicalisation.
Il était potentiellement sur le seuil d’une route d’où il ne reviendrait pas, mais seule la Faculté décidait du moment où commencerait la marche.
Cette heure fatale indiquait inexorablement par exemple la chute des lymphocytes T4 et là commençait outre le voyage du moins la cure.
Mais à titre privé, j’ai connu des patients chez qui l’annonce du départ était infiniment retardée.
Edmund White le grand romancier américain est resté ainsi jusque dans ces dernières années toujours à quai, rivé pour ainsi dire par une forme asymptomatique du mal.
Cela ne l’a pas empêché de se servir du Sida comme d’un puissant aiguillon romanesque : plusieurs de ses livres en sont des chroniques presque désespérées et ces luttes inefficaces sont d’un réalisme encore plus cru que celui de Guibert car White parle toujours du Sida en relayant le langage des médecins .
On pourrait penser que son amour de Proust (qui nous a laissé de sublimes pages sur la maladie de sa grand-mère, pages dans lesquelles l’expérience des traitements, toujours inactifs, est absolument transcendée) l’aurait conduit sur la voie de la métaphore, mais il n’en est rien.
Comme chez Monette, le roman tourne au tombeau littéraire.
A voir le Sida par d’autres yeux, on dévalorisait inévitablement l’expérience intolérable vécu par les morts.
Puis, la fabulation eût été indécente, comme pourrait l’être un petit exercice de transposition, un exercice sans commune mesure avec le sérieux du sujet : White et Monette regardent la mort en face ; du même coup ils ont choisi de tuer la métaphore.
La littérature a bien le pouvoir de mettre en parallèle tous les registres face à l’énonciation de la maladie : et c’est même la dénotation froide qui prime dans
Le Mausolée des amants, journal 1976-1991 d’Hervé Guibert : retrouvant la trame glacée des événements cliniques qui parsèment le Protocole compassionnel et A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, je lis des phrases sans verbe du type :
Je suis en train de crever (c’est pour çà que je pars) ; je n’irai de toute façon pas plus loin que le squelette, ou bien tout simplement : entré avec mon médecin dans une nouvelle phase de la maladie : l’incontrôlable , puis Fibroscopie , ou Calcul des gaz du sang : ponction dans l’artère du poignet. Lavage alvéolaire , tout cela rédigé dans la langue sans affect d’un bloc-notes.
L’expérience de la maladie est aussi une expérience du langage, expérience en vertu de laquelle le patient intériorise les données du praticien, les confronte à ses sensations et les restitue ou non sous forme de mots et de récits.
Parfois le praticien sait trouver la clé métaphorique qui permet de crocheter – symboliquement s’entend – l’imaginaire de sa patientèle.
On m’a raconté l’histoire d’un homme qui survivait bon gré mal gré tourmenté par un cancer de la prostate.
Un vieux professeur d’une unité parisienne avait coutume de le rencontrer plusieurs fois dans l’année faisant le point sur l’évolution de son mal.
Celui-ci progressait lentement et offrait du répit à l’homme qui ressemblait à un heureux ignorant. En effet, le subtil médecin avait compris qu’il fallait absolument proscrire les mots de cancer, de métastases, de tumeurs malignes ou de carcinome.
Il lui parlait comme à un enfant en termes de croissance, de migration cellulaire, de ramification par voie lymphatique ou sanguine.
Le malade se voyait comme porteur d’un arbre intérieur dont il venait à chaque visite faire couper quelques branches trop longues par cet émondeur qu’était son médecin.
Or un jour, ce jardinier providentiel étant absent, il trouva à sa place un jeune docteur qui, lui parlant sine ambagibus (sans détours), lui découvrit la vérité que son vieux collègue avait mis plus d’une décennie à enfouir sous le nappé du langage.
C’est ainsi que le malade découvrit la gravité de son état, l’ampleur de son mal, et du même coup son peu de chance de survie. Il rentra chez moi, s’alita et refusa de lutter ce qui hâta sa fin. En lui tuant ses métaphores, l’inconscience positiviste l’avait tué net.
Cette fable peut sembler naïve, mais l’homme vit aussi de mots de sorte que l’histoire de la maladie pourrait bien être celle de tous les expédients verbaux par lesquels le patient triche avec elle.
Tricherie salutaire sans doute, tricherie volontaire parfois ; car on peut dans un même temps croire au discours médical tout en lui substituant le baume de l’imaginaire. Telle est ce que nous pourrions appeler la balkanisation de la conscience malade.
Il faut dire que le sida fait partie de ces pathologies invisibles à leur début.
Pas étonnant qu’elles favorisent la fabulation.
En effet, la séropositivité dans sa phase asymptomatique ne dit qu’une chose : un contact passager, fugace, avec le virus HIV.
Or la phase de développement de la maladie pouvant être parfois décrétée longue par le praticien, le malade la vit comme une maladie des apparences.
Il est contaminant mais le virus restant tapi à l’intérieur de ses cellules, il n’en est nullement affecté et continue d’être un corps apparemment parfait du moins en surface.
Entre le Kaposi qui est une intolérable réversion de la surface désormais bosselée et tavelée et la séropositivité indolore des débuts, le sida a toujours oscillé entre deux pôles extrêmes.
Le mythe du châtiment de l’apparence, de l’acharnement céleste contre la communauté des apparences (la communauté gay) a, comme la montré Susan Sontag (Cf. Le sida et ses métaphores), ancré fortement le préjugé d’une maladie de nulle part, à la fois atopique et utopique (comme le peut être l’idée d’un vaccin pour séropositifs).
Pour contrecarrer ce mythe, les écrivains ont proscrit toute littérature militante (rien de cela chez Monette ou Guibert) et se sont focalisé sur leur relation à la maladie.
Et cette relation a été si forte sur le plan d’une représentation autre, déportée, décentrée, étrangère, qu’on peut se demander si la métaphore post-thérapeutique ne constitue pas dans bien des cas (chez les écrivains et chez les non-écrivains) la chose du monde la mieux partagée.
Pierre Maréchaux
IEA (atelier de Pierre Sonigo)
Les 30 et 31 mai 2012.
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