Thésaurus le symptôme dans les séminaires et les Écrits de Jacques Lacan

jeudi 2 avril 2009
par  P. Valas

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JLacan le symptôme

 

Je remercie Annie Staricky, l’équipe informelle, dont elle s’est entourée et qui a bien voulu apporter son soutien financier, et Carole Fisbach, pour la lecture des manuscrits et la frappe.
Elles ont ont permis la réalisation de ce Thésaurus.

THÉSAURUS
Le symptôme
dans les séminaires de Jacques Lacan (1978)

Établi par Patrick Valas

J’ai suivi à travers tous les séminaires de Jacques Lacan, la trace du concept de symptôme, en notant pour composer ce thésaurus, la citation complète et sa référence. Le lecteur pourra ainsi la retrouver dans son contexte.*

Patrick Valas

THÉSAURUS
I. Le symptôme (paru)
II. Le surmoi (paru)
III. La fin de l’analyse et la passe (paru)
IV. La perversion (paru)
V. L’amour et le transfert (à paraître)
VI. La femme
VII. La jouissance (paru)

* Nota : Pour faciliter le travail, j’ai donné ici la référence dans les textes publiés, il ne s’agit cependant pas d’une reproduction de ces textes, puisque ces citations sont faites à partir de notes personnelles. – Par ailleurs, la pagination correspond, pour certains séminaires, à des séminaires non publiés à l’époque où j’ai établi ce thésaurus : le point de repère est donc, de façon générale, celui de la date de la leçon.

THÉSAURUS SUR LE SYMPTÔME

Livre I, 1953-1954 : Les écrits techniques.

1. La soi-disant notion trouvée dans Anna Freud, que le moi serait structure comme un symptôme. (p.22 ; 13 janvier 1954).

2. La trouvaille de l’analyse… c’est d’avoir bien perçu le rapport problématique du sujet avec lui-même… et d’avoir mis ce rapport en conjonction avec le sens des symptômes. C’est le refus de ce sens par le sujet qui lui pose un problème. Ce sens ne doit pas lui être révélé, il doit être assumé par lui. (p.39 ; 27 janvier 1954).

3. Sur quoi, en somme, la découverte freudienne est-elle fondée ? – sinon sur cette appréhension fondamentale que les symptômes du névrosé révèlent une forme détournée de satisfaction sexuelle. La fonction sexuelle des symptômes, Freud l’a démontrée à propos des névrosés d’une façon toute concrète, par une série d’équivalences dont la dernière est une sanction thérapeutique. (p.137 ; 24 mars 1954).

4. Le retour du refoulé ? Si paradoxal que ce soit, ça ne vient pas du passé, mais de l’avenir. Pour vous faire une idée juste de ce qu’est le retour du refoulé dans un symptôme… (métaphore des disques en cybernétique)… Le symptôme se présente d’abord comme une trace effacée, c’est en s’en approchant qu’on en verra le sens. (p.181-182 ; 7 avril 1954).

5. Le trauma, en tant qu’il a une action refoulante, intervient après-coup, (voir l’Homme aux loups), ce sera comme non intégré, le premier noyau de ce qu’on appellera par la suite ses symptômes… Donc, entre la frappe (trauma) et le refoulement symbolique, il n’y a aucune différence essentielle. La seule différence c’est que personne n’est là pour lui donner le mot… Le refoulement commence, ayant constitué son premier noyau. Il y a maintenant un point central autour duquel pourront s’organiser par la suite les symptômes. (p.215 ; 19 mai 1954).

6. … dès l’origine, nous sommes, avec le symptôme et aussi bien avec toutes les fonctions inconscientes de la vie quotidienne, dans la dimension de la parole. (p.220 ; 19 mai 1954).

7. A l’intérieur de ce qu’on appelle associations libres, images du rêve, symptômes, se manifeste une parole qui apporte la vérité. (p.292 ; 30 juin 1954).

8. Cette parole, le sujet nous le dit non seulement par le verbe, mais par toutes ses autres manifestations. Par son corps même, le sujet émet une parole, qui est, comme telle, parole de vérité, une parole qu’il ne sait pas mais qu’il émet comme signifiante. (p.292 ; 30 juin 1954).

9. Ce que veut dire Freud quand il parle de la suspension du principe de contradiction dans l’inconscient, c’est que la parole véridique que nous sommes censés déceler par l’interprétation, dans le symptôme, dans le rêve, dans le lapsus, dans le Witz, obéit à d’autres lois que le discours, soumis à cette condition de se déplacer dans l’erreur jusqu’au moment où il rencontre la contradiction. La parole authentique a d’autres modes, d’autres moyens que le discours courant… structure de la… révélation… (p.293 ; 30 juin 1954).

10. L’expérience analytique est instaurée par les premières découvertes de Freud sur le trépied rêve, lapsus, trait d’esprit. Un quatrième élément est le symptôme, qui peut servir, non pas de verbum, puisqu’il n’est pas le fait de phonèmes mais de signum, sur la base de l’organisme. (p.308 ; 7 juillet 1954).

Livre II, 1954-1955 : Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse.

1. Une parole est matrice de la part méconnue du sujet, et c’est là le niveau propre du symptôme analytique… c’est celui du texte historique qui l’intègre. Il est dès lors certain que le symptôme ne cédera qu’à une intervention portée à ce niveau décentré. (p.58 ; 8 décembre 1954).

2. Le symptôme, quel qu’il soit, n’est pas proprement résolu quand l’analyse est pratiquée sans que soit mise au premier plan la question de savoir où doit porter l’action de l’analyste, quel est le point du sujet, si je puis dire, qu’il doit viser. (p.59 ; 8 décembre 1954).

3. En effet, la manifestation du processus primaire au niveau du moi, sous la forme du symptôme, se traduit par un déplaisir, une souffrance, et pourtant, elle revient toujours. (p.84 ; 12 janvier 1955).

4. La régression n’existe pas, c’est un symptôme qui doit être interprété comme tel. Il y a régression sur le plan de la signification et non pas sur le plan de la réalité. (p.128 ; 2 février 1955).

5. A propos des rapports d’identité du rêve et du symptôme – mise en jeu de la fonction symbolique, le rêve n’est qu’une partie de l’activité du sujet, le symptôme s’étale sur plusieurs champs. (p.149-150 ; 9 février 1955).

6. Il s’agit donc du rêve, mais aussi, en arrière-plan, du symptôme névrotique, dont la structuration s’avère la même – elle met en jeu la structure du langage en général, et plus précisément le rapport de l’homme au langage (soit la parole). (p.151 ; 16 février 1955).

7. Le surmoi, c’est ça, pour autant que cela terrorise effectivement le sujet, que ça construit en lui des symptômes efficaces, élaborés, vécus, poursuivis, et qui se chargent de représenter ce point où la loi n’est pas comprise du sujet mais jouée par lui. Ils se chargent de l’incarner comme telle, ils lui donnent sa figure de mystère. (p.158 ; 16 février 1955).

8. Ce que le sujet fait a un sens, il parle par son comportement comme par ses symptômes, comme par toutes les fonctions marginales de son activité psychique. (p.165 ; 2 mars 1955).

9. La coalescence de deux séries au moins de motivations est nécessaire à la production de toute formation symptomatique. L’une est sexuelle, l’autre est, selon le nom que nous lui donnons ici, symbolique. (p.166 ; 2 mars 1955).

10. (A propos du rêve d’Irma) : L’important, et ce rêve nous le montre, c’est que les symptômes analytiques se produisent dans le courant d’une parole qui cherche à passer. (p.191 ; 9 mars 1955).

11. A propos du désir dans le rêve des enfants : Freud n’en souligne pas moins que même à cette étape infantile, le désir du rêve comme du symptôme est un désir sexuel. Il n’en démordra jamais. (p.264 ; 19 mai 1955).

12. Il n’y a pas de résistance de la part du sujet. Il s’agit de délivrer l’insistance qu’il y a dans le symptôme. (p.266 ; 19 mai 1955).

13. D’abord dit Freud nous avons visé à la résolution du symptôme en donnant sa signification. (p.368 ; 29 juin 1955).

14. Parce que le symptôme est en lui-même, et de bout en bout, signification, c’est-à-dire vérité, vérité mise en forme. Il se distingue de l’indice naturel par ceci qu’il est déjà structuré en termes de signifié et de signifiant, avec ce que cela comporte, soit le jeu de signifiant. A l’intérieur même du donné concret du symptôme, il y a déjà précipitation dans un matériel signifiant. Le symptôme est l’envers d’un discours. (p.368 ; 29 juin 1955).

Livre III, 1955-1956 : Les structures freudiennes dans les psychoses.

1. Qu’est-ce que le refoulement pour le névrosé ? C’est qu’il fabrique cette langue avec ses symptômes, c’est-à-dire, si c’est un hystérique, un obsessionnel avec la dialectique imaginaire de lui et de l’autre. Vous voyez donc que le symptôme névrotique dans sa construction joue le rôle de la langue qui permet d’exprimer le refoulement. C’est bien ce qui nous fait toucher du doigt que le refoulement et le retour du refoulé sont une seule et même chose, l’envers et l’endroit d’un seul même processus. (à propos du type au dialecte : V, p.3 ; 14 décembre 1955).

2. C’est à partir du moment où nous connaissons l’importance dans la structuration des symptômes psychonévrotiques de la parole que nous avançons dans l’analyse. (V, p.3 ; 14 décembre 1955).

3. Mais la chaîne court toujours, c’est-à-dire que lorsque nous la refoulons de nos actes, de nos discours, de notre comportement, la chaîne continue à courir dans les dessous, c’est-à-dire à exprimer ses exigences, à faire valoir sa créance par l’intermédiaire du symptôme névrotique. (VII, p.18 ; 11 janvier 1956).

4. Je pense que vous vous souvenez de l’accent que j’ai mis sur cette fameuse aphonie (de Dora) qui ne se produit que les moments de tête-à-tête, et de confrontation, avec l’objet de son amour, et qui est certainement lié à ce moment-là à une érotisation très spéciale du rapport oral comme tel. (VIII, p.5 ; 18 janvier 1956).

5. Dans l’hystérie, les choses ne sont plus formulables, parce qu’elle sont formulées ailleurs dans les symptômes et il s’agit de relibérer ce discours. (IV, p.63 ; 7 décembre 1955).

6. Pour qu’il y ait symptôme, il faut au moins qu’il y ait duplicité, c’est-à-dire qu’au moins il y ait deux conflits en cause, un actuel, et un ancien, cela ne veut rien dire d’autre. En effet sans la duplicité fondamentale du signifiant et du signifié, il n’y a pas de déterminisme psychanalytique concevable. Le matériel lié au conflit ancien est conservé dans l’inconscient à titre de signifiant en puissance, de signifiant virtuel, pour être pris dans le signifié du conflit actuel et lui servir de langage c’est-à-dire de symptôme. (X, p.5 ; 1er février 1956).

7. Tout phénomène qui participe comme tel du champ analytique de la découverte analytique, de ce à quoi nous avons à faire dans le symptôme et dans la névrose nommément est structuré comme le langage. (XII, p.11 ; 14 mars 1956).

8. Ca veut dire que c’est un phénomène qui a toujours présenté cette duplicité essentielle du signifiant et du signifié. (XII, p.11 ; 14 mars 1956).

9. … distinction du signe et du signifiant. Trace de pas. (XII, p.12 ; 14 mars 1956).

10. L’aphonie survient parce que Dora est laissée directement en la présence de Madame K., à propos de quoi toute son expérience semble-t-il de ce qu’elle a pu entreprendre des relations entre son Père et Madame K. est liée à une appréhension d’un mode d’exercice de la sexualité qui dégage très certainement celui de la fellation. (XIII, p.5 ; 21 mars 1956).

11. Quant aux symptômes, c’est toujours une implication précisément de l’organisme humain dans quelque chose qui est structuré comme un langage. (XV, p.11 ; 11 avril 1956).

12. Nous savons bien naturellement que l’intérêt de la mise en jeu est signifiante dans le symptôme. (XXV, p.10 ; 4 juillet 1956).

Livre IV, 1956-1957 : La relation d’objet et les structures freudiennes.

1. A l’intérieur de cette symbolique du don, toutes sortes de choses peuvent être données en échange, tellement de choses peuvent être données en échange qu’en fin de compte c’est bien pour cela que nous avons tellement du phallus dans ce qui se passe effectivement dans les symptômes. (VII, p.28 ; 16 janvier 1957).

2. C’est en tant que Dora s’interroge sur ce que c’est d’être femme qu’elle s’exprime comme elle s’exprime par ses symptômes. Ces symptômes sont des éléments signifiants, mais pour autant que sous eux court un signifié perpétuellement mouvant qui est la façon dont Dora s’y implique et s’y intéresse. (VIII, p.31 ; 23 janvier 1957).

3. A propos de la grossesse symbolique de Dora, il est significatif que Dora voit le dernier retentissement de ce quelque chose à quoi elle reste nouée à M.K. Une fois de plus le symptôme n’est là qu’une métaphore, qu’une tentative de rejoindre ce qui est la loi des échanges symboliques avec l’homme auquel on s’unit ou se désunit. (VIII, p.32 ; 23 janvier 1957).

4. Le fétiche nous dit l’analyse est un symbole. A cet égard, il est presque mis d’emblée sur le même pied que tout autre symptôme névrotique, ça ne va pas tellement tout seul car il s’agit d’une perversion et non pas d’un névrose. (IX, p.9 ; 30 janvier 1957).

5. Nous ne voyons pas souvent ce qui est inscrit de la façon la plus évidente dans le texte, communiqué, articulé d’un symptôme aussi à fleur de signifiant, qu’est la phobie. (XIV, p.12 ; 20 mars 1957).

6. Les interventions de son Père… stimuler cette série de productions de Hans qui se présentent à nous comme difficilement séparables, quoique ordonnables, par rapport à son symptôme, c’est-à-dire à sa phobie. (XVI, p.1 ; 3 avril 1957).

7. La véritable fonction, et du symptôme et ses productions diversement qualifiées que l’on a résumé sous le nom de symptômes transitoires de l’analyse. (XVII, p.1 ; 10 avril 1957).

8. Dans le Petit Hans – le signifiant symptomatique est essentiellement constitué de telle sorte qu’il est de nature à recouvrir au cours du développement et de l’évolution, les signifiés les plus multiples. (XVII, p.4 ; 10 avril 1957).

9. Si la névrose est une question, nous comprenons les symptômes comme les éléments vivants de cette question articulée. (XXIV, p.7 ; 26 juin 1957).

Livre V, 1957-1958 : Les formations de l’inconscient.

1. Le « famillionnaire »… est quelque chose de tout à fait du même ordre que celui de la production d’un symptôme. (III, p.34 ; 20 novembre 1957).

2. … différence entre symptôme et mot d’esprit au niveau de l’enregistrement dans l’Autre. (III, p.40 ; 20 novembre 1957).

3. (à propos de « On bat un enfant »)… le registre dont j’essaie ici de montrer l’instance essentielle dans la formation des symptômes, c’est-à-dire l’intervention de la notion de signifiant. (XI, p.2 ; 22 février 1958).

4. C’est bel et bien à travers la nécessité éternelle de répéter le même refus que Freud nous montre le rôle dernier de tout ce qui de l’inconscient se manifeste sous la forme de la reproduction symptomatique. (XI, p.33 ; 22 février 1958).

5. La phobie est un symptôme dont le signifiant est un carrefour de significations. (XV, p.16 ; 26 mars 1958).

6. Ce que Freud essentiellement découvre, dans les symptômes quels qu’ils soient, qu’il s’agisse de symptômes pathologiques ou qu’il s’agisse de ce qu’il a interprété dans ce qui se présente de plus courant dans la vie normale, le lapsus, l’acte manqué, le mot d’esprit est toujours essentiellement un désir. (XVII, p.2 ; 16 avril 1958).

7. Il indique que dans le symptôme lui-même, il y a quelque chose qui ressemble à une satisfaction (comme dans le rêve comme la réalisation de désir) mais cette satisfaction, il me semble déjà que c’est assez marquer son caractère problématique puisque c’est bien en sorte, une sorte de satisfaction à l’envers. (XVII, p.3 ; 16 avril 1958).

8. Comprendre la portée de ce qu’apportait Freud quand il commençait à lire dans les symptômes de ses patients, dans ses propres rêves et quand il commençait de nous apporter cette notion de désir inconscient. (XVII, p.7 ; 16 avril 1958).

9. Ce que j’appelle ici un symptôme dans son sens le plus général, aussi bien le symptôme morbide, que le rêve, que n’importe quoi d’analysable, ce que j’appelle symptôme, c’est ce qui est analysable. Le symptôme se présente comme sous un masque. (XVII, p.12 ; 16 avril 1958).

10. Le symptôme est quelque chose qui va dans le sens de la reconnaissance d’un désir, mais ce symptôme en tant qu’il est là pour faire reconnaître le désir, c’est une reconnaissance qui ne vise personne, personne ne peut le lire – reconnaissance close du désir mais pas par un autre, parce que c’est un désir refoulé. (XVII, p.17 ; 16 avril 1958).

11. Dans le symptôme, et c’est cela que veut dire la conversion, le désir est identique à la manifestation somatique, qui est son endroit, comme il est son envers. (XVIII, p.3 ; 23 avril 1958).

12. La surdétermination du symptôme, elle est liée à l’existence des deux lignes signifiantes comme tel. (XX, p.23 ; 14 mai 1958).

13. C’est très précisément pour autant que nous reconnaissons la vérité incluse dans le symptôme que nous nous trouvons de ce fait collaborer avec la formation symptomatique. (XXIV, p.4 ; 18 juin 1958).

14. Le symptôme (s(A)) c’est un signifié, qui est loin d’intéresser seulement le sujet, c’est son histoire, toute son anamnèse qui est impliquée. (XXIV, p.15 ; 18 juin 1958).

15. Le symptôme n’est jamais simple, il est surdéterminé. Il n’y a pas de symptôme dont le signifiant ne soit apporté d’une expérience antérieure. (XXIV, p.20 ; 18 juin 1958).

Livre VI, 1958-1959 : Le désir et son interprétation.

1. Les symptômes que nous voyons décrits d’un bout à l’autre de la pensée de Freud, c’est l’intervention de l’Angoisse, si nous en faisons le point clé de la détermination des symptômes, mais pour autant que telle ou telle activité qui va entrer dans le jeu des symptômes est érotisée, disons mieux, c’est-à-dire prise dans le mécanisme du désir. (I, p.2 ; 2 novembre 1958).

2. Le point où… quelque chose du message au niveau du discours de l’Etre, vient déranger le message au niveau de la demande, ce qui est tout le problème du symptôme analytique. (II, p.3 ; 19 novembre 1958).

3. … les phénomènes disons métaphoriques, c’est-à-dire d’interférences du signifiant refoulé sur un signifiant latent qui constitue le symptôme. (III, p.3 ; 26 novembre 1958).

4. Le symptôme au niveau le plus profond de la névrose, c’est-à-dire pour autant qu’il intéresse de la façon la plus générale la portion du sujet, c’est cela qui mérite d’être articulé. (XXVI, p.8 ; 10 juin 1959).

5. Pour le névrosé… ce sont ses symptôme mêmes qui sont le lieu où il trouve sa jouissance, ces symptôme pourtant si peu satisfaisants en eux-mêmes. (XXVI, p.23 ; 10 juin 1959).

6. La métonymie du névrosé est essentiellement constituée par ceci (par rapport au phallus) c’est qu’il ne l’est à la limite, c’est-à-dire en un point qu’il atteindra dans la perspective fuyante de ses symptômes, que pour autant qu’il ne l’a pas, le phallus. (XXVI, p.20 ; 24 juin 1959).

Livre VII, 1959-1960 : L’éthique de la psychanalyse.

1. Le symptôme, c’est le retour par voie de substitution signifiante de ce qui est au but du Trieb, de la pulsion comme étant son but. (VIII, p.23 ; 20 janvier 1960).

Livre VIII, 1960-1961 : Le transfert dans sa disparité subjective, sa prétendue situation, ses excursions techniques.

1. Répondre à la demande de nourriture, à la demande frustrée en un signifiant nourrissant est quelque chose qui laisse éludé ceci, qu’au-delà de toute nourriture de la parole, ce dont le sujet a vraiment besoin c’est ce qu’il signifie métonymiquement, c’est ce qui n’est en aucun point de cette parole. Et donc chaque fois que vous introduisez, sans doute y êtes-vous obligés, la métaphore, vous restez dans la même voie qui donne consistance au symptôme. Sans doute un symptôme plus simplifié, mais encore un symptôme en tout cas par rapport au désir qu’il s’agirait de dégager. (XIV, p.24 ; 15 mars 1961).

Livre IX, 1961-1962 : L’identification.

R.A.S.

Livre X, 1962-1963 : L’angoisse.

1. L’acting-out c’est un symptôme qui se montre comme autre, lui aussi, (IX, p.23) la preuve c’est qu’il doit être interprété, vous savez que le symptôme ne peut pas être interprété directement, il y faut le transfert, soit l’introduction de l’Autre, mais le symptôme n’appelle pas l’interprétation comme l’acting-out… le symptôme dans son essence n’est pas appel, dis-je, à l‘Autre, il n’est pas ce qui montre à l’Autre, que le symptôme dans sa nature est jouissance, jouissance fourrée, sans doute. Le symptôme n’a pas besoin de vous comme l’acting-out, il se suffit. (IX, p.24 ; 23 janvier 1963).

2. Le symptôme de l’ordre de ce que je vous ai appris à distinguer du désir comme étant la jouissance… (IX, p.25 ; 23 janvier 1963).

3. Alors revenons sur l’acting-out. A la différence du symptôme, l’acting-out c’est l’amorce du transfert, le transfert sauvage. (IX, p.25 ; 23 janvier 1963).

4. Exemple d’un symptôme obsessionnel. (XXI, p.2, 3, etc.).

- fonction de (a) en tant qu’il se dévoile fonctionnant dès les données premières du symptôme en la dimension de la cause,

- c’est là ce qui fait que le symptôme, nous indique, dans son phénomène même que nous sommes au niveau le plus favorable pour lier la position de (a) autant aux rapport d’angoisse qu’aux rapports de désir. (XXI, p.12 juin 1963).

5. Pour que le symptôme sorte de l’état d’énigme qui ne serait pas encore formulée, le pas n’est pas qu’il se formule, c’est que, dans le sujet quelque chose se dessine dont le caractère est qu’il leur est suggéré qu’il y a cause à cela. (XXI, p.5 ; 12 juin 1963).

6. Si le symptôme est ce que nous disons, c’est-à-dire tout entier implicable dans ce processus de la constitution du sujet en tant qu’il a à se faire au lieu de l’Autre, l’implication de la cause dans l’avènement symptomatique fait partie légitime de cet avènement. Ceci veut dire que la cause, impliquée dans la question du symptôme, est littéralement une question, mais dont le symptôme n’est pas l’effet. Il en est le résultat. L’effet, c’est le désir. (XXI, p.14 ; 12 juin 1963).

Livre XI, 1963-1964 : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse.

1. Le refoulé primordial est un signifiant ; et ce qui s’édifie par-dessous pour constituer le symptôme, nous pouvons l’inscrire, le considérer comme échafaudage, toujours de signifiants. (XIV, p.161 ; 13 mai 1964).

2. Refoulé et symptôme sont homogènes et réductibles à des fonctions de signifiants. Leur structure, quoi qu’elle s’édifie par succession, comme tout édifice, est quand même, au terme, inscriptible en termes synchroniques. (XIV, p.161 ; 13 mai 1964).

Livre XII, 1964-1965 : Problèmes cruciaux pour la psychanalyse.

1. Le psychanalyste est en droit d’affirmer que certaines choses, les symptômes, au sens analytique du terme, qui n’est pas celui du signe mais d’un certain nœud dont la forme, le serrage, ni le fil n’ont jamais été proprement dénommés, qu’un certain nœud de signes avec les signes, et qui est proprement ce qui est au fondement de ce qu’on appelle le symptôme analytique – à savoir quelque chose d’installé dans le subjectif, qui d’aucune façon de dialogue raisonnable et logique ne saurait être résolu – ici, le psychanalyste affirme à celui qui en souffre, au patient, vous n’en serez délivré, de ce nœud, qu’à l’intérieur du camp. (I, p.2 ; 6 janvier 1965).

2. … ce qui fout le camp, ce sont les deux premières syllabes du mot Signorelli. Il le pointe (Freud), c’est ça qui a le plus grand rapport avec les symptômes… C’est au niveau du matériel signifiant que se produisent les substitutions, les tours de passe-passe, les escamotages auxquels on a affaire quand on est sur la voie du symptôme et de son dénouement. (I, p.5 ; 6 janvier 1965).

3. … s’exprimer d’une façon appropriée ce qui s’appelle la structure du symptôme. L’aphonie de Dora n’est reconnue, n’est reconnaissable, pour représenter le sujet Dora, que par rapport à ce signifiant qui n’a point d’autre statut que de signifiant, si on vise correctement le fonctionnement du symptôme, et qui s’articule, « seule avec elle », seule avec elle, c’est-à-dire madame K. Elle ne peut plus parler dans la fonction même où elle est seule avec elle, et l’aphonie représente Dora, non pas du tout auprès de madame K, avec qui elle parle même trop abondamment, mais quand elle est seule avec elle quand monsieur K est en voyage. La toux de Dora, où est-ce que Freud la repère ? Lisez le texte. Quand il y désigne un symptôme, c’est en fonction où cette toux prend fonction de signifiant, d’avertissement dirai-je, donné par Dora à quelque chose qui surgit à cette occasion et qui ne serait point surgi autrement. Il ne faudrait pas connaître le texte de Freud pour ne pas voir dans ce texte : autour du père fortuné, sans fortune, ce qui veut dire en allemand, puissance sexuelle. Quoi de plus signifiant que ce jeu de mot significatif ? Faute de quoi, la toux de Dora n’aurait pas le sens que Freud lui donne, qui est aussi celui de substitut que le couple de son père et de Madame K apporte à cette impuissance. Ce que Freud articule sans pousser les choses jusqu’à leur terme : du rapport génito-buccal. (XI, p.5 ; 5 mai 1965).

4. Ce qui nous permet de distinguer radicalement la fonction du symptôme, si tant est que, le symptôme, nous puissions lui donner son statut comme définissant le champ analysable. La différence d’un signe, d’une matité par exemple, qui nous permet de savoir qu’il y a hépatisation d’un lobe, et d’un symptôme au sens où nous devons l’entendre comme analysable… c’est qu’il y a toujours dans le symptôme l’indication qu’il est question de savoir. (XI, p.6 ; 5 mai 1965).

5. On n’a jamais assez souligné à quel point, dans la paranoïa, ce n’est pas seulement des signes… c’est le signe que quelque part on sait ce que veulent dire ces signes, que lui ne connaît pas. (XI, p.6 ; 5 mai 1965).

6. Dans la névrose, il est donné, impliqué dans le symptôme originel que le sujet n’arrive pas à savoir, et que le statut de la perversion est aussi lié étroitement à quelque chose, là, qu’on sait, mais qu’on ne peut faire savoir. (XI, p.6 ; 5 mai 1965).

7. L’indication définie, dans le symptôme lui-même, de cette référence du savoir, voilà d’où j’aimerais que parte une certaine révision à proprement parler nosologique. (XI, p.6 ; 5 mai 1965).

8. Le psychanalyste, d’abord, s’introduit comme sujet supposé savoir, est lui-même, reçoit lui-même, supporte lui-même le statut du symptôme. (XI, p.8 ; 5 mai 1965).

9. Un sujet est psychanalyste, non pas savant rempardé derrière des catégories dans lesquelles il essaie de se débrouiller pour faire des tiroirs dans lesquels il aura à ranger des symptômes psychotiques, névrotiques ou autres, mais pour autant qu’il entre dans le jeu du signifiant. (XI, p.8 ; 5 mai 1965).

10. Si le clinicien qui présente ne sait pas qu’une moitié du symptôme… c’est lui qui en a la charge, qu’il n’y a pas présentation du malade mais du dialogue de deux personnes et que, sans cette seconde personne il n’y aurait pas de symptôme achevé… celui qui ne part pas de là est condamné à laisser la clinique psychiatrique stagner dans les voies d’où la doctrine freudienne devrait l’avoir sortie. (XI, p.8 ; 5 mai 1965).

11. Le symptôme, il faut le définir comme quelque chose qui se signale comme un sujet qui sait que ça le concerne, mais qui ne sait pas ce que c’est. (XI, p.8 ; 5 mai 1965).

12. S’il y a Zwang, s’il y a quelque chose qui se manifeste de façon opaque dans le symptôme qui, littéralement contraint, en même temps qu’il divise le sujet. (XIV, p.2 ; 10 juin 1965).

13. Là où je pressens, je contourne, je devine tel écueil à la construction riche et complexe d’un symptôme, que ce que je montre comme un symptôme et qui prouve que je sais à quel obstacle a affaire à côté de cela mes pensées, mes fantasmes, se construit non seulement comme si je ne savais rien. Mais comme si je ne voulais rien en savoir. (XIV, p.9 ; 10 juin 1965).

14. La division du sujet et du symptôme, c’est l’incarnation de ce niveau où la vérité retrouve ses droits sous la forme de ce réel non-su qui est ce réel du sexe. (XIV, p.10 ; 10 juin 1965).

15. Dans notre expérience d’analyste c’est de ce rapport très particulier d’un sujet à son savoir sur lui-même qui s’appelle symptôme. (XV, p.5 ; 16 juin 1965).

16. Le symptôme fut-il en apparence celui de l’obsessionnel, nous n’avons que trop l’expérience qui ne prend sa pleine constitution que dans un certain rapport à l’autre, qui peut être quelquefois le premier temps de la psychanalyse, cette division à ce qui lui vient du côté du savoir. (XV, p.5 ; 16 juin 1965).

17. Il y a un certain nombre de positions subjectives bel et bien concrètes auxquelles nous avons à faire, bien que dans le symptôme on ne songe pas où chercher le savoir. (XV, p.11 ; 16 juin 1965).

18. L’hystérique charge un tiers de répondre à la demande de l’Autre pour elle, elle se soutient dans son désir comme insatisfait et c’est pour ça que c’est par la symptomatologie, l’évolution de l’hystérique que nous avons l’accès le plus rapide, mais qui du même coup le voile en partie au fait de la castration. (XV, p.11 ; 16 juin 1965).

Livre XIII, 1965-1966 : L’objet de la psychanalyse.

1. La praxis psychanalytique est littéralement le complément du symptôme et pourquoi pas ? (IV, p.56 ; 12 janvier 1966).

Mais après tout ne vacillez pas pour autant, cet aspect de relativisme du malade à son médecin, vous voudrez bien ne pas vous y précipiter car ce n’est pas cela que j’ai dit. (IV, p.56 ; 12 janvier 1966).

2. La difficulté d’être du psychanalyste tient à ce qu’il rencontre l’être du sujet à savoir : le symptôme, que le symptôme soit être de vérité, c’est ce à quoi chacun consent. (VIII, p.119 ; 20 avril 1966).

3. … même chez ceux qui l’embrouilleront je jetterai ceci : notre position devant le symptôme est celle-ci : un être de vérité. On voit dès lors ce qu’il coûte à l’être de savoir, de reconnaître les forme heureuses, à quoi il ne s’accouple que sous le signe du malheur de son patient. (VIII, p.119 ; 20 avril 1966).

4. Que cet être de savoir doive se réduire à n’être que le complément du symptôme, voilà ce qui fait horreur, à ce qu’à l’éviter, l’être de savoir en question fait jouer un ajournement infini au statut de la psychanalyse comme scientifique sentence. (VIII, p.119 ; 20 avril 1966).

5. … d’une bonne volonté évidente que c’est la façon dont le praticien pense qu’il fait le symptôme… c’est rester psychothérapeute de dire ça, ce n’est pas la vérité à laquelle nous nous affrontons, à savoir : que nous avons comme analystes, à prendre part dans le symptôme. (VIII, p.119 ; 20 avril 1966).

6. Je propose, j’indique que le problème de l’analyste est son implication dans le symptôme, qui se propose l’interroge comme être de vérité. … Je dis que le drame de l’analyste, c’est que forcément son être de savoir est infléchi, impliqué dans cette confrontation. (VIII, p.120 ; 20 avril 1966).

7. Le point nodal de ces deux versants du sujet, l’affrontement de la couture, l’être de savoir à l’être de vérité, c’est là la place où nous devons inscrire cette conjonction de l’un à l’autre qu’on appelle le symptôme, c’est le fondement plus essentiel à ne pas oublier. En lui-même le symptôme est jouissance. (VIII, p.139 ; 20 avril 1966).

8. Je pourrai vous rapporter le nombre de fois où Freud a mis en valeur l’équivalence de l’orgasme avec le symptôme. (IX, p.139 ; 27 avril 1966).

Livre XIV, 1966-1967 : La logique du fantasme.

(Fait à partir de N…, non revu par Lacan, mais qui m’a paru suffisamment rigoureux pour servir d’indicatif).

1. Dans le cas de l’Homme aux loups, la question de Freud sur la vérité de la scène, ne se réduit pas à la question de savoir, si oui ou non et à quel âge son patient a vécu quelque chose qui a été reconstruit à l’aide de la figure fondamentale de son rêve à répétition. L’essentiel est de savoir comment le sujet a pu articuler cette scène en signifiants, c’est-à-dire la vérifier en tout son être et par son symptôme. (II, p.9 ; 7 décembre 1966).

2. Le refoulé ne se supporte comme écrit qu’au niveau de son retour S X S’ ; qui le désigne en venant

S’ S

en liaison dans la chaîne avec ce qui a constitué son substitut. … Le S en tant qu’il ressurgit pour permettre le retour du refoulé S’, est ce à quoi nous avons affaire, et qui se trouve représenter le sujet de l’inconscient, au regard de quelque chose d’autre qui est le symptôme. (II bis, p.9 ; 14 décembre 1966).

3. … et cette vérité se fait reconnaître en ceci, qu’elle nous surprend et qu’elle s’impose, par exemple, quand elle se manifeste de façon énigmatique. (VII, p.37 ; 22 février 1967).

4. L’acting out, … il occupe la branche de l’alternative logiquement impossible à choisir (celle du « je ne suis pas ») ce qui l’apparente au symptôme comme manifestation de la vérité. (VII, p.38 ; 22 février 1967).

5. En face de l’acte analytique, l’acting out tient en effet une place à côté, différente justement, de celle tenue par le refoulement par rapport au symptôme. (VIII bis, p.51 ; 8 mars 1967).

6. Le rapport de l’inconscient, en tant qu’il parle, avec la vérité est tel que c’est dans le symptôme que sa parole se manifeste comme véridique, c’est-à-dire dans quelque chose qui « cloche » et qui surprend le savoir. (X, p.66 ; 19 avril 1967).

7. Cette vérité qui, au moins depuis le tournant marxiste, n’a d’autre forme que le symptôme, c’est-à-dire la signifiance des discordances entre le réel et ce pourquoi il se donne, le symptôme, ou si l’on veut, l’idéologie. (XII, p.83 ; 10 mai 1967).

8. C’est en ce lieu de l’Un troué que se noue tout symptôme, comportant pour cela, si étonnant qu’il nous paraisse, sa face de satisfaction. … Un symptôme est en effet plus satisfaisant qu’un roman policier. (XII, p.84 ; 10 mai 1967).

9. Entre le champ de l’Un et le champ de l’Autre, il n’y a aucun lien. C’est même pour cela que l’Autre, c’est aussi l’inconscient, c’est-à-dire que le symptôme, toujours plus chargé de ce qu’il contient de savoir, est coupé de sa vérité. (XII, p.85 ; 10 mai 1967).

10. Dans le registre où l’acte sexuel est questionné, soit dans le registre de l’affrontement au trou, le sujet, en effet, est mis en suspens par une série de modes de l’insatisfaction, à telle enseigne que la jouissance se propose comme indiscernable de ce registre de la satisfaction, nommément dans le symptôme, à propos duquel le problème est toujours de savoir comment un nœud de malaise et de souffrance constitue pourtant non seulement le lieu où se manifeste l’instance de la satisfaction suspendue, mais encore la place où se tient le sujet tendant vers la satisfaction. (XV, p.92 ; 14 juin 1967).

11. … symptôme qui est en lui-même une structure se présentant chaque fois identique, et qui aura pourtant une signification différente dans une phobie, dans une hystérie et dans une névrose obsessionnelle. (XV, p.108 ; 14 juin 1967).

12. La vérité du symptôme, c’est une sorte de béquille… celle de subvenir à la carence du désir pour autant que le désir est désirable quand il s’agit de l’acte sexuel. (XVI, p.123 ; 21 juin 1967).

Livre XV, 1967-1968 : L’acte psychanalytique.

1. Depuis que nous parlons de l’acte analytique, nous n’avons pas pu faire que de réévoquer les dimensions où se sont déployés nos repérages concernant la fonction du symptôme, par exemple quand nous l’avons mis en échec de ce qui est sachable, à savoir ce qui depuis toujours représente quelque vérité. (IV, p.3 ; 6 décembre 1967).

2. C’est parce que l’analyse est comme on en a plus ou moins l’expérience originelle cet artefact, ce quelque chose qui dans l’histoire n’apparaîtra peut-être qu’à partir d’un certain moment comme une espèce d’épisode extrêmement limité, de cas extrêmement particuliers d’une pratique qui s’est trouvée par hasard ouvrir un mode complètement différent des rapports d’acte entre les humains. (VII, p.9 ; 24 janvier 1967).

Livre XVI, 1968-1969 : D’un Autre à l’autre.

1. … la pratique de la psychanalyse, j’entends même pas comme charlatanisme. Entendez que la psychanalyse qu’ici j’indique, la question est de savoir si elle existe. C’est cela justement qui est en jeu. Mais d’autre part, il y a quelque chose par quoi elle s’affirme indiscutablement, elle est symptôme du point du temps où nous sommes parvenus, disons, dans ce mot provisoire que j’appellerai, comme ça, « la civilisation ». (II, p.3 ; 20 novembre 1968).

2. L’objet a est effet du discours analytique et, comme tel, ce que j’en dis n’est que cet effet même. Est-ce à dire qu’il n’est qu’artifice, créé par le discours analytique ? Là est le point que je désigne, qui est consistant avec le fond de la question telle que je la pose, quant à la fonction de l’analyste. Si l’analyste lui-même n’était pas cet effet, je dirais plus, ce symptôme qui résulte d’une certaine incidence dans l’Histoire, impliquant transformation du rapport du savoir avec ce fond énigmatique de la jouissance, du rapport du savoir en tant qu’il est déterminant pour la position du sujet, il n’y aurait ni discours analytique ni bien sûr révélation de la fonction de l’objet a. (III, p.2 ; 27 novembre 1968).

3. Je vous ai fait remarquer que l’enfer, ça nous connaît, c’est la vie de tous les jours. Chose curieuse, on le sait, on le dit, on ne dit même pas ça, mais ça se limite au discours, au discours à quelques symptômes bien entendu. Dieu merci, s’il n’y avait pas les symptômes, on ne s’en apercevrait pas, si les symptômes névrotiques n’existaient pas, il n’y aurait pas eu Freud, si les hystériques n’avaient pas déjà frayé la question, aucune chance que même la vérité pointe le bout de l’oreille, alors là je vais faire une petite station. (X, p.10 ; 5 février 1969).

4. On le sait, à quoi s’attache notre pratique, démarquer, dévoiler, ce qui là où nous avons affaire dans le symptôme démasque cette relation à la jouissance. (XXI, p.19 ; 21 mai 1969).

5. L’anti-anatomisme du symptôme hystérique qui a été suffisamment mis en relief par Freud lui-même, c’est à savoir, si un bras hystérique est paralysé c’est au titre de ce qu’il s’appelle bras et de rien d’autre. (XIV, p.9 ; 12 mars 1969).

Livre XVII, 1960-1970 : L’envers de la psychanalyse.

1. Au niveau du discours de l’Hystérique, il est bien clair que cette dominante nous la voyons apparaître sous la forme du « symptôme », que c’est autour du « symptôme » que se situe, que s’ordonne ce qu’il en est du discours de l’hystérique. Et certes, c’est là l’occasion de nous apercevoir que si cette place est la même, c’est peut-être pour ça qu’à une lumière, dont il ne suffit pas de dire que ce soit celle de l’époque pour en rendre raison, il se peut que cette place dominante soit en ce cas celle du symptôme ou quelque chose à porter, à nous faire questionner, comme étant celle du symptôme, la même place quand elle sert dans un autre discours. C’est bien en effet ce que nous voyons à notre époque : la Loi mise en question, comme symptôme. (II, p.5 ; 14 janvier 1970).

Livre XVIII, 1970-1971 : D’un discours qui ne serait pas du semblant.

1. Il est certain que s’il y a eu un moment où Freud était révolutionnaire, c’est dans la mesure où il mettait au premier plan une fonction qui est aussi celle, cela est le seul élément qu’il ait de commun d’ailleurs, qui est aussi cet élément qu’a apporté Marx, c’est à savoir de considérer un certain nombre de faits comme des symptômes. (II, p.2 ; 20 janvier 1971).

2. La dimension du symptôme c’est que ça parle. (II, p.2 ; 20 janvier 1971).

3. Cette promotion du symptôme, c’est là le tournant où nous vivons dans un certain registre qui, disons, s’est poursuivi ronronnant pendant des siècles autour du thème de la connaissance. (II, p.2 ; 20 janvier 1971).

Livre XIX, 1971-1972 : Ou pire/Le savoir du psychanalyste.

1. L’incompréhension de Lacan est-elle un symptôme ? (I, p.1 ; 2 décembre 1971).

2. L’incompréhension en analyse est considérée comme un symptôme. (I, p.2 ; 2 décembre 1971).

3. Par ce biais le symptôme a valeur de vérité. (I, p.2 ; 2 décembre 1971).

4. Le fait de traduire le symptôme en une valeur de vérité met en jeu le savoir de l’analyste par l’interprétation. (I, p.3 ; 2 décembre 1971).

5. Le symptôme a valeur de vérité, mais la réciproque n’est pas vraie. La vérité n’est pas séparable d’autres fonctions que la parole, raison de plus pour insister sur ceci que même à la réduire à la valeur de vérité, elle ne se confond pas avec le symptôme. (I, p.3 ; 2 décembre 1971).

6. Le symptôme s’articulait, dans la bouche des analystes, comme refus de la vérité, ceci n’avait aucun rapport avec cette équivalence à un seul sens symptôme/valeur de vérité. (I, p.3 ; 2 décembre 1971).

7. Il y a deux sens du symptôme ; comme valeur de vérité, c’est la fonction de vérité résulte de l’introduction à un temps historique. … Dans la cure, le symptôme a affaire à quelque chose qui est la traduction en paroles de sa valeur de vérité. (I, p.4 ; 2 décembre 1971).

8. Autre question : l’incompréhension mathématique, ça existe pour des jeunes gens, est-elle un symptôme ? (I, p.4 ; 2 décembre 1971).

9. L’incompréhension mathématique nous mène à cette idée que le symptôme de l’incompréhension mathématique c’est l’amour de la vérité pour elle-même qui le cautionne (p.5). … Ca n’a rien à faire avec cet être de refus de la vérité des analystes de tout à l’heure. (I, p.5 ; 2 décembre 1971).

10. A le répéter, tout simplement, ce bricolage, de façon inlassable, c’est ce qu’on appelle le symptôme à un certain niveau. (VI, p.45 ; 19 janvier 1972).

11. C’est l’inexistence de ce qui est au principe du symptôme, c’est sa consistance même au dit symptôme, … ce qui est au principe du symptôme, c’est à savoir l’inexistence de la vérité qu’il suppose quoi qu’il en marque la place. Voilà pour le symptôme en tant qu’il se rattache à la vérité qui le couvre. (VI, p.45 ; 19 janvier 1972).

1974 – le 31 octobre : Discours de Rome – La troisième.

1. Est-ce que la psychanalyse est un symptôme ? … j’appelle symptôme ce qui vient du réel. Ça veut dire que ça se présente comme un petit poisson dont le bec vorace ne se referme qu’à se mettre des vers sous la dent… dès lors où ça fait le proliférer… ou alors il en crève. (p.185).

2. Le sens du symptôme n’est pas celui dont on le nourrit pour sa prolifération ou extinction, le sens du symptôme c’est le réel, le réel en tant qu’il se met en croix pour empêcher que marchent les choses au sens où elle rendent comptent d’elles-mêmes de façon satisfaisante au moins pour le maître. (p.186).

3. Le sens du symptôme dépend de l’avenir du réel, donc comme je l’ai dit à la conférence de presse, de la réussite de la psychanalyse. Ce qu’on lui demande, c’est de nous débarrasser et du réel et du symptôme. (p.186).

4. Mais si la psychanalyse donc réussit, elle s’éteindra de n’être qu’un symptôme oublié, c’est le destin de la vérité. (p.186).

5. Il faut donc que la psychanalyse échoue. (p.186).

6. Ne pas être entendu au sens où la psychanalyse est un symptôme social. (p.187).

7. Il n’y a qu’un symptôme social, chaque individu est réellement un prolétaire c’est-à-dire n’a nul discours de quoi faire lien social autrement dit semblant. (p.187).

8. Quand ils sont saisis d’angoisse les savants,… c’est bien le symptôme type de tout avènement du réel. (p.188).

9. Ce qu’il faut faire pour traiter un symptôme… jouer sur l’équivoque, pour ne pas nourrir le symptôme de sens. (p.193).

10. C’est que le déchiffrage se résume à ce qui fait le chiffre, à ce qui fait que le symptôme, c’est quelque chose qui, avant tout, ne cesse pas de s’écrire du réel, et qu’aller à l’apprivoiser jusqu’au point où le langage en puisse faire équivoque, c’est là par quoi le terrain est gagné qui sépare le symptôme de ce que je vais vous montrer sur mes petits dessins, sans que le symptôme se réduise à la jouissance phallique. (p.194).

11. Le patient ne veut plus être conforme à l’être social… c’est ça qu’il a perçu comme symptôme, symptomatique du réel, de s’en plaindre. (p.194).

12. A nourrir le symptôme de sens on ne fait que lui donner continuité de subsister. (p.200).

13. Le symptôme est irruption de cette anomalie en quoi consiste la jouissance phallique. (p.200).

14.… c’est en tant que dans l’interprétation… équivoque, réduction du sens, que quelque chose peut reculer du champ du symptôme, sauf l’impossible réduction de l’Urverdrang. (p.200).

15. Nous n’arriverons pas vraiment à faire que le gadget ne soit pas un symptôme… la voiture c’est une fausse femme. (p.203).

Livre XX, 1972-1973 : Encore.

1. La rencontre chez le partenaire des symptômes, des affects, de tout ce qui chez chacun marque la trace de son exil, non comme sujet, mais comme parlant, de son exil du rapport sexuel. (p.132 ; 26 juin 1973).

Livre XXI, 1973-1974 : Les non-dupes errent.

1. Ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, entendez ce qui se répète. C’est toujours le même symptôme, ça tombe dans le même godant. (p.377 ; 13 février 1974).

Livre XXII, 1974-1975 : R.S.I.

1. Comme analyste je ne peux tenir la grève que comme un symptôme au sens où peut-être cette année j’arriverai peut-être à vous en convaincre que le symptôme c’est du réel. (19 novembre 1974).

2. D’ennuyeux c’est que c’est un symptôme organisé, c’est ça qui est mauvais au moins du point de vue de l’analyste. (p.10 ; 19 novembre 1974).

3. C’est comme symptôme que nous identifions ce qui se traduit dans le champ du réel. La notion de symptôme a été introduite bien avant Freud par Marx, comme signe de ce qui ne va pas dans le réel. Ça nous sommes d’opérer sur le symptôme, c’est qu’il est l’effet du symbolique dans le réel. (Ornicar 2, p.96 ; 10 décembre 1974).

4. Je peux avancer que l’inconscient est ce qui répond du symptôme. Dès lors nous le verrons, il peut être responsable de sa réduction. (Ornicar 2, p.96 ; 10 décembre 1974).

5. Je dirai que la corde devient ainsi le symptôme de ce en quoi consiste le symbolique. (Ornicar 3, p.104 ; 21 janvier 1975).

6. Le terme de symptôme est ce qui de la consistance fait métaphore le plus simple. (Ornicar 3, p.104 ; 21 janvier 1975).

7. Ce qui se ne cesse pas de s’écrire dans le symptôme relève de là… l’important est ici la référence à l’écriture pour situer la répétition du symptôme tel qu’il se présente dans ma pratique rapprochant le symptôme des points de suspension. (Ornicar 3, p.107 ; 21 janvier 1975).

8. Qu’est-ce qu’une femme ? … c’est un symptôme. (Ornicar 3, p.108 ; 21 janvier 1975).

9. La faire symptôme, cette femme, c’est de ce que la jouissance phallique est aussi bien son affaire, contrairement à ce qui se raconte. (Ornicar 3, p.109 ; 21 janvier 1975).

10. Je dis la fonction du symptôme. f(x)-x c’est ce qui de l’inconscient peut se traduire par une lettre. (Ornicar 3, p.107 ; 21 janvier 1975).

11. Père-version, seule garantie de sa fonction de père, laquelle est la fonction de symptôme. (Ornicar 3, p.108 ; 21 janvier 1975).

12. Au regard de ce dont il s’agit dans sa fonction de symptôme, elle est tout à fait au même point que son homme. (Ornicar 3, p.109 ; 21 janvier 1975).

13. Les points de suspension du symptôme sont en effet des points, si je puis dire, interrogatifs dans le non-rapport. C’est ce qui justifie cette définition que je vous donne, que ce qui constitue le symptôme, ce quelque chose qui se bécote avec l’inconscient, c’est qu’on y croit. (Ornicar 3, p.109 ; 21 janvier 1975).

14. Quiconque vient nous présenter un symptôme y croit. C’est parce qu’il croit que le symptôme est capable de dire quelque chose, et qu’il faut seulement le déchiffrer. (Ornicar 3, p.109 ; 21 janvier 1975).

15. La différence est pourtant manifeste entre y croire, au symptôme ou le croire, c’est la différence entre la névrose et la psychose. Dans la psychose les voix, non seulement le sujet y croit, mais il les croit. Tout est là dans cette limite. (Ornicar 3, p.110 ; 21 janvier 1975).

16. J’ai introduit aujourd’hui en rapport avec des points de suspension qu’une femme est un symptôme. (Ornicar 3, p.110 ; 21 janvier 1975).

17. Le symptôme reflète dans le réel le fait qu’il y a quelque chose qui ne marche pas où ? Pas dans le réel bien sûr, mais dans le champ du réel. (Ornicar 4, p.105 ; 18 février 1975).

18. Il y a cohérence, consistance entre le symptôme et l’inconscient. Je définis le symptôme pas la façon dont chacun jouit de l’inconscient en tant que l’inconscient le détermine. (Ornicar 4, p.106 ; 18 février 1975).

19. L’origine de la notion de symptôme n’est pas à chercher dans Hippocrate mais dans Marx, dans la liaison qu’il fait le premier entre le capitalisme et quoi, le bon vieux temps, ce qu’on appelle le temps féodal. Le capitalisme est considéré comme ayant des effets somme toute, bénéfiques, puisqu’il a l’avantage de réduire à rien l’homme prolétaire, grâce à quoi il réalise l’essentiel de l’homme d’être dépouillé de tout, et d’être le messie du futur. Telle est la façon dont Marx analyse la notion de symptôme. Il donne bien sûr d’autres symptômes, mais la relation de cela avec une foi en l’homme est incontestable. (Ornicar 4, p.106 ; 18 février 1975).

20. Si nous ne faisons pas de l’homme quoi que ce soit qui véhicule un futur idéal, si nous le déterminons de la particularité dans chaque cas de son inconscient, et de la façon dont il en jouit, le symptôme reste à la même place où l’a mis Marx, mais il prend un autre sens. Non pas symptôme social mais symptôme particulier, sans doute les symptômes particuliers ont-ils des types. Le symptôme de l’obsessionnel n’est pas le symptôme de l’hystérique. (Ornicar 4, p.106 ; 18 février 1975).

21. Pour l’obsessionnel, il y a un symptôme très particulier. Personne n’a la moindre appréhension de la mort… Pour l’obsessionnel la mort est un acte manqué. (Ornicar 4, p.106 ; 18 février 1975).

22.… à propos du nœud borroméen… est-ce que j’y crois ? J’y crois dans le sens où ça m’affecte comme symptôme. J’ai déjà dit ce que le symptôme doit à l’y croire, ce à quoi je m’essaie, c’est à donner à ce j’y crois une autre forme de crédibilité. (Ornicar 5, p.33 ; 18 mars 1975).

Joyce le symptôme. (Symposium du 3 juin 1975).

1. Joyce le symptôme, à entendre comme Jésus la Caille c’est son nom. (p.1).

2. Je nomme, que ça fasse jeune homme est une retombée d’où je ne veux retirer qu’une seule chose. c’est que nous sommes z’hommes. (p.1).

3. L’homme a un corps, il parle avec son corps… pas étonnant qu’il n’y touche qu’en tant que symptôme. Joyce le symptôme pousse les choses de son artifice au point qu’on se demande s’il n’est pas Le Saint, le saint homme. (p.2).

4. Joyce… pas un saint homme tout simple, mais le symptôme typé. (p.2).

5. Laissons le symptôme à ce qu’il est : un événement de corps, lié à ce que l’on l’a, l’a de l’air, l’on l’aire de l’on l’à, ça se chante à l’occasion et Joyce s’en prive pas. (p.4).

6. Ainsi des individus qu’Aristote prend pour des corps, peuvent n’être rien, que symptômes eux-mêmes relativement à d’autres corps. Une femme par exemple, elle est symptôme d’un autre corps. (p.4).

7. Si ce n’est pas le cas, elle reste symptôme dit hystérique, on veut dire par là dernier, soit paradoxalement que ne l’intéresse qu’un autre symptôme, il ne se range donc qu’avant dernier et n’est de plus pas privilège d’une femme quoi qu’on comprenne bien à mesurer le sort de LOM comme parlêtre, ce dont elle se symptomatise. C’est des hystériques, hystériques symptômes de femmes, (Pas toutes comme ça sans doute puisque c’est de n’être pas toutes comme ça) qu’elles sont notées d’être des femmes chez LOM, soit de l’on la c’est des hystériques symptômes que l’analyse a pu prendre pied dans l’expérience. (p.4).

8. Socrate, parfait hystérique, était fasciné du seul symptôme, saisi de l’autre au vol. (p.4).

9. Le symptôme hystérique, je résume, c’est le symptôme pour LOM, d’intéresser au symptôme de l’autre comme tel : ce qui n’exige pas le corps à corps. Le cas de Socrate le confirme exemplairement. (p.4).

10. Joyce ne se tient pour femme à l’occasion que de s’accomplir en tant que symptôme. Idée bien orientée quoique ratée dans sa chute. Dirai-je qu’il est symptomatologie. (p.4).

11. Je suis assez maître de la langue, celle dite française, pour y être parvenu moi-même ce qui fascine de témoigner de la jouissance propre au symptôme. Jouissance opaque d’exclure le sens. (p.5).

Livre XXIII, 1975-1976 : Le sinthome.

1. Le sinthome est une façon d’écrire ce qui a été ultérieurement symptôme. (Ornicar 6, p.3 ; 18 novembre 1975).

2. Le mais pas ça, et c’est ce que j’introduis sous mon titre de cette année comme le sinthome. (Ornicar 6, p.5 ; 18 novembre 1975). (tout mais pas ça, c’était bien la position de Socrate).

3.… être hérétique de la bonne façon, celle qui d’avoir bien reconnu la nature du sinthome ne se prive pas d’en user logiquement, c’est-à-dire jusqu’à atteindre son réel. (Ornicar 6, p.6 ; 18 novembre 1975).

4. En fin de compte, nous n’avons que ça, comme arme contre le symptôme, l’équivoque… consiste à jouer de cette équivoque qui pourrait libérer le sinthome. Car c’est uniquement par l’équivoque que l’interprétation opère. (Ornicar 6, p.7 ; 18 novembre 1975).

5. Il faut dès lors supposer tétradique le lien borroméen – le quatrième en l’occasion c’est le sinthome – perversion ne veut dire que version vers le père, le Père n’est en somme qu’un sinthome ou symptôme. (Ornicar 6, p.9 ; 18 novembre 1975).

6. L’ex-sistence du symptôme est impliqué par la position même, par le lien de l’imaginaire du symbolique et du réel énigmatique. (Ornicar 6, p.9 ; 18 novembre 1975).

7. Le complexe d’Œdipe est comme tel un symptôme. C’est en tant que le Nom-du-Père est aussi le Père du nom, que tout se soutient, ce qui ne rend pas moins nécessaire le symptôme. (Ornicar 6, p.9 ; 18 novembre 1975).

8. En quoi l’artifice, l’art peut-il viser expressément ce qui se présent d’abord comme symptôme ? En quoi l’art, l’artisanat peut-il déjouer ce qui s’impose du symptôme à savoir ce que j’ai figuré dans mes tétraèdres comme la vérité ? (Ornicar 6, p.10 ; 18 novembre 1975).

9. S2 se représente de la duplicité du symbole et du symptôme, S2 là est l’artisan pour la conjonction de deux signifiants est capable de produire l’objet a. (Ornicar 6, p.10 ; 18 novembre 1975).

10. En ce sens on peut dire que dans l’articulation du symptôme au symbole, il n’y a qu’un faux trou. … mais s’agissant du symbole et du symptôme, ce qui fait trou, c’est l’ensemble lié l’un sur l’autre de ces deux cercles. (Ornicar 6, p.10 ; 18 novembre 1975).

11. … quand je dis que l’art peut même atteindre le symptôme. (Ornicar 6, p.18 ; 9 décembre 1975).

12. Au regard de ces trois, le quart sera ce que j’énonce cette année comme le sinthome. R.S.I

(Ornicar 7, p.6 ; 16 décembre 1975). S.I.R

I.R.S.

sinthome

13. Je lis que le Sinthome se relie à l’inconscient et que l’imaginaire se lie au réel. (Ornicar 7, p.7 ; 16 décembre 1975).

14. Stephen c’est Joyce en tant qu’il déchiffre sa propre énigme. Il ne va pas loin parce qu’il croit à tous ces symptômes. (Ornicar 7, p.14 ; 13 janvier 1976).

15. Ulysses, c’est le témoignage de ce par quoi Joyce reste enraciné dans son père tout en le reniant, et c’est bien ça qui est son symptôme. J’ai dit de Joyce qu’il était le symptôme. Toute son œuvre en est un long témoignage. Exiles, c’est l’approche de ce qui est pour lui le symptôme central, le symptôme fait de la carence propre au rapport sexuel. (Ornicar 7, p.15 ; 13 janvier 1976).

16. Pour obtenir un sens – ce qui est l’objet de la réponse de l’analyste à l’exposé par l’analysant tout au long de son symptôme. Quand nous faisons cette épissure (entre le symbolique et l’imaginaire), nous en faisons du même coup une autre, entre ce qui est symptôme et réel. Par quelque côté nous apprenons à l’analysant à faire épissure entre son symptôme et le Réel, parasite de la jouissance, c’est ce qui caractérise notre opération. Rendre cette jouissance possible, c’est la même chose que ce que j’écrirai joui-sens, c’est la même chose que d’ouïr un sens. C’est de suture et d’épissure qu’il s’agit dans l’analyse. (Ornicar 7, p.16 ; 13 janvier 1976).

17. Ce que pour la première fois j’ai défini comme un sinthome, est ce qui permet au Symbole, à l’Imaginaire et au Réel de tenir ensemble. (Ornicar 8, p.15 ; 17 février 1976).

18. Joyce a un symptôme qui part de ceci que son Père était radicalement carent. (Ornicar 8, p.19 ; 17 février 1976).

19. Le sinthome est à la place même où le nœud rate, où il y a lapsus du nœud. (Rapport du lapsus – de l’inconscient – du sinthome). (Ornicar 8, p.19 ; 17 février 1976).

20. L’art de Joyce est tellement particulier que le terme sinthome est bien celui qui lui convient. (Ornicar 8, p.15 ; 17 février 1976).

21. J’ai examiné un cas de folie assurément, qui a commencé par le sinthome : paroles imposées. (Ornicar 8, p.15 ; 17 février 1976).

22. … Si vous placez le sinthome au point même où le lapsus s’est produit, ou si vous corrigez dans les deux autres points du nœud à trois par un sinthome… il n’en reste pas moins que ce qui résulte de la compensation par le sinthome diffère. (Ornicar 8, p.19 ; 17 février 1976).

23. Au niveau du sinthome il n’y a pas équivalence sexuelle, c’est-à-dire il y a rapport. En effet si nous disons que le non-rapport relève de l’équivalence, c’est dans la mesure où il n’y a pas équivalence que se structure le rapport. Il n’y a rapport que là où il y a sinthome. C’est du sinthome qu’est supporté l’autre sexe. Je me suis permis de dire que le sinthome est le sexe auquel je n’appartiens pas c’est-à-dire une femme. Une femme est pour tout homme un sinthome. Pour ce qu’il en est de l’homme pour une femme, il faut trouver un autre nom, puisque le sinthome se caractérise de la non équivalence. L’homme c’est pour une femme tout ce qui vous plaira, une affliction pire qu’un sinthome, un ravage même. (Ornicar 8, p.20 ; 17 février 1976).

24. Tout ce que j’entends sur le divan… montre qu’il y a un lien étroit à définir entre le sinthome et le réel de l’inconscient, si tant est que l’inconscient soit réel. (Ornicar 8, p.20 ; 17 février 1976).

25. Comment savoir si l’inconscient est réel ou imaginaire ? Il participe d’une équivoque entre les deux, et nous y sommes engagés, et ce à titre de sinthome. (Ornicar 8, p.20 ; 17 février 1976).

26. C’est en tant que le sinthome fait avec le symbolique un faux trou, qu’il y a une pratique, un dire, l’art-dire aussi bien l’ardeur. Joyce ne savait pas qu’il faisait le sinthome. (9 mars 1976).

27. Il n’y a pas de meilleure preuve que Joyce que l’inconscient collectif est un symptôme – sinthome … Il sait y faire, c’est le sinthome tel qu’il n’y a rien à faire pour l’analyser. (Ornicar 9, p.38 ; 16 mars 1976).

28. Le réel est ma réponse symptomatique à Freud… mais la réduire (la réponse) à être symptomatique c’est aussi réduire toute invention au symptôme. (Ornicar 10, p.8 ; 13 avril 1976).

29. Le réel étant dépourvu de sens, je ne suis pas sûr que le sens de ce réel ne pourrait pas s’éclairer d’être tenu pour rien de moins que symptôme. (Ornicar 10, p.9 ; 13 avril 1976).

30. … ce n’est pas la psychanalyse qui est un symptôme c’est le psychanalyste. (Ornicar 10, p.9 ; 13 avril 1976).

31. Vous vous êtes certainement aperçu qu’il fallait que je baisse le symptôme d’un cran pour considérer qu’il était homogène à l’élucubration de l’inconscient. (Ornicar 10, p.12 ; 13 avril 1976).

32. Et qu’il se figure comme noué avec lui, j’ai réduit le symptôme à répondre non pas à l’élucubration de l’inconscient mais à la réalité de l’inconscient. (Ornicar 10, p.12 ; 13 avril 1976).

33. … mais si le symptôme est considéré comme l’équivalent du réel… l’Imaginaire, le corps, ce qui tient séparé l’ensemble constitué par le nœud du symptôme et du Symbolique. (Ornicar 10, p.12 ; 13 avril 1976).

34. Votre cigare tordu est-il symptôme de votre Réel ? … certainement mon cigare a le plus étroit rapport avec la question que j’ai posée sur la droit, également tordue. (Ornicar 10, p.12 ; 13 avril 1976).

35. A l’Imaginaire et au Symbolique, c’est-à-dire à des choses qui sont très étrangères l’une à l’autre, le Réel apporte l’élément qui peut les faire tenir ensemble. C’est là quelque chose dont je peux dire que je le considère comme rien de plus que mon symptôme, c’est ma façon à moi de porter l’élucubration freudienne, au second degré, de porter le symptôme lui-même au deuxième degré. (Ornicar 10, p.7 ; 13 avril 1976).

36. Je parle du Réel comme impossible dans la mesure où je crois justement que le Réel – si c’est mon symptôme, dites-le moi – et il faut bien le dire, sans loi. (Ornicar 10, p.11 ; 13 avril 1976).

Livre XXIV, 1976-1977 : L’insu que sait de l’une bévue s’aile à mourre.

1. A quoi s’identifie-t-on à la fi d’une analyse… est-ce que ce serait ou non s’identifier tout en prenant ses garanties d’une espèce de distance à son symptôme. (Ornicar 12-13, p.6 ; 18 novembre 1976).

2. J’ai avancé que le symptôme peut être le partenaire sexuel… à savoir que le symptôme, pris dans ce sens, c’est ce qu’on connaît, et même ce qu’on connaît de mieux. (Ornicar 12-13, p.6 ; 18 novembre 1976).

3. Dès lors que veut dire connaître ? Connaître son symptôme veut dire savoir faire avec, savoir le débrouiller, le manipuler – ce que l’homme sait faire avec son image, correspond par quelques côtés à cela, et permet d’imaginer la façon dont on se débrouille avec le symptôme. (Ornicar 12-13, p.6 ; 18 novembre 1976).

4. Savoir y faire avec son symptôme, c’est là la fin de l’analyse, il faut reconnaître que c’est court. (Ornicar 12-13, p.7 ; 18 novembre 1976).

5. En fin de compte, je suis un hystérique parfait, c’est-à-dire sans symptômes sauf de temps en temps cette erreur de genre. (Ornicar 12, p.12 ; 14 décembre 1976).

6. Pour le nœud borroméen à quatre, le quatrième terme c’est le symptôme. Le Symbolique est ce qu’il faut penser comme signifiant, le signifié étant le symptôme, comme tel distinct du corps à savoir l’Imaginaire. (Ornicar 15, p.8 ; 18 janvier 1977).

7. L’inconscient est ce qui réduit ce que j’appelle le Symptôme (le sinthome). (Ornicar 7, p.167 ; 15 février 1977).

8. Le symptôme est réel, c’est même la seule chose vraiment réelle, c’est-à-dire qui conserve un sens dans le Réel, c’est bien pour cette raison que le psychanalyste peut, s’il a de la chance, intervenir symboliquement pour le dissoudre dans le Réel. (Ornicar 17, p.9 ; 15 mars 1977).

9. J’ai mal au dos, ce qui ne m’aide pas à tenir debout, mais quand je suis assis j’ai aussi mal. Ce n’est pas une raison, parce qu’on ne sait pas ce qui est intentionnel, pour qu’on élucubre ce qui est censé l’être. (Ornicar 17, p.11 ; 19 avril 1977).

10. La raison ne répète des choses qu’à tourner en rond. Pour dire les choses, elle répète le symptôme. Et le fait qu’aujourd’hui je me suis présenté devant vous avec un symptôme physique n’empêche pas que vous pouvez vous demander à juste titre si ça n’est pas intentionnel, si je n’ai pas abondé dans une telle connerie de comportement que mon symptôme, tout physique qu’il soit, soit néanmoins par moi voulu. Il n’y a aucune raison de s’arrêter dans cette extension du symptôme. Qu’on le veuille ou non c’est quelque chose de suspect. (Ornicar 17, p.13 ; 19 avril 1977).

11. Ce que, j’ai défini comme ne cessant pas de s’écrire, à savoir le symptôme, y est un obstacle, ce que l’analysant dit, en attendant de se vérifier, ce n’est pas la vérité, c’est la varité du symptôme. (Ornicar 17, p.14 ; 19 avril 1977).

12. C’est pour autant qu’une interprétation juste éteint un symptôme, que la vérité se spécifie de poétique. (Ornicar 17, p.16 ; 19 avril 1977).

13. Tout ce qui est mental en fin de compte, est ce que j’écris du nom de « sinthome », c’est-à-dire signe. (Ornicar 17, p.17 ; 10 mai 1977).

Livre XXV, 1977-1978 : Le moment de conclure.

1. L’analyse ne consiste pas à ce qu’on soit libéré de ses sinthomes, l’analyse consiste à ce qu’on sache pourquoi on est empêtré. (IV, p.32 ; 10 janvier 1978).

2. Il y a donc un progrès à comprendre pourquoi on a ces sinthomes. (IV, p.40 ; 10 janvier 1978).

Livre XXVI, 1978-1979 : La topologie et le temps.

R.A.S.

Livre XXVII, 1979-1980 : La dissolution.

1. L’Internationale, puisque c’est son nom, se réduit au symptôme qu’elle est de ce que Freud en attendait. (Ornicar 20, p.10 ; 5 janvier 1980).

2. J’ai rendu hommage à Marx comme à l’inventeur du symptôme. (Ornicar 20, p.18 ; 18 mars 1980).

Thésaurus « symptôme » (écrits)

Les complexes familiaux : 03 – 38 (Pas-tout Lacan)

Les instances psychiques qui, sous le nom du surmoi et d’idéal du moi, ont été isolées dans une analyse concrète des symptômes des névroses, ont manifesté leur valeur scientifique dans la définition et l’explication des phénomènes de la personnalité ; il y a là un ordre de détermination positive qui rend compte d’une foule d’anomalies du comportement humain et, du même coup, rend caduques, pour ces troubles, les références à l’ordre organique qui, encore que de pur principe ou simplement mythiques, tiennent lieu de méthode expérimentale à toute une tradition médicale. (p. 178)

quand l’objet tend à se confondre avec le moi en même temps qu’à se résorber en fantasme, quand il apparaît décomposé selon l’un de ces sentiments qui forment le spectre de l’irréalité, depuis les sentiments d’étrangeté, de déjà vu, de jamais-vu, en passant par les fausses reconnaissances, les illusions de sosie, les sentiments de devinement, de participation, d’influence, les intuitions de signification, pour aboutir au crépuscule du monde et à cette abolition affective qu’on désigne formellement en allemand comme perte de l’objet (Objektverlust).

Ces qualités si diverses du vécu, la psychanalyse les explique par les variations de la quantité d’énergie vitale que le désir investit dans l’objet. La formule, toute verbale qu’elle puisse paraître, répond, pour les psychanalystes, à une donnée de leur pratique ; ils comptent avec cet investissement dans les « transferts » opératoires de leurs cures ; c’est sur les ressources qu’il offre qu’ils doivent fonder l’indication du traitement. Ainsi ont-ils reconnu dans les symptômes cités plus haut les indices d’un investissement trop narcissique de la libido, cependant que la formation de l’Œdipe apparaissait comme le moment et la preuve d’un investissement suffisant pour le « transfert ». (p. 181)

Les complexes familiaux remplissent dans les psychoses une fonction formelle : thèmes familiaux qui prévalent dans les délires pour leur conformité avec l’arrêt que les psychoses constituent dans le moi et dans la réalité ; dans les névroses, les complexes remplissent une fonction causale : incidences et constellations familiales qui déterminent les symptômes et les structures, selon lesquels les névroses divisent, introvertissent ou invertissent la personnalité. (p. 189)

Les complexes familiaux remplissent dans les psychoses une fonction formelle : thèmes familiaux qui prévalent dans les délires pour leur conformité avec l’arrêt que les psychoses constituent dans le moi et dans la réalité ; dans les névroses, les complexes remplissent une fonction causale : incidences et constellations familiales qui déterminent les symptômes et les structures, selon lesquels les névroses divisent, introvertissent ou invertissent la personnalité. (p. 192)

Les complexes familiaux se révèlent dans les névroses par un abord tout différent : c’est qu’ici les symptômes ne manifestent aucun rapport, sinon contingent, à quelque objet familial. Les complexes y remplissent pourtant une fonction causale, dont la réalité et le dynamisme s’opposent diamétralement au rôle que jouent les thèmes familiaux dans les psychoses.

Symptôme névrotique et drame individuel. – Si Freud, par la découverte des complexes, fit œuvre révolutionnaire, c’est qu’en thérapeute, plus soucieux du malade que de la maladie, il chercha à le comprendre pour le guérir, et qu’il s’attacha à ce qu’on négligeait sous le titre de « contenu » des symptômes, et qui est le plus concret de leur réalité : à savoir à l’objet qui provoque une phobie, à l’appareil ou à la fonction somatique intéressés dans une hystérie, à la représentation ou à l’affect qui occupent le sujet dans une obsession.

C’est de cette manière qu’il vint à déchiffrer dans ce contenu même les causes de ces symptômes : quoique ces causes, avec les progrès de l’expérience, soient apparues plus complexes, il importe de ne point les réduire à l’abstraction, mais d’approfondir ce sens dramatique, qui, dans leur première formule, saisissait comme une réponse à l’inspiration de leur recherche.

Freud accusa d’abord, à l’origine des symptômes, soit une séduction sexuelle que le sujet a précocement subie par des manœuvres plus ou moins perverses, soit une scène qui, dans sa petite enfance, l’a initié par le spectacle ou par l’audition aux relations sexuelles des adultes. Or si d’une part ces faits se révélaient comme traumatiques pour dévier la sexualité en tendances anormales, ils démontraient du même coup comme propres à la petite enfance une évolution régulière de ces diverses tendances et leur normale satisfaction par voie auto-érotique. C’est pourquoi, si d’autre part ces traumatismes se montraient être le fait le plus commun soit de l’initiative d’un frère, soit de l’inadvertance des parents, la participation de l’enfant s’y avéra toujours plus active, à mesure que s’affirmaient la sexualité infantile et ses motifs de plaisir ou d’investigation. Dès lors, ces tendances apparaissent formées en complexes typiques par la structure normale de la famille qui leur offrait leurs premiers objets. C’est ainsi que nul fait plus que la naissance d’un frère ne précipite une telle formation, en exaltant par son énigme la curiosité de l’enfant, en réactivant les émois primordiaux de son attachement à la mère par les signes de sa grossesse et par le spectacle des soins qu’elle donne au nouveau-né, en cristallisant enfin, dans la présence du père auprès d’elle, ce que l’enfant devine du mystère de la sexualité, ce qu’il ressent de ses élans précoces et ce qu’il redoute des menaces qui lui en interdisent la satisfaction masturbatoire. Telle est du moins, définie par son groupe et par son moment, la constellation familiale qui, pour Freud, forme le (8*42–4)complexe nodal des névroses. Il en a dégagé le complexe d’Œdipe, et nous verrons mieux plus loin comment cette origine commande la conception qu’il s’est formée de ce complexe.

Concluons ici qu’une double instance de causes se définit par le complexe : les traumatismes précités qui reçoivent leur portée de leur incidence dans son évolution, les relations du groupe familial qui peuvent déterminer des atypies dans sa constitution. Si la pratique des névroses manifeste en effet la fréquence des anomalies de la situation familiale, il nous faut, pour définir leur effet, revenir sur la production du symptôme. (p. 194-195)

De l’expression du refoulé à la défense contre l’angoisse. – Les impressions issues du traumatisme semblèrent à une première approche déterminer le symptôme par une relation simple : une part diverse de leur souvenir, sinon sa forme représentative, au moins ses corrélations affectives, a été non pas oubliée, mais refoulée dans l’inconscient, et le symptôme, encore que sa production prenne des voies non moins diverses, se laissait ramener à une fonction d’expression du refoulé, lequel manifestait ainsi sa permanence dans le psychisme. Non seulement en effet l’origine du symptôme se comprenait par une interprétation selon une clef qui, parmi d’autres, symbolisme, déplacement, etc., convînt à sa forme, mais le symptôme cédait à mesure que cette compréhension était communiquée au sujet. Que la cure du symptôme tînt au fait que fût ramenée à la conscience l’impression de son origine, en même temps que se démontrât au sujet l’irrationalité de sa forme – une telle induction retrouvait dans l’esprit les voies frayées par l’idée socratique que l’homme se délivre à se connaître par les intuitions de la raison. Mais il a fallu apporter à la simplicité comme à l’optimisme de cette conception des corrections toujours plus lourdes, depuis que l’expérience a montré qu’une résistance est opposée par le sujet à l’élucidation du symptôme et qu’un transfert affectif qui a l’analyste pour objet, est la force qui dans la cure vient à prévaloir.

Il reste pourtant de cette étape la notion que le symptôme névrotique représente dans le sujet un moment de son expérience où il ne sait pas se reconnaître, une forme de division de la personnalité. Mais à mesure que l’analyse a serré de plus près la production du symptôme, sa compréhension a reculé de la claire fonction d’expression de l’inconscient à une plus obscure fonction de défense contre l’angoisse. Cette angoisse, Freud, dans ses vues les plus récentes, la considère comme le signal qui, pour être détaché d’une situation primordiale de séparation, se réveille à la similitude d’un danger de castration. La défense du sujet, s’il est vrai que le symptôme fragmente la personnalité, consisterait donc à faire sa part à ce danger en s’interdisant tel accès à la réalité, sous une forme symbolique ou sublimée. La forme que l’on reconnaît dans cette conception du symptôme ne laisse en principe pas plus de résidu que son contenu à être comprise par une dynamique des tendances, mais elle tend à transformer en termes de structure la référence du symptôme au sujet en déplaçant l’intérêt sur la fonction du symptôme quant aux rapports à la réalité. (p. 195)

Il faut mettre à part la plus simple de ces névroses, c’est-à-dire la phobie sous la forme où on l’observe le plus fréquemment chez l’enfant : celle qui a pour objet l’animal.

Elle n’est qu’une forme substitutive de la dégradation de l’Œdipe, pour autant que l’animal grand y représente immédiatement la mère comme gestatrice, le père comme menaçant, le petit-frère comme intrus. Mais elle mérite une remarque, parce que l’individu y retrouve, pour sa défense contre l’angoisse, la forme même de l’idéal du moi, que nous reconnaissons dans le totem et par laquelle les sociétés primitives assurent à la formation sexuelle du sujet un confort moins fragile. Le névrosé ne suit pourtant la trace d’aucun « souvenir héréditaire », mais seulement le sentiment immédiat, et non sans profonde raison, que l’homme a de l’animal comme du modèle de la relation naturelle.

Ce sont les incidences occasionnelles du complexe d’Œdipe dans le progrès narcissique, qui déterminent les autres névroses de transfert : l’hystérie et la névrose obsessionnelle. Il faut en voir le type dans les accidents que Freud a d’emblée et magistralement précisés comme l’origine de ces névroses. Leur action manifeste que la sexualité, comme tout le développement psychique de l’homme, est assujettie à la loi de communication qui le spécifie. Séduction ou révélation, ces accidents jouent leur rôle, en tant que le sujet, comme surpris précocement par eux en quelque processus de son « recollement » narcissique, les y compose par l’identification. Ce processus, tendance ou forme, selon le versant de l’activité existentielle du sujet qu’il intéresse – assomption de la séparation ou affirmation de son identité – sera érotisé en sadomasochisme ou en scoptophilie (désir de voir ou d’être vu). Comme tel, il tendra à subir le refoulement corrélatif de la maturation normale de la sexualité, et il y entraînera une part de la structure narcissique. Cette structure fera défaut à la synthèse du moi et le retour du refoulé répond à l’effort constitutif du moi pour s’unifier. Le symptôme exprime à la fois ce défaut et cet effort, ou plutôt leur composition dans la nécessité primordiale de fuir l’angoisse.

En montrant ainsi la genèse de la division qui introduit le symptôme dans la personnalité, après avoir révélé les tendances qu’il représente, l’interprétation FREUDienne, rejoignant l’analyse clinique de Janet, la dépasse en une compréhension dramatique de la névrose, comme lutte spécifique contre l’angoisse.

L’hystérie. – Le symptôme hystérique, qui est une désintégration d’une fonction somatiquement localisée : paralysie, anesthésie, algie, inhibition, scotomisation, prend son sens du symbolisme organomorphique – structure fondamentale du psychisme humain selon Freud, manifestant par une sorte de mutilation le refoulement de la satisfaction génitale.

Ce symbolisme, pour être cette structure mentale par où l’objet participe aux formes du corps propre, doit être conçu comme la forme spécifique des données psychiques du stade du corps morcelé ; par ailleurs certains phénomènes moteurs caractéristiques du stade du développement que nous désignons ainsi, se rapprochent trop de certains symptômes hystériques, pour qu’on ne cherche pas à ce stade l’origine de la fameuse complaisance somatique qu’il faut admettre comme condition constitutionnelle de l’hystérie. C’est par un sacrifice mutilateur que l’angoisse est ici occultée ; et l’effort de restauration du moi se marque dans la destinée de l’hystérique par une reproduction répétitive du refoulé. On comprend ainsi que ces sujets montrent dans leurs personnes les images pathétiques du drame existentiel de l’homme.

(8*42–6)La névrose obsessionnelle. – Pour le symptôme obsessionnel, où Janet a bien reconnu la dissociation des conduites organisatrices du moi – appréhension obsédante, obsession-impulsion, cérémoniaux, conduites coercitives, obsession ruminatrice, scrupuleuse, ou doute obsessionnel – il prend son sens du déplacement de l’affect dans la représentation ; processus dont la découverte est due aussi à Freud.

Freud montre en outre par quels détours, dans la répression même, que le symptôme manifeste ici sous la forme la plus fréquente de la culpabilité, vient à se composer la tendance agressive qui a subi le déplacement. Cette composition ressemble trop aux effets de la sublimation, et les formes que l’analyse démontre dans la pensée obsessionnelle – isolement de l’objet, déconnexion causale du fait, annulation rétrospective de l’événement – se manifestent trop comme la caricature des formes mêmes de la connaissance, pour qu’on ne cherche pas l’origine de cette névrose dans les premières activités d’identification du moi, ce que beaucoup d’analystes reconnaissent en insistant sur un déploiement précoce du moi chez ces sujets ; au reste les symptômes en viennent à être si peu désintégrés du moi que Freud a introduit pour les désigner le terme de pensée compulsionnelle. Ce sont donc les superstructures de la personnalité qui sont utilisées ici pour mystifier l’angoisse. L’effort de restauration du moi se traduit dans le destin de l’obsédé par une poursuite tantalisante du sentiment de son unité. Et l’on comprend la raison pour laquelle ces sujets, que distinguent fréquemment des facultés spéculatives, montrent dans beaucoup de leurs symptômes le reflet naïf des problèmes existentiels de l’homme. (p. 197-198)

On voit donc que c’est l’incidence du traumatisme dans le progrès narcissique qui détermine la forme du symptôme avec son contenu. Certes, d’être exogène, le traumatisme intéressera au moins passagèrement le versant passif avant le versant actif de ce progrès, et toute division de l’identification consciente du moi paraît impliquer la base d’un morcelage fonctionnel : ce que confirme en effet le soubassement hystérique que l’analyse rencontre chaque fois qu’on peut reconstituer l’évolution archaïque d’une névrose obsessionnelle. Mais une fois que les premiers effets du traumatisme ont creusé leur lit selon l’un des versants du drame existentiel : assomption de la séparation ou identification du moi, le type de la névrose va en s’accusant. (p. 199)

Le surmoi et l’idéal du moi sont, en effet, des conditions de structure du sujet. S’ils manifestent dans des symptômes la désintégration produite par leur interférence dans la genèse du moi, ils peuvent aussi se traduire par un déséquilibre de leur instance propre dans la personnalité : par une variation de ce qu’on pourrait appeler la formule personnelle du sujet. (p. 200)

Propos sur la causalité psychique : 47

partout sa critique s’est exercée sur les nœuds significatifs que révélaient les symptômes et les comportements. (p. 278)

L’agressivité en psychanalyse : 1948

L’expérience analytique nous permet d’éprouver la pression intentionnelle. Nous la lisons dans le sens symbolique des symptômes, dès que le sujet dépouille les défenses par où il les déconnecte de leurs relations avec sa vie quotidienne et avec son histoire, – dans la finalité implicite de ses conduites et de ses refus, – dans les ratés de son action, – dans l’aveu de ses fantasmes privilégiés, – dans les rébus de la vie onirique. (p. 292)

Laissons ici la critique de tous les abus du cogito ergo sum, pour rappeler que le moi, dans notre expérience, représente le centre de toutes les résistances à la cure des symptômes. (p. 302)

Le stade du miroir : 1949

Corrélativement la formation du je se symbolise oniriquement par un camp retranché, voire un stade, – distribuant de l’arène intérieure à son enceinte, aux gravats et aux marécages de son pourtour, deux champs de lutte opposés où le sujet s’empêtre dans sa quête de l’altier et lointain château intérieur, dont la forme (parfois juxtaposée dans le même scénario) symbolise le ça de façon saisissante. Et de même, ici sur le plan mental, trouvons-nous réalisées ces structures d’ouvrage fortifié dont la métaphore surgit spontanément, et comme issue des symptômes eux-mêmes du sujet, pour désigner les mécanismes d’inversion, d’isolation, de réduplication, d’annulation, de déplacement, de la névrose obsessionnelle. (p. 328)

Intervention sur le transfert : 01 – 11 – 51

Nous trouvons ainsi :

Un premier développement, exemplaire en ceci que nous sommes portés d’emblée sur le plan de l’affirmation de la vérité. En effet, après une mise à l’épreuve de Freud : va-t-il se montrer aussi hypocrite que le personnage paternel ? Dora s’engage dans son réquisitoire, ouvrant un dossier de souvenirs dont la rigueur contraste avec l’imprécision biographique propre à la névrose. Mme K… et son père sont amants depuis tant et tant d’années et le dissimulent sous des fictions parfois ridicules. Mais le comble est qu’elle est ainsi offerte sans défense aux assiduités de M. K… sur lesquelles son père ferme les yeux, la faisant ainsi l’objet d’un odieux échange.

Freud est trop averti de la constance du mensonge social pour en avoir été dupe, même de la bouche d’un homme qu’il considère lui devoir une confiance totale. Il n’a donc eu aucune peine à écarter de l’esprit de sa patiente toute imputation de complaisance à l’endroit de ce mensonge. Mais au bout de ce développement, il se trouve mis en face de la question, d’un type d’ailleurs classique dans les débuts du traitement : « Ces faits sont là, ils tiennent à la réalité et non à moi-même. Que voulez-vous y changer ? ». À quoi Freud répond par :

Un premier renversement dialectique qui n’a rien à envier à l’analyse hégélienne de la revendication de la « belle âme », celle qui s’insurge contre le monde au nom de la loi du cœur : « Regarde, lui dit-il, quelle est ta propre part au désordre dont tu te plains » (voir p. 32). Et il apparaît alors :

Un second développement de la vérité : à savoir que c’est non seulement sur le silence, mais par la complicité de Dora elle-même, bien plus sous sa protection vigilante, que la fiction a pu durer qui a permis à la relation des deux amants de se poursuivre.

Ici l’on voit non seulement la participation de Dora à la cour dont elle est l’objet de la part de M. K…, mais ses relations aux autres partenaires du quadrille reçoivent un jour nouveau de s’inclure dans une subtile circulation de cadeaux précieux, rachat de la carence des prestations (158)sexuelles, laquelle, partant de son père à l’adresse de Mme K…, revient à la patiente par les disponibilités qu’elle libère chez M. K…, sans préjudice des munificences qui lui viennent directement de la source première, sous la forme des dons parallèles où le bourgeois trouve classiquement l’espèce d’amende honorable la plus propre à allier la réparation due à la femme légitime avec le souci du patrimoine (remarquons que la présence de ce dernier personnage se réduit ici à cet accrochage latéral à la chaîne des échanges).

En même temps la relation œdipienne se révèle constituée chez Dora par une identification au père, qu’a favorisée l’impuissance sexuelle de celui-ci, éprouvée au reste par Dora comme identique à la prévalence de sa position de fortune : ceci trahi par l’allusion inconsciente que lui permet la sémantique du mot fortune en allemand : Vermögen. Cette identification transparaît en effet dans tous les symptômes de conversion présentés par Dora, et sa découverte amorce la levée d’un grand nombre d’entre eux.

La question devient donc : que signifie sur cette base la jalousie soudainement manifestée par Dora à l’endroit de la relation amoureuse de son père ? Celle-ci, pour se présenter sous une forme tellement prévalente, requiert une explication qui dépasse ses motifs, (voir p. 50). Ici se place :

Le deuxième renversement dialectique, que Freud opère par cette remarque que ce n’est point ici l’objet prétendu de la jalousie qui en donne le vrai motif, mais qu’il masque un intérêt pour la personne du sujet-rival, intérêt dont la nature beaucoup moins assimilable au discours commun ne peut s’y exprimer que sous cette forme inversée. D’où surgit :

Un troisième développement de la vérité :

L’attachement fasciné de Dora pour Mme K… (« la blancheur ravissante de son corps »), les confidences qu’elle reçoit jusqu’à un point qui restera insondé sur l’état de ses relations avec son mari, le fait patent de leurs échanges de bons procédés, comme ambassadrices mutuelles de leurs désirs auprès du père de Dora.

Freud a aperçu la question à laquelle menait ce nouveau développement.

Si c’est donc de cette femme que vous éprouvez si amèrement la dépossession, comment ne lui en voulez-vous pas de ce surcroît de trahison, que ce soit d’elle que soient parties ces imputations d’intrigue et de perversité où tous se rangent maintenant pour vous accuser de mensonge ? Quel est le motif de cette loyauté qui vous fait lui garder le secret dernier de vos relations ? (à savoir l’initiation sexuelle, décelable (159)déjà dans les accusations mêmes de Mme K…). Avec ce secret nous serons menés en effet :

Au troisième renversement dialectique, celui qui nous livrerait la valeur réelle de l’objet qu’est Mme K… pour Dora. C’est-à-dire non pas un individu, mais un mystère, le mystère de sa propre féminité, nous voulons dire de sa féminité corporelle – comme cela apparaît sans voiles dans le second des deux rêves dont l’étude fait la seconde partie de l’exposé du cas Dora, rêves auxquels nous prions qu’on se reporte pour voir combien leur interprétation se simplifie avec notre commentaire.

Déjà à notre portée nous apparaît la borne autour de laquelle notre char doit tourner pour renverser une dernière fois sa carrière. C’est cette image la plus lointaine qu’atteigne Dora de sa petite enfance (dans une observation de Freud, même comme ici interrompue, toutes les clefs ne lui sont-elles pas toujours tombées dans les mains ?) : c’est Dora, probablement encore infans, en train de suçoter son pouce gauche, cependant que de la main droite elle tiraille l’oreille de son frère, plus âgé qu’elle d’un an et demi (voir p. 47 et p. 20).

Il semble qu’on ait là la matrice imaginaire où sont venues se couler toutes les situations que Dora a développées dans sa vie – véritable illustration pour la théorie, encore à venir chez Freud, des automatismes de répétition. Nous pouvons y prendre la mesure de ce que signifient maintenant pour elle la femme et l’homme. (pp. 391-392)

Le cas de Dora paraît privilégié pour notre démonstration en ce que, s’agissant d’une hystérique, l’écran du moi y est assez transparent pour que nulle part, comme l’a dit Freud, ne soit plus bas le seuil entre l’inconscient et le conscient, ou pour mieux dire, entre le discours analytique et le mot du symptôme. (p. 395)

L’imaginaire, le symbolique et le réel : 8 – 07 – 53

Partons de l’expérience, telle qu’elle nous est (6)d’abord présentée dans les premières théories de l’analyse : qu’est-ce que ce « névrosé » à qui nous avons affaire par l’expérience analytique ? Qu’est-ce qui va se passer dans l’expérience analytique ? Et ce passage du conscient à l’inconscient ? Et quelles sont les forces qui donnent à cet équilibre une certaine existence ? Nous l’appelons le principe du plaisir.

Pour aller vite nous dirons avec M. de Saussure que « le sujet hallucine son monde », c’est-à-dire que ses illusions ou ses satisfactions illusoires ne pouvaient être de tous les ordres. Il va leur faire suivre un autre ordre évidemment que celles de ses satisfactions qui trouvent leur objet dans le réel pur et simple. Jamais un symptôme n’a apaisé la faim ou la soif d’une façon durable, hors de l’absorption d’aliments qui les satisfont. Même si une baisse générale du niveau de la vitalité peut répondre, dans les cas limites, par exemple l’hibernage naturel ou artificiel. Tout ceci n’est concevable que comme une phase qui ne saurait bien entendu durer, sauf à entraîner des dommages irréversibles. (p. 438)

C’est bien ainsi qu’il faut entendre le symbolique dont il s’agit dans l’échange analytique, à savoir que ce que nous trouvons, et ce dont nous parlons est ce que nous trouvons et retrouvons sans cesse, et que Freud a manifesté comme étant sa réalité essentielle, soit qu’il s’agisse de symptômes réels, actes manqués, et quoi que ce soit qui s’inscrive ; il s’agit encore et toujours de symboles et de symboles même très spécifiquement organisés dans le langage, donc fonctionnant à partir de cet équivalent du signifiant et du signifié : la structure même du langage.

Il n’est pas de moi ce terme que « le rêve est un rébus » ; c’est de Freud lui-même. Et que le symptôme n’exprime, lui aussi, quelque chose de structuré et d’organisé comme un langage est suffisamment manifesté par le fait, pour partir du plus simple d’entre eux, du symptôme hystérique qui est, qui donne toujours quelque chose d’équivalent d’une activité sexuelle, mais jamais un équivalent univoque, au contraire il est toujours plurivoque, superposé, surdéterminé, et, pour tout dire, très exactement construit à la façon dont les images sont construites dans les rêves, comme représentant une concurrence, une superposition de symboles, aussi complexe que l’est une phrase poétique qui vaut à la fois par son ton, sa structure, ses calembours, ses rythmes, sa sonorité, donc essentiellement sur plusieurs plans, et de l’ordre et du registre du langage. (p. 441)

En fin de compte, la notion que nous avons du névrosé c’est que dans ses symptômes même, c’est une « parole bâillonnée » où s’exprime un certain nombre, disons de « transgressions à un certain ordre », qui, par elles-mêmes crient au ciel l’ordre négatif dans lequel elles se sont inscrites. Faute de réaliser l’ordre du symbole d’une façon vivante, le sujet réalise des images désordonnées dont elles sont les substituts. Et, bien entendu, c’est cela qui va d’abord et d’ores et déjà s’interposer à toute relation symbolique véritable. (p. 442-443)

Ce que le sujet exprime d’abord et d’ores et déjà quand il parle, s’explique, c’est ce registre que nous appelons les « résistances » ; ce qui ne veut et ne peut s’interpréter autrement que comme le fait d’une réalisation hic et nunc, dans la situation et avec l’analyste, de l’image ou des images qui sont celles de l’expérience précoce.

Et c’est bien là-dessus que toute la théorie de la résistance s’est édifiée, et cela seulement après la grande reconnaissance de la valeur symbolique du symptôme et de tout ce qui peut être analysé. (P. 443)

Symptôme de conversion, inhibition, angoisse ne sont pas là pour vous offrir l’occasion d’entériner leurs nœuds, si séduisante que puisse être leur topologie ; c’est de les dénouer qu’il s’agit, et ceci veut dire les rendre à la fonction de parole qu’ils tiennent dans un discours dont la signification détermine leur emploi et leur sens. (p. 445)

De nos antécédents

Car la fidélité à l’enveloppe formelle du symptôme, qui est la vraie trace clinique dont nous prenions le goût, nous mena à cette limite où elle se rebrousse en effets de création. Dans le cas de notre thèse (le cas Aimée), effets littéraires, - et assez de mérite pour avoir été recueillis, sous la rubrique (de révérence) de poésie involontaire, par Éluard.

Discours de Rome, réponses aux questions : 26 – 09 – 53

Symptôme de conversion, inhibition, angoisse ne sont pas là pour vous offrir l’occasion d’entériner leurs nœuds, si séduisante que puisse être leur topologie ; c’est de les dénouer qu’il s’agit, et ceci veut dire les rendre à la fonction de parole qu’ils tiennent dans un discours dont la signification détermine leur emploi et leur sens. (p. 478)

mais ce dont il s’agit dans les symptômes c’est de la relation du symptôme avec le système tout entier du langage. (p. 478)

[dans l’analyse] il s’agit en effet non pas de passage à la conscience, mais de passage à la parole. (p. 478)

sur la surdétermination du symptôme (p. 478)

Il reste qu’il n’y a qu’un texte où se puisse lire à la fois et ce qu’elle dit et ce qu’elle ne dit pas, et que c’est à ce texte que sont liés les symptômes aussi intimement qu’un rébus à la phrase qu’il figure. (p. 478)

Parler en effet de la perte du sens de l’action analytique, est aussi vrai et aussi vain que d’expliquer le symptôme par son sens, tant que ce sens n’est pas reconnu. Mais l’on sait qu’en l’absence de cette reconnaissance, l’action ne peut être ressentie que comme agressive au niveau où elle se place, et qu’en l’absence des « résistances » sociales où le groupe analytique trouvait à se rassurer, les limites de sa tolérance à sa propre activité, maintenant « reçue » sinon admise, ne dépendent plus que du taux numérique où se mesure sa présence à l’échelle sociale. (p. 500)

et ceci est mon corps, c’est-à-dire le noyau hystérique de la névrose où le symptôme hystérique montre la structure d’un langage et se déchiffre comme une inscription qui, une fois recueillie, peut sans perte grave être détruite. (p. 509)

Il pourra dès lors plus facilement toucher à chaque instant de sa pratique qu’à l’instar de la négation que son redoublement annule, ces métaphores perdent leur dimension métaphorique, et il reconnaîtra qu’il en est ainsi parce qu’il opère dans le domaine propre de la métaphore qui n’est que le synonyme du déplacement symbolique, mis en jeu dans le symptôme. (p. 509)

Car si pour admettre un symptôme dans la psychopathologie psychanalytique, qu’il soit névrotique ou non, Freud exige le minimum de surdétermination que constitue un double sens, symbole d’un conflit défunt par delà sa fonction dans un conflit présent non moins symbolique, s’il nous a appris à suivre dans le texte des associations libres la ramification ascendante de cette lignée symbolique, pour y repérer aux points où les formes verbales s’en recroisent les nœuds de sa structure, – il est déjà tout à fait clair que le symptôme se résout tout entier dans une analyse de langage, parce qu’il est lui-même structuré comme un langage, qu’il est langage dont la parole doit être délivrée. (p. 515-516)

Sans doute tout le procès qui a abouti à cette tendance actuelle de la psychanalyse remonte-t-il, et d’abord, à la mauvaise conscience que l’analyste a pris du miracle opéré par sa parole. Il interprète le symbole, et voici que le symptôme, qui l’inscrit en lettres de souffrance dans la chair du sujet, s’efface. (p. 539)

Remarque sur l’intervention de Favez-Boutonnier : 25 – 01 - 55

Il fait ici la distinction du signe ou de l’indice naturel et du symptôme analytique, en tant que celui ci est proprement une vérité, scellée sans doute, mais déjà mise en forme. (p. 573)

Introduction au commentaire de J. Hyppolite 02 – 10 – 54

Le sujet vrai, c’est-à-dire le sujet de l’inconscient, ne procède pas autrement dans le langage de ses symptômes qui n’est pas tant déchiffré par l’analyste qu’il ne vient à s’adresser à lui de façon de plus en plus consistante, pour la satisfaction (21)toujours renouvelée de notre expérience. C’est en effet ce qu’elle a reconnu dans le phénomène du transfert. (p. 553)

Variantes de la cure type : 03 – 02 - 55

La notion de défense, promue par Freud, dès 1894, dans une première référence de la névrose à une conception généralement reçue de la fonction de la maladie, est reprise par lui, dans son travail majeur sur l’inhibition, le symptôme et l’angoisse, pour comprendre les moments de la formation du Moi dans une conception d’où résulte qu’il est constitué comme un symptôme. (p. 582)

L’analyste, en effet, ne saurait y entrer qu’à reconnaître en son savoir le symptôme de son ignorance, et ceci au sens proprement analytique que le symptôme est le retour du refoulé dans le compromis, et que le refoulement ici comme ailleurs est censure de la vérité. L’ignorance en effet ne doit pas être entendue ici comme une absence de savoir, mais, à l’égal de l’amour et de la haine, comme une passion de l’être ; car elle peut être, à leur instar, une voie où l’être se forme. (p. 596)

L’analyste trouvera beaucoup à prendre de la recherche linguistique dans ses développements modernes les plus concrets, pour éclaircir les difficiles problèmes qui lui sont posés par la verbalisation dans ses abords technique et doctrinal. Cependant qu’on peut reconnaître, de la façon la plus inattendue, dans l’élaboration des phénomènes les plus originaux de l’inconscient, rêves et symptômes, les figures mêmes de la désuète rhétorique, qui se montrent à l’usage en donner les spécifications les plus fines. (p. 598)

Notes préparatoires à La chose freudienne : 11 – 55

Le champ assigné par Freud à la psychanalyse peut aussi être nommé celui des symptômes, mais des symptômes saisis alors au sens le plus large, pas seulement comme cliniques, mais comme ce qui embrasse tous les phénomènes paradoxaux, voire limites du normal : illusion, tromperie, lapsus, ce qui désarme dans le mot d’esprit. Le symptôme en ce sens fonctionne comme le mot : il est saisi au champ du langage. ( p. 611-612)

Aucune phrase ne peut, à rigoureusement parler, être ôtée de son contexte de discours. Ainsi, l’extension des relations contenues dans une unité linguistique et l’extension des relations contenues dans l’unité du mot et du discours sont également dans la dépendance mutuelle la plus étroite. Par rapport à la structure de signification des symptômes, ceci veut dire : dans la mesure où le symptôme doit être, à chaque fois, pris comme particulier, ceci ne lui fait pas perdre mais plutôt conserver son caractère universel, grâce à sa structure de signification. (p. 612)

La chose freudienne : 11 – 55

Ce n’est pas en raison d’un mystère qui serait celui de l’indestructibilité de certains désirs infantiles que ces lois de l’inconscient déterminent les symptômes analysables. Le modelage imaginaire du sujet par ses désirs plus ou moins fixés ou régressés dans leur relation à l’objet est insuffisant et partiel à en donner la clé. (p. 633)

L’imaginaire, le symbolique et le réel : 1956

Freud nous a appris et montré que les symptômes parlent en mots, que comme les rêves, ils sont construits en phrases.

Dans son article de 1927, Freud nous introduit à l’étude du fétiche en indiquant qu’il doit être déchiffré. Et déchiffré comme un symptôme ou un message(10). Il nous dit même en quelle langue il faut le déchiffrer. Cette façon de présenter le problème n’est pas sans signification. Dès le début, une telle approche pose le problème dans le domaine de la quête du sens langagier, plutôt que dans celui de vagues analogies visuelles (telles que, par exemple, les formes creuses rappelant le vagin, la fourrure, les poils pubiens, etc.). De Glanz auf der Nase au pénis de la femme, en passant par Glance on the Nose, le passage est strictement incompréhensible à moins de se tenir à la voie indiquée par Freud. À l’entrée de cette voie, on peut lire une inscription : « Quel sens cela a-t-il ? »

(22)Le problème n’est pas celui d’affects réprimés ; l’affect en lui-même ne nous dit rien. Le problème concerne la dénégation d’une idée. Avec cette dénégation, nous nous trouvons dans le domaine de la signification. Le seul champ où le mot clé, « déplacement », a une signification. C’est un pan fondamental de la réalité humaine, le domaine de l’imaginaire. (p. 660)

Situation de la psychanalyse en 56 : 30 – 09 – 56

La primauté du signifiant sur le signifié y apparaît déjà impossible à éluder de tout discours sur le langage, non sans qu’elle déconcerte trop la pensée pour avoir pu même de nos jours être affrontée par les linguistes.

Seule la psychanalyse est en mesure d’imposer à la pensée cette primauté en démontrant que le signifiant se passe de toute cogitation, fût-ce des moins réflexives, pour exercer des regroupements non douteux dans les significations qui asservissent le sujet, bien plus : pour se manifester en lui par cette intrusion aliénante dont la notion de symptôme en analyse prend un sens émergent : le sens du signifiant qui connote la relation du sujet au signifiant. (p. 704)

Curriculum vitæ : 1957

À cette fin il remet en examen, pour en montrer la portée, le fait du déterminisme symbolique, nœud véritable de la découverte freudienne : soit ce fait que le symptôme, au sens analytique de ce terme, ne soit pas un indice, mais le signifiant où converge une ou plusieurs chaînes de significations inconscientes, significations où l’histoire même du sujet se représente. Car c’est là le point nodal dont l’orientation mentale habituelle aux praticiens les fait se détourner aujourd’hui pour recourir à un mythe de remodelage du moi du sujet, dont la fonction qu’on y donne au moi de l’analyste, qu’elle soit de maturation instinctuelle ou d’impression normativante, est heureusement de pure fiction. (p. 716)

À cette fin il remet en examen, pour en montrer la portée, le fait du déterminisme symbolique, nœud véritable de la découverte freudienne : soit ce fait que le symptôme, au sens analytique de ce terme, ne soit pas un indice, mais le signifiant où converge une ou plusieurs chaînes de significations inconscientes, significations où l’histoire même du sujet se représente. Car c’est là le point nodal dont l’orientation mentale habituelle aux praticiens les fait se détourner aujourd’hui pour recourir à un mythe de remodelage du moi du sujet, dont la fonction qu’on y donne au moi de l’analyste, qu’elle soit de maturation instinctuelle ou d’impression normativante, est heureusement de pure fiction. (p. 721)

La psychanalyse et son enseignement : 23 – 02 - 57

Que le symptôme soit symbolique n’est pas tout dire. L’auteur démontre :

qu’avec le pas du narcissisme, l’imaginaire se séparant du symbolique, son usage de signifiant se distingue de son sens naturel,

qu’une métonymie plus vaste englobant ses métaphores, la vérité de l’inconscient est dès lors à situer entre les lignes,

que Freud dans l’instinct de mort s’interroge sur le suppôt de cette vérité. (p. 725)

Le symptôme psychanalysable, qu’il soit normal ou pathologique, se distingue non seulement de l’indice diagnostique, mais de toute forme saisissable de pure expressivité, en ceci qu’il est soutenu par une structure qui est identique à la structure du langage. Et par là, nous ne dirons pas une structure à situer dans une quelconque sémiologie prétendue généralisée à tirer de ses limbes, mais la structure du langage telle qu’elle se manifeste dans les langues que j’appellerai positives, celles qui sont effectivement parlées par des masses humaines. (p. 730)

C’est ainsi que si le symptôme peut être lu, c’est parce qu’il est déjà lui-même inscrit dans un procès d’écriture. En tant que formation particulière de l’inconscient, il n’est pas une signification, mais sa relation à une structure signifiante qui le détermine. Si l’on nous passait le jeu de mots, nous dirions que c’est toujours de l’accord du sujet avec le verbe qu’il s’agit. (p. 730)

C’est dire que nous retrouvons là la condition constituante que Freud impose au symptôme pour qu’il mérite ce nom au sens analytique, c’est qu’un élément mnésique d’une situation antérieure privilégiée soit repris pour articuler la situation actuelle, c’est-à-dire qu’il y soit employé inconsciemment comme élément signifiant avec l’effet de modeler l’indétermination du vécu en une signification tendancieuse. (p. 732)

Vous interprétez le symptôme en le lisant dans cette dimension du signifiant, mais cette dimension à son tour pose la question ultime du rapport au signifié. Le symptôme est un signe de signe, mais qu’est-ce que le signe en général sans l’intention dernière du sens ?

DR LACAN. – Il est certain que c’est là situation paradoxale que de parler du langage, mais seulement en apparence, si la fonction de la parole est seulement que nous y prenions place.

Personnellement je ne peux que souscrire à cette espèce de réduction que vous venez de donner en somme à ce que j’enseigne.

À la fin de tout cela, j’en suis d’accord, voyez-vous, il y a une difficulté qui est celle-ci en effet que cette relation au signifiant elle-même n’est pas purement et simplement subie, immanente. En d’autres termes, qui est signifié dans ma relation au signifiant ?

Là nous avons beaucoup de choses à dire parce que, justement, jusqu’à un certain point, le symptôme analytique est quelque chose dans cet ordre, c’est un signifiant au second degré en tant qu’il participe de cette relation au signifiant.

Vous me direz : « Là, le sujet est complètement dans l’ombre. » En effet c’est bien comme cela que je formule les choses. L’inconscient est le discours de l’Autre. Ce qui se passe se situe dans une altérité foncière. Pour autant que nous essayons de pénétrer cet au-delà dans l’analyse, nous y allons incontestablement « par procuration » puisque c’est chez le patient que nous le découvrons en tant qu’analyste, et dans le transfert en tant qu’analysé. (p. 748)

L’instance de la lettre : 09 – 05 - 1957

Le mécanisme à double détente de la métaphore est celui-là même où se détermine le symptôme au sens analytique. Entre le signifiant énigmatique du trauma sexuel et le terme à quoi il vient de substituer dans une chaîne signifiante actuelle, passe l’étincelle, qui fixe dans un symptôme, – métaphore où la chair ou bien la fonction sont prises comme élément signifiant, – la signification inaccessible au sujet conscient où il peut se résoudre. (p. 769)

C’est pour empêcher que ne tombe en friche le champ dont ils ont l’héritage, et pour cela leur faire entendre que si le symptôme est une métaphore, ce n’est pas une métaphore que de le dire, non plus que de dire que le désir de l’homme est une métonymie. Car le symptôme est une métaphore, que l’on veuille ou non se le dire, comme le désir est une métonymie, même si l’homme s’en gausse.(p. 775)

Entretien avec Madeleine Chapsal paru dans L’express

du 31 mai 1957, no 310,

DR LACAN. – Des symptômes, quand vous croyez en reconnaître, ne vous semblent irrationnels que parce que vous les prenez isolés, et que vous voulez les interpréter directement.

Voyez les hiéroglyphes égyptiens : tant qu’on a cherché quel était le sens direct des vautours, des poulets, des bonshommes debout, assis, ou s’agitant, l’écriture est demeurée indéchiffrable. C’est qu’à lui tout seul le petit signe « vautour » ne veut rien dire ; il ne trouve sa valeur signifiante que pris dans l’ensemble du système auquel il appartient.

Eh bien ! les phénomènes auxquels nous avons affaire dans l’analyse sont de cet ordre-là, ils sont d’un ordre langagier.

Le psychanalyste n’est pas un explorateur de continents inconnus ou de grands fonds, c’est un linguiste : il apprend à déchiffrer l’écriture qui est là, sous ses yeux, offerte au regard de tous. Mais qui demeure indéchiffrable tant qu’on n’en connaît pas les lois, la clé.

D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose

Daté de décembre 1957-janvier 1958, paru dans La psychanalyse, 1958, no 4, « Les Psychoses », pp. 1-50.

Nulle part en effet la conception fallacieuse d’un processus psychique au sens de Jaspers, dont le symptôme ne serait que l’indice, n’est plus hors de propos que dans l’abord de la psychose, parce que nulle part le symptôme, si on sait le lire, n’est plus clairement articulé dans la structure elle-même. (792)

Que la question de son existence baigne le sujet, le supporte, l’envahisse, voire le déchire de toutes parts, c’est ce dont les tensions, les suspens, les fantasmes que l’analyste rencontre, lui témoignent ; encore faut-il dire que c’est au titre d’éléments du discours particulier, où cette question dans l’Autre s’articule. Car c’est parce que ces phénomènes s’ordonnent dans les figures de ce discours qu’ils ont fixité de symptômes, qu’ils sont lisibles et se résolvent quand ils sont déchiffrés. (800)

Que la question de son existence baigne le sujet, le supporte, l’envahisse, voire le déchire de toutes parts, c’est ce dont les tensions, les suspens, les fantasmes que l’analyste rencontre, lui témoignent ; encore faut-il dire que c’est au titre d’éléments du discours particulier, où cette question dans l’Autre s’articule. Car c’est parce que ces phénomènes s’ordonnent dans les figures de ce discours qu’ils ont fixité de symptômes, qu’ils sont lisibles et se résolvent quand ils sont déchiffrés.(800)

La direction de la cure et les principes de son pouvoir : 1958

Ici se placent quelques remarques sur la formation des symptômes.

Freud, depuis son étude démonstrative des phénomènes subjectifs : rêves, lapsus et mots d’esprit, dont il nous a dit formellement qu’ils leur sont structuralement identiques (mais bien entendu tout cela est pour nos savants trop au-dessous de l’expérience qu’ils ont acquise – dans quelles voies ! – pour qu’ils songent même à y revenir) –, Freud donc l’a souligné cent fois : les symptômes sont surdéterminés. Pour le palotin, employé au quotidien battage qui nous promet pour demain la réduction de l’analyse à ses bases biologiques, ceci va tout seul ; c’est si commode à proférer. qu’il ne l’entend même pas. Mais encore ?

Laissons de côté mes remarques sur le fait que la surdétermination n’est strictement concevable que dans la structure du langage. Dans les symptômes névrotiques, qu’est-ce à dire ?

Cela veut dire qu’aux effets qui répondent chez un sujet à une demande déterminée, vont interférer ceux d’une position par rapport à l’autre (à l’autre, ici son semblable) qu’il soutient en tant que sujet.

« Qu’il soutient en tant que sujet », veut dire que le langage lui permet de se considérer comme le machiniste, voire le metteur en scène de toute la capture imaginaire dont il ne serait autrement que la marionnette vivante.

Le fantasme est l’illustration même de cette possibilité originale. C’est pourquoi toute tentation de le réduire à l’imagination (199)faute d’avouer son échec, est un contresens permanent, contresens dont l’école kleinienne qui a poussé ici fort loin les choses, ne sort pas, faute d’entrevoir même la catégorie du signifiant.

Cependant, une fois définie comme image mise en fonction dans la structure signifiante, la notion de fantasme inconscient ne fait plus de difficulté.

Disons que le fantasme, dans son usage fondamental, est ce par quoi le sujet se soutient au niveau de son désir évanouissant, évanouissant pour autant que la satisfaction même de la demande lui dérobe son objet.

Oh ! mais ces névrosés, quels délicats et comment faire ? Ils sont incompréhensibles, ces gens-là, parole de père de famille.

C’est justement ce qu’on a dit depuis longtemps, depuis toujours, et les analystes en sont encore là. Le benêt appelle cela l’irrationnel, ne s’étant même pas aperçu que la découverte de Freud s’homologue à tenir d’abord pour certain, ce qui jette bas d’emblée notre exégèse, que le réel est rationnel, et puis à constater que le rationnel est réel. Moyennant quoi il peut articuler que ce qui se présente de peu raisonnable dans le désir est un effet du passage du rationnel en tant que réel, c’est-à-dire du langage, dans le réel, en tant que le rationnel y a déjà tracé sa circonvallation.

Car le paradoxe du désir n’est pas le privilège du névrosé, mais c’est plutôt qu’il tienne compte de l’existence du paradoxe dans sa façon de l’affronter. Ceci ne le classe pas si mal dans l’ordre de la dignité humaine, et ne fait pas honneur aux analystes médiocres (ceci n’est pas une appréciation, mais un idéal formulé dans un vœu formel des intéressés), qui sur ce point n’atteignent pas à cette dignité : surprenante distance qu’ont toujours notée à mots couverts les analystes… autres, sans qu’on sache comment distinguer ceux-ci, puisqu’eux n’auraient jamais songé à le faire d’eux-mêmes, s’ils n’avaient eu d’abord à s’opposer au dévoiement des premiers. (882-883)

À la mémoire d’Ernst Jones : sur sa théorie du symbolisme. 1959

Jones croit au contraire que le signifié est devenu plus poreux, qu’il est passé à ce que les grammairiens appellent un sens figuré.

Ainsi manque-t-il cette fonction parfois si sensible dans le symbole et le symptôme analytique, d’être une sorte de régénération du signifiant. (896)

Il faut définir la métaphore par l’implantation dans une chaîne signifiante d’un autre signifiant, par quoi celui qu’il supplante tombe au rang de signifié, et comme signifiant latent y perpétue l’intervalle où une autre chaîne signifiante peut y être entée. Dés lors on retrouve les dimensions mêmes où Jones s’efforce à mettre en place le symbolisme analytique.

Car elles gouvernent la structure que Freud donne aux symptômes et au refoulement. Et hors d’elles il n’est pas possible de restaurer la déviation que l’inconscient, au sens de Freud, a subie de la mystification du symbole, ce qui est le but de Jones. (898)

Conférence de Bruxelles sur l’éthique de la psychanalyse. 1960

La caractéristique propre à l’intention freudienne où se situe ce désir en tant qu’il apparaît comme un objet nouveau pour la réflexion éthique, consiste en ceci : le propre de l’inconscient freudien est d’être traduisible et même là où il ne peut être traduit, c’est-à-dire à un certain point radical du symptôme, nommément du symptôme hystérique, comme étant de la nature de l’indéchiffré, donc du déchiffrable, c’est-à-dire de n’être représenté dans l’inconscient que de se prêter à la fonction de ce qui se traduit.

Ce qui se traduit, techniquement, c’est ce qu’on appelle le signifiant. C’est-à-dire un élément qui a ces deux propriétés, ces deux dimensions, d’être lié synchroniquement à une batterie d’autres éléments qui lui sont substituables ; d’autre part, d’être disponible pour un usage diachronique, c’est-à-dire la formation d’une chaîne, la constitution d’une (167)chaîne signifiante. (906)

Position de l’inconscient au Colloque de Bonneval. 1960

Qu’on dispute à S. Leclaire de pouvoir tenir la séquence de la licorne pour inconsciente, sous le prétexte qu’il en est, lui, conscient, veut dire qu’on ne voit pas que l’inconscient n’a de sens qu’au champ de l’Autre, – et encore moins ceci qui en résulte :

que ce n’est pas l’effet de sens qui opère dans l’interprétation, mais l’articulation dans le symptôme des signifiants (sans aucun sens) qui s’y sont trouvés pris. (967-968)

Acte de fondation EFP. 1964

La psychanalyse s’est pourtant d’abord distinguée de donner un accès à la notion de guérison en son domaine, à savoir : rendre leurs sens aux (86)symptômes, donner place au désir qu’ils masquent, rectifier sous un mode exemplaire l’appréhension d’une relation privilégiée, – encore eût-il fallu pouvoir l’illustrer des distinctions de structure qu’exigent les formes de la maladie, les reconnaître dans les rapports de l’être qui demande et qui s’identifie à cette demande et cette identification elles-mêmes. (1008)

Conversation avec Lacan : 1966

Quand nous parlons de vérité au niveau psychanalytique, ce n’est pas à propos du langage mais de la vérité. En psychanalyse, la vérité c’est le symptôme. Où il y a un symptôme, il y a une vérité qui fait son chemin. (p. 1047)

Résumé du séminaire "Les problèmes cruciaux …" 05 – 04 – 1966

La difficulté d’être du psychanalyste tient à ce qu’il rencontre comme être du sujet : à savoir le symptôme.

Que le symptôme soit être-de-vérité, c’est ce à quoi chacun consent, de ce qu’on sache ce que psychanalyse veut dire, quoi qu’il soit fait pour l’embrouiller.

Dès lors on voit ce qu’il en coûte à l’être-de-savoir, de reconnaître les formes heureuses de ce à quoi il ne s’accouple que sous le signe du malheur.

Que cet être-de-savoir doive se réduire à n’être que le complément du symptôme, voilà ce qui lui fait horreur, et ce qu’à l’élider, il fait jouer vers un ajournement indéfini du statut de la psychanalyse, – comme scientifique s’entend.

C’est pourquoi même le choc qu’à clore l’année sur ce ressort nous produisîmes, n’évita pas qu’à sa place se répétât le court-circuit. Il nous en revint, d’une bonne volonté évidente à se parer de paradoxe, que c’est la façon dont le praticien le pense, qui fait le symptôme. Bien sûr est-ce vrai de l’expérience des psychologues par où nous avons introduit le grelot. Mais c’est aussi rester, comme psychothérapeute, au niveau de ce qui fait que Pierre Janet n’a jamais pu comprendre pourquoi il n’était pas Freud. (p. 1074-1075)

Présentation des "Mémoires d’un névropathe : 11- 1966

Puissent-ils rappeler à ceux qui peuvent aller jusqu’à entendre ce que nous avons dit de l’implication dans le symptôme du sujet supposé savoir, à la veille d’une journée sur la clinique, comme le fait que la conception du trouble psychiatrique est affaire du clinicien, – ce qu’impose le seul abord de ce texte poignant. (p. 1109)

Interview à la RTB : 14 – 12- 1966

Traiter le symptôme comme un palimpseste, c’est dans la psychanalyse une condition d’efficacité. Mais ceci ne dit pas que le signifiant qui manque pour donner le trait de vérité ait été effacé puisque nous partons, quand nous savons ce que dit Freud, de ce qu’il a été refoulé et que c’est là le point d’appel du flux inépuisable de significations qui se précipite dans le trou qu’il produit. Interpréter consiste certes, ce trou, à le clore, mais l’interprétation n’a pas plus à être vraie que fausse : elle a à être juste, ce qui en dernier ressort va à tarir cet appel de sens contre l’apparence où il semble fouetté au contraire. (p. 1128)

De la psychanalyse dans ses rapports à la réalité : 18 – 12 - 1967

Ainsi est-ce de la jouissance que la vérité trouve à résister au savoir. C’est ce que la psychanalyse découvre dans ce qu’elle appelle symptôme, vérité qui se fait valoir dans le décri de la raison. Nous, psychanalystes savons que la vérité est cette satisfaction à quoi n’obvie pas le plaisir de ce qu’elle s’exile au désert de la jouissance.(p. 1275)

Conférence du 19 – 06 – 1968

Tout ce qui est rejeté du symbolique reparaît dans le réel. Telle est la clé de ce qu’on appelle le symptôme. Le symptôme, c’est ce nœud réel où est la vérité du sujet.

Au début – très tôt – de ces menus épisodes, je vous ai dit : « Ils sont la vérité ». Ils sont la vérité, ça ne veut pas dire qu’ils la disent. La vérité, ce n’est pas quelque chose qui se sait comme ça, sans labeur. C’est même pour cela qu’elle prend ce corps qui s’appelle le symptôme, qu’elle démontre où est le gîte de ce qui s’appelle vérité. (p. 1304)

Résumé du séminaire « La logique du fantasme » Annuaire 1967-1968. 1968

Le fantasme, pour prendre les choses au niveau de l’interprétation y fait fonction de l’axiome, c’est-à-dire se distingue des lois de déduction variables qui spécifient dans chaque structure la réduction des symptômes, d’y figurer sous un mode constant. Le moindre ensemble, au sens mathématique du terme, en (193)apprend assez pour qu’un analyste à s’y exercer, y trouve sa graine.

Ainsi rendu au clavier logique, le fantasme ne lui fera que mieux sentir la place qu’il tient pour le sujet. C’est la même que le clavier logique désigne, et c’est la place du réel. (1310)

Intervention sur l’exposé de M. Ritter : « Du désir d’être psychanalyste » Congrès de Strasbourg, le 12 octobre 1968

Lettres de L’école Freudienne 1969 no 6 page 87-96.

J’aurais moi-même bien souhaité tout de suite dire que j’avais à objecter à l’emploi certainement questionnable de la formule : la nature mensongère du symptôme.

Sur cette formule, moi, je ne suis pas d’accord. S’il y a une psychanalyse c’est parce que le symptôme, loin d’être de nature mensongère, est de nature véridique. Et puisqu’il s’est agi ce matin d’agiter la question de la présence de la vérité, la première présence de la vérité est dans le symptôme. (1319)

Je désirerais qu’on reprenne le débat sur la « nature mensongère du symptôme ». C’est l’un des points les plus vifs de la différence psychothérapie-psychanalyse. En psychanalyse, on peut dire sans choquer, sous prétexte qu’on parle de défense, que le symptôme est mensonger. Mais une défense n’est pas du tout mensongère. Ce contre quoi le sujet se défend, c’est là qu’est le mensonge. Ce n’est pas parce que le fantasme donne son cadre à la réalité qu’il est vrai pour autant. C’est ce qui fait pour un sujet la réalité qui est d’ordinaire le plus mensonger. Ce n’est pas parce que nous découvrons le mensonge que le symptôme a valeur mensongère. Il a cette valeur véridique de nous mettre sur la trace du mensonge. Car ce qu’on découvre chez le sujet derrière sa défense ne fait pas qu’après cette découverte le sujet nage dans la vérité, ce qui serait d’ailleurs le plus souvent très incommode. L’un des plus grands flous de la notion de psychothérapie est de croire que la vérité est en dessous alors qu’elle est en surface, mais il faut savoir la lire. Ce qu’on prend pour une espèce de tendance qui monte du fond, c’est ça qui est le mensonge. Savoir pourquoi ce mensonge est nécessaire mettrait l’ordre de la névrose dans une lumière différente. Tout le monde sait qu’il n’y a pas beaucoup de danger à chercher ce qu’il y a au fond de la névrose. Ce qui est dangereux, c’est que le symptôme signale la vérité de façon si opaque, et cela a certainement des conséquences qu’on mette en valeur sa fonction véridique. Pour revenir sur l’anecdote de Jung et de la dame attaquée par les oiseaux, je pense qu’il est certainement vrai que les oiseaux attaquaient la dame, mais en discuter ici entraînerait loin, car c’est difficilement maniable, un symptôme à quoi la nature participe, spécialement dans sa fonction de vérité. (1321)

Résumé du séminaire « L’acte psychanalytique ».1969

Pas de différence une fois le procès engagé entre le sujet qui se voue à la subversion jusqu’à produire l’incurable où l’acte trouve sa fin propre, et ce qui du symptôme prend effet révolutionnaire, seulement de ne plus marcher à la baguette dite marxiste. (1353)

Apport de la psychanalyse à la psychiatrie. 1970

Pour décanter ce qui est à proprement parler symptôme, je crois que cette combinaison d’un certain mode d’abord, avec d’une certaine façon la présence d’un personnage tiers qui est là, qui écoute justement dans la mesure où lui apparaît plus spécialement ce qui est lié à la personne qui interroge par le fait de cette expérience commune de l’analyse, pourrait être, me semble-t-il, l’occasion d’un type de recueil d’un tas de choses qui sont proprement de l’ordre de l’enregistrement et qui rentrent dans le cas de ce que je définirais comme des symptômes. (1377)

Mais il faut savoir ce que veut dire symptôme à proprement parler dans ce champ, qui est le champ psychiatrique. C’est là que l’apport de la Psychanalyse subvertit tout. Est-ce que l’apport de la Psychanalyse est de nature à changer profondément le sens du terme sémiologie ? Quand il s’agit du sens de ce terme en Médecine, c’est-à-dire sémiologie de quoi, ce qui depuis toujours donne son sens au mot symptôme, entité morbide. Est-ce que le mot symptôme a le même sens quand il s’agit du symptôme d’une pneumonie ou du symptôme psychiatrique ?

(…) j’avais déjà beaucoup accentué la distance entre l’usage du terme symptôme dans le registre proprement psychanalytique par rapport à ce qui tout de même rattachait la sémiologie psychiatrique à l’ensemble de la sémiologie médicale. J’articulais cela à ce moment-là comme je le pouvais, je commençais seulement à balbutier les choses ; le terme de sens, si j’essaie d’évoquer ce que j’essayais d’articuler à ce moment-là, ce qu’il en était du sens à proprement parler, montrait déjà l’affinité linguistique de la chose que j’accentuais. Il est bien évident que depuis j’ai fait assez de progrès dans l’élaboration théorique de ces choses pour qu’on puisse encore un peu plus décoller la valeur, la fonction du terme symptôme dans l’ensemble de la perspective médicale et dans ce qu’il en est de la Psychiatrie.

(…) Il est bien évident que depuis j’ai fait assez de progrès dans l’élaboration théorique de ces choses pour qu’on puisse encore un peu plus décoller la valeur, la fonction du terme symptôme dans l’ensemble de la perspective médicale et dans ce qu’il en est de la Psychiatrie. Il est certain que l’accent que met quelqu’un comme Foucault, non pas dans ce qu’il a écrit sur la folie, mais dans La Naissance de la Clinique, sur la fonction et qui est important parce qu’historiquement cela se distingue de tout un arrière-fond du mode d’examen en fonction du regard, d’un certain moment qui correspond à peu près à la fin du XVIIIe et à la naissance de l’anatomo-pathologie dans la définition très générale du symptôme clinique est extrêmement importante… (1378)

Clôture du Congrès de l’EFP : 19 – 04 – 1970

Ce qu’il me faut bien accentuer, c’est qu’à s’offrir à l’enseignement, le discours psychanalytique amène le psychanalyste à la position du psychanalysant, c’est-à-dire à ne produire rien de maîtrisable, malgré l’apparence, sinon au titre de symptôme. (p. 1400)

Radiophonie : 05 – 06 - 1970

On voit ici que le passage est aisé du fait linguistique au symptôme et que le témoignage du psychanalyste y reste inclus. On s’en convainc dès qu’il commence à s’exalter de son « écoute » : hystérie de son middle age. Le coquillage aussi entend la sienne, c’est bien connu, – et qu’on veut être le bruit de la mer, sans doute de ce que l’on sache que c’est elle qui l’a écaillé. (1411)

Il en serait ainsi si Marx ne l’avait replacée de la structure qu’il en formule dans un discours du capitaliste, mais de ce qu’elle ait (77)forclos la plus-value dont il motive ce discours. Autrement dit c’est de l’inconscient et du symptôme qu’il prétend proroger la grande Révolution : c’est de la plus-value découverte qu’il précipite la conscience dite de classe. Lénine passant à l’acte, n’en obtient rien de plus que ce qu’on appelle régression dans la psychanalyse : soit les temps d’un discours qui n’ont pas été tenus dans la réalité, et d’abord d’être intenables. (1414)

N’oublions pas que le symptôme est ce falsus qui est la cause dont l’analyse se soutient dans le procès de vérification qui fait son être. (p. 1417)

C’est à ce joint au réel, que se trouve l’incidence politique où le psychanalyste aurait place s’il en était capable.

Là serait l’acte qui met en jeu de quel savoir faire la loi. Révolution qui arrive de ce qu’un Savoir se réduise à faire symptôme, vu du regard même qu’il a produit. (p. 1438)

Discours de Tokyo : 21 – 04 - 1971

Le propre de l’inconscient est ceci : de témoigner d’un savoir et même d’un vouloir dire, d’un besoin de reconnaissance, puisque chacun de ces symptômes c’est quelque chose qui veut dire quelque chose : mais à qui ? Il est clair que de prime abord un rêve ne s’adresse à personne ; ce n’est pas vrai d’ailleurs, car il est tout à fait évident, dans l’expérience analytique, qu’au commencement d’une analyse, il arrive qu’il y ait des rêves qui sont littéralement rêvés à l’adresse du psychanalyste. Ils ont cette valeur unique d’être l’équivalent du premier discours à l’analyste. Il y a quelque chose qui commence à vouloir se dire sur ce plan. (1445)

Quand je vous disais tout à l’heure à qui s’adressent les symptômes, il est bien évident que çà s’adresse à un lieu où bien évidemment il n’y a personne. Le grand Autre, ça n’existe pas. Mais tout ce qui s’inscrit dans le langage n’est pensable que par référence au grand Autre. C’est ce qui distingue radicalement ce qui est de l’imaginaire de ce qui est du symbolique. (p. 1447)

Introduction à l’édition allemande des Écrits : 1973-10-07

En termes plus précis, l’expérience d’une analyse livre à celui que j’appelle l’analysant – ah ! quel succès j’ai obtenu chez les prétendus orthodoxes avec ce mot, et combien par là ils avouaient que leur désir dans l’analyse, c’était de n’y être pour rien – livre à l’analysant, dis-je donc, le sens de ses symptômes. Eh bien, je pose que ces expériences ne sauraient s’additionner. Freud l’a dit avant moi : tout dans une analyse est à recueillir – où l’on voit (15)que l’analyste ne peut se tirer des pattes –, à recueillir comme si rien ne s’était d’ailleurs établi. Ceci ne veut rien dire sinon que la fuite du tonneau est toujours à rouvrir. (1646)

La grande Motte : 02 – 11 - 73

Ce que je voudrais, c’est que les psychanalystes sachent que tout doit les ramener d’abord au solide de l’appui qu’ils ont dans le signe, et qu’il ne faut pas qu’ils oublient que le symptôme, c’est un nœud de signes. Car le signe, ça fait des nœuds ; et qu’on ait tout fait pendant des âges pour nous faire une géométrie, c’est-à-dire une spatio-temporalité qui ne soit fondée en rien sur des nœuds, c’est-à-dire qui ne procède que de la scie, c’est bien justement que les nœuds, comme j’ai essayé plusieurs fois de mettre ça sur la sellette dans mon séminaire, c’est tout à fait capital. (p. 1657)

La question commence à ceci qu’il y a des types de symptômes, c’est-à-dire de nœuds, qu’il y a une clinique, une clinique qui est avant le discours analytique, parce que Freud l’a héritée lui-même. Est-ce que l’analyse, le discours, l’idée du symptôme comme nœud, ça y apporte une lumière, dans cette clinique d’avant ? C’est sûr. C’est sûr mais ce n’est pas tellement certain, voilà l’ennui. Ce n’est pas certain parce que la certitude, ça se transmet, ça se démontre, et que ce que l’histoire montre, c’est très évidemment que, chose très curieuse, cette exigence de la science, à savoir que ça se transmette, que ça se démontre, que ça s’impose comme certitude, on en a manifesté l’exigence bien avant que ça arrive. On a fait la théorie de l’épistémè, comme ils disent maintenant, l’épistémologie, avant que naisse la science ; deux millénaires avant, c’est un rien ! (p 1658)

Rome 1974

Conférence de presse

la psychanalyse est un symptôme. Seulement il faut comprendre de quoi. Elle est en tout cas nettement, comme l’a dit Freud, (parce qu’il a parlé de « Malaise de la civilisation ») – la psychanalyse fait partie de ce malaise de la civilisation. Alors le plus probable, c’est quand même qu’on n’en restera pas là à s’apercevoir que le symptôme, c’est ce qu’il y a de plus réel. On va nous sécréter du sens à en veux-tu en voilà, et ça nourrira non seulement la vraie religion mais un tas de fausses. (p. 1722)

L’analyste, lui, c’est tout à fait autre chose. Il est dans une espèce de moment de mue. Pendant un petit moment, on a pu s’apercevoir de ce que c’était que l’intrusion du réel. L’analyste, lui, en reste là. Il est là comme un symptôme, et il ne peut durer qu’au titre de symptôme. Mais vous verrez qu’on guérira l’humanité de la psychanalyse. À force de le noyer dans le sens, dans le sens religieux bien entendu, on arrivera à refouler ce symptôme. Vous y êtes ? Est-ce qu’une petite lumière s’est produite dans votre jugeote ? Ça ne vous paraît pas une position mesurée que la mienne ? (p. 1722)

si on faisait des choses un peu serrées, bien sûr, serrées autour d’un point tout à fait précis qui est ce que j’appelle le symptôme, à savoir ce qui ne va pas.

Il y a eu un moment dans l’histoire où il y a eu assez de gens désœuvrés pour s’occuper tout spécialement de ce qui ne va pas, et donner là une formule du « ce qui ne va pas » à l’état naissant, si je puis dire. Comme je vous l’ai expliqué tout à l’heure, tout ça se remettra à tourner rond, c’est-à-dire en réalité à être noyé sous les mêmes choses les plus dégueulasses parmi celles que nous avons connues depuis des siècles et qui naturellement se rétabliront. La religion, je vous dis, est faite pour ça, est faite pour guérir les hommes, c’est-à-dire qu’ils ne s’aperçoivent pas de ce qui ne va pas. (p. 1724)

On doit pouvoir s’habituer au réel, je veux dire au réel, naturellement le seul concevable, le seul à quoi nous ayons accès. Au niveau du symptôme, ce n’est pas encore vraiment le réel, c’est la manifestation du réel à notre niveau d’êtres vivants.(p. 1726)

La troisième

est-ce que la psychanalyse est un symptôme ?

Vous savez que quand je pose les questions, c’est que j’ai la réponse. Mais enfin ça voudrait tout de même mieux que ce soit la bonne réponse. J’appelle symptôme ce qui vient du réel. Ça veut dire que ça se présente comme un petit poisson dont le bec vorace ne se referme qu’à se mettre du sens sous la dent. Alors de deux choses l’une : ou ça le fait proliférer (« Croissez et multipliez-vous » a dit le Seigneur, ce qui est quand même quelque chose d’un peu fort, qui devrait nous faire tiquer, cet emploi du terme multiplication : lui, le Seigneur sait quand même ce que c’est qu’une multiplication, ce n’est pas ce foisonnement du petit poisson) – ou bien alors, il en crève.

Ce qui vaudrait mieux, c’est à quoi nous devrions nous efforcer, c’est que le réel du symptôme en crève, et c’est là la question : comment faire ?

À une époque où je me propageais dans des services que je ne nommerai pas (quoique dans mon papier ici j’y fasse allusion, ça passera à l’impression, il faut que je saute un peu), à une époque où j’essayais de faire comprendre dans des services de médecine ce que c’était que le symptôme, je ne le disais pas tout à fait comme maintenant, mais quand même c’est peut-être un Nachtrag, (186)quand même je crois que je le savais déjà, même si je j’en avais pas encore fait surgir l’imaginaire, le symbolique et le réel. Le sens du symptôme n’est pas celui dont on le nourrit pour sa prolifération ou extinction, le sens du symptôme, c’est le réel, le réel en tant qu’il se met en croix pour empêcher que marchent les choses au sens où elles rendent compte d’elles-mêmes de façon satisfaisante – satisfaisante au moins pour le maître, ce qui ne veut pas dire que l’esclave en souffre d’aucune façon, bien loin de là ; l’esclave, lui, dans l’affaire, il est peinard bien plus qu’on ne croit, c’est lui qui jouit, contrairement à ce que dit Hegel, qui devrait quand même s’en apercevoir, puisque c’est bien pour ça qu’il s’est laissé faire par le maître ; alors Hegel lui promet en plus l’avenir ; il est comblé ! Ça aussi, c’est un Nachtrag, un Nachtrag plus sublime que dans mon cas, si je puis dire, parce que ça prouve que l’esclave avait le bonheur d’être déjà chrétien au moment du paganisme. C’est évident, mais enfin c’est quand même curieux. C’est vraiment là le bénef total ! Tout pour être heureux ! Ça ne se retrouvera jamais. Maintenant qu’il n’y a plus d’esclaves, nous en sommes réduits à relicher tant que nous pouvons les Comédies de Plaute et de Térence, tout ça pour nous faire une idée de ce qu’ils étaient bien, les esclaves. (1737)

Le sens du symptôme n’est pas celui dont on le nourrit pour sa prolifération ou extinction, le sens du symptôme, c’est le réel, le réel en tant qu’il se met en croix pour empêcher que marchent les choses au sens où elles rendent compte d’elles-mêmes de façon satisfaisante – satisfaisante au moins pour le maître, ce qui ne veut pas dire que l’esclave en souffre d’aucune façon, bien loin de là ; l’esclave, lui, dans l’affaire, il est peinard bien plus qu’on ne croit, c’est lui qui jouit,

Le sens du symptôme dépend de l’avenir du réel, donc comme je l’ai dit à la conférence de presse, de la réussite de la psychanalyse. Ce qu’on lui demande, c’est de nous débarrasser et du réel, et du symptôme. (p. 1737)

Mais si la psychanalyse donc réussit, elle s’éteindra de n’être qu’un symptôme oublié. Elle ne doit pas s’en épater, c’est le destin de la vérité telle qu’elle-même le pose au principe. La vérité s’oublie. Donc tout dépend de si le réel insiste. Pour ça, il faut que la psychanalyse échoue. Il faut reconnaître qu’elle en prend la voie et qu’elle a donc encore de bonnes chances de rester un symptôme, de croître et de se multiplier. Psychanalystes pas morts, lettre suit ! Mais quand même méfiez-vous. C’est peut-être mon message sous une forme inversée. Peut-être qu’aussi je me précipite. C’est la fonction de la hâte que j’ai mise en valeur pour vous.

Il n’y a qu’un seul symptôme social : chaque individu est réellement un prolétaire, c’est-à-dire n’a nul discours de quoi faire lien social, autrement dit semblant.

La psychanalyse socialement a une autre consistance que les autres discours. Elle est un lien à deux. C’est bien en ça qu’elle se trouve à la place du manque de rapport sexuel. Ça ne suffit pas du tout à en faire un symptôme social puisqu’un rapport sexuel, il manque dans toutes les formes de sociétés. C’est lié à la vérité qui fait structure de tout discours. (p. 1737-38)

Là où ça devient drôle, c’est seulement quand les savants eux-mêmes sont saisis, non pas bien sûr de la science-fiction, mais ils sont saisis d’une angoisse ; ça, c’est quand même instructif. C’est bien le symptôme type de tout événement du réel. (1738)

Il y a, vous le savez, les fameuses trois vertus dites justement théologales. Ici on les voit se présenter aux murailles exactement partout sous la forme de femmes plantureuses. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après ça, à les traiter de symptômes, on ne force pas la note, parce que définir le symptôme comme je l’ai fait, à partir du réel, c’est dire que les femmes l’expriment aussi très très bien, le réel, puisque justement j’insiste sur ce que les femmes ne sont pas-toutes. (1741-1742)

J’ai pris cet exemple pour ne pas m’empêtrer dans ce que j’avais commencé d’abord par vous donner comme jeu, comme exemple de ce qu’il faut pour traiter un symptôme, quand j’ai dit que l’interprétation, ça doit toujours être, comme on l’a dit, Dieu merci, ici et pas plus tard qu’hier, à savoir Tostain, le ready-made, Marcel Duchamp, qu’au moins vous en entendiez quelque chose, l’essentiel qu’il y a dans le jeu de mots, c’est là que doit viser notre interprétation pour n’être pas celle qui nourrit le symptôme de sens. (p. 1742)

ce qui fait que le symptôme, c’est quelque chose qui avant tout ne cesse pas de s’écrire du réel, et qu’aller à l’apprivoiser jusqu’au point où le langage en puisse faire équivoque, c’est là par quoi le terrain est gagné qui sépare le symptôme de ce que je vais vous montrer sur mes petits dessins, sans que le symptôme se réduise à la jouissance phallique. (p.1743)

C’est là que j’insiste, que j’ai insisté notamment lors de la conférence de presse, c’est que à nourrir le symptôme, le réel, de sens, on ne fait que lui donner continuité de subsistance. C’est en tant au contraire que quelque chose dans le symbolique, se resserre de ce que j’ai appelé le jeu de mots, l’équivoque, lequel comporte l’abolition du sens, que tout ce qui concerne la jouissance, et notamment la jouissance phallique peut également se resserrer, car ceci ne va pas sans que vous vous aperceviez de la place dans ces différents champs du symptôme.

La voici telle qu’elle se présente dans la mise à plat du nœud borroméen (Fig. 7). Le symptôme est irruption de cette anomalie en quoi consiste la jouissance phallique, pour autant que s’y étale, que s’y épanouit ce manque fondamental que je qualifie du non-rapport sexuel. C’est en tant que dans l’interprétation c’est uniquement sur le signifiant que porte l’intervention analytique que quelque chose peut reculer du champ du symptôme. C’est ici dans le symbolique, le symbolique en tant que c’est lalangue qui le supporte, que le savoir inscrit de lalangue qui constitue à proprement parler l’inconscient s’élabore, gagne sur le symptôme, ceci n’empêchant pas que le cercle marqué là du S ne corresponde à quelque chose qui, de ce savoir, ne sera jamais réduit, c’est à savoir l’Urverdrängt de Freud, ce qui de l’inconscient ne sera jamais interprété. (p. 1747-48)

Alors là la boucle se boucle sur ce que je viens de vous dire tout à l’heure : l’avenir de la psychanalyse est quelque chose qui dépend de ce qu’il adviendra de ce réel, à savoir si les gadgets par exemple gagneront vraiment à la main, si nous arriverons à devenir nous-mêmes animés vraiment par les gadgets. Je dois dire que ça me paraît peu probable. Nous n’arriverons pas vraiment à faire que le gadget ne soit pas un symptôme, car il l’est pour l’instant tout à fait évidemment. Il est bien certain qu’on a une automobile comme une fausse femme ; on tient absolument à ce que ce soit un phallus, mais ça n’a de rapport avec le phallus que du fait que c’est le phallus qui nous empêche d’avoir un rapport avec quelque chose qui serait notre répondant sexuel. C’est notre répondant para-sexué, et chacun sait que le « para », ça consiste à ce que chacun reste de son côté, que chacun reste à côté de l’autre. (p. 1750)

Entretien avec Emilia Granzotto : 21-11-74

Je définis (la psychanalyse) comme un symptôme, révélateur du malaise de la civilisation dans laquelle nous vivons (p. 1761)

En réalité l’interprétation est plus subtile, elle tend à effacer le sens des choses dont le sujet souffre. Le but est de lui montrer à travers son propre récit que son symptôme, disons la maladie, n’est en relation avec rien, qu’il est dénué de tout sens. Même si en apparence il est réel, il n’existe pas. (p. 1762)

À travers les mots de l’analyste, l’analysant cherche à se faire une idée de ce dont il s’agit, et à trouver au-delà du symptôme apparent le nœud difficile de la vérité. Une autre fonction de l’analyste est d’expliquer le sens des mots pour faire comprendre au patient ce qu’il peut attendre de l’analyse.

Q. – C’est la cure. Et les possibilités de guérison ? Est-ce qu’on sort de la névrose ?

L. – La psychanalyse réussit quand elle débarrasse le champ aussi bien du symptôme que du réel, ainsi elle arrive à la vérité.

Q. – Est-ce qu’on peut expliquer ce concept d’une manière moins lacanienne ?

L. – J’appelle symptôme tout ce qui vient du réel. Et le réel c’est tout ce qui ne va pas, ce qui ne fonctionne pas, ce qui fait obstacle à la vie de l’homme et à l’affirmation de sa personnalité. Le réel revient toujours à la même place, on le trouve toujours là avec les mêmes manifestations. Les scientifiques ont une belle formule : qu’il n’y a rien d’impossible dans le réel. Il faut un sacré culot pour des affirmations de ce genre, ou bien comme je le soupçonne, l’ignorance totale de ce qu’on fait et de ce qu’on dit.

Le réel et l’impossible sont antithétiques ; ils ne peuvent aller ensemble. L’analyse pousse le sujet vers l’impossible, elle lui suggère de considérer le monde comme il est vraiment, c’est-à-dire imaginaire et sans aucun sens. Alors que le réel, comme un oiseau vorace, ne fait que se nourrir de choses sensées, d’actions qui ont un sens. (p. 1764)

Peut-être à Vincennes : 01—1975

Linguistique – qu’on sait être ici la majeure. Qu’un Jakobson justifie telles de mes positions, ne me suffit pas comme analyste.

Que la linguistique se donne pour champ ce que je dénomme de lalangue pour en supporter l’inconscient, elle y procède d’un purisme qui prend des formes variées, justement d’être formel. Soit d’exclure non seulement du langage, « d’origine » disent ses fondateurs, mais ce que j’appellerai ici sa nature.

(…)J’indique ici la convergence : 1) de la grammaire en tant qu’elle fait scie du sens, ce qu’on me permettra de traduire de ce qu’elle fasse ombre de la proie du sens ; 2) de l’équivoque, dont justement je viens de jouer, quand j’y reconnais l’abord élu de l’inconscient pour en réduire le symptôme (Cf. ma topologie) : de contredire le sens.

Autrement dit de faire le sens, autre au langage. Ce dont d’autres signes témoignent partout. C’est un commencement (soit ce que St Jean dit du langage). (1770)

Réponde à Marcel Ritter : 26 – 01 - 1975

Ce que j’essaie de forger pour l’instant et que j’ai énoncé à mon tout dernier séminaire, c’est que pour l’homme, une femme, c’est toujours un symptôme. C’est évidemment difficile à avaler et ce n’est pas sans précaution ni hésitation que je l’ai avancé. À la suite de ça j’en ai eu des retours, des réflexions, et j’ai eu la satisfaction de voir à cette occasion se confirmer que c’est réciproque. Je dois dire que ça m’a un peu soulagé, après avoir avancé qu’une femme, dans le rapport qu’elle a à l’Homme, c’est un symptôme, de recevoir cette confirmation que justement chez certaines femmes et pas chez n’importe lesquelles, chez qui ce tiers phallique est particulièrement résonant, ces femmes-là en retour de mon séminaire, m’ont dit que c’était exactement aussi la formule qui leur était venue à l’esprit lorsque non pas tellement l’Homme, parce que justement la notion de l’Homme, comme tel, n’est pas tellement présente pour une femme – du fait qu’elles sont une femme, c’est aussi un homme, et j’ai eu en retour ce témoignage qu’elles s’étaient parfaitement formulées à elles-mêmes pourquoi elles aimaient Un-tel : c’est un symptôme. (p. 1777)

Journées des cartels : 13 – 04 - 1975

Ce n’est pas la même chose, que le a. On croit en effet en Dieu, c’est-à-dire à l’intérieur de cet être mythique, si tant est même que le mot être convienne. Dire je crois en Dieu, c’est parfaitement adéquat. Je veux dire qu’on est enveloppé dans cette croyance. Mais y croire, ce n’est pas pareil. C’est pour ça que j’ai dit quand même qu’au symptôme, on y croit, de sorte que je serais assez porté à penser que la mathématique est un symptôme, tout comme une femme.

C’est pour cela que je ne suis pas mécontent que ce soit sous la forme plus-une que ça finisse par se supporter.

Dites, parce que je ne me considère pas comme mathématicien ; si j’y crois, à quelque chose, je ne suis pas mathématicien. Mais j’en connais un certain nombre, mis à part vous, ils y croient. Poincaré y croyait.

[…]

JACQUES LACAN – Le mathématicien a la mathématique comme symptôme.

[…]

JACQUES LACAN – Est-ce qu’il ne se soutient que d’une écriture ? Nous touchons du doigt que ça se supporte toujours d’une écriture.

Mais je vous interroge en fin de compte sur ce sur quoi alors, pour le coup, je n’ai pas de réponse, la différence entre la monstration et la démonstration ; c’est de ça qu’il s’agit, en fin de compte.

[…]

JACQUES LACAN – C’est vraiment une question. Est-ce que le symptôme mathématicien est guérissable ? (p. 1814)

Il y a des tas de symptômes sans angoisse. C’est bien en quoi je distingue l’angoisse du symptôme, comme Freud.

Le réel, c’est très évidemment pour nous, à l’usage, ce qui est antinomique au sens, ce qui s’oppose au sens comme le Zéro s’oppose au Un. Le réel, c’est strictement ce qui n’a pas de sens. C’est bien en quoi notre interprétation est quelque chose qui n’a à faire avec le réel que pour autant que nous la dosons. Nous la dosons et la limitons à la réduction du symptôme. Il y a des symptômes qu’on ne réduit pas, c’est absolument certain, et nommément entre autres la psychanalyse. La psychanalyse est un symptôme, un symptôme social, et c’est ainsi qu’il convient de connoter son existence. Si la psychanalyse n’est pas un symptôme, je ne vois absolument pas ce qui fait qu’elle est apparue si tard. Elle est apparue si tard dans la mesure où il faut bien que quelque chose se conserve (sans doute parce que c’est en danger) d’un certain rapport à la substance, à la substance de l’être humain. (p. 1822)

Alors résumons-nous. Un symptôme, qu’est-ce que c’est ? C’est quelque chose qui a tout de même le plus grand rapport (c’est ce qui se voit à la pratique) avec l’inconscient. Alors ce que je voudrais, c’est que la psychanalyse, comme je l’ai dit tout à l’heure, tienne, tienne le temps qu’il faudra, pas une minute de plus bien sûr, en tant que symptôme, parce que c’est quand même un symptôme rassurant. (p. 1823)

Le plaisir et la règle fondamentale : 14/15 – 06 - 75

Le particulier, ça se définit par une certaine forme du nœud que j’ai cru pouvoir entendre dans cette référence à la particularité, je ne sais quelle – c’est tout au moins là-dessus que j’ai pris ma note, que la particularité, ça se définit à tous les niveaux, ça se définit par l’universel, et que d’une certaine façon, on peut dire que s’il n’y avait pas de symbolique, c’est-à-dire de cette espèce d’injection de signifiants dans le réel avec lequel nous sommes forcés de composer, il n’y aurait pas de symptôme. Et le symptôme, c’est la particularité, en tant que c’est ce qui nous fait chacun un signe différent du rapport que nous avons, en tant que parlêtres, au réel. L’universel, là-dedans, est toujours quelque chose qui se dérobe à l’horizon et auquel nous ne faisons référence que par la numération (ce sont mes bateaux, je pense qu’il y en a tout de même ici pas mal qui les connaissent).

Alors le décalage, c’est ceci : c’est que nous ne pouvons, dans le fond, donner comme règle – et c’est quand même indispensable de le savoir pour ce qui est de l’admission de quelqu’un à ce par quoi nous nous engageons envers lui, c’est que quand même c’est le symptôme qui est au cœur (24)de cette règle. Ce qui, dans l’énoncé de la règle fondamentale, est visé, c’est la chose dont le sujet quelconque est le moins disposé à parler, c’est à savoir, disons, parce que je veux là bien articuler des choses, c’est de son symptôme, c’est de sa particularité.

(…)Si quelque chose se rencontre qui définisse le singulier, c’est ce que j’ai quand même appelé de son nom, une destinée, c’est ça, le singulier, ça vaut la peine d’être sorti, et ça ne se fait que par une bonne chance, une chance qui a tout de même ses règles. Il y a une façon de serrer le singulier, c’est par la voie justement de ce particulier, ce particulier que je fais équivaloir au mot symptôme. (p. 1827)

L’analyse est quelque chose qui nous indique qu’il n’y a que le nœud du symptôme pour lequel il faut évidemment en suer un coup pour arriver à le tenir, à l’isoler ; il faut tellement en suer un coup qu’on peut même s’en faire un nom, comme on dit, de ce suage. C’est ce qui aboutit dans certains cas au comble du mieux de ce qu’on peut faire : une œuvre d’art. Nous, ce n’est pas ça, notre intention ; ce n’est pas du tout de conduire quelqu’un à se faire un nom ni à faire une œuvre d’art. C’est quelque chose qui consiste à l’inciter à passer dans le bon trou de ce qui lui est offert, à lui, comme singulier. (p. 1828)

Joyce le symptôme : 16 – 06 – 75

Référez-vous au Bloch et von Warburg, dictionnaire étymologique, qui est d’une assiette solide, vous y lisez que le symptôme s’est d’abord écrit sinthome.

Joyce le sinthome fait homophonie avec la sainteté, dont quelques personnes ici peut-être se souviennent que je l’ai télévisionnée. (p. 1843)

L’important n’est pas pour moi de pasticher Finnegans Wake – on sera toujours en dessous de la tâche –, c’est de dire en quoi, je donne à Joyce, en formulant ce titre, Joyce le symptôme, rien de moins que son nom propre, celui où je crois qu’il se serait reconnu dans la dimension de la nomination. (p. 1830)

Tout cela n’a porté que d’approcher ceci, que ce n’est pas la même chose de dire Joyce le sinthome ou bien Joyce le symbole. Je dis Joyce le symptôme – c’est que, le symptôme, le symbole, il l’abolit, si je puis continuer dans cette veine. Ce n’est pas seulement Joyce le symptôme, c’est Joyce en tant que, si je puis dire, désabonné à l’inconscient. (p. 1830)

Le symptôme chez Joyce est un symptôme qui ne vous concerne en rien. C’est le symptôme en tant qu’il n’y a aucune chance qu’il accroche quelque chose de votre inconscient à vous. Je crois que c’est là le sens de ce que me disait la personne qui m’interrogeait sur pourquoi il l’avait publié.

Désabonné à l’inconscient…

Tout cela n’a porté que d’approcher ceci, que ce n’est pas la même chose de dire Joyce le sinthome ou bien Joyce le symbole. Je dis Joyce le symptôme – c’est que, le symptôme, le symbole, il l’abolit, si je puis continuer dans cette veine. Ce n’est pas seulement Joyce le symptôme, c’est Joyce en tant que, si je puis dire, désabonné à l’inconscient. (1832)

Joyce a dit qu’en Irlande on avait un maître et une maîtresse, le maître étant l’Empire britannique, et la maîtresse la Sainte Église catholique, apostolique et romaine, les deux étant du même genre de fléau. C’est bien ce qui se constate dans ce qui fait de Joyce le symptôme, le symptôme pur de ce qu’il en est du rapport au langage, en tant qu’on le réduit au symptôme – à savoir, à ce qu’il a pour effet, quand cet effet on ne l’analyse pas – je dirai plus, qu’on s’interdit de jouer d’aucune des équivoques qui émouvrait l’inconscient chez quiconque. (p. 1833)

cette jouissance est la seule chose que de son texte nous puissions attraper. Là est le symptôme. Le symptôme en tant que rien ne le rattache à ce qui fait lalangue elle-même dont il supporte cette trame, ces stries, ce tressage de terre et d’air dont il ouvre Chamber music, son premier livre publié, livre de poèmes. Le symptôme est purement ce que conditionne lalangue, mais d’une certaine façon, Joyce le porte à la puissance du langage, sans que pour autant rien n’en soit analysable, c’est ce qui frappe, et littéralement interdit – au sens où l’on dit – je reste interdit.

(…) Le père comme nom et comme celui qui nomme, ce n’est pas pareil. Le père est cet élément quart – j’évoque là quelque chose dont seulement une partie de mes auditeurs peuvent avoir le délibéré – cet élément quart sans lequel rien n’est possible dans le nœud du symbolique, de l’imaginaire et du réel.

Mais il y a une autre façon de l’appeler, et c’est là que je coiffe aujourd’hui ce qu’il en est du Nom-du-Père au degré où Joyce en témoigne – de ce qu’il convient d’appeler le sinthome. C’est en tant que l’inconscient se noue au sinthome, qui est ce qu’il y a de singulier chez chaque individu, qu’on peut dire que Joyce, comme il est écrit quelque part, s’identifie à l’individual. Il est celui qui se privilégie d’avoir été au point extrême pour incarner en lui le symptôme, ce par quoi il échappe à toute mort possible, de s’être réduit à une structure qui est celle même de lom, si vous me permettez de l’écrire tout simplement d’un l.o.m. (p. 1834)

Ce faisant j’introduis quelque chose de nouveau, qui rend compte non seulement de la limitation du symptôme, mais de ce qui fait que c’est de se nouer au corps, c’est-à-dire à l’imaginaire, de se nouer aussi au réel, et comme tiers à l’inconscient, que le symptôme a ses limites. C’est parce qu’il rencontre ses limites qu’on peut parler du nœud, qui est quelque chose qui assurément se chiffonne, peut prendre la forme d’un peloton, mais qui, une fois déplié, garde sa forme – sa forme de nœud – et du même coup son ex-sistence. (p. 1835)

Le symptôme (conférence de Genève) : 04 - 10 – 1975

Si ce dont nous parlons est vrai, si c’est bien à une étape précoce que se cristallise pour l’enfant ce qu’il faut bien appeler par son nom, à savoir les symptômes, si l’époque de l’enfance est bien pour cela décisive, comment ne pas lier ce fait à la façon dont nous analysons les rêves et les actes manqués ? (1844-45)

Lalangue, les anciens depuis le temps d’Esope, s’étaient très bien aperçus que c’était absolument capital. Il y a là-dessus une fable bien connue, mais personne ne s’en aperçoit. Ce n’est pas du tout au hasard que dans lalangue quelle qu’elle soit dont quelqu’un a reçu la première empreinte, un mot est équivoque. Ce n’est certainement pas par hasard qu’en français le mot ne se prononce d’une façon équivoque avec le mot nœud. Ce n’est pas du tout par hasard que le mot pas, qui en français redouble la négation contrairement à bien d’autres langues, désigne aussi un pas. Si je m’intéresse tellement au pas, ce n’est pas par hasard. Cela ne veut pas dire que la langue constitue d’aucune façon un patrimoine. Il est tout à fait certain que c’est dans la façon dont la langue a été parlée et aussi entendue pour tel et tel dans sa particularité, que quelque chose ensuite ressortira en rêves, en toutes sortes de trébuchements, en toutes sortes de façons de dire. C’est, si vous me permettez d’employer pour la première fois ce terme, dans ce motérialisme que réside la prise de l’inconscient – je veux dire que ce qui fait que chacun n’a pas trouvé d’autres façons de sustenter que ce que j’ai appelé tout à l’heure le symptôme.

Lisez un peu, je suis sûr que cela ne vous arrive pas souvent, l’Introduction à la psychanalyse, les Vorlesungen de Freud. Il y a deux chapitres sur le symptôme. L’un s’appelle Wege zur Symptom Bildung, c’est le chapitre 23, puis vous vous apercevez qu’il y a un chapitre 17 qui s’appelle Der Sinn, le sens des symptômes. Si Freud a apporté quelque chose, c’est ça. C’est que les symptômes ont un sens, et un sens qui ne s’interprète correctement – correctement voulant dire que le sujet en lâche un bout – qu’en fonction de ses premières expériences, à savoir pour autant qu’il rencontre, ce que je vais appeler aujourd’hui, faute de pouvoir en dire plus ni mieux, la réalité sexuelle. (1846-47)

Journées E. F. P : 09 – 11 – 75

j’entends avancer que le sinthome, c’est de souffrir d’avoir une âme. C’est la psychopathie à proprement parler, en ce sens qu’une âme, c’est ce qu’il y a de plus emmerdant. L’accablement sous lequel vivent presque tous les hommes de nos jours ressortit à ceci d’avoir une âme dont l’essentiel est d’être symptôme. Et si on a tournaillé autour de la psychopathie et de la psychose, c’est bien de ce fait que l’imaginaire, le symbolique et le réel, (249)quoique noués, ça ne se suffit pas ; n’y aurait-il que ce complément – c’est comme ça que je le dessine – ce complément au symbolique, cette façon de se nouer de deux des ronds de ficelle, qui ne suffisent pas pour autant à en faire un, c’est tout de même bien au symbolique qu’est accroché tout ce qui concerne le symptôme, et sur cette consistance propre au symptôme, j’essaie – c’est ce que j’essaierai, j’emploie les choses au présent parce que c’est vrai, c’est ce que je commence à interroger – j’essaierai cette année de vous montrer comment. (1858)

Freud dit d’ailleurs qu’il ne faut pas reculer ; je n’ai pas reculé non plus. Le support de l’imaginaire, du symbolique et du réel, le nœud borroméen entre eux pour tout dire, c’est quelque chose que nous n’abordons que du fait que la connaissance paranoïaque existe. Ma théorie, comme il fallait s’y attendre, du fonctionnement du discours analytique, est de cet ordre, et c’est bien justement en quoi j’ai besoin maintenant de donner sa consistance propre au symptôme, et j’annonce la couleur : c’est par l’intermédiaire du symptôme que nous pouvons dire ce qu’il en est réellement ; que d’être un homme, ce soit déjà tout entier se situer du symptôme, c’est quelque chose bien sûr qui ne peut s’avancer qu’après qu’on ait tour à tour dégagé la fonction de l’imaginaire, du symbolique et de ce à quoi nous accédons du réel. (p. 1859)

Conférence nord-américaines :

24 – 11 75 :

Les médecins prennent les symptômes pour des signes.

Le symptôme au sens psychanalytique est de tout autre nature que le symptôme organique ; les analystes ne sont pas idiots là-dessus.

Le premier qui a eu l’idée du symptôme, c’est Marx.

Le capitalisme se marque par un certain nombre d’effets qui sont des symptômes ; c’est un symptôme dans la mesure où Marx impute à l’humanité d’avoir une norme, et il choisit la norme prolétaire (quand l’homme est nettoyé, tout nu, alors c’est Adam).

(…)Et, dans la mesure où vous choisirez bien vos termes, qui vont tirailler l’analysant, vous allez trouver le signifiant élu, celui qui agira.

(35)En aucun cas une intervention psychanalytique ne doit être théorique, suggestive, c’est-à-dire impérative ; elle doit être équivoque.

L’interprétation analytique n’est pas faite pour être comprise ; elle est faite pour produire des vagues.

Donc il ne faut pas y aller avec de gros sabots, et souvent il vaut mieux se taire ; seulement il faut le choisir.

Il faut avoir été formé comme analyste. Ce n’est que lorsqu’il est formé que, de temps en temps, ça lui échappe ; formé, c’est-à-dire avoir vu comment le symptôme, ça se complète. (1861)

Il est certain que je suis venu à la médecine parce que j’avais le soupçon que les relations entre homme et femme jouaient un rôle déterminant dans les symptômes des êtres humains. (1869)

Le curieux est que Freud pensait qu’il faisait de la science. Il ne faisait pas de la science, il était en train de produire une certaine pratique qui peut être caractérisée comme la dernière fleur de la médecine. Cette dernière fleur trouva refuge ici parce que la médecine avait de si nombreux moyens d’opérer, entièrement répertoriés à l’avance, réglés comme du papier à musique, qu’elle devait se heurter au fait qu’il y avait des symptômes qui n’avaient rien à faire avec le corps, mais seulement avec ceci que l’humain est affligé, si je puis dire, du langage. Par ce langage dont il est affligé, il supplée à ce qui est absolument incontournable : pas de rapport sexuel chez l’humain. (1871)

Freud parle du sens ou de la signification des symptômes plutôt que de leur cause. C’est toujours la question d’un scientifique.

J. LACAN – C’est précisément ce que Freud a introduit.

DR EDELSON – Nous sommes d’accord.

J. LACAN – C’est ce que Freud a introduit et c’est pourquoi je soulève la question de la lecture que Freud fit de ce sens. Ce qui est amusant est que ça réussit. C’est ce qu’un certain Reik appelait (29)« surprise » : la chose qui nous surprend. Précisément parce que nous pensons que la science seule a affaire avec le réel. Mais le réel, tel que nous en parlons, est complètement dénué de sens. Nous pouvons être satisfait, être sûr que nous traitons quelque chose de réel seulement quand il n’a plus quelque sens que ce soit. Il n’a pas de sens parce que ce n’est pas avec des mots que nous écrivons le réel. C’est avec de petites lettres. (1878)

25 – 11 – 75 :

Le quatrième rond est le symptôme. (R, S, I, )

Le ça de Freud, c’est le réel.

Le symbolique, dont relève le surmoi, ça a affaire avec le trou.

S’il faut un élément quart, c’est ce que le symptôme réalise, en tant qu’il fait cercle avec l’inconscient. (p. 1882)

Le symptôme est ce que beaucoup de personnes ont de plus réel ; pour certaines personnes on pourrait dire : le symbolique, l’imaginaire et le symptôme.

Le symptôme est ce que beaucoup de personnes ont de plus réel ; pour certaines personnes on pourrait dire : le symbolique, l’imaginaire et le symptôme. (p. 1883)

01 – 12 – 75 :

Qu’est-ce que ça peut supposer que, par dire, quelqu’un soit libéré du symptôme ? Ça suppose que le symptôme et cette sorte d’intervention de l’analyste – il me semble que c’est le moins qu’on puisse avancer – sont du même ordre. Le symptôme lui aussi dit quelque chose. Il dit, il est une autre forme de vrai dire et ce qu’en somme fait l’analyste, c’est d’essayer de faire un peu plus que de glisser dessus. C’est bien pourquoi l’analyse, la théorie analytique use d’un terme comme résistance. Le symptôme, ça résiste, ce n’est pas quelque chose qui s’en va tout seul ; mais présenter une analyse comme quelque chose qui serait un duel est aussi tout à fait contraire à la vérité, c’est bien pour ça que j’ai – avec le temps, ce n’est pas venu tout de suite – essayé de construire quelque chose qui rende compte de ce qui se passe dans une analyse.(p. 1886/1887)

02 – 12 – 75 :

La figure à quatre ronds, figure 2, je l’appelle figure de la réalité psychique, et  est le symptôme.

Le symptôme, c’est la note propre de la dimension humaine.

(…)Dieu a peut-être des symptômes, mais sa connaissance est probablement d’ordre paranoïaque. Un Dieu qui a créé le monde avec des paroles, on se demande ce que peut être sa consistance.

La spécificité de la figure 2 est que ça fait cercle :+S, c’est ce qui fait une nouvelle sorte de S. Le symptôme fait tout autant partie de l’inconscient. La linguistique est ce qui spécifie ce dont nous interprétons le symptôme. (1893-94)

Symptôme et inconscient : vis sans fin, ronde. Et on n’arrive jamais à ce que tout soit défoulé : Urverdrangung : il y a un trou. (1895)

Question de M. QUINE. : Le but de l’analyse est-il de défaire le nœud ?

Réponse : Non, ça tient ferme.

On pourrait avancer que si Freud démontre quelque chose, c’est que la sexualité fait trou, mais l’être humain n’a pas la moindre idée de ce que c’est.

Une femme se présentifie pour l’homme par un symptôme ; une femme, c’est un symptôme pour l’homme. (1896)

"De James Joyce comme symptôme" : 24 – 01 – 1976

C’est aussi grâce à l’inconscient qu’on s’essaie… qu’on s’essaie de résoudre ce que nous pouvons appeler en l’occasion des symptômes. Il y a des symptômes, bien sûr, beaucoup mieux organisés, les symptômes dits hystériques, ou les symptômes dits obsessionnels [Grand brouhaha dans l’assistance], ils sont beaucoup mieux organisés, ils constituent… [Le brouhaha augmente… Lacan hausse le ton] une psukê, une réalité psychique, voilà ce dont le symptôme donne la substance.

Je sens, mon Dieu, que, peut-être, l’assistance est lassée. [On tousse dans la salle] Je veux donc simplement indiquer que je m’acharne, pour l’instant, sur un artiste, un artiste qui n’est autre que Joyce, je l’ai appelé Joyce le symptôme, c’est que je crois que le moment historique – Joyce et Freud sont à peu près contemporains. Freud est né évidemment, heu… une vingtaine d’années, vingt… un peu plus de vingt ans plus tôt, mais il est aussi mort, quoique très peu, avant Joyce. Que Joyce ait orienté son art vers quelque chose qui soit d’une [sic] aussi extrême enchevêtrement, c’est là le quelque chose que j’essaie d’éclairer ; je dois dire que, vu ma… mon penchant, vu la façon dont je conçois maintenant, enfin, ce qu’il en est de l’inconscient en tant que formant une consistance de nature linguistique, c’est par quelque chose d’analogue, puisque du même coup je suis amené à… il faut bien le dire, à symboliser de la même façon le symbolique, l’imaginaire et le réel, à en faire usage de maille (et je vous ai bien sûr passé là où je situe les coincements majeurs) ; ça me sert s.e.r.t., mais je n’ai que trop souvent l’occasion de voir aussi comment, moi ou les autres, ça serre s.e. deux r. e., ça serre, ça serre ces maillons, et je pourrais vous désigner l’endroit où je vois ce qu’il en est du résultat majeur, à savoir cette squeeze qui s’appelle le désir, et il y a longtemps que j’ai… montré que se supportait, que se supportait de l’image du tore ce qu’il en est de la demande, de la demande d’analyse particulièrement. (1905)

Bon… Mais ce Joyce, s’il s’est mis à viser expressément le symptôme – au point qu’il semble qu’on puisse dire que dans son texte, enfin… le pointage du symptôme comme tel est quelque chose à quoi il s’est on peut dire consacré –, il est parti de quoi ? D’un Dublin, d’un Dublin comme nous l’appelons, d’une ville irlandaise où, manifestement, enfin… ni son père ni sa mère n’ont été pour lui de véritables supports, soutiens, comme, avec le temps, nous envisageons que les choses devraient être, devraient être pour produire un résultat ; il est très curieux que Joyce – qu’il ait été ou non informé de l’existence de Freud, ce n’est pas sûr, ce n’est pas sûr, beaucoup s’exercent à en donner des preuves… il n’est pas sûr qu’il était en tout cas à la page. Et c’est probablement à ça que nous devons le fait que dans son œuvre, puisque œuvre il y a, le fait que dans son œuvre, il…, c’est l’embrouille, l’embrouille des nœuds, qui se trouve faire le tissu, le texte essentiel de ce qu’il nous apporte, mais il le fait si je puis dire en toute innocence – il est extrêmement frappant que, pour quelqu’un comme lui qui, dans son œuvre dernière, Finnegans Wake, a tellement joué de la sphère et de la croix, il est tout à fait étonnant qu’il ne lui soit pas plus qu’à jamais aucun autre venu à l’idée que, de la sphère et de la croix, [Il dessine] il y a autre chose à faire que ce qui en est fait coutumièrement, à savoir… à savoir une sphère surmontée ou surmontant la croix. (1905-1906)

C’est à la lecture de Freud : 1977

Traiter le symptôme comme un palimpseste, c’est dans la psychanalyse une condition d’efficacité. Mais ceci ne dit pas que le signifiant qui manque pour donner le trait de vérité ait été effacé, puisque nous parlons quand nous savons ce que dit Freud, de ce qu’il a été refoulé et que c’est là le point d’appel du flux inépuisable de significations qui se précipite dans le trou qu’il produit. Interpréter consiste certes, ce trou, à le clore. Mais l’interprétation n’a pas plus à être vraie que fausse. Elle a à être juste, ce qui en dernier ressort va à tarir cet appel de sens, contre l’apparence où il semble fouetté au contraire. (p. 2009)

Ouverture de la section clinique : 05 - 01 – 1977

Il est bien certain que le paranoïaque, non seulement il s’identifie au symptôme, mais que l’analyste s’y identifie également. La psychanalyse est une pratique délirante, mais c’est ce qu’on a de mieux actuellement pour faire prendre patience à cette situation incommode d’être homme. C’est en tout cas ce que Freud a trouvé de mieux. Et il a maintenu que le psychanalyste ne doit jamais hésiter à délirer. (p. 2001)

Propos sur l’hystérie : 26 – 02 - 77

Qu’est-ce qui remplace ces symptômes hystériques d’autrefois ? L’hystérie ne s’est-elle pas déplacée dans le champ social ? La loufoquerie psychanalytique ne l’aurait-elle pas remplacée ? (2008)

Tout de mêmes, ce que je dis là est au cœur du problème de ce que nous portons (je parle dans le tissu social). C’est pour cela que tout à 1’heure, j’ai quand même suggéré qu’il y avait quelque – (6)chose qui remplaçait cette soufflure qu’est le symptôme hystérique. C’est curieux, un symptôme hystérique : ça se tire d’affaire à partir du moment où la personne, qui vraiment ne sait pas ce qu’elle dit, commence à blablater …. (et l’hystérique mâle ? on n’en trouve pas un qui ne soit une femelle). (2008-2009)

Il y a un type qui a passé son existence à rappeler l’existence de l’affect. La question est de savoir si oui ou non l’affect s’aère avec des mots ; quelque chose souffle avec ces mots, qui rend l’affect inoffensif c’est-à-dire non engendrant de symptôme. L’affect n’engendre plus de symptôme quand l’hystérique a commencé à raconter cette chose à propos de quoi elle s’est effrayée. Le fait de dire : « elle s’est effrayée » a tout son poids. S’il faut un terme réfléchi pour le dire, c’est qu’on se fait peur à soi-même. Nous sommes là dans le circuit de ce qui est délibéré, de ce qui est conscient. (2010)

Deauville : 08 – 01 – 78

Pourquoi viendrait-on demander à un analyste le tempérament de ses symptômes ? Tout le monde en a étant donné que tout le monde est névrosé, c’est pour ça qu’on appelle le symptôme, à l’occasion, névrotique, et quand il n’est pas névrotique les gens ont la sagesse de ne pas venir demander à un analyste de s’en occuper, ce qui prouve quand même que ne franchit ça, à savoir venir demander à l’analyste d’arranger ça, que ce qu’il faut bien appeler le psychotique. (p. 2044)

Le rêve d’Aristote : 1978-06-01

C’est en tant que le psychanalysant rêve que le psychanalyste a à intervenir. S’agirait-il de réveiller le psychanalysant ? Mais celui-ci ne le veut en aucun cas – il rêve, c’est-à-dire tient à la particularité de son symptôme. (p. 2047)

Congrès E. F. P. : 09 - 07 – 78

Je dois dire que dans la passe, rien n’annonce ça ; je dois dire que dans la passe, rien ne témoigne que le sujet sait guérir une névrose. J’attends toujours que quelque chose m’éclaire là-dessus. J’aimerais bien savoir par quelqu’un qui en témoignerait dans la passe qu’un sujet – puisque c’est d’un sujet qu’il s’agit – est capable de faire plus que ce que j’appellerai le bavardage ordinaire ; car c’est de cela qu’il s’agit. Si l’analyste ne fait que bavarder, on peut être assuré qu’il rate son coup, le coup qui est d’effectivement lever le résultat, c’est-à-dire ce qu’on appelle le symptôme.

J’ai essayé d’en dire un peu plus long sur le symptôme. Je l’ai même écrit de son ancienne orthographe. Pourquoi est-ce que je l’ai choisie ? s-i-n-t-h-o-m-e, ce serait évidemment un peu long à vous expliquer. J’ai choisi cette façon d’écrire pour supporter le nom symptôme, qui se prononce actuellement, on ne sait pas trop pourquoi « symptôme », c’est-à-dire quelque chose qui évoque la chute de quelque chose, « ptoma » voulant dire chute.

Ce qui choit ensemble est quelque chose qui n’a rien à faire avec l’ensemble. Un sinthome n’est pas une chute, quoique ça en ait l’air. C’est au point que je considère que vous là tous tant que vous êtes, vous avez comme sinthome chacun sa chacune. Il y a un sinthome il et un sinthome elle. C’est tout ce qui reste de ce qu’on appelle le rapport sexuel. Le rapport sexuel est un rapport intersinthomatique. C’est bien pour ça que le signifiant, qui est aussi de l’ordre du sinthome, c’est bien pour ça que le signifiant opère. C’est bien pour ça que nous avons le soupçon de la façon dont il peut opérer : c’est par l’intermédiaire du sinthome.

Comment donc communiquer le virus de ce sinthome sous la forme du signifiant ? C’est ce que je me suis essayé à expliquer tout au long de mes séminaires. Je crois que je ne peux pas aujourd’hui en dire plus. (p. 2050)

Denicker : 10 – 11 - 78

C’est bien pourquoi j’avais noué le Symbolique, l’Imaginaire et le Réel d’une certaine façon.

L’Imaginaire soutient ce qu’on appelle le Réel et c’est en cela que la topologie s’articule.

Le Symbolique par rapport au Réel, le Symbolique, c’est-à-dire le langage, est bien ce qui énonce, ce qui peut être énoncé sous le nom d’inconscient.

C’est bien en cela que le Réel c’est l’inconscient.

C’est l’inconscient, ça veut dire quelque chose que j’ai défini comme l’impossible.

L’inconscient c’est l’impossible, à savoir que c’est ce qu’on construit avec le langage ; en d’autres termes, une escroquerie.

L’association d’idées c’est la remise au petit bonheur ; c’est par la voie du petit bonheur qu’on procède pour libérer quelqu’un de ce qu’on appelle le symptôme.

Je me demande quelquefois si je n’aurais pas mieux fait de jouer sur ce qu’on appelle le psychologique. La chose qui m’en a dispensé c’est ce qu’on appelle la structure.

Il y a des structures qui sont, bien sûr, psychologiques mais qui ne se définissent pas par rapport à la relative position du Symbolique, de l’Imaginaire et du Réel.

Car, ce nœud borroméen, dans ce nœud borroméen, le Réel qui est là est commandé par l’Imaginaire et c’est en cela que j’ai choisi d’énoncer le raisonnement mathématique comme premier.

C’est en ce qu’on imagine du nœud borroméen que réside ce qui fait que le Réel est dépendant de l’Imaginaire.

L’inconscient c’est le Symbolique et c’est en cela qu’il tient au Réel. Il tient au Réel et même il le commande. C’est en cela que le langage régit le Réel. (p. (2054-55)

PLM Saint-Jacques : 15 – 03 – 80

Je ne suis pas en train de vous dire que j’opère sur votre inconscient écollectif, mais que l’École, oui, était symptôme – ce qui n’est pas mal. Symptôme, mais pas le bon. Sym-ptôme , remarquez-le, ce dit par antiphrase, puisque s’y désigne ce qui ne tombe pas d’accord. Dans cette école, on ne tombe d’accord que sur ça : on m’aime. Tellement qu’on voudrait que l’éternité se dépêche de me changer en moi-même. Moi, je ne suis pas pressé, je ne m’aime pas au point de vouloir être moi-même. (p. 2071)

Ce que je vais faire de nouveau, je l’ai appelé la cause freudienne, à entendre de ce que j’ai dit de sa fonction, comme étant de sa nature non seulement méconnue, mais cause de ce qui cloche.

Ça cloche dans le groupe analytique, précisément de ce qu’il ne puisse pas être synchrone, mais symptôme. Mais ça ne cloche pas dans l’écrit où je serre la question. (p. 2072.)