Je remercie Annie Staricky, l’équipe informelle dont elle s’est entourée et qui a bien voulu apporter son soutien financier, et Carole Fisbach, pour la lecture des manuscrits et la frappe.
Elles ont permis la réalisation de ce Thésaurus.
THÉSAURUS
Le père dans les séminaires de Jacques Lacan
Établi par Patrick Valas (1982)
THÉSAURUS (1982)
I. Le symptôme (paru)
II. Le surmoi (paru)
III. La fin de l’analyse et la passe (paru)
IV. La perversion (paru)
V. L’amour et le transfert (à paraître)
VI. La femme
VII. La jouissance (paru)
* Nota : Pour faciliter le travail, j’ai donné ici la référence dans les textes publiés, il ne s’agit cependant pas d’une reproduction de ces textes, puisque ces citations sont faites à partir de notes personnelles. — Par ailleurs, la pagination correspond, pour certains séminaires, à des séminaires non publiés à l’époque où j’ai établi ce thésaurus : le point de repère est donc, de façon générale, celui de la date de la leçon.
THÉSAURUS SUR LE PÈRE
Livre I, 1953-1954 : Les écrits techniques
1. Vous savez le caractère profondément dissymétrique et ce dès l’origine, de chacune des relations duelles que comprend la structure œdipienne. La relation qui lie le sujet à la mère est distincte de celle qui le lie au père. La relation narcissique ou imaginaire avec le père est distincte de la relation symbolique et aussi de la relation que nous devons bien appeler réelle — laquelle est résiduelle par rapport à l’architecture qui nous intéresse dans l’analyse. (P. 79 ; 17 février 1954.)
2. Le père constitue d’abord une des figures imaginaires les plus manifestes de l’Ideal-Ich, comme tel investi d’une Verliebtheit, parfaitement isolée, nommée et décrite par Freud. C’est en tant qu’il y a régression de la position libidinale, que le sujet atteint à la phase œdipienne entre trois et cinq ans. Apparaît alors le sentiment d’agression, de rivalité et de haine envers le père. Un très petit changement du niveau libidinal par rapport à un certain seuil transforme l’amour en haine — ça oscille d’ailleurs pendant un certain temps. (P. 204 ; 12 mai 1954.)
3. Le fait que la structure du complexe d’œdipe soit toujours exigible ne nous dispense pas pour autant de nous apercevoir que d’autres structures du même niveau, du plan de la loi, peuvent jouer dans un cas déterminé, un rôle tout aussi décisif. (P. 223 ; 19 mai 1954.)
Livre II, 1954-1955 : Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse
1. L’inconscient est le discours de l’autre. Ce discours de l’autre, ce n’est pas le discours de l’autre abstrait, de l’autre dans la dyade de mon correspondant, ni même simplement de mon esclave ; c’est le discours du circuit dans lequel je suis intégré. J’en suis un des chaînons. C’est le discours de mon père par exemple, en tant que mon père a fait des fautes que je suis absolument condamné à reproduire. C’est ce qu’on appelle le super-ego. (P. 112 ; 19 janvier 1955.)
2. Si Freud a été introduit à l’Œdipe d’une façon aussi décisive pour l’histoire de l’humanité, c’est évidemment qu’il avait un père lequel d’un premier mariage avait déjà deux fils. … Emmanuel et Philippe … qui étaient déjà en âge d’être chacun le père du petit Freud Sigmund. …Il n’en reste pas moins que les personnages de la génération intermédiaire ont joué un rôle considérable. C’est une forme supérieure qui permet de concentrer les attaques agressives contre le père sans trop toucher au père symbolique … Le père symbolique reste intact grâce à cette division des fonctions. (19 janvier 1955, p. 188.)
3. Vous entrevoyez sûrement que la fonction du père n’est si décisive dans toute la théorie analytique que parce qu’elle est à plusieurs plans. Nous avons déjà pu voir à partir de l’Homme aux loups, ce qui distingue le père symbolique, ce que j’appelle le nom du père, et le père imaginaire, rival du père réel, pour autant qu’il est pourvu, le pauvre homme, de toutes sortes , comme tout le monde. Eh bien, cette distinction mérite d’être reprise sur le plan du couple. (19 janvier 1955, p. 302.)
Livre III, 1955-1956 : Les structures freudiennes dans les psychoses
1. Entre la « première crise » et la seconde, soit pendant trois ans, le magistrat Schreber est normal à ceci près que son espoir de paternité n’a pas été comblé. (P. 40 ; 30 novembre 1955.)
2. Commentaire des rapports de Dora à son père. (P. 104, 105, 106 ; 18 janvier 1956.)
3. (À propos de la relation du mâle et de la femme…) Il y faut une loi, une chaîne, un ordre symbolique, l’intervention de l’ordre de la bande, c’est-à-dire du père. Non pas le père naturel, mais de ce qui s’appelle le père. L’ordre qui empêche la collision et l’éclatement de la situation dans l’ensemble est fondé sur l’existence de ce nom du père. (P. 111 ; 18 janvier 1956.)
4. (À propos du cas d’hystérie traumatique : l’homme au tramway.) Le thème unique de fantasme de grossesse domine mais en tant que quoi ? En tant que signifiant — le contexte le montre — de la question de son intégration à la fonction virile, à la fonction du père. (P. 192 ; 14 mars 1956.)
5. Pour la femme, la réalisation de son sexe ne se fait pas dans le complexe d’Œdipe d’une façon symétrique à celle de l’homme, non pas par identification à la mère mais au contraire par identification à l’objet paternel, ce qui lui assigne un détour supplémentaire. Freud n’a jamais démordu de cette conception, quoi qu’on ait pu faire depuis, des femmes spécialement, pour rétablir la symétrie. Mais le désavantage où se trouve la femme quant à l’accès à l’identité de son propre sexe, quant à sa sexualisation comme telle, se retourne dans l’hystérie en un avantage, grâce à son identification imaginaire au père, qui lui est parfaitement accessible, en raison spécialement de sa place dans la composition de l’Œdipe. (P. 193 ; 14 mars 1956.)
6. C’est la prévalence de la Gestalt phallique qui, dans la réalisation du complexe œdipien, force la femme à emprunter un détour pour l’identification au père, et donc à suivre pendant un temps les mêmes chemins que le garçon. L’accès de la femme au complexe œdipien, son identification imaginaire, se fait en passant par le père, exactement comme chez le garçon, en raison de la prévalence de la forme imaginaire du phallus, mais en tant que celle-ci est elle-même prise comme l’élément symbolique central de l’Œdipe. Si pour la fille comme pour le garçon, le complexe de castration prend une valeur pivot dans la réalisation de l’Œdipe, c’est très précisément en fonction du père, parce que le phallus est un symbole dont il n’y a pas de correspondant, pas d’équivalent. C’est d’une dissymétrie dans le signifiant qu’il s’agit. (P. 198 ; 21 mars 1956.)
7. Quand sa question prend forme sous l’aspect de l’hystérie, il est très facile à la femme de la poser par la voie la plus courte, à savoir l’identification au père. (P. 201 ; 21 mars 1956.)
8. (À propos de la couvade.) On y voit maintenant une mise en question de la fonction du père, et de ce qu’il apporte à la création d’un nouvel individu. (P. 201 ; 21 mars 1956.)
9. Compensation imaginaire de l’Œdipe absent qui lui aurait donné la virilité sous la forme, non pas de l’image paternelle mais du signifiant, du nom-du-père. (P. 218 ; 11 avril 1956.)
10. Le père n’est pas simplement le générateur. Il est aussi celui qui possède de droit la mère, et, en principe, en paix. Sa fonction est centrale dans la réalisation de l’Œdipe, et conditionne l’accession du fils — qui est aussi une fonction, et corrélative — de la première — au type de la virilité. Que se passe-t-il si un certain manque s’est produit dans la fonction formatrice du père ? (P. 230 ; 18 avril 1956.)
11. Le père a pu avoir effectivement un certain mode de relation tel que le fils prend bien une position féminine, mais ce n’est pas par crainte de la castration. Nous avons tous connu de ces fils délinquants ou psychotiques qui prolifèrent dans l’ombre d’une personnalité paternelle de caractère exceptionnel, d’un de ces monstre sociaux qu’on dit sacrés. (P. 230 ; 18 avril 1956.)
12. Supposons que cette situation comporte précisément pour le sujet l’impossibilité d’assumer la réalisation du signifiant père au niveau symbolique. Que lui reste-t-il ? Il lui reste l’image à quoi se réduit la fonction paternelle. (P. 230 ; 18 avril 1956.)
13. L’aliénation est ici radicale, elle n’est pas liée à un signifié néantisant, comme dans un certain mode de relation rivalitaire avec le père, mais à un anéantissement du signifiant. (P. 231 ; 18 avril 1956.)
14. (Dans Scheber.) Cette problématique s’insère entre l’image du moi et cette image surélevée, exaucée par rapport à la première, celle du grand Autre, l’imago paternelle, en tant qu’elle instaure la double perspective, à l’intérieur du sujet, du moi, et de l’idéal du moi, pour ne pas parler en cette occasion du surmoi. (P. 236 ; 25 avril 1956.)
15. Je reviendrai par la suite sur la personnalité du père de Schreber. (P. 239 ; 25 avril 1956.)
16. (À propos de ces fameux petits hommes) … Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons pas à cette occasion ne pas nous demander si ce n’est pas d’une certaine incomplétude de la réalisation de la fonction paternelle qu’il s’agit chez Schreber. (P. 240 ; 25 avril 1956.)
17. Non pas que Schreber soit à ce moment là en conflit avec son père. (… Pour ma part, je donnerai trois réponses au sujet de la fonction du père.) (P. 240 ; 25 avril 1956.)
18. Couvade : réalisation imaginaire par la mise en jeu d’une conduite symbolique. (Névrose hystérique : grossesse symbolique, conduite imaginaire.) (P. 240 ; 25 avril 1956.)
19. En somme dans la forme normale, l’accent est mis sur la réalisation symbolique du père par la voie du conflit imaginaire — dans la forme névrotique ou paranévrotique, sur la réalisation imaginaire du père par la voie d’un exercice symbolique de la conduite, et ici que voyons-nous (ces petits hommes schrébériens) sinon la fonction réelle de la génération. (P. 240 ; 25 avril 1956.)
20. C’est là quelque chose qui n’intéresse personne, ni les névrosés, ni les primitifs. Je ne dis pas que ceux-ci ne savent pas la fonction réelle que joue le père dans la génération. Simplement ça ne les intéresse pas. Ce qui les intéresse, c’est l’engendrement de l’âme, l’engendrement de l’esprit par le père, le père en tant que symbolique ou en tant qu’imaginaire. Mais curieusement, dans le délire, c’est bien la fonction réelle du père dans la génération que nous voyons surgir sous une forme imaginaire, si du moins nous admettons l’identification que font les analystes entre les petits hommes et les spermatozoïdes. Il y a là un mouvement tournant entre les trois fonctions qui définissent la problématique de la fonction paternelle. (P. 240, 241 ; 25 avril 1956.)
21. (À propos de Moïse et le monothéisme.) … À la question de savoir par quelle voie la dimension de la vérité entre de façon vivante dans la vie, dans l’économie de l’homme. Freud répond que c’est par l’intermédiaire de la signification dernière de l’idée du père.
Le père est d’une réalité sacrée en elle-même, plus spirituelle qu’aucune autre, puisqu’en somme rien dans la réalité vécue n’en indique à proprement parler la fonction, la présence, la dominance. Comment la vérité du père, comment cette vérité que Freud appelle lui-même spirituelle, vient-elle à être promue au premier plan ? La chose n’est pensable que par le biais de ce drame an-historique, inscrit jusque dans la chair des hommes à l’origine de toute histoire - la mort, le meurtre du père. Mythe bien évidemment, mythe très mystérieux, impossible à éviter dans la cohérence de la pensée de Freud — il y a quelque chose de voilé. (P. 244 ; 2 mai 1956.)
… Les critiques ethnographiques portent à côté. Ce dont il s’agit est une dramatisation essentielle par laquelle entre dans la vie un dépassement intérieur de l’être humain — le symbole du père. (P. 244 ; 2 mai 1956.)
22. Comment cette prise peut-elle s’établir, comment l’homme entre-t-il dans cette loi, qui lui est étrangère, avec laquelle il n’a rien à faire comme animal ? C’est pour l’expliquer que Freud construit le mythe du meurtre du père. (P. 275 ; 16 mai 1956.)
23. (À propos de l’Œdipe dans Freud.) Pourquoi Freud veut-il toujours, avec tant d’insistance, le retrouver partout ? Pourquoi est-ce là un nœud qui lui paraît si essentiel qu’il ne peut l’abandonner dans la moindre observation particulière ? — si ce n’est parce que la notion du père, très voisine de celle de « crainte de Dieu » (dans Athalie) lui donne l’élément le plus sensible dans l’expérience de ce que j’ai appelé le point de capiton entre le signifiant et le signifié. (P. 304 ; 6 juin 1956.)
24. Nous vivons avec un certain nombre de réponses au que suis-je ? en général des plus suspectes. Si je suis père a un sens, c’est un sens problématique. (P. 318 ; 13 juin 1956.)
25. Je vous dirai que, dans toute l’œuvre de Schreber, son père n’est cité qu’une fois, c’est à propos de son œuvre la plus connue, sinon la plus importante, qui s’appelle Manuel de gymnastique de chambre. (P. 320 ; 13 juin 1956.)
26. La seule fois où Schreber nomme son père, c’est au moment où il va voir dans ce bouquin si c’est bien vrai ce que lui disent les voix quant à l’attitude typique qui doit être celle de l’homme et la femme au moment où ils font l’amour. (P. 320 ; 13 juin 1956.)
27. Quel est le signifiant qui est mis en suspens dans sa crise inaugurale ? C’est le signifiant procréation dans sa forme la plus problématique, celle que Freud lui-même évoque à propos des obsessionnels, qui n’est pas la forme être mère, mais la forme être père. Il convient ici de nous arrêter un instant pour méditer sur ceci, que la fonction d’être père n’est absolument pas pensable dans l’expérience humaine sans la catégorie du signifiant.
Que peut vouloir dire être père ? Vous connaissez les discussions savantes dans lesquelles on entre aussitôt, ethnologiques ou autres, pour savoir si les sauvages qui disent que les femmes conçoivent quand elles sont placées à tel endroit, ont bien la notion scientifique que les femmes deviennent fécondes quand elles ont dû mal copulé, des interrogations sont tout de même apparues à plusieurs comme participant d’une niaiserie parfaite car il est difficile de concevoir des animaux humaines assez abrutis pour ne pas s’apercevoir que, quand on veut avoir des gosses, il faut copuler. La question n’est pas là. La question est que la sommation de ces faits — copuler avec une femme, qu’elle porte ensuite quelque chose pendant un certain temps dans son ventre, que ce produit finisse par être éjecté — n’aboutira jamais à constituer la notion de ce que c’est qu’être père. Je ne parle même pas de tout le faisceau culturel impliqué dans le terme être père, je parle simplement de ce que c’est qu’être père au sens de procréer.
Il faut un effet de retour pour que le fait pour l’homme de copuler reçoive le sens qu’il a réellement, mais auquel aucun accès imaginaire n’est possible, que l’enfant soit de lui autant que de la mère. Et pour que cet effet d’action en retour se produise, il faut que l’élaboration de la notion d’être père ait été, par un travail qui s’est produit par tout un jeu d’échanges culturels, portée à l’état de signifiant premier, et que ce signifiant ait sa consistance et son statut. Le sujet peut très bien savoir que copuler est réellement à l’origine de procréer, mais la fonction de procréer en tant que signifiant est autre chose. (P. 329 ; 20 juin 1956.)
28. La paternité et la mort sont d’ailleurs deux signifiants que Freud conjoint à propos des obsessionnels.(P. 330 ; 20 juin 1956.)
29. Le signifiant être père est ce qui fait la grand-route entre les relations sexuelles avec une femme. (P. 330 ; 20 juin 1956.)
30. Le Président Schreber manque selon toute apparence de ce signifiant qui s’appelle être père. C’est pourquoi il a fallu qu’il commette une erreur, qu’il s’embrouille jusqu’à penser porter lui-même comme une femme. Il lui a fallu s’imaginer lui-même femme, et réaliser dans une grossesse la deuxième partie du chemin nécessaire pour que, s’additionnant l’un à l’autre, la fonction être père soit réalisée. (P. 330 ; 20 juin 1956.)
31. L’expérience de la couvade si problématique qu’elle nous paraisse peut-être située comme une assimilation incertaine, incomplète de la fonction être père. Elle répond bien en effet à un besoin de réaliser imaginairement — ou rituellement, ou autrement — la seconde partie du chemin. (P. 330 ; 20 juin 1956.)
32. Sans doute nous manque-t-il dans le texte les éléments qui nous permettraient de serrer de plus près les relations de Schreber avec son père, avec tel frère supposé dont Freud aussi fait grand état. (P. 344 ; 27 juin 1956.)
33. (Ce signifiant manquait dans Schreber.) Ce signifiant je l’ai nommé la dernière fois — tu es celui qui est ou qui sera, père. (P. 344 ; 27 juin 1956.)
34. Avant qu’il y ait le Nom-du-Père, il n’y avait pas de père, il y avait toutes sortes d’autres choses. Si Freud a écrit Totem et Tabou, c’est qu’il pensait entrevoir ce qu’il y avait mais assurément avant que le terme de père ne se soit institué dans un certain registre, historiquement il n’y avait pas de père. Je vous donne là cette perspective qu’à titre de pure concession. … Je ne m’intéresse pas à la préhistoire. (P. 344 ; 27 juin 1956.)
35. (Présentation du Malade antillais.) … À peine lui a-t-on annoncé tu vas être père qu’un personnage apparaît qui lui dit tu es Saint Thomas (observez ce moment crucial avec attention et vous pourrez cerner ce franchissement dans toute entrée dans la psychose. C’est le moment où de l’autre comme tel, dans le champ de l’autre, vient l’appel d’un signifiant qui ne peut être reçu. (P. 344-345 ; 27 juin 1956.)
… Bref ce cas démontre très bien la connexion du registre de la paternité avec l’éclosion de révélations, d’annonciations concernant la génération. (P. 345 ; 27 juin 1956.)
36. Flechsig a déjà été haussé pour lui à la valeur d’un éminent personnage paternel. Il y a déjà eu auparavant mise en alerte ou en suspension de la fonction de la paternité, nous savons par son témoignage qu’il a espéré devenir père. … Or, Flechsig lui dit que la dernière fois, on a fait d’énormes progrès en psychiatrie, et qu’on va lui coller un de ces petits sommeils qui va être bien fécond.
Peut-être était-ce justement la chose à ne pas dire. A partir de ce moment-là notre Schreber ne dort plus, et cette nuit-là il essaie de se pendre. La relation de procréation est en effet impliquée dans le rapport du sujet à la mort. (P. 347 ; 27 juin 1956.)
37. (Dans le cas Schreber.) Qu’est-ce qui nous permet de comprendre la prévalence donnée par Freud à la fonction du Père ? (P. 354 ; 4 juillet 1956.)
Quelles que puissent être certaines des faiblesses de l’argumentation freudienne à propos de la psychose, il est indéniable que la fonction du père est si exaltée chez Schreber qu’il ne faut rien de moins que Dieu le père, et chez un sujet pour qui jusque-là cela n’avait aucun sens, pour que le délire arrive a son point d’achèvement, d’équilibre. La prévalence, dans toute l’évolution de la psychose de Schreber, des personnages paternels qui se substituent les uns aux autres, et vont toujours s’agrandissant et s’enveloppant les uns aux autres, jusqu’à s’identifier au Père divin lui-même, à la divinité marquée de l’accent proprement paternel est indéniable, inébranlable. (P. 354 ; 4 juillet 1956.)
38. … le tiers central pour Freud, qu’est le père (est) un élément signifiant, irréductible à toute espèce de conditionnement imaginaire. (P. 355 ; 4 juillet 1956.)
(Je ne dis pas que le Nom-du-Père soit le seul dont nous puissions dire cela.) (P. 355 ; 4 juillet 1956.)
39. (Le Phallus) chacun sait où le met la théorie analytique. C’est le père qui en est supposé être le porteur. … Le père, dans la dialectique freudienne, a le sien, c’est tout, il ne l’échange ni ne le donne. Il n’y a aucune circulation. Le père n’a aucune fonction dans le trio, sinon de représenter le porteur, le détenteur du phallus. Le père, en tant que père, a le phallus, un point c’est tout. (P. 359 ; 4 juillet 1956.)
40. Cela est si fondamental que si nous essayons de situer dans un schéma ce qui fait tenir debout la conception freudienne du complexe d’Œdipe, ce n’est pas d’un triangle père-mère-enfant dont il s’agit, c’est un triangle (père)-phallus-mère-enfant. Où est le père là-dedans ? Il est dans l’anneau qui fait tenir tout ensemble. La notion de père ne se suppose que pourvue de toute une série de connotations signifiantes… (P. 359 ; 4 juillet 1956.)
(Je n’irai pas jusqu’à vous citer Homère et Saint Paul pour vous dire qu’invoquer le père, que ce soit Zeus ou quelqu’un d’autre, est tout à fait autre chose que de se référer purement et simplement à la fonction génitrice. (P. 359 ; 4 juillet 1956.)
41. L’introduction du signifiant du père, introduit d’ores et déjà une ordination dans la lignée, la série des générations (P. 360.) … Nous ne sommes pas là pour développer toutes les faces de cette fonction du père, mais je vous en fais remarquer une des plus frappantes, qui est l’introduction d’un ordre, d’un ordre mathématique dont la structure est différente de l’ordre naturel. (P. 360 ; 4 juillet 1956.)
42. (Schreber) Il s’agit en fin de compte de savoir si le sujet deviendra, ou non, père. C’est la question du père qui centre toute la structure de Freud, toutes les perspectives qu’il a introduites dans l’expérience subjective. (P. 360 ; 4 juillet 1956.)
43. Après la rencontre, la collision, avec le signifiant inassimilable, il s’agit de le reconstituer, puisque ce père ne peut pas être un père tout simple, un père tout rond, l’anneau de tout à l’heure, le père qu’est le père pour tout le monde, et le président Schreber le reconstitue en effet. Personne ne sait qu’il est inséré dans le père. (P. 361 ; 4 juillet 1956.)
44. Vous êtes tous, et moi-même avec vous, insérés dans ce signifiant majeur qui s’appelle le Père Noël. Avec le Père Noël, cela s’arrange toujours, et je dirai plus, ça s’arrange bien. (P. 362 ; 4 juillet 1956.)
45. (L’enchanteur pourrissant : de Guillaume Apollinaire.) Ce monstre est celui qui a trouvé la clé analytique, le ressort des hommes, et tout spécialement dans la relation du père-enfant à la mère. (P. 363 4 juillet 1956.)
Livre IV, 1956-1957 : La relation d’objet et les structures freudiennes
(N.B. : Pour ce Séminaire, les repères sont les dates des leçons (et non pas forcément les pages.) Toutefois, il semble que la version de référence soit la « pirate » établie par Copy 89.)
1. (La Phobie.) Une organisation symbolique qui s’appelle le Père. (II, p. 38 ; 28 novembre 1956.)
2. … La mise en jeu de la relation symbolique qui ne se fera qu’avec la quarte fonction qui est celle du père qui est introduit par la dimension de l’Œdipe. (V, p. 11 ; 9 décembre 1956.)
3. L’instance castratrice qui est originairement et essentiellement l’instance paternelle. (V, p. 13 ; 9 décembre 1956.)
4. À propos du cas du phobique : « L’objet phobique que nous savons reconnaissable, il est le substitut de l’image paternelle qui est tout à fait carente dans ce cas, c’est l’image de l’homme en armure. (V, p. 27 ; 9 décembre 1956.)
5. La petite fille au détour de cette évolution et au moment où elle entre dans l’Œdipe, c’est bien comme substitut de ce phallus manquant qu’elle se met à désirer un enfant du père. (VI, p. 8 ; 9 janvier 1971.)
… La déception de ne pas recevoir un enfant du père est quelque chose qui va jouer un rôle essentiel pour faire revenir la petite fille de ce dans quoi elle est entrée dans l’Œdipe à savoir ce chemin paradoxal d’abord de l’identification au père, pour qu’elle reprenne la position féminine. (VI, p. 8 ; 9 janvier 1971.)
6. Les rapports du cas de l’homosexualité (genèse.) … à son père. (P. 17 et suite ; 9 janvier 1971.)
(À propos du cas de psychogenèse d’homosexualité féminine.)
7. Les homosexuelles contrairement à ce qu’on pourrait croire, sont celles qui ont fait à un moment une très forte fixation paternelle. (P. 32 ; 9 janvier 1971.)
8. (Dans le fantasme « On bat un enfant ») p. 9 et suite : rapport à la fonction paternelle, et au père comme agent. (VII ; 16 janvier 1957.)
9. Rapport du cas de l’homosexuelle au Père. (VII, p. 37-38 ; 16 janvier 1957.)
10. Les rapports de Dora à son père. (VIII à partir de la p. 12 et suivantes.) Sur l’impuissance du père. (23 janvier 1957.)
11. Par quoi la fille entre dans l’Œdipe ? Quelle peut être la fonction du père en tant que telle par rapport au manque d’objet ? Quelle peut être la fonction du père en tant que donateur. (VIII, p. 18 ; 23 janvier 1957.)
12. Toute une série d’accidents hystériques qui sont très nettement liés a des manifestations d’amour pour ce père. (à propos de Dora.) (P. 19 ; 23 janvier 1957.)
13. Le terme de suicide où s’exprime chez l’homosexuelle dont il s’agit, ce qui est le seul et unique ressort de toute sa perversion, et ceci conformément à tout ce que Freud a maintes fois affirmé concernant le pathogène d’un certain type d’homosexualité féminine, à savoir un amour stable et particulièrement renforcé pour le père. (VIII, p. 34 ; 23 janvier 1957.)
14. L’ordre de la paternité existe, que l’individu vive ou ne vive pas, les terreurs infantiles viennent prendre leur sens articulé dans la relation inter subjective père-enfant, qui est profondément organisée symboliquement. (XI ; 27 février 1967.)
15. De quoi s’agit-il à la fin de cette phase préœdipienne et à l’orée de l’Œdipe ? Il s’agit que l’enfant assume ce phallus en tant que signifiant. … Il s’agit en somme qu’il soit confronté à cet ordre qui se finit dans l’Œdipe, de la fonction du père. (XII, p. 3 ; 6 mars 1957.)
16. … En effet le père n’est pas si simple. La fonction de l’existence sur le plan symbolique dans le signifiant père, avec tout ce que ce terme comporte de profondément problématique pose la question de la façon dont cette fonction est venue au jour de l’organisation symbolique. (P. 3 ; 6 mars 1957.)
… Nous aurons quelques questions à nous poser quant à ces trois aspects de la fonction paternelle. (P. 3.) … L’incidence paternelle dans le conflit sous le triple chef du père symbolique, du père imaginaire et du père réel… (P. 4 ; 6 mars 1957.)
17. Il faut donc que non seulement le sujet après l’Œdipe aboutisse à l’hétérosexualité, mais il faut qu’il y aboutisse d’une façon telle qu’il se situe correctement par rapport à la fonction paternelle, quel qu’il soit, garçon ou fille, et ceci est le centre de toute la problématique de l’Œdipe. (P. 6 ; 6 mars 1957.)
18. (Rapports de la fille au père dans l’Œdipe.) La petite fille trouve alors le pénis réel là où il est au-delà de l’enfant dans celui qui peut lui donner l’enfant, dans le père nous dit Freud… (P. 8.) … et par-là toutes les anomalies dans le développement de la sexualité féminine, mais d’ores et déjà ait des rapports avec cette fixation au père comme porteur du pénis réel, celui qui peut donner réellement l’enfant. (P. 8 ; 6 mars 1957.)
19. C’est par la voie de ce manque qu’elle a été conduite à cet objet qui est le père. (P. 8 ; 6 mars 1957.) … Celui-ci devient celui qui donne l’objet de satisfaction, l’objet de la relation naturelle de l’enfantement. Il ne s’en faut à partir de là pour elle, que d’un peu de patience pour qu’au père se substitue celui qui remplira exactement le même rôle, le rôle du père. (P. 8 ; 6 mars 1957.)
20. (Le rapport de la fille au père.) … Le père dont elle attend effectivement cet enfant, elle met la femme dans une dépendance… très particulière. (P. 9 ; 6 mars 1957.)
21. (Pour le garçon) L’identification à son propre sexe, il se produit en somme dans la relation idéale, dans la relation imaginaire au père. Inversement, le but vrai de l’œdipe qui est sa juste situation par rapport à la fonction du père, c’est-à-dire, qu’il accèdera de lui-même un jour, à cette position complètement paradoxale et problématique qui est d’être un père. (P. 9 ; 6 mars 1957.)
22. (Pour Freud.) Qu’est-ce que c’est qu’être un père ? Ce fut pour lui le problème central. (P. 9.)
… Qu’est-ce qu’un père, ceci est une façon d’aborder le problème de signifiant du père… (P. 10.)
… Qu’est-ce qu’un Père, c’est encore autre chose que être soi-même un père, accéder à la position paternelle. (P. 10 ; 6 mars 1957.)
23. Qu’il y a quelque part quelqu’un qui peut assumer pleinement la position du père et peut lui répondre : je le suis, père. (P. 10 ; 6 mars 1957.)
24. L’entrée dans l’Œdipe : la rivalité quasi fraternelle avec le père… (relation spéculaire.) (P. 17 ; 6 mars 1957.)
25. Le père et dont personne ne peut dire finalement ce que c’est vraiment d’être le père, si ce n’est que c’est justement quelque chose qui se trouve déjà là dans le jeu, et c’est par rapport à ce jeu joué avec le père, ce jeu de qui perd gagne, si je puis dire, que l’enfant peut conquérir la foi qui dépose en lui cette première inscription de la loi. (XII, p. 13 ; 6 mars 1957.)
26. Le seul qui puisse répondre absolument à cette position un peu en tant qu’il est le père symbolique, c’est celui qui pourrait dire comme le Dieu du monothéisme l’a dit « Je suis celui qui suis » mais c’est une chose qui mis à part le texte sacré où nous le rencontrons, ne peut être littéralement prononcé par personne. (P. 14 ; 6 mars 1957.) … Le père symbolique est à proprement parler un impensable, il n’est nulle part, il n’intervient nulle part. … (P. 14 ; 6 mars 1957.)
27. Totem et Tabou qui n’est rien d’autre qu’un mythe moderne, un mythe construit pour nous expliquer ce qui restait béant dans sa doctrine, à savoir où est le Père. (P. 14 ; 6 mars 1957.)
28. Si Totem et Tabou est fait pour nous dire que pour qu’il subsiste des pères, il faut le vrai père, le seul père, le père unique avant l’entrée dans l’histoire, et que ce soit le père mort, bien plus : que ce soit le père tué. (P. 14 ; 6 mars 1957.)
29. Le Père a été tué que pour montrer qu’il est intuable. (P. 14 ; 6 mars 1957.)
… Cette éternisation d’un seul père à l’origine — dont la caractéristique serait qu’il aura été tué. Pourquoi ? Pour être conservé. (P. 14.) Tutare en latin, conserver. (P. 14.)
30. Ce père mythique. … ce qu’il visait (Freud), bel et bien dans la notion de père, c’est ce quelque chose qui dans aucun moment de la dialectique n’intervient, sinon par le truchement du père réel. (P. 14 ; 6 mars 1957.)
31. Le père symbolique est en quelque sorte une nécessité de la construction symbolique. (XIII, p. 23 ; 13 mars 1957.)
32. Le père imaginaire nous avons tout le temps affaire à lui, … quelque chose qui s’appelle l’identification au père. Tout cela se passe au niveau du père imaginaire. (P. 24 ; 13 mars 1957.)
33. Ce père imaginaire aussi bien participe de ce fait à des caractères typiques : ce père imaginaire c’est à la fois le père effrayant que nous connaissons au fond de tellement d’expériences névrotiques, c’est un père qui n’a aucunement d’une façon obligée de relation avec le père réel qu’a l’enfant. (P. 24 ; 13 mars 1957.)
34. Le père réel c’est tout à fait autre chose. … c’est quelque chose dont l’enfant en raison de cette interposition des fantasmes, de la nécessité aussi de la relation symbolique, n’a jamais eu comme pour tout être humain, qu’une appréhension en fin de compte très difficile. (P. 24 ; 13 mars 1957.)
35. C’est au père réel qui est déféré effectivement la fonction saillante dans ce qui se passe autour du complexe de castration. (P. 24 ; 13 mars 1957.)
36. Si effectivement la castration est quelque chose qui mérite d’être isolé, qui a un nom dans l’histoire du sujet, ceci est toujours lié à l’incidence, à l’intervention du père réel, où si vous voulez également marqué d’une façon profonde et profondément déséquilibré par l’absence du père réel. (P. 25 ; 13 mars 1957.)
37. (Lien du père réel à la castration.) (P. 25 ; 13 mars 1957.)
Hans et son père. (P. 25, etc.)
38. L’analogie entre le père et le totem : ils ont à suppléer à ce signifiant du père symbolique. (P. 31 ; 13 mars 1957.)
39. La cohérence que vous pourrez voir se marquer massivement entre ce que j’appellerais l’orgie imaginaire au cours de l’analyse du petit Hans, avec l’intervention du père réel. (P. 32 ; 13 mars 1957.)
40. Le père réel qui était si peu intervenu jusque-là parce qu’il a pu intervenir d’ailleurs, parce qu’il y avait derrière le père symbolique qui est Freud. (P. 32 : 13 mars 1957.)
41. Le père (de Hans) comme Freud le souligne en maints endroits, intervient d’une façon approximative, grossière voire franchement maladroite. (XV, p. 58 ; 27 mars 1957.)
42. Les réactions de Hans aux interventions de son père… (XV, p. 58 et suivantes) … Une espèce de flambée de précipitation, d’accélération et intensification même de la phobie sous l’action du père. (P. 59 ; 27 mars 1957.)
43. Il faut que l’enfant franchisse l’Œdipe, cela veut dire qu’il faut que quelqu’un intervienne dans l’affaire, que c’est le père. (P. 62 ; 27 mars 1957.)
44. Qu’est-ce que cela signifie que le père est réel, est là plus ou moins garant ? (P. 63 ; 27 mars 1957.)
45. Jamais le père ne se laisse aller à la colère, le petit Hans lui souligne du doigt : tu dois être en colère, tu dois être jaloux. Malheureusement le père n’est jamais là pour faire le Dieu tonnerre. (P. 64 ; 27 mars 1957.)
46. Qu’est-ce que veut dire que ce doit être un père imaginaire qui pose définitivement l’ordre du monde ? Cela veut dire que tout le monde n’a pas de phallus, c’est facile à reconnaître, c’est le père tout puissant, c’est lui le fondement de l’ordre du Monde, dans la conception je dirai connue de Dieu. (XVI, p. 74 ; 3 avril 1957.)
47. (Freud à Hans) : « Bien avant que tu sois né, j’avais prévu qu’un jour un petit garçon aimerait trop sa mère, et à cause de cela entrerait dans des difficultés avec son Père ». (P. 75 ; 3 avril 1957.)
(interférence du Père imaginaire et du père symbolique parce que c’est Freud qui parle.)
48. L’élément du père symbolique y est assez distinct du père réel et du père imaginaire. (Hans, p. 75 ; 3 avril 1957.)
49. La fonction du mythe dans la crise psychologique traversée par le petit Hans, crise inséparable de l’intervention paternelle. (XVII, p. 85 ; 10 avril 1957.)
50. (Hans.) Ce dialogue avec le père qui joue à ce moment-là un rôle véritablement inséparable du progrès de la dite fomentation mythique : on peut même dire que c’est à chacune des interventions du père que cette fomentation mythique en quelque sorte stimulée, rebondit, se met à repartir, à revégéter à nouveau. (XVIII, p. 102 ; 8 mai 1957.)
51. Les circuits et Hans avec son Père. (XVIII ; 8 mai 1957.)
52. (La privation de la mère) : c’est cette privation à laquelle le père doit apporter quelque chose. (XIX, p. 115 ; 15 mai 1957.)
53. La résonance de dieu jaloux, du dieu qui est identique à la figure du père dans la théorie de la doctrine freudienne. (P. 116 ; 15 mai 1957.)
54. Remarques sur le père de Hans. (XIX, toute la leçon du 15 mai 1957.)
55. (Consultation de Hans.) Celle à laquelle il a été emmené par son père vers Freud, celle célèbre que je crois être, confrontés qu’ils sont, l’illustration de ce dédoublement voire de ce triplement de la fonction paternelle. (P. 10 ; 15 mai 1957.)
56. (L’Œdipe) pour autant qu’il fait entrer en jeu le nom du père, le père qui devant Freud représente le super-père, le père symbolique. (P. 10 ; 15 mai 1957.)
57. Rapports de Hans avec son père. (XX, p. 18 ; 22 mai 1957.)
Le père brille par son absence. (voir toute la leçon.)
58. « Fouts lui ça une bonne fois là où il faut » et c’est bien tout ce qui est en question dans la relation du petit Hans avec son père. (XXI, p. 151 ; 5 juin 1957.)
59. Je ne peux tout de même pas refaire à cette occasion toute la théorie du complexe d’œdipe, néanmoins le père est celui qui possède la mère, qui la possède en père, avec son vrai pénis qui est un pénis suffisant. (XXI, p. 152 ; 5 juin 1957.)
60. C’est pour autant que son propre pénis est momentanément dans un moment qui est un moment dialectique annihilé, que l’enfant est promis plus tard à accéder à une fonction paternelle pleine, c’est-à-dire à être quelqu’un qui se sente légitimement en possession de sa virilité. (XXI, p. 153 ; 5 juin 1957.)
61. Le père symbolique à savoir le Nom-du-Père … est essentiel à la structuration du monde symbolique. (XXI ; 5 juin 1957.)
62. Le père symbolique … pour l’incidence … c’est le père réel qui joue là un rôle de présence essentielle. (XXI ; 5 juin 1957.)
63. … à savoir que c’est dans la mesure où le père réel joue vraiment le jeu, sa fonction de père castrateur, sa fonction de père si je puis dire, sous forme concrète, empirique, et disons même jusqu’à un certain point, j’allais presque dire dégénéré, le personnage du père primordial sous sa forme tyrannique et plus ou moins horrifiante sous laquelle le mythe freudien nous l’a présenté : dans la mesure, en d’autres termes, où le père tel qu’il existe, remplit sa fonction imaginaire, dans ce qu’elle a, elle d’empiriquement intolérable, si vous voulez de révoltant dans le fait d’une façon quelconque qu’il fait sentir son incidence comme castratrice, et uniquement sous cet angle, que le complexe de castration est vécu. (XXI, p. 154 ; 5 juin 1957.)
64. (Freud) n’arrive pas à suppléer aucunement à la carence du père réel : du père vraiment castrateur et tout le problème est là. (XXI, p. 154 ; 5 juin 1957.)
65. (Chez Hans) Il s’agit de savoir si le père va en effet faire ses preuves, c’est-à-dire va s’affronter en homme avec sa redoutable mère, et si lui-même, le père oui ou non a passé par l’initiation essentielle, la blessure. (XXI, p. 155 ; 5 juin 1957.)
66. Un terme où il y a développement dialectique possible, à savoir une rivalité avec le père, un meurtre du père possible, une éviration du père possible que le complexe de castration est fécond dans l’Œdipe. (XXI, p. 156 ; 5 juin 1957.)
67. Si le père doit trouver quelque part sa synthèse, son sens plein, c’est dans une tradition qui s’appelle la tradition religieuse (tradition judéo-chrétienne.) (XXII, p. 5 ; 19 juin 1957.)
68. (L’Histoire de l’insémination artificielle aux Etats-Unis.) … Le père symbolique c’est le père mort … dans ce cas le père réel aussi est le père mort. (XXII, p. 9-10, etc.) … ici l’exemple : la notion du père, la notion réelle dans aucun cas ne se confond en tant que père avec celle de sa fécondité. … (P. 11.) … si on a coupé quelque chose au père dans cette occasion, et de la façon la plus radicale, il semble aussi que la parole lui soit coupée. (P. 11 ; 19 juin 1957.)
69. Toute espèce « d’introduction » si on peut dire, à la fonction paternelle … de l’ordre d’une expérience métaphorique. (P. 13 ; 19 juin 1957.)
… sa gerbe n’était pas avare ni haineuse… (P. 13, 14, etc.)
… métaphore … dimension nouvelle … cette fonction de la paternité. (P. 16.)
70. Complexe de castration. (P. 18 et suivantes ; 19 juin 1957.)
71. Métaphore paternelle. (XXII, toute la leçon ; 19 juin 1957.)
72. Hans s’installe lui dans une paternité. Quelle sorte de paternité ? Paternité imaginaire précisément. (P. 28, 29, etc. ; 19 juin 1957.)
73. (Toute la leçon du 26 juin 1957, XXIII) sur la paternité.
74. Le petit Hans, littéralement, invoque son père de jouer son rôle de père, et il lui dit : « tu dois être jaloux ». (XXIII, p. 2 ; 26 juin 1957.)
75. Si le complexe d’Œdipe signifie quelque chose, cela veut dire qu’à partir d’un certain moment la mère est considérée, vécue en fonction du père. Le Père ici avec un grand P, parce que nous supposons que c’est là le Père au sens absolu du terme, c’est le père au niveau du père symbolique, c’est le Nom-du-Père qui instaure l’existence du père dans cette complexité sous laquelle il se présente à nous, complexité comme précisément toute l’expérience de la psychopathologie décompose pour nous sous le complexe d’Œdipe. (XXIII, p. 16 ; 26 juin 1957.)
76. La fonction métaphorique de l’objet phobique. L’objet phobique vient là jouer ce quelque chose qui n’est pas rempli dans un cas donné par le personnage du père. (P. 23 ; 26 juin 1957.)
77. C’est pour autant que le complexe de castration est à la fois franchi, mais qu’il ne peut pas être pleinement assumé par le sujet, qu’il produit ce quelque chose de l’identification avec une sorte d’image brute du Père. (XXIV, p. 9 ; 3 juillet 1957.)
78. Don Juan … cherche la femme phallique … et finit par la trouver que sous la forme de cet invité sinistre qui est en effet un au-delà de la femme, auquel il ne s’attend pas, dont ce n’est pas pour rien en effet que c’est le père. (XXIV, p. 16 ; 3 juillet 1957.)
79. La paternité de rêve dans Léonard de Vinci. (XXIV, p. 44 ; 3 juillet 1957.)
Livre V, 1957-1958 : Les formations de l’inconscient
1. La métaphore paternelle. (toute la leçon du 15 janvier 1958, VII.)
2. La métaphore paternelle, donc, c’est quelque chose qui va concerner l’examen de la fonction du père. (P. 1 ; 15 janvier 1958.)
3. Il n’y a pas de question d’Œdipe s’il n’y a pas le père, il n’y a pas d’Œdipe ; inversement parler d’Œdipe c’est introduire comme essentielle la fonction du père. (P. 12 ; 15 janvier 1958.)
4. On s’est aperçu que ce n’était pas si simple, qu’un Œdipe pouvait bien se constituer même quand le père n’était pas là. (P. 14 ; 15 janvier 1958.)
5. La question du père normal et celle de sa position normale dans la famille en est une autre. (P. 17 ; 15 janvier 1958.)
6. … (Père.) Parler de sa carence dans la famille n’est pas parler de sa carence dans le complexe. (P. 17 ; 15 janvier 1958.)
7. C’est pour autant que le père est aimé que le sujet s’identifie à lui. (P. 21 ; 15 janvier 1958.)
8. Se faire aimer du père comporte le danger de la castration. (P. 22 ; 15 janvier 1958.)
9. Intervention du père dans le complexe d’Œdipe. (P. 23-24-25-26 ; 15 janvier 1958.)
10. Le père est une métaphore : (P. 28.) … Je dis le père dans le complexe d’Œdipe, même si cela doit ahurir les oreilles de certains. Je dis exactement le père est un signifiant substitué à un autre signifiant. Et là est le ressort, et l’unique ressort essentiel du père, en tant qu’il intervient dans le complexe d’Œdipe, et si ce n’est pas à ce niveau que vous cherchez les carences paternelles, vous ne les trouverez nulle part ailleurs. (P. 28 ; 15 janvier 1958.)
11. La fonction du père dans le complexe d’Œdipe est d’être un signifiant substitué au signifiant c’est-à-dire au premier signifiant introduit dans la symbolisation, le signifiant maternel. (P. 29 ; 15 janvier 1958.)
12. La métaphore paternelle (toute la leçon du 22 janvier 1958, VIII.)
13. C’est proprement la substitution du père en tant que symbole, en tant que signifiant à la place de la mère et nous verrons ce que veut dire cet « à la place » qui constitue le point pivot, le nerf moteur, l’essentiel du progrès constitué par le complexe d’Œdipe. (VIII, p. 3 ; 22 janvier 1958.)
14. Le père « il est » réel — il n’est réel qu’en tant que les institutions lui confèrent son « nom » de père. (VIII, p. 4 ; 22 janvier 1958.)
15. La position du nom du père, comme tel, qualificateur du père comme procréateur c’est une affaire qui se situe au niveau du symbolique … de la nécessité de la fonction du père qui occupe le nom du père dans la chaîne signifiante. (VIII, p. 5 ; 22 janvier 1958.)
16. La position du signifiant père dans le symbole est fondatrice de la position du phallus dans le plan imaginaire. (VIII, p. 9 ; 22 janvier 1958.)
17. Le père considéré en tant qu’il prive la mère de cet objet, nommément, de l’objet phallique de son désir joue un rôle tout à fait essentiel … dans le complexe d’Œdipe. (VIII, p. 12 ; 22 janvier 1958.)
18. L’Œdipe suspendu autour des trois plans de la castration, de la frustration et de la privation exercé par le Père. (VIII, p. 12 ; 22 janvier 1958.)
19. Le père entre en jeu, c’est bien certain, comme porteur de la loi, comme interdicteur de l’objet qu’est la mère. (VIII, p. 18 ; 22 janvier 1958.)
20. Nous savons que la fonction du père, le nom du père est lié à l’interdiction de l’inceste, mais personne n’a jamais songé à mettre au premier plan du complexe de castration le fait que le père effectivement promulgue la loi de l’interdit et de l’inceste. (VIII, p. 18 ; 22 janvier 1958.)
21. Le père en tant qu’il est investi par le signifiant du père, intervient dans le complexe d’Œdipe d’une façon plus concrète, plus échelonnée. (VIII, p. 19 ; 22 janvier 1958.)
22. Les rapports non pas simplement de la personne de la mère avec la personne du père, mais de la mère avec la parole du père, avec le père en tant que ce qu’il dit n’est pas absolument équivalent à rien. 1) la fonction dans laquelle le nom-du-père intervient, seul signifiant du père. 2) la parole articulée du père ; 3) la loi en tant que le père est dans un rapport plus ou moins intime avec elle. (VIII, p. 25 ; 22 janvier 1958.)
23. En d’autres termes le rapport dans lequel la mère fonde le père comme médiateur de quelque chose qui est au-delà de sa loi à elle, et de son caprice. (VIII, p. 25 ; 22 janvier 1958.)
24. Le Père de Hans. Pour la mère sa parole c’est comme s’il flûtait. (VIII, p. 28 ; 22 janvier 1958.)
25. Pour le père de Hans la position du père est mise en question par le fait que ça n’est pas sa parole qui fait la loi à la mère. (VIII, p. 28 ; 22 janvier 1958.)
26. Intervention du Père dans l’Œdipe (au troisième temps.) (P. 31.) C’est en tant que le père intervient comme réel et comme père potent dans un troisième temps, celui qui succède à la privation ou la castration qui porte sur la mère, la mère imaginée au niveau du sujet. C’est en tant qu’il intervient au troisième temps comme celui qui … intériorisé comme idéal du moi dans le moi du sujet. (VIII, p. 31 ; 22 janvier 1958.) A ce moment-là le complexe d’Œdipe décline.
27. Métaphore paternelle. (leçon IX du 29 janvier 1958.) (Je vous parle de la métaphore paternelle. J’espère que vous vous êtes aperçus que je vous parle du complexe de castration.) (P. 1.)
28. Le Père se fait interdicteur … dans le discours de la Mère. (P. 9 ; 29 janvier 1958.)
29. Le non du Père intervient sur le message … comme Ne pas … (P. 9 ; 29 janvier 1958.)
30. (A propos de l’homosexualité.) Le cas où c’est la mère, au sens où je vous ai appris à le distinguer, fait la Loi au père. (P. 22 ; 29 janvier 1958.)
31. Position du Père dans l’homosexualité. (P. 22-23-26 et suite ; 29 janvier 1958.)
32. (L’homosexualité, la présence du père comme rival est certaine.)
Savoir si vraiment le père en a ou n’en a pas, et c’est très précisément cela qui est demandé par l’homosexuel à son partenaire. (P. 27 ; 29 janvier 1958.)
33. L’identification qui s’appelle idéal-du-moi se fait au niveau paternel. Pourquoi ? Précisément en ceci qu’au niveau paternel le détachement est plus grand par rapport à la relation imaginaire qu’au niveau de la relation à la mère. (X, p. 28 ; 5 février 1958.)
34. Et au-delà du père, de le situer quelque part dans cette catégorie du nom-du-père que nous prenons soin de distinguer des incidences du père réel. (XI, p. 8 ; 12 février 1958.) A propos de « on » bat un enfant. Voir toute la suite pour la question du père.
35. Le nom-du-père, dans la fonction de l’ensemble du système signifiant : celui qui signifie, qui autorise le système signifiant à exister, qui en fait la loi. (P. 8 ; 12 février 1958.)
36. L’image du créateur, du signifiant du notre père, du notre père qui êtes aux cieux. (XII, p. 38 ; 5 mars 1958.)
37. Le Père en tant que possédant le pénis réel, est quelque chose qui intervient au troisième temps de l’Œdipe. (XIV, p. 13 ; 19 mars 1958.)
38. (Freud.) Concevoir en somme un passage qui est le passage de la nature à l’humanité, il faille qu’on passe par le meurtre du père ? (XV, p. 15 ; 26 mars 1958.)
39. Je vous ai dit que là le Père (avec un grand P) en tant qu’il n’est jamais un père, mais bien plutôt le père mort, le père en tant que porteur d’un signifiant comme tel, signifiant au second degré. (XXIV, p. 14 ; 18 juin 1958.)
40. Le Nom-du-Père, en tant qu’étant lui-même le support de la chaîne signifiante … c’est uniquement en tant que cette métaphore s’établit du désir primitif, du désir opaque de la Mère. (XXV, p. 17 ; 25 juin 1958.)
Formule de la métaphore : 25 juin 1958.
(… là où le Nom-du-Père manque, c’est là précisément que ne se produit pas cet effet métaphorique.) (P. 17.)
Livre VI, 1958-1959 : Le désir et son interprétation
1. Analyse du rêve du père mort. (III, p. 23 et suivantes ; 26 novembre 1958.)
2. Analyse du rêve du père mort. (V, p. 21 et suivantes ; 10 décembre 1958.)
3. Ce qui est de contenu de ce vœu …, c’est à savoir le vœu de la castration du père, c’est-à-dire le vœu par excellence qui au moment de la mort du père fait retour pour le fils parce que c’est à son tour d’être châtré. (VI, p. 28 ; 10 décembre 1958.) (Le désir dans ce rêve, c’est que le sujet désire l’ignorer.)
4. Le sujet par la mort de son père est désormais affronté à la mort, ce dont jusque-là la présence du père, à savoir ce quelque chose qui est là présent dans cette douleur d’exister, ce quelque chose qui est le point pivot autour de quoi tourne tout ce que Freud a découvert dans le complexe d’Œdipe, à savoir … la signification de la castration. Telle est la fonction de la castration. (VI, p. 3 ; 17 décembre 1958.)
5. (Œdipe inversé.) … Le sujet se dérobe, nous dit-on, pour autant que de recevoir cet amour du père comporte pour lui la castration. (P. 18 ; 17 décembre 1958.) (… l’homosexualité où le sujet ressent cet amour du père comme essentiellement menaçant) ?
6. L’identification au père pourquoi ? Je vous l’ai déjà indiqué : en tant que c’est celui qui de quelque façon est aperçu comme celui qui a réussi à surmonter réellement ce lien en impasse, à savoir qui est censé avoir réellement châtré la mère. (P. 28 ; 17 décembre 1958.)
7. La mort du père, chaque fois qu’elle se produit, est pour le sujet ressentie comme la disparition, dans un langage plus grossier, de cette sorte de bouclier, d’interposition, de substitution qu’est le père au maître absolu, c’est-à-dire à la mort. (VII, p. 8 ; 7 janvier 1959.)
8. Leçon XIII du 4 mars 1959 portant sur Hamlet Œdipe. La position du Père et « il ne sait pas ». (XIII ; 4 mars 1959.)
9. Il est trop évident que ce crime, qui est le meurtre primitif du père, qui est pour lui exigé comme devant reparaître toujours, comme formant l’horizon, la barre terminale du problème des origines … le meurtre primitif du père, qu’il le place à l’origine de la horde, ou à l’origine de la tradition judaïque, a bien évidemment un caractère d’exigence mythique. (XIX, p. 5 ; 29 avril 1959.)
… Œdipe en tuant le père … renouvelle sur le plan tragique en une sorte de bain lustral la renaissance de la loi. (P. 6.)
10. Il y a quelque chose de très étrange dans la façon dont Hamlet parle de son père. Il y a une exaltation idéalisante de son père mort. (XIX, p. 2, 29 avril 1959.)
11. Freud a pu au départ faire cette chose énorme que de lier le complexe de castration à ce quelque chose à quoi un examen attentif montre qu’il n’est pas tellement solidaire, à savoir d’une fonction dominatrice, cruelle, tyrannique d’une sorte de père absolu. (XXI, p. 21 ; 20 mai 1959.)
12. En tout cas il y a quelqu’un qui est empoisonné par l’oreille, c’est Hamlet, et ici ce qui fait fonction de poison c’est la parole de son père. (XXII, p. 26 ; 27 mai 1959.)
13. Le signifiant du Père … et la fonction de la fécondité. (XXIV, p. 15 ; 10 juin 1959.)
14. Que si l’on peut dire que si la métaphore paternelle, comme je l’ai appelée, y instaure, sous la forme du phallus, une dissociation qui est exactement celle qui recouvre la forme générale, comme il fallait s’y attendre que je vous ai donnée comme pour être celle de l’interdit, à savoir que : ou bien le sujet ne l’est pas ou bien le sujet ne l’a pas. (P. 36 ; 10 juin 1959.)
15. Nous avons, la dernière fois, brièvement parlé de la façon dont les choses se passent chez les névrosés. Nous l’avons dit, pour la névrose le problème passe par la métaphore paternelle, pour la fiction, réelle ou pas, de celui qui jouit en paix de l’objet au prise de quoi ? De quelque chose de pervers, car nous l’avons dit, cette métaphore est le masque d’une métonymie. Derrière cette métaphore du père, comme sujet de la Loi, comme possesseur paisible de la jouissance, se cache la métonymie de la castration. Et regardez-y de près, vous verrez que la castration du fils n’est ici que la suite et l’équivalent de la castration du père. (XXVI, p. 9 ; 24 juin 1959.)
… comme tous les mythes derrière le mystère freudien primitif du père, et le mythe primitif du père, l’indique assez : Chronos châtre Jupiter, Jupiter châtre Chronos avant d’arriver à la royauté céleste. (P. 9 ; 24 juin 1959.)
Livre VII, 1959-1960 : L’éthique de la psychanalyse
1. Qu’est-ce que c’est que cette faute ? Est-ce une faute comme le début de l’œuvre freudienne la désigne, le meurtre du père, ce grand mythe mis par Freud à l’origine de tout développement de la culture ? Est-ce la faute plus obscure, et plus originelle, dont il arrive à poser le terme à la fin de son œuvre, l’instinct de mort pour tout dire, pour autant que l’homme est au plus profond de lui-même ancré dans sa redoutable dialectique. (I, p. 3 ; 18 novembre 1959.)
2. … C’est bien entre ces deux termes … nous nous trouvons en somme, autour de cette question de ce que l’analyse permet de formuler quant à l’origine de cette morale, … de cette mythologie de Totem et Tabou qui fait partie de l’expérience du meurtre originel du père, et de tout ce qui l’engendre, et de ce qui s’enchaîne à elle. (P. 10 ; 18 novembre 1959.)
3. S’agit-il du nom du père comme il s’agit dans la paranoïa ou s’agit-il du non du père … si c’est le nom du père, est-ce que nous n’entrons pas là dans une suite de difficultés. … (V, p. 20 ; 15 décembre 1959.)
4. (Freud) Et il nous a laissé devant un problème d’une béance renouvelée concernant le das-Ding qui est le das-Ding des religieux et des mystiques, au moment où nous ne pouvions plus en rien le mettre sous la garantie du père. (VII, p. 29 ; 13 janvier 1960.)
5. … Dieu est sorti du fait que le père est mort .
… Le père mort à l’origine … il était mort depuis toujours. (IX, p. 28 ; 27 janvier 1960.)
6. Le nom du père, sa fonction signifiante, combien dans son texte même, quand il s’agit de Moïse et le monothéisme. … Freud dans son texte, il fait intervenir ce recours structurant, la puissance paternelle, comme une sublimation comme telle. Il souligne, dans le même texte, où il laisse à l’horizon le trauma primordial du meurtre du père. (XI, p. 9 ; 10 février 1960.)
… celle qui engendre c’est la mère. Et il nous dit il y a un véritable progrès dans la spiritualité d’affirmer que le père, à savoir celui dont on n’est jamais sûr, et dont aussi bien on peut dire que la reconnaissance dans son action implique toute une élaboration mentale, toute une réflexion, le fait d’introduire la fonction primordiale du père, représente comme telle une sublimation à propos de laquelle il pose tout de suite la question : comment précisément en concevoir le saut et le progrès puisque pour l’introduire il faut que déjà quelque chose se manifeste qui institue du dehors son autorité, sa fonction, sa réalité. (P. 10 ; 10 février 1960.)
7. C’est en fonction de la mort de Dieu que le mythe du meurtre du père qui le représente de la façon la plus directe est introduit par Freud comme un mythe moderne. (P. 10 ; 10 février 1960.)
8. La fonction du père, en tant que cette fonction est au cœur de l’expérience qui se définit comme religieuse, Freud, comme je m’exprimais dans un sous-titre qu’on m’avait proposé pour ma conférence, mais qui a un peu effarouché, Freud fait le poids. (XIV, p. 13 ; 16 mars 1960.)
9. … À partir de Totem et Tabou il ne pensait qu’à ça, à cette histoire de Moïse et la religion de ses pères. (P. 13 ; 16 mars 1960.)
10. (Dans Totem et Tabou … le meurtre du Père.)
… tout l’art de Freud est de le lier pour nous au meurtre même du père. (la Loi) … de l’identifier à l’ambivalence qui fonde à ce moment les rapports du fils au père, à savoir, à ce retour de l’amour après l’acte accompli dont on voit bien qu’il est justement là tout le mystère. (P. 23-24 ; 16 mars 1960.)
11. … Non seulement le meurtre du père n’ouvre pas la voie vers la jouissance que la présence du père étant censée interdire, mais si je puis dire, elle en renforce l’interdiction. (P. 24 ; 16 mars 1960.)
12. Et si le mythe de l’origine de la loi, s’incarne dans le meurtre du père, c’est de là que sont sortis ces prototypes qui s’appellent successivement l’animal totem, puis tel dieu, plus ou moins puissant, plus ou moins jaloux, en fin de compte le Dieu unique est Dieu le père, le mythe du meurtre du père, c’est bien le mythe, d’un temps pour qui Dieu est mort. (P. 26 ; 16 mars 1960.)
13. Mais si Dieu est mort pour nous, c’est qu’il l’est depuis toujours et c’est bien là ce que nous dit Freud. Il n’a jamais été le père que dans la mythologie du fils, c’est-à-dire celle du commandement qui ordonne de l’aimer lui le père, et dans le drame de la passion qui nous montre qu’il y a une résurrection au-delà de la mort. (P. 27 ; 16 mars 1960.)
14. (Pour Freud, dans Moïse et le monothéisme.)
… Le Dieu d’Akhenaton, c’est le Dieu du message que le peuple juif véhicule, pour autant que sur Moïse la reproduit la mort, le meurtre archaïque du père. (XV, p. 2 ; 23 mars 1960.)
15. (Que Dieu ait été réellement tué par les hommes, et de faire que la chose fût reproduite par la même rachetant le meurtre primitif du père. La vérité trouve sa voie par celui que l’écriture appelle sans doute le verbe, mais aussi le fils de l’homme, avouant ainsi la nature humaine du père. (P. 5 ; 23 mars 1960.)
16. Donc Freud ne néglige ni le nom du père … il s’exprime sur le nom du père en ces termes, c’est à savoir que dans l’histoire humaine la reconnaissance de la fonction du père est une sublimation. (P. 5 ; 23 mars 1960.)
17. … L’amour pour le père, et son rôle dans la normalisation du désir. (P. 6 ; 23 mars 1960.)
… mais ce qu’il faut comprendre, c’est que cet effet ne se produit sous son mode favorable, privilégié que pour autant que tout est en ordre du côté du nom du père. (P. 6 ; 23 mars 1960.)
18. Freud lui-même, je le dis en passant, ne pouvait pas, à être le premier à avoir complètement démythifié cette fonction du père, ne pouvait pas être tout à fait un bon père. (P. 6 ; 23 mars 1960.)
… son biographe Jones, l’appelle un bourgeois uxorieux, ce n’est pas là comme chacun sait le modèle des pères … aussi bien là où il est vraiment le père, notre père à tous le père de la psychanalyse, que dirons-nous, sinon qu’il l’a laissée aux mains des femmes, et peut-être aussi des maîtres sots… (P. 7 ; 23 mars 1960.)
19. Ce que j’ai voulu ici souligner, c’est que Freud n’est peut-être point un bon père, mais en tout cas il n’était ni une canaille, ni un imbécile. (P. 10 ; 23 mars 1960.)
20. Œdipe … n’a tué qu’un père dont il ne savait pas qu’il était son père. (XXVI, p. 5 ; 29 juin 1960.)
21. Si nous incorporons le père pour être si méchant avec nous-même, c’est peut-être comme dans le cas du deuil, que nous avons, à ce père beaucoup de reproches à faire. (P. 11 ; 29 juin 1960.)
22. Donner un sens à ce que c’est la castration, c’est le père réel qui au niveau de la privation c’est le père imaginaire. (P. 12 ; 29 juin 1960.)
23. Tachons justement de bien voir la fonction de l’un et de l’autre de ces pères au déclin de l’Œdipe, et dans la formation du surmoi. (P. 12 ; 29 juin 1960.)
24. Le père comme castrateur, et le père comme origine du surmoi. (P. 12 ; 29 juin 1960.)
25. Le père réel nous dit Freud est castrateur. En quoi ? Pour sa présence de père réel, comme effectivement besognant le personnage vis-à-vis de quoi l’enfant est en rivalité avec lui, la mère. (P. 12 ; 29 juin 1960.)
26. Le père réel est promu, que ce soit comme cela dans l’expérience ou pas, mais dans la théorie assurément, ça ne fait aucun doute comme grand fauteur, et pas devant l’éternel croyez-moi il n’est même pas là pour compter les coups. Seulement est-ce que ce père réel et mythique précisément au déclin de l’Œdipe ne s’efface pas si je puis dire derrière celui que l’enfant à cet âge et c’est pour cela que c’est cet âge avancé tout de même, 5 ans, peut très bien l’avoir découvert, à savoir le père imaginaire, à savoir celui qui l’a en fin de compte lui, le gosse si mal foutu. (P. 13 ; 29 juin 1960.)
27. Ce père imaginaire, c’est lui, et non pas le père réel qui est le fondement de l’image providentielle de Dieu. (P. 13 ; 29 juin 1960.)
28. C’est bien parce que Freud aimait son père qu’il a fallu qu’il lui redonne une stature, et pour l’achever, cette stature, lui donner cette taille du géant de la horde primitive. (P. 15 ; 29 juin 1960.)
29. Œdipe n’a pas de complexe d’Œdipe … il n’y a pas de père du tout. Je veux dire que celui qui lui a servi de père est son père adoptif. (P. 15 ; 29 juin 1960.)
30. Le père, c’est celui qui nous a reconnu. (P. 15.)
(… quant au père qu’Œdipe a connu lui, ça n’est très précisément comme le mythe l’indique, que le père une fois mort.) (P. 15 ; 29 juin 1960.)
31. … la fonction du père, puisque la seule fonction du père … c’est justement … uniquement le nom-du-père, c’est-à-dire rien d’autre que le père mort comme Freud nous l’explique dans Totem et Tabou (P. 16 ; 29 juin 1960.)
32. Certainement ce dieu n’est pas le premier moteur. Il s’agit des Dieux de la mythologie. Nous savons depuis quand à nous réduire ce déchaînement du signifiant, mais ce n’est pas parce que nous l’avons mis presque tout entier, notre jeu, sur le nom du père, que la question en est simplifiée. (XXVII, p. 8 ; 6 juillet 1960.)
Livre VIII, 1960-1961 : Le transfert dans sa disparité subjective, sa prétendue situation, ses excursions techniques
1. L’important, et ce pourquoi Freud, retrouve sa figure fondamentale dans la tragédie d’Œdipe, c’est le : il ne savait pas qu’il avait tué son père et qu’il couchait avec sa mère. (VII, p. 10 ; 11 janvier 1961.)
2. Le rapport de cette entre-deux morts avec la dimension tragique qui est bien celle ici évoquée en tant que constitutive de toute la transmission paternelle. (IX, p. 14 ; 25 janvier 1961.)
3. La serpe dont Chronos a été châtré ne pouvait pas manquer au terme de cette constellation complète composant le complexe de la paternité. (IX, p. 15 ; 25 janvier 1961.)
Livre IX, 1961-1962 : L’identification
1. À propos de la fonction universelle du nom-du-père. (Logique des propositions.) (VIII, p. 21-22-23 et 24 ; 17 janvier 1962.)
2. En fait, si le fond du christianisme se trouve dans la révélation paulinienne, à savoir dans un certain pas essentiel fait dans les rapports au père, si le rapport de l’amour au père en est ce pas essentiel, s’il présente vraiment le franchissement de tout ce que la tradition sémite a inauguré de grand ; fondamental rapport au père de cette brouhaha originaire, dont il est tout de même difficile de méconnaître que la pensée de Freud rattache d’une façon contradictoire, malédictoire. Nous ne pouvons pas en douter car si la référence à l’Œdipe peut laisser la question ouverte, le fait qu’il ait terminé son discours sur Moïse et comme il l’a fait, ne laisse pas douteux que le fondement de la révélation chrétienne est donc loin dans ce rapport de la grâce que Paul fait succéder à la Loi. (XIII, p. 2 ; 14 mars 1962.)
3. C’est dans ce rapport à l’autre, le père tué au-delà de ce trépas du meurtre originel que se constitue cette forme suprême de l’Amour. (XIV, p. 4 ; 21 mars 1962.)
… ce temps est inéliminable … qu’après le meurtre du père, surgi pour lui … cet amour suprême pour le père. (P. 4 ; 21 mars 1962.)
4. Qu’est-ce que fait l’Homme aux rats en se levant la nuit comme Théodore ? Il se traîne en savates vers le couloir pour ouvrir la porte au fantôme de son père mort pour lui montrer quoi ? Qu’il est en train de bander. Est-ce que ce n’est pas là la révélation d’une conduite fondamentale ? (P. 17 ; 21 mars 1962.)
5. Il est bien certain que toute une partie de l’élucidation analytique et, pour tout dire, toute l’histoire du père dans Freud, c’est notre contribution essentielle à la fonction de Théo dans un certain champ, très précisément dans ce champ qui trouve ses limites au bord de la double coupure en tant que c’est elle qui détermine les caractères structurants, le noyau fondamental du fantasme dans la théorie comme dans la pratique. (P. 16 ; 13 juin 1962.)
6. L’identification au Père (première identification) fait entrer en effet en question quelque chose dont on peut dire que, lié à la tradition d’une aventure proprement historique au point que nous pouvons probablement l’identifier à l’histoire elle-même. (P. 3 ; 20 juin 1962.)
7. S’il y a quelque chose où doit s’accentuer le rapport au corps, à l’incorporation, c’est du côté du père laissé entièrement de côté qu’il faut regarder. (P. 17 ; 27 juin 1962.)
8. Impossible aussi de rien comprendre à ce qui fait l’impasse de la relation analytique, et tout spécialement dans la transmission de la vérité analytique telle qu’elle se fait, l’analyse didactique c’est qu’il est impossible d’y introduire la relation au père, qu’on n’est pas le père de son analysé. J’en ai assez dit et assez fait pour que personne n’ose plus, au moins dans un entourage voisin du mien, risquer d’avancer qu’on peut en être la mère, c’est pourtant de cela qu’il s’agit. (P. 17 ; 27 juin 1962.)
Livre X, 1962-1963 : L’angoisse
1. (À propos du désir et de la loi.)
… désirant je m’engage dans la route de la Loi, c’est pourquoi Freud rapporte à cette remarque l’insaisissable désir du père, l’origine de la Loi. (VI, p. 27 ; 19 décembre 1962.)
2. (L’Homme aux rats) … Il va ouvrir la porte sur ce palier, sur son palier au fantasme imaginé de son père mort, pour présenter devant les yeux de ce spectre l’état actuel de son meurtre. (VII, p. 25 ; 9 janvier 1963.)
3. Le mythe de l’Œdipe ne veut pas dire autre chose, c’est qu’à l’origine, le désir, désir du père et la Loi ne sont qu’une seule et même chose. (VIII, p. 16 ; 16 janvier 1963.)
4. Qu’est-ce que tout le mythe de l’Œdipe veut dire, sinon que le désir du père est cela qui a fait la loi. (P. 16 ; 16 janvier 1963.)
5. Je vous rappelle qu’il faut d’abord prendre pour sa fonction de corrélation massive que l’effet central de cette identité conjuguée du désir du père, cette identité qui conjugue le désir du père à la loi, c’est le complexe de castration en tant, au moment où la loi née par cette mue, mutation mystérieuse du désir du père après qu’il ait été tué, la conséquence est aussi bien dans l’histoire de la pensée analytique que dans tout ce que nous pouvons concevoir comme liaison la plus certaine, c’est en tout cas le complexe de castration. (P. 17 ; 16 janvier 1963.)
6. (Le Christ) : celui pour lequel est instauré le sacrifice, c’est-à-dire au niveau du père. (XIII, p. 16 ; 6 mars 1963.)
7. Don Juan est un rêve féminin … c’est le rapport de Don Juan à cette image du père, en tant non châtré, c’est-à-dire une pure image. (XV, p. 23 ; 2, mars 1963.)
8. C’est parce que le meurtre du père est tout ce qui commande, et qui retentit … c’est son beuglement de taureau assommé qui se fait entendre encore dans le son du chofar. (XVIII, p. 31 ; 27 mai 1963.)
9. Œdipe n’est pas d’abord le père (selon Reik), c’est ce que j’ai voulu dire depuis longtemps en faisant remarquer ironiquement qu’Œdipe n’aurait su avoir un complexe d’Œdipe. (XXIV, p. 18 ; 3 juillet 1963.)
10. La dimension auditive, laquelle implique aussi la fonction paternelle. (P. 27 ; 3 juillet 1963.)
11. C’est autour, pas seulement du nom mais des noms du père que je vous donne rendez-vous. Ce n’est pas pour rien que dans le mythe freudien, le père intervient de la façon la plus évidemment mythique, comme celui dont le désir submerge, écrase…
… Le père n’est pas causa sui selon le mythe religieux, mais sujet qui a été assez loin dans la réalisation de son désir, pour le réintégrer à sa cause quelle qu’elle soit. (P. 28 ; 3 juillet 1963.)
20 novembre 1963 : Les Noms-du-Père
1. J’ai annoncé que je vous parlerais cette année des Noms-du-Père : pourquoi ce pluriel concernant les noms. (P. 1.)
Lacan donne trois références essentielles.
A : 15-22-29 janvier et 5 février 1958. (la métaphore paternelle.)
B : les séminaires du 10 décembre 1961 et ceux qui suivent concernant « la fonction du nom propre »
C : les séminaires de mai sur le transfert concernant ce qui est intéressé au drame du Père dans la trilogie claudelienne.
2. « Le meurtre du Père » c’est sur ce terrain mouvant que je prétendais m’avancer. De ce qui est leur père, aux servants de l’église, sur le père je ne les ai pas trouvé suffisants. (P. 4.)
… St Augustin : sur le père il dit peu de chose ; il parle du fils et combien du St Esprit. Ilusion de je ne sais quelle fuite qui se produit sans qu’il le veuille sous sa plume, quand il s’agit du père.
3. Il est clair que si Freud, au centre de sa doctrine, met le mythe du père, c’est en raison de l’inévitabilité de cette question. (P. 7.)
4. … La question du père. Cette formule était mauvaise, même un contresens ; il ne peut être question de la question du père pour la raison que nous sommes là au-delà de ce qui peut se formuler comme question. (P. 7.)
5. Si mythiquement le père ne peut être qu’un animal, le père primordial avant l’interdit de l’inceste, avant l’avènement de la culture, le père est ce chef du Nord : mais qu’il l’appelle Totem, et justement à la lumière des progrès apportés par la critique de l’anthropologie structurale de Levi-Strauss qui met en relief l’essence classificatoire du Totem, ce qu’il fait en second terme, c’est mettre au niveau du père le nom. (P. 8.)
6. Car ce père, est-ce que nous ne pouvons pas, nous, aller au-delà du mythe pour prendre comme repère ce qu’implique le mythe : dans ce registre que donne notre progrès sur ces trois termes : de la jouissance, du désir, et de l’objet. (P. 8.)
7. La jouissance pure du père comme primordiale. (P. 9.)
8. Il n’est pas vrai que l’animal paraisse comme métaphore du père dans la phobie. (P. 11.)
Livre XI, 1963-1964 : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse
1. Ce que j’avais à dire sur les Noms-du-Père ne visait à rien d’autre, en effet, qu’à mettre en question l’origine, à savoir par quel privilège le désir de Freud avait pu trouver dans le champ de l’expérience qu’il désigne comme l’inconscient, la porte d’entrée. (P. 16 ; 15 janvier 1964.)
2. Tout ce qui nécessite Freud à trouver dans les mythes de la mort du père, la régulation de son désir. (P. 29 ; 22 janvier 1964.)
3. Pour ce qui est de Freud et de sa relation au père, n’oublions pas que tout son effort ne l’a mené qu’à avouer que pour lui cette question restait entière, il l’a dit à une de ses interlocutrices : que veut une femme ? (P. 29 ; 22 janvier 1964.)
4. (À propos du rêve du père : ne vois-tu pas, père, que je brûle ?.) Le père, le Nom-du-Père, soutient la structure du désir avec celle de la loi, mais l’héritage du père, c’est celui que nous désigne Kierkegaard, c’est son péché. (P. 35 ; 29 janvier 1964.)
5. Le fantôme d’Hamlet surgit d’où ? Sinon du lieu d’où il dénonce que c’est dans la fleur de son péché qu’il a été surpris, fauché, et loin qu’il donne à Hamlet les interdits de la Loi qui peuvent faire subsister son désir, c’est d’une profonde mise en doute de ce père trop idéal qu’il s’agit à tout instant. (P. 35 ; 29 janvier 1964.)
6. (À propos de Dora) … voir que le désir de l’hystérique — lisible de façon éclatante dans l’observation — c’est de soutenir le désir du père, dans le cas de Dora, de le soutenir par procuration. (P. 38 ; 29 janvier 1964, et suite.)
7. C’est au désir du père que l’homosexuelle trouve une autre solution, ce désir du père, le défier. (P. 38 ; 29 janvier 1964.)
8. Qu’est-ce que c’est, son auto-analyse ? Sinon le repérage génial de la loi du désir suspendu au Nom-du-Père ? Freud s’avance, soutenu par un certain rapport à son désir, et par ce qui est son acte, à savoir la constitution de la psychanalyse. (P. 48 ; 5 février 1964.)
9. On ne savait pas que le désir de l’hystérique, c’était le désir du père, à soutenir dans son statut. Rien d’étonnant que, pour le bénéfice de celui qui prend la place du père, on se remémore les choses jusqu’à la lie. (P. 49 ; 5 février 1964.)
10. Analyse du rêve Père, ne vois-tu pas que je brûle ? (P. 57 ; 12 février 1964.)
11. Car la véritable formule de l’athéisme n’est pas que Dieu est mort — même en fondant l’origine de la fonction du père sur son meurtre, Freud protège le père — la véritable formule de l’athéisme c’est que Dieu est inconscient. (P. 58 ; 12 février 1964.)
12. Dans le rêve Père, ne vois-tu pas que je brûle ? — il y a le même rapport à quoi nous avons affaire dans une répétition, c’est ce qui pour nous, se figure dans l’appellation de névrose de destinée ou de névrose d’échec, ce qui est manqué n’est pas l’adaptation mais la tuché la rencontre. (P. 66 ; 12 février 1964.)
13. Un des éléments les plus essentiels du ressort des Noms-du-Père, c’est qu’un certain pacte peut être établi au-delà de toute image. (P. 103 ; 12 février 1964.)
14. Ce n’est pas parce que son père la déçoit que la petite malade de Freud, dite l’homosexuelle devient homosexuelle — elle aurait pu prendre un amant. (P. 187 ; 27 mai 1964.)
15. Le caractère fondamentalement transbiologique de la paternité. (P. 224 ; 17 juin 1964.)
16. Tout abri où puisse s’instituer une relation vivable, tempérée, d’un sexe à l’autre nécessite l’intervention — c’est l’enseignement de la psychanalyse — de ce médium qui est la métaphore paternelle. (P. 247 ; 24 juin 1964.)
Livre XII, 1964-1965 : Problèmes cruciaux pour la psychanalyse
1. Du désir de tuer mon père je suis renvoyé au désir du Nom-du-Père, c’est autour du nom et non point … autour de n’importe quel achoppement de paroles, c’est autour du nom que se fait le repérage freudien. Ce Nom-du-Père si nous considérons la structure de l’expérience freudienne, ce Nom-du-Père, c’est là qu’est le mystère, car c’est en raison de ce Nom-du-Père que mon désir est conduit en ce point douloureux, crucial, qui est de tuer mon père et plus encore, que j’ai eu le désir de coucher avec ma mère, sous le signifiant du Nom-du-Père. (II, p. 12 ; 13 janvier 1965.)
2. La Loi est supportée par quelque chose qui s’appelle le Nom-du-Père, c’est-à-dire à un registre tout à fait précis et articulé d’identification sur lequel j’ai été empêché de pointer les repères majeurs avec la conséquence que je ne le ferai pas de sitôt. (V, p. 12 ; 3 février 1965.)
3. (La thématique paternelle — l’impasse divine.)
… s’il nous dit que c’est là qu’est le support d’une croyance en Dieu Miraginaire, c’est pour lui donner assurément une toute autre structure, et l’idée du père n’est pas l’héritage ni le substitut du père, le père de l’église, mais alors ce père imaginaire, ce père dont dans l’analyse on ne parle plus jamais parce qu’on ne sait qu’en faire, ce père, comment et quel est le statut qu’il nous faut lui donner dans ce qu’il en est de notre expérience, voilà en quoi et où se situe la visée qui vient maintenant de notre interrogation sur l’identification dans l’expérience analytique. (VII, p. 5 ; 3 mars 1965.)
4. (Pour Freud) … que l’identification qu’il nous propose comme primordiale, que l’identification du père est posée d’abord dans cette déduction, que l’intérêt que le petit garçon montre tout spécialement pour son père, est là mis comme un premier temps de toute explication possible, de ce dont il s’agit dans l’identification. (P. 5 ; 3 mars 1965.)
5. Ce qui va s’opérer de la rivalité dit-il avec le père, concernant l’objet primordial, ce premier temps prend sa valeur d’être une fois articulé dans son caractère primitif et d’où surgit son relief, aussi la dimension mythique d’être articulé en même temps à ce qui est ainsi produit comme la première forme de l’identification à savoir l’incorporation. (P. 5 ; 3 mars 1965.)
6. Mais qu’est-ce que cette incorporation ? Si sa référence mythique, ethnologique, nous est donnée dans le fait qu’il consomme la victime primordiale, le père démembré, c’est quelque chose qui se désigne sans pouvoir se nommer, qui ne peut se nommer au niveau du terme voilé de l’être. (P. 7 ; 3 mars 1965.)
Livre XIII, 1965-1966 : L’objet de la psychanalyse
1. L’inceste du père, nous savons quant à nous dans toute notre expérience analytique … il est moins dangereux au regard de l’inceste mère-fils qui a toujours des conséquences ravageantes. (IX, p. 142 ; 27 avril 1966.)
2. Au niveau du couple père-fille, la fonction de l’interdit fait qu’elle s’exerce dans ses conséquences dialectiques et prend une forme simplifiée. (P. 142 ; 27 avril 1966.)
Livre XIV, 1966-1967 : La logique du fantasme
1. Freud lui-même, qui dans cette théorie est le père assez grand pour bien être aperçu de cette aliénation dans la question qu’il répétait : que veut la femme ? (P. 213 ; 12 avril 1967.)
2. Là où est censé jouir le Père de toutes les femmes, c’est-à-dire que sa jouissance est … tuée, passée de son versant subjectif à son versant objectif. (P. 242 ; 26 avril 1967.)
Livre XV, 1967-1968 : L’acte psychanalytique
1. (Œdipe … Totem et Tabou ….)
Il y a dans le texte de Freud un troisième terme, celui de Moïse et de monothéisme, que Freud n’hésite pas, pas plus dans ce troisième cas que dans les deux premiers qui ne se ressemblent en rien, à prétendre y faire fonctionner toujours de la même façon le Père et son meurtre. (P. 13 ; 21 février 1968.)
2. … tripartition de la fonction résumée comme œdipienne dans la théorie freudienne … Je l’avais préparé par l’analyse dans mon séminaire sur le Nom-du-Père. (P. 13 ; 21 février 1968.)
3. … par conséquent, il n’y a aucune expérience œdipienne dans la psychanalyse … (P. 13 ; 21 février 1968.)
Livre XVI, 1968-1969 : D’un Autre à l’autre
1. Il y a une tradition, la tradition juive, curieusement où l’on peut bien mettre en relief ce qu’une certaine transcendance de la matière peut devoir à ce qui s’énonce dans les écritures singulièrement inaperçues, bien entendu, mais tout à fait en clair concernant la corporalité de Dieu. C’est des choses sur lesquelles nous ne pouvons pas aujourd’hui nous étendre. C’était un chapitre de mon séminaire sur le Nom-du-père qui comme vous le savez … (IV, p. 6 ; 4 décembre 1968.)
2. Le Nom-du-Père dont j’insiste pour dire que ce n’est pas par hasard que je n’ai pas pu en parler. Le Nom-du-Père prend ici une forme singulière que je vous prie de bien vouloir repérer… (VIII, p. 5 ; 22 janvier 1969.)
3. Le meurtre du père veut justement dire qu’on ne peut pas le tuer, il est déjà mort depuis toujours. (IX, p. 14 ; 29 janvier 1969.)
4. Le Père est mort, seulement voilà, il reste le Nom-du-Père, et tout tourne autour de ça, comme la dernière fois, c’est par là que j’ai commencé, et c’est par là qu’aujourd’hui je finis, la vertu du Nom-du-Père … l’essence pour tout dire de la fonction du Père comme nom, comme pivot du discours tient précisément en ceci, qu’après tout on ne peut jamais savoir qui c’est, qui est le père … cette introduction d’ailleurs de la recherche biologique de la paternité, vous êtes tout à fait sûr que ça peut n’être pas du tout sans incidence sur la fonction du Nom-du-Père, à savoir ce qu’il en est de la transmission de la castration. (P. 15 ; 29 janvier 1966.)
5. C’est fou ce que même chez les pères, les pères de l’Eglise, l’histoire du père on en parle peu. Je ne parle pas de la tradition hébraïque où très évidemment elle est partout en filigrane. (XI, p. 13 ; 12 février 1969.)
Livre XVII, 1960-1970 : L’envers de la psychanalyse
1. On se croit obligé à propos du père de partir de l’enfance. (P. 1 ; 18 février 1970.)
2. Il est bien curieux que si nous nous reportons à Freud, le discours de 1921, celui qui s’appelle « Psychologie des masses et analyse du moi », c’est très précisément à l’identification au père que nous nous reporterons comme primaire. C’est assurément bien étrange de voir qu’en somme ce que Freud pointe là, c’est que tout à fait primordialement le père s’avère être celui qui préside à la toute première identification, qu’il est d’une façon élu, celui qui mérite l’amour. (P. 1 ; 18 février 1970.)
3. L’hystérique n’est pas esclave, donnons-lui maintenant le genre du sexe sous lequel le plus souvent le sujet s’incarne : « elle fait à sa façon une certaine grève. Elle ne livre pas son savoir, elle démasque pourtant la fonction du maître quand elle reste solidaire en mettant en valeur ce qu’il a de maître dans ce qui est « l’Un » dont elle se soustrait, à titre d’objet de son désir. C’est là la fonction propre que nous avons repérée sous le titre « du père idéalisé ». (P. 7 ; 18 février 1970.)
4. Que le Père, point pivot de toute l’aventure est proprement un « homme châtré », j’entends quant à sa puissance, il est manifeste qu’il est à bout de course très malade … (à propos de Dora), … c’est oublier que « père » c’est proférer implicitement que père, ce n’est pas seulement ce qu’il est, ce que ça veut dire, c’est un titre comme « ancien combattant », c’est un ancien géniteur, il est père comme ancien combattant jusqu’à la fin de sa vie. C’est impliquer dans le mot « père » quelque chose de toujours en puissance, en fait de création et c’est par rapport à cela dans ce champ symbolique qu’il faut remarquer que le père en tant qu’il joue le rôle pivot, son rôle maître dans le discours de l’hystérique … Et c’est pour soutenir sa position par rapport à la femme tout en étant hors d’état, c’est là ce qui spécifie la fonction, la relation au père de l’hystérique, c’est ceci que nous désignons comme étant « le père idéalisé ». (P. 8 ; 18 février 1970.)
… (aussi bien le second rêve de Dora) : marque-t-il que le « père symbolique » est bien le père manquant, qu’on y accède que d’un lieu vide et sans communication. (P. 9.)
5. Je parle de l’énurésie, et comme le stigmate de la substitution imaginaire de l’enfant au père. (P. 9) … Mme K qui sait soutenir le désir du père idéalisé. (P. 9 ; 18 février 1970.)
6. Dora trouve à ce père aisément son substitut dans un gros livre, le dictionnaire où l’on apprend tout ce qui concerne le sexe, en marquant bien là ce qui lui importe, fusse au-delà de la mort du père, c’est ce qu’il produit de savoir, le savoir pas n’importe lequel, le savoir sur la vérité. (P. 9 ; 18 février 1970.)
Elle aura cette satisfaction de le faire reconnaître par tout le monde, de ce qu’il en était vraiment des rapports de son Père avec Madame K comme des siens à Mme K. (P. 10 ; 18 février 1970.)
7. (À propos de la jouissance originelle de toutes les femmes.)
Un père suffit tout juste à une et encore il ne faut pas qu’il se vante. Un père n’a avec le maître que le rapport le plus lointain…. (P. 12 ; 18 février 1970.)
8. Le père est amour, ce qu’il y a de premier à aimer dans ce monde, c’est le père (à propos de l’identification de la première forme du pur amour.) (P. 12 ; 18 février 1970.)
9. Le père originel est celui que les fils ont tué après quoi c’est de l’amour de ce père mort, que tout procède d’un certain ordre. (P. 12 ; 18 février 1970.)
10. Le Père dès lors qu’il entre dans ce champ du discours du maître où nous sommes en train de nous orienter, le père est d’origine castré. (P. 12 ; 18 février 1970.)
11. (Interroger le savoir en position de vérité, objet à pierre d’angle, pierre de rejet.) Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Nous sentons que ça nous intéresse et ce n’est pas pour rien que j’ai fait ce détour au niveau de l’actualité … disons d’une certaine galopade qu’a prise le savoir sous la forme dite de la science moderne ; c’est le fait simplement sans toujours que nous n’y comprenions pas beaucoup plus loin que le bout de notre nez, nous faire sentir si quelque part, nous avons la chance que ça prenne un sens de savoir interroger en fonction de vérité. En passant c’est ce qui me justifie à dire que, puisqu’une fois on m’a fermé le clapet au moment où j’allais parler « du Nom-du-Père » je n’en parlerai plus jamais. Ça a l’air taquin, pas gentil. Je ne dirai pas ce qu’est le Nom-du-Père parce que justement moi je ne fais pas partie du discours universitaire.
… Je ne sais pas pourquoi je parlerai au Nom-du-Père, puisque de toute façon là où il se place, c’est au niveau où le savoir fait fonction de vérité …
… si je ne parle pas du Nom-du-Père, ça me permettra de parler d’autre chose, ça ne sera pas sans rapport avec la vérité. (VI, p. 7 ; 11 mars 1970.)
12. (À propos du mythe d’Œdipe.) J’ai parlé à ce niveau-là de la métaphore paternelle. J’ai introduit, je n’ai jamais parlé du « complexe d’Œdipe » que sous cette forme, ça devait être tout de même un peu suggestif. Je dis que c’est la métaphore paternelle, ça n’est tout de même pas comme ça que Freud nous présente les choses (P. 9 ; 11 mars 1970.)
… surtout qu’il tient beaucoup que ça se soit passé, cette sacrée histoire, un « meurtre du père de la horde » … Freud tient à ce que ça soit réel. (P. 9.)
13. … en tous les cas quelqu’un aurait pu sur cette métaphore paternelle s’exciter un peu. (P. 10 ; 11 mars 1970.)
14. … s’il s’agit qu’on ne couche pas avec sa mère, quand on a tué son père. Meurtre du père et jouissance de la mère et la mère jouit. Qu’Œdipe ne sache absolument pas qu’il a tué son Père, ni non plus qu’il fasse jouir sa mère, et qu’il en jouisse, ça change rien à la question. Bel exemple de l’inconscient. (P. 10 ; 11 mars 1970.)
15. Il y a donc ce mythe d’Œdipe, et puis il y a le « meurtre du père de la horde primitive », c’est assez curieux que le résultat soit exactement le contraire. (11 mars 1970.)
16. Ce qui est totalement élidé dans le grossier schéma : « meurtre du père » « jouissance de la mère », c’est le ressort tragique, à savoir que c’est certes du Meurtre du Père qu’Œdipe trouve l’accès libre auprès de Jocaste … (Jocaste savait.)
L’important c’est qu’Œdipe a été admis auprès de Jocaste parce qu’il avait triomphé de l’épreuve de vérité. … ça finit très mal … (P. 13 ; 11 mars 1970.)
C’est parce qu’il a voulu absolument savoir. (P. 13.)
17. Qu’est-ce que Moïse a à faire avec Œdipe et le père de la horde primitive ? C’est qu’il doit bien y avoir là-dedans quelque chose qui tient au contenu manifeste et au contenu latent. Et que pour tout dire, je vous dirais que ce que nous vous proposons, c’est de l’analyse du « complexe d’Œdipe » comme étant un rêve de Freud. (P. 13 ; 11 mars 1970.)
18. Leçon du 18 mars 1970 sur le Père — la signification de la mort du Père.
19. D’une certaine façon cette annonce de la « mort du Père » est loin d’être incompatible avec cette motivation donnée par Freud comme étant la sienne, comme une interprétation analytique de la religion. (P. 2 ; 18 mars 1970.)
20. Freud : Le père est celui qui est reconnu comme méritant l’amour. (P. 2 ; 18 mars 1970.)
21. Dieu est mort, plus rien est permis, écho de « la mort du Père ». (P. 2 ; 18 mars 1970.)
22. « La mort du Père » ; si tant est que c’est bien elle que Freud nous avance comme étant la clé de la jouissance, de la jouissance de l’objet suprême identifié à la mère …
… c’est bien au contraire à partir de la « mort du Père » que l’interdiction de cette jouissance comme étant première s’édifie. (P. 2.)
… à la vérité ce n’est pas seulement de la mort du Père qu’il s’agit … c’est le « meurtre du Père », c’est là dans le mythe d’Œdipe, tel qu’il nous est énoncé qu’est la clé de jouissance. (P. 2 ; 18 mars 1970.)
23. Le « meurtre du Père » est la castration de la jouissance. (P. 3 ; 18 mars 1970.)
(Œdipe, est-ce au prix de ce meurtre qu’Œdipe obtient cette jouissance de la mère.) (P. 3.)
… c’est d’avoir triomphé d’une épreuve de vérité.
24. C’est aussi de la castration que procède ce qui est à proprement parler la succession. Si le fils sait, comme le fantasme en est toujours très curieusement indiqué, mais jamais proprement rattaché au mythe fondamental du « meurtre du Père »… si la castration est ce qui frappe le fils, est-ce que ce n’est pas aussi - et ceci dans notre expérience s’indique - ce qui le fait accéder par la voie juste à ce qu’il en est de la fonction du Père ? Est-ce que ce n’est pas indiquer que c’est de père en fils que la castration se transmet ? (P. 4 ; 18 mars 1970.)
25. Qu’à se vouloir coupable de la mort de son Père (pour Freud), le quelque chose qui s’y cache est : le vœu que le père ne soit immortel … que ce qui fait l’essence de la position infantile, c’est son fondement dans une idée de la toute-puissance qui ferait qu’elle est au-delà de la mort. (P. 5 ; 18 mars 1970.) A propos de C. Stein.
(Il faut critiquer le dire de ces souhaits de mort de l’enfant.)
C’est une autre voie qui doit être abordée de ce qu’il en est des souhaits de mort. (P. 5 ; 18 mars 1970.)
26. (Le rêve du Père mort) … tout homme naît d’un père dont, c’est en tant qu’il est mort, que lui « l’homme » ne jouit pas de ce dont il a à jouir. (P. 6 ; 18 mars 1970.)
27. L’équivalence, en termes freudiens est donc faite du Père mort et de la jouissance. (P. 6 ; 18 mars 1970.)
28. (Dans le mythe de Totem et Tabou : équivalence du Père mort et de la jouissance. Opérateur structurel.)
… le Père mort est ce qui a la garde de la jouissance, c’est ce d’où est parti à l’interdit de la jouissance, d’où elle a procédé. Ceci se présente à nous comme le signe de l’impossible même que le père mort soit la jouissance. (P. 6 ; 18 mars 1970.)
29. Un opérateur structural, celui dit du « Père réel », avec cette propriété qui au titre de paradigme, il est aussi la promotion au cœur du système Freudien de ce qui est « le père du Réel » aussi bien. (P. 7 ; 18 mars 1970.)
30. Il n’y a aucune psychologie concevable de ce « Père originel ». (P. 7 ; 18 mars 1970.)
31. D’une impuissance originelle, de celle, pour tout dire, de l’enfant, loin qu’elle soit la toute-puissance. Si l’on a pu s’apercevoir de ce que la psychanalyse nous démontre, c’est que l’enfant est le père de l’homme, c’est bien qu’il doit y avoir quelque part quelque chose qui fait la médiation et c’est très précisément cette insistance du maître, en tant qu’elle vient à produire n’importe quel « signifiant », après tout le signifiant maître. (P. 7 ; 18 mars 1970.)
32. Le « Père réel » agent de la castration. (P. 7 ; 18 mars 1970.)
… « le père réel » c’est ce que l’affirmation du « Père réel » comme impossible est destinée à nous masquer ; le « père réel » n’est rien d’autre que : l’agent de la castration. (P. 8 ; 18 mars 1970.)
33. La « castration » en tant qu’énoncé de quelque chose qui constitue un interdit, en aucun cas, ne saurait se fonder que du second temps, du mythe du meurtre du Père de la horde, et à son dire, au dire du mythe même, il ne provient pas d’autre chose que d’un commun accord. (P. 8 ; 18 mars 1970.)
34. (Notion d’agent à propos du père réel) … ce qu’il en est du « Père réel » comme agent de la castration, il fait le travail de « l’agence-maître ». (P. 9 ; 18 mars 1970.) (Agent au sens d’instrument.)
35. « Agent double » se faire agent double au profit du « père des peuples » … c’est une fonction dont ce n’est pas pour rien que j’ai évoqué du côté du « Père des peuples » la référence, parce que ça a beaucoup de rapport avec celle du « Père Réel », dont évidemment l’énoncé freudien de devoir, il ne peut pas faire autrement, de devoir partir du « discours du Maître » ne peut faire que l’impossible. (P. 10 ; 18 mars 1970.)
36. Le « Père réel » nous le connaissons … tout le monde admet que c’est lui qui travaille … s’il est l’agent de quelque chose dans une société qui, évidemment ne lui donne pas un grand rôle, … il travaille et il voudrait bien être aimé. (P. 10 ; 18 mars 1970.)
37. Cette mystagogie qui en fait le tyran, c’est au niveau du Père Réel en tant qu’il est en effet une construction langagière, comme d’ailleurs Freud l’a toujours fait remarquer, que le « Père Réel » n’a pas d’autre réel, je ne dis pas de réalité, car la réalité est encore autre chose. Il n’est pas autre chose qu’un effet de langage … (P. 11 ; 18 mars 1970.)
38. Il n’y a qu’un seul Père Réel, c’est le spermatozoïde (autrement : scientifiquement c’est intenable cette notion de père réel.) (P. 11 ; 18 mars 1970.)
39. Le facteur Rhésus et … ça n’a absolument rien à faire avec tout ce qu’on a pu pensé comme étant la fonction du Père. (P. 11 ; 18 mars 1970.)
40. Il y a quand même pas que dans les tribus Aranda qu’on pourrait se poser la question de ce qui est réellement le père dans une occasion où une femme s’est trouvée engrossée. Pourquoi ça ne serait pas dans une psychanalyse, le psychanalyste qui soit — même si c’est pas lui du tout qui l’a fait là, sur le terrain spermatozoïdique — qui soit le père réel. (P. 11 ; 18 mars 1970.)
… il n’y pas besoin d’être Aranda pour se poser des questions sur ce qu’il en est de la fonction du père. (P. 11 ; 18 mars 1970.)
41. Voilà on peut très bien faire un enfant à son mari, et que ce soit même si on n’a pas baisé avec, l’enfant de quelqu’un d’autre, justement celui dont on aurait voulu qu’il fut le père. (P. 11 ; 18 mars 1970.)
42. La position du « Père Réel » ça mérite d’être retenu, telle que Freud l’articule, à savoir comme un impossible … (P. 12.)
… le Père imaginaire c’est pas du tout surprenant que nous le rencontrions sans cesse, c’est une dépendance structurale de quelque chose qui est justement ce qui nous échappe, à savoir le Père Réel. (P. 12 ; 18 mars 1970.)
43. La castration, c’est l’opération réelle introduite de par l’incidence du signifiant, quel qu’il soit, dans le rapport du sexe. Qu’elle détermine le père comme étant ce réel impossible … (P. 12 ; 18 mars 1970.)
44. L’idée de mettre le père tout-puissant du désir au principe du désir est très suffisamment réfutée par le fait que c’est le désir de l’hystérique, dont Freud a extrait ses signifiants-maître. (P. 12 ; 18 mars 1970.)
45. Aucun père à tuer, on n’est pas le père de signifiants, on est tout au plus « père » à cause de. (P. 13 ; 18 mars 1970.)
46. La jouissance sépare le signifiant-maître en tant qu’on voudrait l’attribuer au Père du savoir en tant que vérité … ce qu’il en est véridiquement de la castration c’est que même pour l’enfant, quoi qu’on en pense, le Père est celui qui ne sait rien de la Vérité. (P. 13 ; 18 mars 1970.)
47. Du nom de Freud … qui est un Nom-du-Père. (P. 13 ; 18 mars 1970.)
48. Pourquoi dans cet intervalle où Freud si bien a vu jouer le faux, lui fallut-il pousser la mort du père, ne pas se contenter, autre effet de cristal, seulement de la faux du temps. (P. 19 ; radiophonie 8 avril 1970.)
49. Pour être un Père, j’entends pas seulement un père réel, un père du réel, il y a sûrement des choses qu’il faut férocement ignorer. (P. 3 ; 15 avril 1970.)
(Freud fait de la thématique du Père cette espèce de nœud mythique.)
50. Le Père réel, si l’on peut essayer de le restituer de l’articulation de Freud, s’articule proprement avec ce qui ne concerne que le père imaginaire à savoir l’interdiction de la jouissance. (P. 5 ; 15 avril 1970) et que d’autre part y soit masqué ce qui fait de lui l’essentiel à savoir cette castration. (P. 5.)
Livre XVIII, 1970-1971 : D’un discours qui ne serait pas du semblant.
1. Si j’ai terminé mon discours de Rome sur l’évocation du tonnerre, ce n’est pas absolument comme ça, par fantaisie, il n’y a pas de Nom-du-Père tenable sans le tonnerre dont tout le monde sait très bien que, on ne sait même pas le signe de quoi c’est, le tonnerre. (P. 7 ; 13 janvier 1971.)
2. Réel de la jouissance sexuelle en tant qu’elle est détachée comme telle c’est le Phallus, autrement dit le Nom-du-Père, l’identification de ces deux termes ayant en son temps scandalisé de pieuses personnes. (P. 12 ; 20 janvier 1971.)
3. Totem et Tabou où s’inscrit ce mythe tout entier de l’invention de Freud, du père primordial en tant qu’il jouit de toutes les femmes, c’est tout de même là que nous devons interroger d’un peu plus loin, de la logique, de l’écrit, ce qu’il veut dire. (P. 12 ; 17 février 1971.)
… ce que désigne le mythe de la jouissance de toutes les femmes c’est que le toutes les femmes il n’y en a pas. Il n’y a pas d’universel de la femme. (P. 13 ; 17 février 1971.)
4. Que le Père possède toutes les femmes ce qui est manifestement le signe d’une impossibilité. (P. 11 ; 17 mars 1971.)
5. (La « Multiunité ».) Le Père est là pour s’y faire reconnaître, dans sa fonction radicale, dans celle qu’il a toujours manifestée, et chaque fois qu’il s’est agi de monothéisme par exemple. (P. 11 ; 17 mars 1971.)
6. Le tout-homme.
Le père mythique du Totem et Tabou, à savoir celui qui est capable de satisfaire à la jouissance de toutes les femmes. (P. 14 ; 19 mai 1971.)
7. Du passage du père au fils, passage de quoi sinon du phallus. (P. 13 ; 19 mai 1971.)
8. (Totem et Tabou) le Père jouit de toutes les femmes. (P. 13 ; 19 mai 1971.)
9. Ce n’est donc plus les mères, mais les femmes du père, comme telles qui sont concernées par l’interdit. (P. 14 ; 19 mai 1971.)
10. (Dans Totem et Tabou) … Freud, … de l’homme originel … c’est avoué tout ça … du Père de la horde primitive, il est simple d’y reconnaître le phallus : la totalité de ce qui fémininement peut être sujet à la jouissance. (P. 14 ; 19 mai 1971.)
11. Œdipe : il ne reconnaît pas qu’il frappe le père mais qui ne peut pas le reconnaître puisqu’il en a un autre, lequel, de toute antiquité est son père, puisqu’il l’a adopté. C’est même expressément pour ne pas courir le risque de frapper ledit père qu’il s’est exilé. (P. 15 ; 19 mai 1971.)
(Ce dont le mythe est suggestif, c’est de manifester la place que le père géniteur a, en une époque, dont Freud souligne que tout comme dans la nôtre, ce père y est problématique.) (P. 15 ; 19 mai 1971.)
(Le point où Lacan a été empêché de produire par la configuration analytique, les noms du père.)
(Désir de Freud) Névrose de Freud : Totem et Tabou. (P. 15 ; 19 mai 1971.)
12. (Nom propre et métaphore paternelle.)
La métaphore paternelle … Je l’ai introduite sur la « Question préalable à tout traitement possible de la psychose ». (X, p. 10 ; 19 juin 1971.)
13. Si j’ai écrit quelque part que le Nom-du-Père, c’est le phallus. Dieu sait quels frissons d’horreur ceci a évoqués pour quelques âmes pieuses. (P. 10 ; 19 juin 1971.)
C’est le phallus bien sûr mais c’est tout de même le Nom-du-Père.
14. Le nom du Père, ce qui est nommé père, le Nom-du-Père, si c’est un nom qui lui, a une efficace, c’est précisément parce que quelqu’un se lève pour répondre. (P. 10 ; 19 juin 1971.)
15. Le signifiant capable de donner sens au désir de la mère qu’à juste titre je pourrais situer le Nom-du-Père. (P. 11 ; 19 juin 1971.) (Schreber.)
16. Or si Freud a quelquefois essayé d’approcher d’un peu plus près cette fonction du père qui est tellement essentielle au discours analytique, qu’on peut dire d’une certaine façon qu’elle en est le produit. (P. 11 ; 19 juin 1971.)
17. On peut dire que si le signifiant maître jusqu’à présent du discours analytique, c’est bien le Nom-du-Père, il est extrêmement curieux qu’il ait fallu le discours analytique pour que là-dessus se posent les questions. Qu’est-ce qu’un père ? Freud n’hésite pas à articuler que c’est le nom par essence qui implique la foi. (P. 11 ; 19 juin 1971.)
18. Le père n’est jamais que référentiel : nous interprétons telle ou telle relation avec le père, est-ce que nous analysons jamais quelqu’un en tant que père ? … Le père est un terme de l’interprétation analytique, à lui se réfère quelque chose. (P. 11 ; 19 juin 1971.)
19. Le mythe de l’Œdipe fait en quelque sorte tracas, n’est-ce pas parce que soi-disant il instaure la primauté du père, qu’il serait une espèce de reflet du patriarcat. (P. 11 ; 19 juin 1971.)
20. Il me paraît pas du tout un reflet du patriarcat, bien loin de là …, le père non seulement est castré, mais il est précisément castré au point d’être qu’un numéro. (P. 11 ; 19 juin 1971.) Il nous fait apparaître seulement ceci : un point d’abord par où la castration pourrait être serré d’un abord logique…. (P. 12 ; 19 juin 1971.)
George III … George IV — pensez que c’est justement ce qui paraît le plus typique dans la représentation de la paternité, la royauté. (P. 12.) (ça n’épuise pas la question.)
(Y a pas seulement numéro, il y a nombre.) (P. 12.)
21. Il n’est pas rare du tout qu’on puisse avoir pour père son grand-père … je veux dire pour vrai père … et même son arrière-grand-père. (P. 12 ; 19 juin 1971.)
(Dans la première lignée des Patriarches … Noé….) (P. 12.)
22. L’équivalence logique de la fonction du père est très précisément ceci : cette fonction du zéro, trop souvent oubliée. (P. 14.)
(… ce zéro est absolument essentiel à tout repérage chronologique naturel et alors nous comprenons ce que veut dire le meurtre du père.) (P. 14 ; 19 juin 1971.)
23. Il n’y a jamais aucun dramaturge, enfin n’a osé, comme s’exprime l’auteur, faire représenter, manifester le meurtre d’un père par un fils (d’un père en tant que Père.) (P. 14 ; 19 juin 1971.)
24. Mais par contre, c’est tout de même le terme meurtre du père, qui paraît au centre de ce que Freud élabore à partir des données qui constituent le fait de l’hystérique et de son bord, le refus de la castration. Est-ce que ce n’est justement par ce que le meurtre du père ici est le substitut de cette castration refusée que l’Œdipe a pu venir s’imposer, si je puis dire, à la pensée de Freud dans les abords de l’hystérique. (P. 14 ; 19 juin 1971.)
25. Le père : p. 11-12-13-14-15-16. (X ; 16 mai 1971.)
26. … le sens du meurtre du père se rapporte à une autre Bedeutung, c’est là qu’il faudra bien que je me limite aujourd’hui. (P. 15 ; 16 mai 1971.)
27. Totem et Tabou par contre, à savoir celui qui met du côté du père la jouissance originelle est quelque chose à quoi ne répond pas moins un évitement, strictement équivalent, de ce qu’il en est du nœud de la castration. (P. 15 ; 16 mai 1971.)
28. L’obsessionnel en tant qu’il est dans la dette de ne pas exister au regard de ce père non moins mythique qui est celui de Totem et Tabou. (P. 15 ; 16 mai 1971.)
29. Quelle est l’ordonnance du surmoi ? Précisément elle s’origine de ce père originel, plus que mythique, de cet appel comme tel à la jouissance pure, c’est-à-dire aussi à la non-castration, et qui est ce que ce père en effet dit au déclin de l’Œdipe, il dit ce que dit le surmoi, ce n’est pas pur hasard si je n’en ai jamais parlé : c’est jouis … tel est l’ordre, l’ordre impossible à satisfaire qui comme tel est à l’origine de tout ce qui s’élabore, si paradoxal que celui puisse paraître, au terme de la conscience morale. (P. 16 ; 16 mai 1971.)
Livre XIX, 1971-1972 : Ou pire/Le savoir du psychanalyste
1. Il en existe au-moins-un pour qui ça ne fonctionne pas cette affaire de la castration … le Père. (III, p. 30 ; 15 décembre 1971.)
… et c’est bien pour ça qu’on l’a inventé. Il s’appelle le Père, c’est pourquoi le Père existe au moins en tant que Dieu, c’est-à-dire pas beaucoup. (P. 30 ; 15 décembre 1971.)
2. Je disais que le Père c’était un mythe, parce que ça saute aux yeux, en effet que x ne marche pas au niveau du mythe d’Œdipe. Le Père, il n’est pas châtré, sinon comment est-ce qu’il pourrait les avoir toutes. (P. 31 ; 15 décembre 1971.)
(Ils ne sont pas aperçus les petits malins que c’est corrélatif de l’existence justement.) (P. 31.)
3. Ce qui s’introduit au niveau de l’au-moins-un du Père (cet au-moins-un qui veut dire que ça peut marcher sans), ça veut dire, comme le mythe le démontre car il est uniquement fait pour assurer ça, c’est à savoir que la jouissance sexuelle sera possible mais limitée. (V, p. 40 ; 12 janvier 1972.)
4. Ceux qui se trouvent empêtrés dans le rapport œdipien du côté du Père, quand ils n’en sortent pas de ce qui se passe du côté du Père, ça a une cause très précise : c’est qu’il faudrait que le sujet admette que l’essence de la femme ce ne soit pas la castration. (P. 41 ; 12 janvier 1972.)
5. J’avais commencé autrefois, dans un séminaire, quelque chose sur le Nom-du-Père. Naturellement, j’ai commencé par le Père même. J’ai parlé pendant une heure de la jouissance de Dieu, c’était un badinage mystique, c’était pour ne plus jamais en parler. (VIII, p. 29 ; 3 février 1972.)
6. Il faudrait que je m’engage sur cette voie du Nom-du-Père, où précisément j’ai dit que je ne m’engagerai plus jamais. Il s’est trouvé que j’ai relu cette première conférence de l’année 63 à Ste Anne, ça se lit, ça a même une certaine dignité, de sorte que je le publierai. Si je publie encore, ce qui ne dépend pas de moi, il faudrait que d’autres publient avec moi, ça m’encouragerait. (IX, p. 49 ; 2 mai 1972.)
7. Qu’il y ait quelque part au-moins-un qui transcende ce qu’il en est de la prise de la fonction phallique ; le mythe du Père primitif ne veut rien dire d’autre. (P. 52 ; 2 mai 1972.)
8. Ce qu’il en est concernant l’universel mâle : c’est en quoi cet au-moins-un dont se supporte le Nom-du-Père, le Nom-du-Père mythique est indispensable. (P. 54 ; 2 mai 1972.)
9. Dans la tradition Judaïque, d’où tout de même la psychanalyse surgit, il faut noter que dans le sacrifice d’Abraham, ce qui est sacrifié c’est le Père, et que sa descendance mythique est animale, comme pour toute lignée humaine qui se respecte. (XVI, p. 84 ; 1er juin 1972.)
10. Le chasseur aime son gibier, comme les fils qui tuent le père parce qu’ils l’aimaient. (P. 84 ; 1er juin 1972.)
11. x.x : il existe le père dont le dire non le situe par rapport à la fonction phallique, c’est en tant qu’il y a le vide. (P. 86 ; 1er juin 1972.)
12. Ca nous pose la fonction de l’e-pater, la fonction du pater familias. Il faut centrer ce qu’on peut exiger de la fonction paternelle. Les pater ne nous épatent plus. Le Père n’épate pas les familles et pourtant c’est celui qui peut dire non. Mais on trouvera mieux, épater la famille, c’est la seule fonction décisive du père, c’est pas l’edit, sinon on a Schreber comme enfant. Mais on trouvera mieux ! Il y en a toujours un qui épatera la famille, la famille comme troupeau d’esclave. (P. 87 ; 1er juin 1972.)
13. Pour ce qui nécessite l’existence du père, nous partirons de ce point, béance de l’indécidable, entre le pas-toutes et le pas-une. (P. 87 ; 1er juin 1972.)
14. La fonction représentée dans l’analyse par le mythe du père : il unie …
Le père unie donc …
Dans le mythe, il a ce corrélat de « toutes », toutes les femmes c’est là, si l’on suit les inscriptions quantiques, qu’il y a lieu d’introduire une modification, il les unie certes mais pas-toutes justement. (XVII, p. 121 ; 4 juin 1972.)
15. Ce que je me suis permis d’approximation du père avec ce que j’ai inscrit de l’e-pater ; vous voyez que la voie qui conjoint à l’occasion, le mythe avec la dérision ne nous est pas étrangère. (P. 121 ; 4 juin 1972.)
16. … le déplacement … la condensation … ça sert à quelque chose, ça sert à nous expliquer par une autre voie, ce que j’ai tout à fait renoncé à aborder par celle des Noms-du-Père. J’y ai renoncé parce qu’on m’en a empêché un moment puisque c’était justement des gens à qui ça aurait pu rendre service qui m’en ont empêché. Ça leur aurait rendu service dans leur intimité personnelle. Ils sont particulièrement impliqués du côté des Noms-du-Père, c’est une clique très spéciale dans le monde qu’on peut épingler d’une tradition religieuse. (P. 123 ; 4 juin 1972.)
17. Je n’ai pas du tout parlé dans tout cela du Père — car j’ai considéré qu’on vous en avait assez dit, assez expliqué, à vous montrer que c’est autour de celui qui unie, qui dit non, que ne peut que se fondre ce qu’il y a d’universel. (XVII, p. 184 ; 21 juin 1972.)
Livre XX, 1972-1973 : Encore
1. La fonction du père en tant que c’est à elle que se rapporte la castration. (P. 71 ; 20 février 1973.)
2. x.x : l’existence d’un x par quoi la fonction x est niée. C’est là ce qui appelle la fonction du père. (P. 74 ; 13 mars 1973.)
3. … Freud sauve à nouveau le Père. En quoi il imite Jésus-Christ, modestement sans doute. Il n’y met pas toute la gomme. (P. 99 ; 8 mai 1973.)
Livre XXI, 1973-1974 : Les non-dupes errent
1. (« Une petite erre ») : … Ces non-dupes errent, ça sonne drôlement hein, c’est un petit air de ma façon … il n’en reste pas moins que ça sonne strictement de la même façon que les noms du père, à savoir ce que j’ai promis de ne parler plus jamais, ceci en fonction de certaines gens que j’ai pas plus à qualifier qu’au nom de Freud, m’ont justement fait suspendre ce que je projetais d’énoncer des noms du père. (I, p. 1 ; 18 novembre 1959.)
2. Alors les non-dupes errent, et des noms du père qui consonnent si bien. (P. 1 ; 18 novembre 1959.)
3. Dans ces deux termes mis en mots des noms du père et des non-dupes qui errent, c’est le même savoir dans les deux, c’est le même savoir au sens où l’inconscient, c’est un savoir que le sujet peut se déchiffrer, c’est la définition du sujet qu’ici je donne … quoique ce soit le même savoir, ce n’est pas le même sens. (P. 2… ; 18 novembre 1959.)
4. Les Non-dupes errent et les Noms-du-Père, hein, c’est exactement la même chose pour le mot « erre », ou plus exactement pour le mot « errer ». (P. 9 ; 18 novembre 1959.)
5. Cette fonction de l’Autre en tant qu’elle est livrée par le père. (IX, p. 109 ; 12 mars 1974.)
6. Alors les non-dupes errent, c’est peut-être les non-pudes errent. (P. 112 ; 12 mars 1974.)
(Moyennant quoi ça promet hein.) (P. 112.)
7. Simplement là, s’indique que l’amour a affaire à ce que j’ai isolé du titre du Nom-du-Père, c’est bien étrange, le nom du père auquel j’ai fait tout à l’heure l’allusion ironique qu’on sait, à savoir qu’il aurait rapport à l’ancienneté de la famille, qu’est-ce que ça peut être ? Qu’est-ce que là-dessus l’Oedipe, le dit Oedipe nous apprend. (X, p. 120 ; 20 mars 1974.)
… Je voudrais vous montrer comme se monnaie ce nom, ce nom qu’en peu de cas, nous ne voyons pas au moins refoulé. Il ne suffit pas pour porter ce nom, que celle de qui s’incarne l’Autre … celle dis-je de l’Autre s’incarne, ne fait que s’incarner d’ailleurs … la mère parle … la mère il faut bien le dire, en est réduite, ce nom à le traduire par un non, justement le non que dit le père. (P. 121 ; 20 mars 1974.)
8. … sur cette exception de quelque chose, le père, en tant que propositionnellement, il dit non à cette essence. (P. 121 ; 20 mars 1974.)
9. … le défilé du signifiant par quoi passe à l’exercice ce quelque chose qu’est l’amour, c’est très précisément ce Nom-du-Père, ce Nom-du-Père qui est non, qu’au niveau du dire, et qui se monnaye par la voix de la mère dans le dire-non d’un certain nombre d’interdiction. (P. 121 ; 20 mars 1974.)
10. … à ce Nom-du-Père se substitue une fonction qui n’est autre que celle du nommer-à … (X, p. 121 ; 20 mars 1974.)
11. Être nommé-à quelque chose, voilà ce qui poind dans un ordre qui se trouve effectivement se substituer au Nom-du-Père. (P. 121 ; 20 mars 1974.)
12. Être nommé-à quelque chose, voilà ce qui pour nous, à ce point de l’histoire où nous sommes, se trouve préférer, je veux dire effectivement préférer, passer avant ce qu’il en est du Nom-du-Père … (P. 121 ; 20 mars 1974.)
13. Qu’est-ce que cette trace, cette trace désignée comme retour du Nom-du-Père dans le Réel, en tant précisément que le Nom-du-Père est verwerfen, forclos, rejeté et qu’à ce titre il désigne si cette forclusion dont j’ai dit qu’elle est le principe de la folie même, est-ce que se nommer-à n’est pas le signe d’une dégénérescence catastrophique ? (P. 122 ; 20 mars 1974.)
Livre XXII, 1974-1975 : R.S.I.
1. Si Œdipe a forcé quelque chose, c’est tout à fait sans le savoir. Il n’a tué son père que faute d’avoir pris le temps de laïusser. S’il l’avait fait, le temps qu’il fallait, ç’aurait été le temps d’une analyse, puisque c’était pour ça qu’il était sur les routes. Il croyait par un rêve qu’il allait tuer celui qui, sous le nom de Polype, était bel et bien son véritable père. (Ornicar 2, p. 102 ; 17 décembre 1974.)
2. Si j’avais fait les Noms du père, écrit correctement, j’aurais énoncé une consistance telle qu’elle aurait donné les raisons de certains glissements de Freud. (14 janvier 1975.)
3. Un père n’a droit au respect, sinon à l’amour que si le dit amour, le dit respect est — vous n’allez pas en croire vos oreilles — père-versement orienté, c’est-à-dire fait d’une femme objet a qui cause son désir. Mais ce qu’une femme en petit a-cueille ainsi n’a rien à voir dans la question. Ce dont elle s’occupe c’est d’autres objets a qui sont les enfants, auprès de qui le père, pourtant intervient — exceptionnellement dans le bon cas — pour maintenir dans la répression, dans le juste mi-dieu, la version qui lui est propre de sa père-version. Père-version, seule garantie de sa fonction de père, laquelle est la fonction de symptôme, telle que je l’ai écrite. Il y suffit qu’il soit un modèle de la fonction. Voilà ce que doit être le père, en tant qu’il ne peut qu’être exception. Il ne peut être le modèle de la fonction qu’à en réaliser le type. Peu importe qu’il ait des symptômes s’il y ajoute celui de la père-version paternelle, c’est-à-dire que la cause en soi une femme, qui lui soit acquise pour lui faire des enfants, et que de ceux-ci, qu’il le veuille ou pas il prenne soin paternel. La normalité n’est pas la vertu paternelle par excellence, mais seulement le juste mi-dieu, dit à l’instant soit le juste non-dit. Naturellement à condition qu’il ne soit pas cousu de fil blanc, ce non-dit, c’est-à-dire qu’on ne voit pas tout de suite de quoi il s’agit dans ce qu’il ne dit pas — c’est rare, c’est rare qu’il réussisse, ce juste mi-dieu. Cela renouvellera le sujet, quand j’aurai le temps de vous le reprendre. Mais je vous l’ai dit au passage dans un article sur le cas Schreber — rien de pire que le père qui se prend pour la loi sur tout. Pas de père éducateur surtout, mais plutôt en retrait sur tous les magisters. (Ornicar 3, p. 108 ; 21 janvier 1975.)
4. N’importe qui atteint la fonction d’exception qu’a le père, on sait avec quel résultat, celui de sa verwerfung dans la plupart des cas par la filiation qu’il engendre avec le résultat psychotique que j’ai dénoncé. (P. 107 ; 21 janvier 1975.)
5. C’est par son Nom-du-Père, identique à ce qu’il appelle la réalité psychique, et qui n’est rien que la réalité religieuse, c’est pour cette fonction de rêve que Freud instaure le lieu du symbolique, de l’imaginaire et du réel. (VI, p. 98 ; 11 février 1975. Ornicar 4, p. 95.)
6. Pour que se nouent ces trois, en faut-il nécessairement un de plus, dont la consistance serait à référer à la fonction du Père ? Le nœud borroméen démontre le contraire. (P. 99 ; 11 février 1975.)
… c’est bien cette question qui m’a fait commencer mon séminaire des Noms du Père. Je n’avais pas encore trouvé alors la figuration que j’introduis ici, mais il n’y a pas qu’une seule façon d’illustrer comment Freud me fait tenir la conjonction du S, de l’I et du R que les Noms du Père — comme il est patent dans son texte, cette fonction supplémentaire du Père, est-elle indispensable ? Je vous montre que ça pourrait être controuvé. Ce n’est pas parce qu’elle serait indispensable en théorie qu’elle l’est toujours en fait. Si j’ai intitulé ce séminaire les et non pas le Nom-du-Père c’est que j’avais déjà certaines idées de la suppléance du Nom-du-Père. Mais ce n’est pas parce que cette suppléance n’est pas indispensable qu’elle n’a pas lieu. Peut-être est-ce parce que notre I, notre S et notre Réel, à chacun de nous, sont encore dissociés qu’il faut pour les nouer le Nom-du-Père. Mais ne vous imaginez pas, ce ne serait pas dans mon ton que je prophétise, que du Nom-du-Père dans l’analyse comme ailleurs, nous pourrions nous passer pour que chacun des trois ne s’en aille pas de son côté. (P. 100 ; 11 février 1975.)
7. Dans l’état actuel des choses, vous êtes aussi inconsistant que vos pères, et c’est justement d’être entièrement suspendu à eux que vous êtes dans l’état présent. (P. 100 ; 11 février 1975.)
8. Les relations vécues par le Kierkegaard en question sont celles d’un nœud jamais avoué, qui est celui de son père à la faute. Il ne s’agit pas de son expérience, mais de celle de celui qui se trouve par rapport à lui occuper la place du père. Cette place du père devient du même coup problématique. (Ornicar 4, VII, p. 104 ; 18 février 1975 .)
9. (Freud) … ne fait pas usage du tout du Symbolique, de l’I et du Réel, mais ça les implique pourtant, car ça tourne autour du Nom-du-Père. (Ornicar 5, p. 17 ; 11 mars 1975.)
10. Les Noms du Père, c’est ça — le Symbolique, l’Imaginaire et le Réel. Ce sont les noms premiers, en tant qu’ils nomment quelque chose. Comme l’indique la Bible, à propos de cet extraordinaire machin, qui est appelé Père, le premier temps de cette imagination humaine qu’est Dieu est consacré à donner un nom à quoi ? À chacun des animaux. (P. 17 ; 11 mars 1975.)
11. Pour démontrer que le Nom-du-Père n’est rien d’autre que ce nœud, il n’y a pas d’autre façon de faire que de supposer dénoués les ronds. (Ornicar 5, p. 21 ; 11 mars 1975.)
12. L’au-moins-un Dieu, le vrai de vrai, c’est lui qui a appris au parlêtre à faire nom pour chaque chose — le nom du nom-de-nom-de-nom-du-Père, le non-dupe erre sans cela, pour… le reste de l’éternité. (P. 20 ; 11 mars 1975.)
13. Comment nouer ces trois consistances indépendantes ? Il y a une façon qui est celle-là, que j’appelle du Nom-du-Père, c’est ce que fait Freud, du même coup, je montre la fonction radicale du Nom-du-Père, qui est de donner un nom aux choses, avec toutes les conséquences que ça comporte, jusqu’au jouir notamment. (Ornicar 5, p. 21 ; 11 mars 1975.)
14. Je poursuis sur ce qu’il en est du Nom-du-Père pour le ramener à son prototype. (P. 25 ; 11 mars 1975.)
15. (À propos des surréalistes) … les remettait dans l’ornière du Non-du-Père, le Père en tant que nommant, dont j’ai dit que c’était un truc émergé de la Bible, mais dont j’ajoute que c’est pour l’homme une façon de tirer son épingle phallique du Jeu. (P. 27 ; 11 mars 1975.)
16. Un nom de plus dans l’affaire, et dont chacun sait que ça rejaillit toujours à l’affaire du Nom-du-Père, mais c’est un nom à perdre comme les autres, à laisser tomber à perpétuité. (P. 28 ; 11 mars 1975.)
17. Les Noms du Père, les Anons du Père, quel troupeau j’en aurais préparé pour leur faire rentrer dans la gorge leur braiment si j’avais fait mon séminaire, j’aurai h-uni, mot qui vient de hune femme. Quelque ânerie nouvelle. (P. 28 ; 11 mars 1975.)
18. Identifiez-vous au réel de l’Autre réel, vous obtenez ce que j’ai indiqué du Nom-du-Père, où Freud désigne ce que l’identification a à faire avec l’amour. (Ornicar 5, p. 35 ; 18 mars 1975.)
19. Je vous parlerai la prochaine fois des trois formes du Nom-du-Père, celles qui nomment l’Imaginaire, le Symbolique et le Réel, car c’est dans ces Noms que tient le nœud. (P. 35 ; 18 mars 1975.)
20. … le mieux, comme dit la sagesse populaire est l’ennemi du bien, de même que le plus de jouir provient de la père-version, de la version a-perative du jouir. On n’y peut rien, le parlêtre n’aspire qu’au bien, d’où il s’enfonce toujours dans le pire. (Onricar 5, p. 43 ; 8 avril 1976.)
21. Dieu est père-vers. (P. 43 ; 8 avril 1976.)
22. Pour nous l’interdit de l’inceste n’est pas historique mais structural, pourquoi ? Parce qu’il y a le symbolique, cet interdit consiste dans le trou du symbolique pour qu’apparaisse, individualise dans le nœud, quelque chose que je n’appelle pas le complexe d’Œdipe. Ce n’est pas si complexe que ça. Mais le Nom-du-Père, ce qui veut dire le père comme nom — ce qui ne veut rien dire au départ — et non seulement le père comme nom mais le père comme nommant. On ne peut pas dire que là-dessus les Juifs ne soient pas gentils. Ils ont bien expliqué ce qu’est ce qu’ils appellent le Père. Ils le foutent en un point de trou qu’on ne peut même pas imaginer. Je suis ce que je suis, ça c’est un trou non ? Un trou si vous en croyez mes petits schémas, ça engloutit et puis il y a des moments où ça recrache, ça recrache quoi ? Le nom, le Père comme nom.
Ça comporte l’interdit de l’inceste et ça se propage du côté de la castration, comme les autres gentils, enfin là les Grecs nous l’ont bien montré dans un certain nombre de mythes. Ils ont fait une généalogie uniquement fondée sur le Père, Ouranos, Chronos, et patati et patati, jusqu’au moment où Zeus, après avoir beaucoup fait l’amour, s’évanouit devant un souffle. Mais il y a quand même un pas de plus à faire sans quoi on ne comprend rien au lien de cette castration avec l’interdit de l’inceste. Le lien c’est ce que j’appelle le non-rapport sexuel — le Nom-du-Père veut dire qu’il peut avoir, dans le nœud borroméen un nombre indéfini de ronds, le point vif c’est que tout repose sur un ; un en tant que trou, il communique sa consistance à tous les autres. (Ornicar 5, p. 54 ; 15 avril 1975.)
23. L’année où je voulais parler des Noms du Père, j’en aurais parlé d’un peu plus de deux ou trois. Qu’est-ce que ça aurait fait comme remue-ménage chez les analystes, s’ils avaient eu enfin, toute une série de Noms du Père. … Je suis bien content de les laisser secs, et de n’avoir jamais repris ces Noms du Père que sous la forme des non-dupes qui errent. Évidemment, ils ne peuvent qu’errer parce que plus il y en aura, plus ils s’embrouilleront et je me félicite de n’en avoir pas sorti un seul. (P. 55 ; 15 avril 1975.)
24. Des trois consistances, on ne sait jamais laquelle est réelle, c’est pourquoi il faut qu’elles soient quatre. Le quatre est ce qui par cette double boucle supporte le symbolique de ce pourquoi il est fait, à savoir le Nom-du-Père. Le nomination est la seule chose dont nous soyons sûrs qu’elle fasse trou. (P. 55 ; 15 avril 1975.)
25. Mais peut-être pouvons-nous préciser qu’après tout, il n’y a pas que le symbolique qui ait le privilège des Noms du Père. Il n’est pas obligé que la nomination soit conjointe au trou du symbolique. (P. 56 ; 15 avril 1975.)
26. Freud a appelé ça le trait unaire, il ne pouvait pas mieux dire les composants du nœud. Et il a mis en tête qu’il n’y a d’amour que ce qui, du Nom-du-Père fait boucle des trois, du triskel, fait nœud. (P. 56 ; 15 avril 1975.)
27. La nomination de chacune des espèces, d’un nom qui est nom commun et non pas au sens de Russell, nom propre, que représente-t-elle ? Une nomination assurément symbolique mais limitée au symbolique. Cela nous suffit-il pour supporter la fonction du Nom-du-Père ? Le Père est-il celui qui a donné leurs noms aux choses, ou bien doit-il être interrogé en tant que Père au niveau du réel ? Ne faut-il pas nouer le terme de nomination au niveau du cercle dont nous supportons le réel ?
C’est entre ces trois nominations, nomination de l’imaginaire comme inhibition, nomination du réel comme angoisse, nomination du symbolique, fleur du symbolique même, comme symptôme, c’est entre ces trois termes que j’essaierai l’année prochaine de m’interroger sur ce qu’il convient de donner comme substance au Nom-du-Père. (Ornicar 5, p. 66 ; 13 mai 1975.)
Livre XXIII, 1975-1976 : Le sinthome
1. … car on ne pouvait plus mal partir — naître à Dublin avec un père soûlographe … (Ornicar 6, p. 6 ; 18 novembre 1975.)
2. Il faut dès lors supposer tétraédrique le lien borroméen. Le quatrième en l’occasion est le sinthome. C’est aussi bien le Père, pour autant que perversion ne veut dire que version vers le père, et que le Père n’est en somme qu’un symptôme ou un sinthome, comme vous voudrez. L’ex-istence du symptôme est impliquée par la position même, par le lien de l’I du S et du R énigmatique. (P. 9 ; 18 novembre 1975.)
3. Le complexe d’Œdipe est comme tel un symptôme. C’est en tant que le Nom-du-Père est aussi le Père du nom que tout se soutient, ce qui ne rend pas moins nécessaire le symptôme. (P. 9 ; 18 novembre 1975.)
4. Cet autre dont il s’agit est ce qui se manifeste dans Joyce par ceci qu’il est en somme chargé du père. Ce père, il s’avère, dans Ulysse que Joyce doit le soutenir pour qu’il subsiste. (P. 9 ; 18 novembre 1975.)
5. C’est en tant que le Discours du Père règne que le S2 se divise. (P. 10 ; 18 novembre 1975.)
6. Old father-old artificer, stand me now and ever in good stead. Tenez-moi au chaud d’alors et de maintenant. C’est à son père qu’il adresse cette prière, son père qui se distingue justement d’être un père indigne, un père carent, celui que dans tout Ulysse, il cherchera sous des espèces ou il ne le trouve à aucun degré. Il y a évidemment un père quelque part qui est Bloom, un père qui se cherche un fils, mais Stephen lui oppose un — très peu pour moi, après le père que j’ai, j’en ai soupé, plus de Père. (Ornicar 7, p. 14 ; 13 janvier 1976.)
7. Ulysses, c’est le témoignage de ce par quoi Joyce reste enraciné dans son père, tout en le reniant, et c’est bien ça qui est son symptôme. (P. 15 ; 13 janvier 1976.)
8. À propos de la conscience innée de sa race, il invoque l’artificer par excellence que serait son père, alors que c’est lui l’artificer. (P. 15 ; 13 janvier 1976.)
9. De Bloom, et de la façon dont il ressent la suspension entre les sexes, qui le fait s’interroger s’il est un père ou une mère. (P. 17 ; 13 janvier 1976.)
10. L’imagination d’être le rédempteur, dans notre tradition au moins, est le prototype de ce que j’écris père-version. C’est dans la mesure où il y a rapport de fils à père et cela depuis très longtemps qu’a surgi l’idée loufoque du rédempteur. (Ornicar 8, p. 11 ; 10 février 1976.)
11. Freud a essayé de se dépêtrer de ce sado-masochisme, seul point où il y a un rapport supposé entre le sadisme et le masochisme. Le sadisme est pour le père, le masochisme est pour le fils. (P. 11 ; 10 février 1976.)
12. Le phallus, ça se transmet de père en fils, et ça comporte même quelque chose qui annule le phallus du père, avant que le fils ait le droit de le porter. C’est essentiellement à cette transmission symbolique que Freud se réfère dans l’idée de la castration. (P. 11 ; 10 février 1976.)
13. Le désir de Joyce d’être un artiste qui occuperait tout le monde, le plus de monde possible en tout cas, n’est pas exactement le compensatoire du fait que son père n’a jamais été pour lui un père ?
Non seulement celui-ci ne lui a rien appris, mais il a négligé à peu près toutes choses, sauf à s’en reposer sur les bons pères jésuites, l’église diplomatique, le terme diplomatique est emprunté au texte même de Stephen Hero, mais aussi dans le Portrait de l’Artiste, le père parle de l’Eglise comme d’une très bonne institution, et le mot diplomatique est également poussé en avant.
N’y a-t-il pas comme une compensation de cette démission paternelle, de cette Ververfung de fait, dans ceci que Joyce s’est senti impérieusement appelé, c’est le mot, qui résulte d’un tas de choses dans son texte — à valoriser le nom qui lui est propre aux dépens du père ? C’est à ce nom qu’il a voulu que soit rendu, l’hommage que lui-même a refusé à quiconque. Le nom propre fait ici tout ce qu’il peut pour se faire plus que le signifiant du maître. (Ornicar 8, p. 13 ; 10 février 1976.)
14. Ce que j’ai avancé tout doucement la dernière fois, c’est que Joyce a un symptôme qui part de ceci que son père était carent, radicalement carent. Il ne parle que de ça. J’ai centré la chose autour du nom propre, et j’ai pensé que c’est de se vouloir un nom que Joyce a fait la compensation de la carence paternelle. C’est ce que j’ai dit parce que je ne pouvais pas dire mieux, et j’essaierai d’articuler ça de façon plus précise. En tout cas, l’art de Joyce est tellement particulier que le terme sinthome est bien celui qui lui convient. (Ornicar 8, p. 15 ; 17 janvier 1976.)
15. Quoi qu’il en soit, que Joyce articule à propos de Lucia pour la défendre qu’elle est une télépathe me paraît, en raison de ce malade dont je considérais le cas, me paraît certainement indicatif de quelque chose dont Joyce témoigne en ce point même, la carence du père. (P. 17 ; 17 janvier 1976.)
16. L’orientation du réel dans mon ternaire à moi forclot le sens. Je dis ça parce qu’on m’a posé la question hier soir de savoir s’il y avait d’autres forclusions que celle qui résulte de la forclusion du Nom-du-Père. Il est bien certain que la forclusion a quelque chose de plus radical, puisque le Nom-du-Père est en fin de compte quelque chose. Mais il est certain que c’est là que ça peut servir, au lieu que la forclusion du sens par l’orientation du réel nous n’en sommes pas encore là. Il faut se brider à un nouvel imaginaire concernant le sens. (Ornicar 9, X, p. 34 ; 16 mars 1976.)
17. L’hypothèse de l’inconscient, Freud le souligne, ne peut tenir qu’à supposer le Nom-du-Père. Supposer le Nom-du-Père c’est Dieu. C’est en quoi la psychanalyse, de réussir, prouve que Nom-du-Père on peut aussi bien s’en passer à condition de s’en servir. (Ornicar 10, X, p. 10 ; 13 avril 1976.)
18. Dans le cas de Joyce, le fait est que cette image dans l’occasion n’est pas intéressée. N’est-ce pas ce qui signe que l’ego a chez lui une fonction toute particulière ? Et comment écrire cela dans mon nœud borroméen, qu’est le sanction du fait que Freud fait tout tenir sur la fonction du Père ? Jusqu’où va chez Joyce la père-version. (Ornicar 11, p. 7 ; 11 mai 1976.)
19. Le nœud borroméen, n’est que la traduction de ceci qu’on me rappelait hier soir, que l’amour et par-dessus le marché l’amour qu’on peut qualifier d’éternel, se rapporte à la fonction du père, au nom de ceci que le père est le porteur de la castration. C’est ce que Freud avance dans Totem et Tabou, c’est dans la mesure où les fils sont privés de femme qu’ils aiment le père — chose ahurissante que seule sanctionne l’intuition de Freud. A cette intuition, j’essaie de donner un autre corps dans mon nœud borroméen, si bien fait pour évoquer mon nœud borroméen, si bien fait pour évoquer le mon Nœud-bo où fut donnée la Loi. La Loi n’a absolument rien à faire avec les lois du monde réel, c’est simplement la loi de l’amour c’est-à-dire la père-version. Quant aux lois du monde réel, la question reste ouverte. (Ornicar 11, p. 7 ; 11 mai 1976.)
20. Si Joyce s’est tellement intéressé à la perversion, c’est peut-être après tout … la raclée le dégoûtait. Il n’était peut-être pas un vrai pervers. (P. 8 ; 11 mai 1976.)
21. Freud n’a jamais réussi à concevoir la dite sexualité autrement que perverse, et c’est bien en quoi j’interroge la fécondité de la psychanalyse, laquelle n’a même pas été foutue d’inventer une nouvelle perversion. C’est triste parce que la perversion est l’essence de l’homme. (P. 8 ; 11 mai 1976.)
22. Pour freiner un petit peu ce qui fait gouffre dans ce que nous est permis de serrer par l’usage du nœud borroméen de cette père-version, je vous fais remarquer qu’on peut être surpris que la danse ne serre pas plus non pas au corps, mais le corps. Cela permettrait d’écrire condansation. (P. 9 ; 11 mai 1976.)
Livre XXIV, 1976-1977 : L’insu que sait de l’une bévue s’aile à mourre
1. (L’identification) … la qualification d’amour, c’est l’identification au père. (Ornicar 12, p. 5 ; 16 novembre 1976.)
2. L’identification amoureuse dite au père. (P. 9 ; 16 novembre 1976.)
3. L’Hystérique est soutenue dans sa forme de trique par une armature, distinct de son conscient, et qui est son amour pour son Père. (Ornicar 12, p. 12 ; 14 décembre 1976.)
4. … mes élucubrations sur l’Homme aux loups, à propos de quoi j’ai parlé de forclusion du Nom-du-Père. (Ornicar 14, p. 7 ; 11 janvier 1977.)
5. Le mythe d’Œdipe désigne ceci que la seule personne avec laquelle on ait envie de coucher, c’est sa Mère, et que pour le père on le tue. C’est même d’autant plus probable qu’on ne sait pas qu’ils sont votre père et votre mère. (Ornicar 17, p. 9 ; 13 mars 1977.)
6. Ce n’est pas tellement du meurtre du père qu’il s’agit que de sa castration. (P. 9 ; 13 mars 1977.)
Livre XXV, 1977-1978 : Le moment de conclure
R.A.S.
Livre XXVI, 1978-1979 : La topologie et le temps
R.A.S.
Livre XXVII, 1979-1980 : La dissolution
1. Si je père-sévère, c’est que l’expérience faite appelle contre-expérience qui compense. (Ornicar 20-21, p. 10 ; 5 janvier 1980.)
Écrits
1. C’est la fonction que nous appellerons pacifiante de l’idéal du moi, la connexion de sa normativité libidinale avec une normativité culturelle, liée depuis l’orée de l’histoire à l’imago du père. Ici gît évidemment la portée que garde l’œuvre de Freud : Totem et Tabou, malgré le cercle mythique qui la vicie en tant qu’elle fait dériver de l’événement mythologique, à savoir du meurtre du père, la dimension subjective qui lui donne son sens, la culpabilité. (L’agressivité en psychanalyse, p. 117.)
2. Freud en effet nous montre que le besoin d’une participation qui neutralise le conflit inscrit après le meurtre dans la situation de rivalité entre les frères, est le fondement de l’identification au Totem paternel. (L’agressivité en psychanalyse, p. 117.)
3. C’est justement celle du crime dans ses deux formes les plus abhorrées, l’inceste et le parricide dont l’ombre engendre toute la pathogénie de l’Œdipe. (Fonctions de la psychanalyse en criminologie, p. 130.)
4. (Freud) avec Totem et Tabou en 1912, il ait voulu démontrer dans le crime primordial l’origine de la Loi universelle. (Fonctions de la psychanalyse en criminologie, p. 130.)
5. Une personne qui domine et arbitre le déchirement avide et l’ambivalence jalouse qui fondaient les relations premières de l’enfant avec sa mère et avec le rival fraternel, voici ce que le père représente et semble-t-il d’autant plus qu’il est « en retrait » des premières appréhensions affectives. (Propos sur la causalité psychique, p. 182.)
6. Même en effet représentée par une seule personne, la fonction paternelle concentre en elle des relations imaginaires et réelles, toujours plus ou moins inadéquates à la relation symbolique qui la constitue essentiellement. (Fonction et champ de la parole du langage, p. 278.)
7. C’est dans le nom du père qu’il nous faut reconnaître le support de la fonction symbolique qui, depuis l’orée des temps historiques, identifie sa personne à la figure de la loi. (Fonction et champ de la parole du langage, p. 278.)
8. Chez l’homme moderne, une récurrence alternée des caractères, introduit donc chez les sujets soumis à ces discordances de la relation paternelle une dissociation de l’Œdipe, où il faut voir le ressort constant de ses effets pathogènes. (Fonction et champ de la parole du langage, p. 278.)
9. Car le raisin vert de la parole par quoi l’enfant reçoit trop tôt d’un père l’authentification du néant de l’existence, et la grappe de la colère qui répond aux mots de fausse espérance dont sa mère l’a leurré en le nourrissant au lait de son vrai désespoir, agacent plus ses dents que d’avoir été sevré d’une jouissance imaginaire ou même d’avoir été privé de tels soins réels. (La Chose freudienne, p. 434.)
10. Si l’inconscient paraît en effet redonner un support au proverbe biblique qui dit que « les pères ont mangé des raisins verts et que les dents des enfants en ont été agacées ». (La psychanalyse et son enseignement, p. 448.)
… car nous dirons que c’est parce qu’il a été dit que « les raisins verts qu’ont mangés les pères agacent les dents des enfants ». (La psychanalyse et son enseignement, p. 448.)
11. Si l’on considère d’autre part la préférence que Freud a gardée pour son Totem et Tabou, et le refus obstiné qu’il a opposé à toute relativisation du meurtre du père considéré comme drame inaugural de l’humanité, on conçoit que ce qu’il maintient par là, c’est la primordialité de ce signifiant que représente la paternité au-delà des attributs qu’elle agglutine et dont le lien de la génération n’est qu’une part. Cette portée de signifiant apparaît sans équivoque dans l’affirmation ainsi produite que le vrai père, le père symbolique est le père mort. Et la connexion de la paternité à la mort, que Freud relève explicitement dans maintes relations cliniques, laisse voir d’où ce signifiant tient son rang primordial. (Situation de la psychanalyse en 1958, p. 469.)
12. (À propos de Booz) c’est donc entre le signifiant du nom propre d’un homme et celui qui l’abolit métaphoriquement, que se produit l’étincelle poétique, ici d’autant plus efficace à réaliser la signification de la paternité qu’elle reproduit l’événement mythique où Freud a reconstruit le cheminement dans l’inconscient de tout homme, du mystère paternel. (L’instance de la lettre dans l’inconscient, p. 508.)
13. Figure obscène et féroce du père primordial, inépuisable à se rédimer dans l’éternel aveuglement d’Œdipe. (L’instance de la lettre dans l’inconscient, p. 519.)
14. Le complexe de castration trouvé comme phrase normative de l’assomption par le sujet de son propre sexe, le mythe du meurtre du père rendu nécessaire par la présence constituante de complexe d’Œdipe dans toute histoire personnelle. (Du traitement possible de la psychose, p. 543.)
15. (voir schéma R. p. 553, Du traitement possible de la psychose.)
… c’est aussi qu’à considérer les sommets du triangle symbolique I comme l’idéal du moi, M comme le signifiant de l’objet primordial et P comme la position en A du Nom-du-Père. (P. 553.)
… SI, où le moi s’identifie, depuis son Urbild spéculaire jusqu’à l’identification paternelle de l’idéal du moi. (P. 553.)
16. C’est en effet dans l’économie subjective, telle que nous la voyons commandée par l’inconscient, une signification qui n’est évoquée que parce que nous appelons une métaphore, précisément la métaphore paternelle. (Du traitement possible de la psychose, p. 555.)
17. (Ida Macalpine) … un « héliolithisme », par quoi elle prétend voir codifiée la procréation dans une culture pré-œdipienne, où la fonction procréatrice du père serait éludée. (P. 555.)
… tout ce qu’on pourra avancer dans ce sens sous quelque forme que ce soit, n’en mettra que mieux en valeur la fonction de signifiant qui conditionne la paternité. (Du traitement possible de la psychose, p. 555.)
18. Car si l’exige le contexte symbolique, la paternité n’en sera pas moins attribuée à la rencontre, par la femme d’un esprit a telle fontaine ou dans tel monolithe ou il sera censé siéger. C’est bien ce qui démontre que l’attribution de la procréation au père ne peut être l’effet que d’un pur signifiant, d’une reconnaissance non pas du père réel, mais de ce que la religion nous a appris à invoquer comme le Nom-du-Père. (Du traitement possible de la psychose, p. 556.)
Nul besoin d’un signifiant bien sûr pour être père, pas plus que pour être mort, mais sans signifiant, personne, de l’un ni de l’autre de ces états d’être ne saura jamais rien. (Du traitement possible de la psychose, p. 556.)
19. Comment Freud ne la reconnaîtrait-il pas en effet, alors que la nécessité de sa réflexion l’a mené à lier l’apparition du signifiant du Père, en tant qu’auteur de la Loi, à la mort, voire au meurtre du Père — montrant ainsi que si ce meurtre est le moment fécond de la dette par où le sujet se lie à vie à la Loi, le Père symbolique en tant qu’il signifie cette Loi est bien le Père mort. (Du traitement possible de la psychose, p. 556.)
20. La signification du phallus, avons-nous dit, doit être évoquée dans l’imaginaire du sujet par la métaphore paternelle. (Du traitement possible de la psychose, p. 557.)
21. Formule de la métaphore : S. S barré S (I)
S barré X (S barré)
ceci s’applique ainsi à la métaphore du Nom-du-Père soit la métaphore qui substitue ce Nom à la place premièrement symbolisée par l’opération de l’absence de la mère :
Nom-du-Père Désir de la Mère Nom-du-Père (A)
Désir de la Mère Signifié du sujet (phallus)
Essayons de concevoir maintenant une circonstance de la position subjective ou, à l’appel du Nom-du-Père réponde, non pas l’absence du père réel, car cette absence est plus que compatible avec la présence du signifiant, mais la carence du signifiant lui-même. (Du traitement possible de la psychose, p. 557.)
22. La Ververfung sera donc tenue par nous pour forclusion du signifiant. Au point où, nous verrons comment, est appelé le Nom-du-Père, peut donc répondre dans l’Autre un pur et simple trou, lequel par la carence de l’effet métaphorique provoquera un trou correspondant à la place de la signification phallique. (Du traitement possible de la psychose, p. 558.)
23. (À propos du schéma I.) Il nous semble bien alors que si le Créé I y assume la place en P laissée vacante de la Loi, la place du créateur s’y désigne de ce liegen lassen, laisser en plan fondamental, où paraît se dénuder de la forclusion du Père, l’absence qui a permis de se construire à la primordiale symbolisation M de la Mère. De l’une à l’autre, une ligne qui culminerait dans les Créatures de la parole, occupant la place de l’enfant refusé aux espoirs du sujet … se concevrait ainsi comme contournant le trou creusé dans le champ du signifiant par la forclusion du Nom-du-Père. (Du traitement possible de la psychose, p. 563.)
24. C’est dans un accident de ce registre et de ce qui s’y accomplit, à savoir la forclusion du Nom-du-Père à la place de l’Autre, et dans l’échec de la métaphore paternelle que nous désignons le défaut qui donne à la psychose sa condition essentielle, avec la structure qui la sépare de la névrose. (Du traitement possible de la psychose, p. 575.)
25. Pour que la psychose se déclenche, il faut que le Nom-du-Père verwerfen, forclos, c’est-à-dire jamais venu à la place de l’Autre, y soit appelé en opposition symbolique au sujet. C’est le défaut du Nom-du-Père à cette place qui, par le trou qu’il ouvre dans le signifié amorce la cascade des remaniements du signifiant d’où procède le désastre croissant de l’imaginaire, jusqu’à ce que le niveau soit atteint où signifiant et signifié se stabilisent dans la métaphore délirante. (Du traitement possible de la psychose, p. 577.)
26. Mais comment le Nom-du-Père peut-il être appelé par le sujet à la seule place d’où il ait pu lui advenir et où il n’a jamais été ? Par rien d’autre qu’un père réel, non pas du tout forcément par le père du sujet, par Un-père. Encore faut-il que cet Un-père vienne à cette place où le sujet n’a pu l’appeler d’auparavant. Il y suffit que cet Un-père se situe en position tierce dans quelque relation qui ait pour base le couple imaginaire a-a’ c’est-à-dire moi-objet ou idéal-réalité… (Du traitement possible de la psychose, p. 577.)
27. Pour aller maintenant au principe de la forclusion (Ververfung) du Nom-du-Père, il faut admettre que le Nom-du-Père redouble à la place de l’Autre le signifiant lui-même du ternaire symbolique en tant qu’il constitue la loi du signifiant. (Du traitement possible de la psychose, p. 577.)
28. Encore dans cette recherche tâtonnante sur une carence paternelle dont la répartition ne laisse pas d’inquiéter entre le père tonnant, le père débonnaire, le père tout-puissant, le père humilié, le père engoncé, le père dérisoire, le père au ménage, le père en vadrouille. (Du traitement possible de la psychose, p. 578.)
29. … on nous dira là-dessus qu’on met précisément l’accent sur le lien d’amour et de respect, par où la mère met ou non le père à sa place idéale. (Du traitement possible de la psychose, p. 579.)
30. Mais ce sur quoi nous voulons insister, c’est que ce n’est pas uniquement de la façon dont la mère s’accommode de la personne du père, qu’il conviendrait de s’occuper, mais du cas qu’elle fait de sa parole, disons le mot de son autorité, autrement dit de la place qu’elle réserve au Nom-du-Père dans la promotion de la Loi. (Du traitement possible de la psychose, p. 579.)
31. Plus loin encore la relation du père à cette loi doit-elle être considérée en elle-même, car on y trouvera la raison de ce paradoxe, par quoi les effets ravageants de la figure paternelle s’observent avec une particulière fréquence dans les cas où le père a réellement la fonction de législateur ou s’en prévaut … tous idéaux qui ne lui offrent que trop d’occasions d’être en posture de démérite, d’insuffisance, voire de fraude et pour tout dire d’exclure le Nom-du-Père de sa position dans le signifiant, (Du traitement possible de la psychose, p. 579.)
32. À suivre Freud sur le terrain de la prééminence qu’il accorde au transfert de la relation au père dans la genèse de la psychose. (Du traitement possible de la psychose, p. 580.)
(Chez Schreber … une chaîne symbolique importante à manifester la fonction du père dans le délire. Mais faute d’y distinguer l’instance du Nom-du-Père dont il ne suffit évidemment pas pour la reconnaître qu’elle soit ici visible à l’œil nu. Il manque l’occasion d’y saisir la chaîne où se trament les agressions érotiques éprouvées par le sujet et de contribuer par là à mettre en place ce qu’il faut appeler proprement l’homosexualité délirante.) (P. 580.)
33. (Dieu est une p…) terme où culmine le processus par quoi le signifiant s’est « déchaîné » dans le réel, après que la faillite fut ouverte du Nom-du-Père, - c’est-à-dire au signifiant qui dans l’Autre en tant que lieu du signifiant, est le signifiant de l’Autre en tant que lieu de la Loi. (Du traitement possible de la psychose, p. 583.)
34. Reprendre tout le post-scriptum. (Du traitement possible de la psychose, p. 575 à 583.)
35. (À propos de l’Homme aux rats) … sur la fonction de l’Autre dans la névrose obsessionnelle, en démontrant que cette fonction dans la névrose obsessionnelle s’accommode d’être tenue par un mort et qu’en ce cas elle ne saurait mieux l’être que par le père, pour autant que, mort en effet, il a rejoint la position que Freud a reconnue pour être celle du Père absolu. (La direction de la cure, p. 598.)
36. Quel est le lieu du meurtre du père au pacte de la loi primordiale, s’il y est inclus que la castration soit la punition de l’inceste. (La signification du phallus, p. 686.)
37. Qu’est-ce qu’un Père ?
C’est le Père mort, répond Freud mais personne ne l’entend, et pour ce que Lacan en reprend sous le chef du Nom-du-Père on peut regretter qu’une situation peu scientifique le laisse toujours privé de son audience normale.
(Que nous ayons porté ce trait à cette époque, fût-ce en termes plus vigoureux en ce détour, prend valeur de rendez-vous de ce que ce soit précisément sur le Nom-du-Père que nous ayons trois ans plus tard pris la sanction de mettre en sommeil les thèses que nous avions promises à notre enseignement, en raison de la permanence de cette situation.) (Subversion du sujet, p. 812.)
38. Que de cette autorité de la Loi, le Père puisse être tenu pour le représentant originel, voilà qui exige de spécifier sous quel mode privilégié de présence il se soutient au-delà du sujet qui est amené à occuper réellement la place de l’Autre, à savoir de la Mère. (Subversion du sujet, p. 813.)
39. En fait l’image du Père idéal est un fantasme de névrosé. Au-delà de la Mère, Autre réel de la demande dont on voudrait qu’elle calme le désir (c’est-à-dire son désir), se profile l’image d’un père qui fermerait les yeux sur les désirs. Par quoi est plus marqué encore que révélée la vraie fonction du Père qui foncièrement est d’unir et non d’opposer un désir à la loi.
Le Père souhaité du névrosé est clairement, il se voit, le Père mort, mais aussi bien un Père qui serait parfaitement le maître de son désir, ce qui vaudrait autant pour le sujet. (Subversion du sujet, p. 824.)
40. Mais Freud nous révèle que c’est grâce au Nom-du-Père que l’homme ne reste pas attaché au service sexuel de la Mère, que l’agression contre le Père est au principe de la Loi et que la Loi est au service du désir qu’elle institue par l’interdiction de l’inceste. (Du « Trieb » de Freud, p. 852.)
41. La religion installe ainsi la vérité en un statut de culpabilité. Il en résulte une méfiance à l’endroit du savoir, d’autant plus sensible dans les Pères de l’Église, qu’ils se démontrent plus dominants en matière de raison…
J’ai marqué au passage combien nous avons à apprendre sur la structure de la relation du sujet à la vérité comme cause dans la littérature des Pères, voire dans les premières décisions conciliaires. Le rationalisme qui organise la pensée théologique n’est nullement comme la platitude se l’imagine, affaire de fantaisie. (La science et la vérité, p. 873.)
42. Je ne me console pas d’avoir dû renoncer à rapporter à l’étude de la Bible la fonction du Nom-du-Père. (La science et la vérité, p. 874.)
43. … des relations de la Verwerfung avec la psychose, spécialement comme Verwerfung du Nom-du-Père. (La science et la vérité, p. 874.)
44. Nous avons mis en réserve le Séminaire que nous avions annoncé pour 1963-64 sur le Nom-du-Père. (La science et la vérité, p. 874.)
45. On reconnaît que la psychanalyse est essentiellement ce qui réintroduit dans la considération scientifique le Nom-du-Père. (La science et la vérité, p. 875.)
Scilicet
1. Cette place du Dieu-le-Père, c’est celle que j’ai désigné comme le Nom-du-Père. (Scilicet 1, La méprises du sujet supposé savoir, p. 39.)
2. Le fouillis est insurmontable de ce qui s’y épingle de la castration, des défilés par où l’amour s’entretient de l’inceste, de la fonction du père, du mythe où l’Œdipe se redouble de la comédie du Père-orang, du pérorant outang. (Scilicet IV, L’étourdit, p. 13.)
3. Car c’est dans la « Question préalable » de mes Écrits, laquelle était à lire comme la réponse donnée par le perçu dans la psychose que j’introduis le Nom-du-Père et qu’aux champs (dans les Ecrits mis en grappe) dont il permet d’ordonner la psychose elle-même, on peut mesurer la puissance. (L’étourdit, p. 14.)
4. C’est là que le Nom-du-Père, à faire lieu de sa plage, s’en démontrait le responsable selon sa tradition. (L’étourdit, p. 16.)
5. La castration relaie de fait comme lien au père, ce qui dans chaque discours se connote de virilité. (L’étourdit, p. 16.)
6. … Le Petit Hans … ce cas fut un succès, mais que signifie-t-il sinon que le père, avec l’aide de Freud, réussit à empêcher que la découverte du pénis ait des conséquences désastreuses. (Scilicet 6-7, Conférences aux U.S.A, p. 23.)
7. Vous avez de l’histoire une conception ambitieuse … la même que celle des Pères de l’Église. Les Pères de l’Église réinterprètent l’ensemble de l’histoire de sorte qu’il devienne nécessaire que l’histoire engendre l’Église. (Conférences aux U.S.A, réponse à un Américain, p. 24.)
8. Ce n’est pas du tout ce qu’on croit, un papa. Ce n’est pas du tout forcément celui qui, à une femme a fait cet enfant-là. Dans beaucoup de cas, il n’y a aucune garantie étant donné que la femme après tout, il peut lui arriver bien des choses, surtout si elle traîne un peu. C’est pour ça que papa, ce n’est pas du tout forcément celui qui est — c’est le cas de le dire — le père au sens réel, au sens de l’animalité. Le père c’est une fonction qui se réfère au réel, et ce n’est pas forcément le vrai du réel. Ça n’empêche pas que le réel du père, c’est absolument fondamental dans l’analyse. Le mode d’existence du père tient au réel. C’est le seul cas où le réel est plus fort que le vrai. Disons que le réel lui aussi peut être mythique. Il n’empêche que, pour la structure, c’est aussi important que tout dire vrai. Dans cette direction est le réel. C’est fort inquiétant. C’est fort inquiétant qu’il y ait un réel qui soit mythique, et c’est bien ça que Freud a maintenu si fortement dans sa doctrine la fonction du père. (Scilicet 6-7, p. 45.)
Commentaires Forum fermé