Pierre Sonigo et Jean-Jacques Kupiec : Du nouveau en biologie

mercredi 14 avril 2010
par  P. Valas

Le dieu-singe

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Lacan disait qu’il fallait 10 ans à ses auditeurs pour comprendre ce qu’il élaborait.

On nous emmerdent encore avec le Génie Génétique.

Combien d’années faudra-t’il pour que les biologistes qui nous emmerdent avec leur « Génie génétique », depuis Crick et Watson, soit plus de 50 ans, se mettent sérieusement à la page ?

Cette page est celle présentée ici, écrite il y a 10 ans par Pierre Sonigo et Jean-Jacques Kupiec.

En décryptant, les premiers, le génome du virus HIV, ils ont ouvert la voie à une meilleure compréhension de son Fonctionnement.

Sortir du Sida ?

Collaborant étroitement avec eux, le Professeur Jacques Leibovitch (co-découvreur du virus du Sida), et son équipe, en l’hôpital Raymond Poincaré de Garches (Assistance Publique de Paris), ont affiné les traitements, de telle sorte qu’ils ouvrent l’espoir de sortir du Sida.

Les lobbies mandarinaux, et les laboratoires pharmaceutiques, sont-ils si puissant pour pouvoir dresser un tel mur d’ignorance et de bêtise, face aux travaux, de ces hommes de science ?

Pierre Sonigo, Jean-Jacques Kupiec, Jacques Leibovitch, je ne vous oublierai pas.

En effet les revues scientifiques, entre autres, The New England Journal of Medicine, The Lancet, Nature, qui disposent des plus gros budgets, sans doute parce qu’ils sont en lien avec l’industrie pharmaceutique, ne publient que très peu et sans doute même jamais, les avancées de ces travaux.

Il faut dire qu’elles sont occupées ailleurs.

Par les Neurosciences.

Si les choses n’étaient pas si graves, leurs travaux feraient sourire, au regard des formidables machines dont elles font usage, tant l’efficacité des applications cliniques de leurs trouvailles, sont dérisoires

La psychologisation forcenée de la vie quotidienne, oblige.

Il faut dire que les psychotropes ça se vend bien et même beaucoup.

Cependant, malgré les flons-flons, publicitaires, on n’a pas inventé une nouvelle molécule autre, que celles de la famille des psychotropes que nous connaissons depuis plus de 40 ans.

On a beau vouloir, faire sourire les dits déprimés, grossir les anorexiques, parler les autistes, maigrir les gros, « guérir », les bipolaires, dormir les insomniaques, arrêter de fumer les fumeurs, assécher les alcooliques, etc. Liste non-exhaustive, ça ne marche pas si bien que ça.

Et pendant ce temps-là, les psycho-somaticiens pullulent.

Parce que, pour la grande majorité, ils ignorent délibérement, et la médecine, et la psychanalyse.

Et ils ignorent aussi, le corps réel, mais pas celui de leurs élucubrations fantasmatiques.

Fausse révélation Par Pierre Sonigo et Jean-Jacques Kupiec, 2001, l’Humanité. (*)

Le contenu des chromosomes humains, « le livre de la vie », s’étale enfin sous nos yeux. Nous attendions une « révélation », et nous voilà bien déçus.

On nous promet la révélation pour plus tard, le temps de déchiffrer le prétendu livre.

Nous avons en grande partie les mêmes gènes qu’une mouche.

En attendant une lecture que l’on imagine aussi imprononçable que passionnante, les chromosomes ont révélé leurs premiers secrets : les races n’existent pas, nos chromosomes sont déserts, avec moins de 5 % de gènes utiles, le reste étant formé « d’ADN de pacotille », et nous avons en grande partie les mêmes gènes qu’une mouche.

Plus surprenant, les chromosomes nous enseignent que nous ne sommes pas déterminés par nos gènes.

Curieux renversement de situation…

De plus, ces données semblent ruiner les fondements de la génétique : si nous ne sommes pas déterminés par nos gènes, alors à quoi servent-ils ?

Si nous avons les gènes d’une mouche, pourquoi ne volons-nous pas en bourdonnant ?

Après tout, cela n’a guère d’importance puisque le génome nous promet de nouveaux médicaments, taillés sur mesure selon l’identité génétique de chacun.

Là encore, le scepticisme est de rigueur. Le chemin qui mène du gène au médicament est loin d’être tracé. À se demander même s’il existe.

Quelques exemples, bien douloureux : le premier gène du cancer a été identifié en 1976, ceux du virus du sida en 1985, le gène de la mucoviscidose en 1989.

Malheureusement, même si les gènes sont un outil de recherche précieux, les percées thérapeutiques attendues de ces découvertes n’ont toujours pas eu lieu.

Moralité : il ne suffit pas d’aligner les investisseurs et les gènes pour avancer.

La réflexion théorique et le débat d’idées deviennent nécessités vitales pour profiter pleinement du contenu de nos chromosomes.

Les gènes formeraient un programme, comme celui de nos ordinateurs, transmis des parents aux enfants et capable de créer la vie. Cela semble une évidence. Mais méfions-nous de telles évidences.

Personne n’est capable de définir clairement ce qu’est un gène ou d’expliquer comment il crée un organisme.

La génétique n’est qu’une théorie de l’hérédité.

Une théorie étrange qui repousse l’explication dans le monde moléculaire des gènes.

Ceci nous rappelle des errances antérieures de la biologie, qui aime à placer ailleurs de ce qu’elle ne parvient pas à régler ici et maintenant.

Les premiers naturalistes considéraient que l’arbre était là parce Dieu l’avait créé.

Cette conception ancienne du monde, où tout était écrit d’avance, interdisait la compréhension des grands équilibres naturels et des écosystèmes.

Il fallut attendre la révolution matérialiste de Darwin pour comprendre ces problèmes.

De la même manière, si on considère que l’organisme est créé par le programme génétique, la compréhension doit relever de la lecture des gènes et de la façon dont ils construisent l’organisme.

Si les voies des gènes sont impénétrables comme cela apparaît aujourd’hui, les équilibres observés dans notre organisme, dont dépendent la vie, la maladie et la mort, seront inaccessibles.

Les idées que nous développons dans Ni Dieu ni gène, inspirées par la théorie darwinienne de l’évolution et les modèles écologiques ou économiques, abordent la vie sans faire appel aux gènes à tout faire.

Un programme central omniscient comme le programme génétique est une illusion.

Rien de tel ne peut présider à la destinée des milliards d’individus microscopiques qui vivent en nous, que nous appelons cellules.

Nos cellules ne vivent pas pour nous faire vivre, sous les ordres d’un programme qui nous représente.

Elles vivent comme nous, pour vivre tout simplement.

Le globule blanc par exemple nous débarrasse des microbes, non pour nous « servir » mais parce que les microbes sont sa nourriture.

Nos cellules s’organisent autour de chaînes alimentaires, dont le pouvoir structurant est connu en écologie.

Finalement, il nous faut admettre que nous ne sommes ni l’objectif ni le centre de notre monde intérieur.

Notre vie repose sur une conjonction d’intérêts : elle se développe harmonieusement, autrement dit en bonne santé, lorsque l’intérêt des individus - ici les cellules - va dans le même sens que celui de leur communauté - ici l’organisme.

Pour résoudre des problèmes tels que le développement embryonnaire, le cancer, l’immunité, l’obésité, il devient possible d’appliquer à l’organisme les principes et les outils de l’écologie ou de l’économie.

La réciproque est vraie aussi. Il est possible que les économistes s’inspirent maintenant du développement embryonnaire ou du vieillissement pour comprendre les cycles de croissance et de régression économique.

(*) Jean-Jacques Kupiec est docteur en biologie, habilité à diriger des recherches ; Pierre Sonigo est directeur de recherche INSERM, et il a séquencé les gènes de nombreux virus, notamment ceux du virus du sida. Ensemble, ils ont publié récemment Ni Dieu ni gène, aux Éditions du Seuil.

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2 réactions

Dans la même rubrique Humanité du 16 février 2001.

Trop, c’est trop Un apartheid polymorphe ? Par Dominique Gontier (*)

Réactions -

Fausse révélation Par Pierre Sonigo et Jean-Jacques Kupiec (*)

Je pense que Chloé devrait relire tout ce que les généticiens nous ont raconté pendant un siècle lorsqu’ils expliquaient qu’ils avaient découvert le gène d’à peu près tous les traits possibles et imaginables.

On nous expliquait aussi que l’ADN contenait le « plan » ou le « progamme » de l’être adulte.

Au lieu de voir le problème sur le fond, elle se saisit d’une phrase, certes provocatrice, mais qui explique bien ce dont il retourne de manière imagée et humoristique.

Elle prend la mouche (si j’ose dire) pour caricaturer Sonigo et Kupiec . Et éviter de répondre à leurs critiques. Michel le 2 avril 2009 par Michel.

Fausse révélation Par Pierre Sonigo et Jean-Jacques Kupiec (*)

« Si nous avons les gènes d’une mouche, pourquoi ne volons-nous pas en bourdonnant ? »

Vous n’avez pas honte de dire des choses pareilles ?

je sais que l’Huma a pour vocation première de choquer pour faire réagir, mais là quand même !!

Cette phrase n’est fondée sur absolument aucune connaissance.

C’est stupide et ne sert à rien. Pire c’est dangereux pour ceux qui ne connaissent rien à la génétique et qui croient ce qui se dit dans les journaux (je fait partie de ces gens là sur bien d’autres sujets !).

Prenez votre métier de journaliste à cœur, ne dites pas n’importe quoi juste pour faire réagir les gens.

Je ne pense pas que ce commentaire passera le barrage de la modération, mais il y aura au moins quelqu’un qui lira ceci, et ça me suffit.

Bonne journée,
le 4 novembre 2008 par Chloé


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