De l’association « Acte Psychanalytique ».

samedi 17 novembre 2018
par  P. Valas

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Contribution pour un texte de fondation.
13 juillet 2014, 00:50
Contribution au TEXTE DE FONDATION de l’association « Acte Psychanalytique »

A quelques uns, nous avons décidé le 7 juin 2004 de fonder une association de psychanalyse et de la nommer « Acte Psychanalytique ».

Cela faisant, nous savions - du moins la gageure, sinon l’impossibilité – dans laquelle nous allions nous engager, dans la mesure où le vocable « acte », à fortiori « acte psychanalytique », ne pouvant en aucun cas être substantivé, nous (dans le sens de quelques uns, du un à un mis en série) nous (dans le sens instituant) le fîmes notre (dans le sens institution) signifiant.

La logique qui sous-tend notre acte de fondation est analogue à celle qui structure le parcours de l’intension jusqu’à l’extension de la psychanalyse chez chaque un de nous.

Autrement dit, nous tenterons de mettre à l’épreuve du réel que constitue le groupe, et l’incessante tâche psychanalysante et le toujours en devenir du psychanalyste dans la mise en rapport de chaque un de nous aux autres….

Le parcours - cure personnelle, passe, devenir psychanalyste, travail à plusieurs psychanalystes…,- ne peut trouver son sens qu’avec l’idée selon laquelle l’on n’est jamais psychanalyste, et qu’il soit nécessaire de ne pas se départir du tranchant vif de ce qu’est la psychanalyse.

Que ce soit dans son travail individuel psychanalyste/psychanalysant ou le travail à plusieurs, la psychanalyse est sans cesse à inventer, par le biais du dispositif de la passe. Que celle-ci puisse demeurer le mode opératoire « charnière » de la tâche analysante toujours sur le qui vive.
En d’autres termes, y est à l’œuvre la mise en tension continue entre le non-rapport sexuel (« ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire ») et le rapport (dont résulte « ce qui cesse de ne pas s’écrire »).

C’est-à-dire : « […] conformément à la topologie du plan projectif, c’est à l’horizon même de la psychanalyse en extension […] que se noue le cercle intérieur que nous traçons comme béance de la psychanalyse en intension. » 1

Reprenant quelque part à notre compte l’analyse du 4è Groupe de la situation psychanalytique (plus précisément celle psychanalytico-institutionnelle) de l’époque, bien que lointaine, nous la trouvons toujours actuelle. Comme quoi, le progrès tant désiré, et justement aussi parce qu’il est désiré, reste par conséquent à l’horizon… à tout jamais !

Et pour semer encore plus de trouble dans notre esprit et en particulier dans notre volonté « instituante », ici et maintenant, cette analyse est d’autant plus fine et serrée, mettant le doigt précisément là où il est impossible de penser !

En l’occurrence, « Le phantasme scientifique d’une formalisation dernière de l’inconscient et de la libido, valable quels que soient les sujets en cause et en présence, n’en demeure pas moins commun à beaucoup d’analystes ; et ceci au détriment d’une discipline qui, à se chercher toujours plus dans ses extensions et ses " intensions " en perd de vue son champ propre, extra-territorial à tout autre. ».

Par ailleurs, ceci, à savoir « La psychanalyse n’est jamais le discours scientifique qui parle d’elle.
Elle n’est pas la méthodologie qui la rend possible. » met du moins en parallèle sinon en identité avec la fameuse « il n’y a pas d’Autre de l’Autre » ou « il n’y a pas de méta-langage » de Lacan.

Voilà en bref, mais vraiment très bref, les seuls quelques points que nous voudrions mettre en exergue parmi tant d’autres. Points que nous nous devrions ne pas oublier et auxquels nous nous référerons dans notre pari extrêmement audacieux de nous nommer« acte psychanalytique ».
Tel est le risque que nous consentons à encourir.

Prix nécessaire à payer pour être à la hauteur…du « psychanalyser » ?

Et enfin, le questionnement ultime que nous nous permettons de nous poser ici en paraphrasant Lacan, quand il avait dit qu’il fallait protéger la « psychanalyse » des « psychanalystes »… !?! (cf. entre autres, « Des canards » de J.Lacan, en annexe).

Juin 2007Joseph-Lê Ta Van

EN ANNEXE : Des canards (III)

Les psychanalystes n’aiment pas la violence, elle finirait même par les rendre furieux et pour un peu — mais il faudrait pour cela qu’ils soient des hommes ou des femmes d’action — ils se mettraient à cogner : tu es violent, eh bien, prends ça dans la poire, ça t’apprendra. Mais comme la violence est un échec de la parole, et que par ailleurs ils ne sont pas des hommes d’action, ils ne peuvent, rendus impuissants, que s’angoisser : Que faire ? gémissent-ils, sinon jeter une pelletée de sciure sur cette flaque malodorante, laissée par un malpropre. Il est sûrement dommage qu’avec sa pulsion de mort à tout faire, Freud ait fait l’économie d’une analyse plus fine de la violence. Car, chers petits canarades, ce n’est pas la mort qui est une violence, il suffit de se laisser faire, et c’est bien malheureusement ce que vous acceptez le plus souvent. Mais oui, canarades, rien n’est reposant que de se mortifier en répétant la bonne parole inscrite dans l’Autre, ce que j’ai appelé le tire-fesse : ça vous mène,somnolents, la promesse de la bonne piste qui, ultime hoquet, se révélera être noire. Mais, pointez dans le nœud borroméen, si vous vous réveillez, cette étrange jouissance de l’Autre qui, antipodique à la jouissance phallique, est la jouissance de la vie, comme je l’ai appelée. Qu’est-ce qu’elle est ? sinon justement la violence qui dérange le confort des places acquises et des lâchetés du faire semblant. La violence n’est pas l’échec de la parole mais sa vérité, la vérité que la parole entre un homme et une femme fait échec. Je comprends que vous préfériez les accommodements. Note : On continue de m’interroger pour savoir qui cacherait ce nom. Ces petits canards n’ont pas encore compris que c’est moi, Lacan, tel que je l’ai déposé en chacun de ceux que j’ai enseignés et qui, à l’occasion, gueule, de ne plus supporter de devoir se taire.
J.-M. Lacan

1 J.Lacan, « Proposition du 9 octobre 1967… », Autres écrits, p.256.


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