JACQUES LACAN, par son enseignement, témoigne qu’il est, du fait de la pratique de la psychanalyse, mis en demeure de formuler du réel.
Le Discours de Rome (1953) situe
déjà le réel et les fonctions qui lui sont
corrélatives, le symbolique et l’imaginaire,
comme références essentielles à l’expérience
freudienne.
D’entrée,
il localise avec cette catégorie à la fois les limites de l’analysable et le vif de la clinique :
le réel, dans l’élaboration
lacanienne, nomme d’abord un registre
discordant impossible à ordonner avec le
discours de l’analyste, pour désigner
finalement ce dont se spécifie son objet.
On verra la dernière élaboration lacanienne tout
entière tendue par la référence au réel, qui
s’y découvre comme un impossible logique :
le réel situe la dimension extrasymbolique, intraitable par le signifiant,
sur laquelle se
règle néanmoins la fonction symbolique pour
opérer dans l’analyse.
L’impossible à saisir par le signifiant,
c’est ce
que relève ici J.-T. DESANTI en faisant valoir
que « cette fuite du réel accompagne l’élision
du sujet ».
La formulation du réel sous les espèces de
l’objet a et sa mise en fonction dans la topologie et le nœud borroméen forment la
pointe où JACQUES LACAN reconnaît son
avancée : « J’ai inventé ce qui s’écrit comme
le réel » (1976).
Le réel — qui est, au fond, ce qui questionne
la clinique — fait ici l’objet d’un questionnement par six psychanalystes, avec le concours d’un épistémologue, J.-T. DESANTI,
et d’un logicien, R. LAVENDHOMME.
E. LEMOINE en a rassemblé les résultats,
qu’elle nous présente dans ce recueil.
JEAN-MICHEL RIBETTES
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