Pas très catholique, Lacan ?
le dernier ouvrage de Jean-Louis Sous est disponible en libraire et sur le site des Editions Epel.
Dénonciations, reprises, détournements, résurgences, connivences et ricanements… Jacques Lacan n’a cessé d’en découdre avec le catholicisme.
Exemple : « Sachez que le sens religieux va faire un boom dont vous n’avez aucune espèce d’idée. Parce que la religion, c’est le gîte originel du sens. J’essaie d’aller là contre, pour que la psychanalyse ne soit pas une religion, comme elle y tend, irrésistiblement. »
À le suivre de près dans ce parcours de toute une vie,
Jean-Louis Sous laisse entrevoir un Lacan pas très catholique. Quoique.
JL Sous
JACQUES LACAN – Je vais vous dire la réflexion qu’en vous écoutant je me suis faite, à propos de la confesse, et de tout ce qui s’ensuit – à quelle prodigieuse végétation cela aboutit, avec Alphonse de Liguori, Suarez, le probabilisme ! Je pensais à un de mes analysants qui est un vrai catholique, mûri dans la saumure catholique, à un point qui n’est certainement égalé par personne ici, sans cela personne n’y serait.
En somme, un catholique vraiment formé dans le catholicisme est inanalysable.
Il n’y a aucun moyen de l’attraper par le bout de quelque oreille.
JACQUES ALAIN MILLER – Vous avez déjà exclu les Japonais de l’analyse…
JACQUES LACAN – J’ai déjà exclu les Japonais, bien sûr, mais c’était pour d’autres raisons.
Les vrais catholiques sont inanalysables parce qu’ils sont déjà formés par un
système auquel on a essayé de survivre avec l’analyse de Freud.
C’est en cela que Freud est un catholique timide, prudent. Il a fait passer là un courant d’air frais, mais en fin de compte son apport est du même principe, comme on le voit dans Malaise dans la civilisation : il retourne tout bonnement au fait qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
Il est quand même curieux, pour user d’un mot que vous avez employé, curious, que l’analyse soit la forme de survie dans le catholicisme.
On verra peut-être un jour un pape qui s’en apercevra et invitera tout le monde à se faire psychanalyser.
Mais pour les gens qui sont déjà formés, l’analyse, c’est sans espoir.
Peut-être, avec le temps, cela arrivera-t-il a s’évaporer.
1976-03-09 INTERVENTION De J.LACAN APRÈS L’EXPOSÉ DE J. AUBERT SUR J. JOYCE
Interventions lors des Conférences du « Champ freudien ». Analytica 4 (supplément au no 9 d’Ornicar ?), 1977, no 4, pp. 16-
18. Extraits de la discussion qui eut lieu après l’exposé de Jacques Aubert : « Galerie pour un portrait » aux « Conférences du Champ freudien ».