Jacques Lacan, sans doute le premier.
JAM épousa sa fille adorée.
Le coucou était dans le nid, on verra la suite.
J’aurais préféré que Lacan, qui avait 40 ans en 40, fût déclaré Compagnon de la Libération. Comme l’ont été Jean-Pierre Vernant ou René Char
Il n’en a rien été. Aussi bien pour André Breton ou Claude Lévi-Strauss, mais ils étaient réfugiés à juste titre à New-York.
La pratique de Lacan, on en parlé de trois façons différentes :
- La première, sous forme des ragots, initiés par ses propres analysants. Ils étaient si vrais et si justes, que l’on en reconnaissait l’authenticité aussitôt entendus. On pouvait même de son vivant savoir qui en était l’auteur.
Ceux-là fort nombreux n’ont pas à s’en cacher.
En effet si le ragot est une touche de réel (l’expression est de Lacan), c’est très précisément parce qu’il relève de la structure même de l’inconscient. Le ragot est dans le droit fil de la règle fondamentale dans l’analyse. Soit celle de l’association libre, qui ne se justifie que parce que comme pour le rêve, ce travailleur idéal, il est demandé au sujet de dire ce qui lui vient à l’esprit sans juger, sans calculer, sans réfléchir, sans chercher à comprendre trop vite.
C’est la même chose pour le ragot, peut importe son sens propre à chacun, ce qu’il énonce relève de l’universel. Il est toujours juste. Des ragots sur Lacan on en a fait les choux gras dans notre bocal, et puis il y a un gars qui a décidé d’en faire un best-seller en les publiant, avec insistance, en trois temps, sous les titres ravageants, en première édition en 1984 « 132 bons mots avec Jacques Lacan » (sic), puis en 1998 sous le titre « Allo Lacan ? Certainement pas. » (re-sic) et enfin sous l’intitulé impressionnant car emprunté à Molière « Les impromptus de Lacan, ou les 543 bons mots recueillis par J.A. », qui n’est pas celui qu’on croit (re-re et re-sic).
Làquand (ceci n’est pas une faute d’orthographe) vous lisez ça, ça vous tombe des mains. Une désolation absolue. Alors que pour chacun, que je connais parfaitement, j’étais plié de rire à me rouler par terre, pas le seul sans doute.
La magie n’opère plus et accrédite la thèse d’un Lacan charlatan.
C’est que le lecteur d’aujourd’hui n’est plus de la chapelle, comme disait Freud, pour apprécier le mot d’esprit dans ses rapports avec l’inconscient.
- La seconde façon de parler de la pratique de Lacan, c’est lui qui l’a voulue comme telle. C’est dans l’expérience de la passe que Lacan a inventé pour tenter d’en savoir un peu plus sur ce qui pouvait bien se passer dans la boule de quelqu’un qui sait ce que c’est que la cure, pour en avoir fait une lui-même, donc pour savoir ce qui lui prenait de devenir psychanalyste. Ce qui relève « d’une insondable décision de l’être », ce que la doxa désigne par l’expression bien frappée, à l’insu de son plein gré.
Là dans cette expérience, bien calibrée, menée pendant au moins les huit dernières années de l’École freudienne de Paris, en présence de Lacan qui fut de tous les jurys de la passe, on en n’a pas recueilli grand-chose, même des propres analysants de Lacan qui constituaient le plus fort contingent des passants.
On en a moins su que ce que véhiculaient les ragots.
Lacan en a pris acte sans détour « C’est un échec que cette passe » a-t-il souvent répété. On a voulu comprendre qu’il s’agissait de la passe supposée de l’analysant à l’analyste, alors que Lacan visait aussi l’incompétence notoirement révélée par la suite des membres de son jury d’agrément.
- La troisième façon d’en savoir plus sur la pratique de Lacan fut de le faire de façon savante. L’initiative en revient à Claude Dumézil, qui, sous l’égide de la Fondation Européenne de psychanalyse, convoqua un colloque en 2006, où étaient invités à en témoigner des analysants de Lacan, sollicités à la cantonade et non pas triés sur le volet.
Cette précision est donnée pour faire taire d’autres ragots, puisque certains qui avaient fait la fine bouche se démenaient pour faire figurer leur propre témoignage d’après colloque. Ce qui leur fut garanti par Moustapha Safouan qui était en charge de la publication à venir.
Ce colloque fut une réussite, tant sur le plan de la qualité des témoignages que sur celui de son affluence. De plus ses organisateurs avaient réussi à faire venir les représentants de tous les groupes rivaux post-lacaniens. Il y avait en particulier le trio infernal, Charles Melman, irréductible opposant à la procédure inventée par Lacan, Alain-Didier Weill, qui proposa en son temps de la faire par écrit, Lacan jugeant cela impossible à cause de sa glissade assurée au savoir absolu, et enfin Jacques-Alain Miller, qui, lui, est celui qui à le plus « tripoté » la passe du fait de sa méconnaissance radicale de la Chose freudienne. Il aura tout essayé, car lui, il cherche à défaut de trouver. On répète la passe avec lui, avant de la passer pour de vrai, ou bien on fait « la passe à l’entrée » pour savoir si le sujet est « sous-transfert (sic) », enfin même quand un de ses propres analysants s’est entendu dire non à la passe par le cartel en fonction, on invente alors plus-un, qui pourra modifier la réponse. Tout ce qui est écrit là est sic et re-sic et re-re-sic.
Que pensez-vous qu’il arrivât à la suite de ce colloque ?
La publication de ses actes tardant, elle fut confiée à Alain-Didier Weill qui mena rondement l’affaire. Y ajoutant avec bonheur une contribution de Jean Clavreul.
Le volume en question fut publié en janvier 2008 par Aubier. Sous le titre de l’intitulé du colloque Travailler avec Lacan.
Le titre original avait l’avantage de faire apparaître que ce dont chacun de ses analysants a témoigné était moins de la pratique de Lacan, qui n’est pas univoque, mais bien diverse en fonction de la varité des symptômes de chacun.
Curieusement, on voit apparaître aujourd’hui, en flash sur les fenêtres d’Internet, une publicité récurrente du même volume, vendu par la Fnac, sous le nouveau titre La pratique de Lacan, d’Alain-Didier Weill.
Parler de la pratique de Lacan a comme effet immédiat, très à la mode actuellement, de faire des listes d’analysants de Lacan. On fait une analyse avec…, mais en aucun cas on ne peut être le produit de la pratique de… (sauf à l’ENS), ou alors, il n’est pas vrai de dire que l’analyste ne s’autorise que de lui-même.
A-D.W. fait donc pour moi figure d’être un second coucou.
Le personnage est un récidiviste. Cela donne l’idée très à la mode de faire une liste des analysants de Lacan, comme si analysant était un statut, comme si on pouvait être analysant de….
Analysant se dit de quiconque est à la tâche de parler en position désirante, selon sa définition lacanienne stricte, et pas seulement sur le divan.
On doit à A-D.W. quelques années auparavant une affaire du même tabac.
Théâtreux amateur, à succès, il a produit une vidéo, intitulée Quartier Lacan, dans laquelle il se mettait en scène avec des acolytes, en s’auto-désignant Compagnons de Lacan. Sa visée ?
Pas de quartier pour Jacques-Alain Miller, sus… tous pour un, un pour tous.
Il doit l’essentiel de sa formation psychanalytique à la SPP, membre de l’IPA.
Cela vous marque pour la vie, dans vos habitus.
Il aura passé sa vie à nous faire croire, avec sa note bleue, que la psychanalyse avait quelque chose à dire sur la musique, via la pulsion invocante. Alors que la musique est directement branchée sur la jouissance, qui n’en passe pas par la castration.
Autrement dit pas par la pulsion. Elle n’est pas du registre de la jouissance phallique, mais a certainement un rapport ne serait-ce que d’horizon avec la jouissance féminine, que l’on peut parfois obtenir en battant la mesure, en suivant son rythme, en l’écrivant d’une écriture, translinguistique qui n’en passe pas par la lettre, sinon par le nombre — qui lui est du réel.
Je sais qu’en épinglant ces triplés, je pince une chanterelle, mais j’ai des lettres, moi aussi, j’ai lu avec attention l’ouvrage de Jean-Claude Milner Les penchants criminels de l’Europe démocratique. Je leur reproche à ces trois personnalités de livrer la psychanalyse sans vergogne au commerce culturel, et pourtant je ne me sens aucune mission de vérité.
Les gentils ont beau-dire que Freud est juif, et les juifs que c’est un gentil, la psychanalyse n’est pas une science juive.
Comme aussi bien le marxisme, comme Foucault, Deleuze, ou Lévi-Strauss et Jacobson, dont les œuvres ont valeur universelle.
Je me contente de mettre sur mon site web (www.valas.fr), les œuvres complètes de Freud et de Lacan, sous une forme que je n’ai pas toujours moi-même numérisée.
Que d’autres les y trouvent, gratuitement, pour en faire l’usage qui bon leur semblera, pour résister aux balivernes que ne cessent de diffuser ceux qui se croient les propriétaires d’un savoir nouvellement émergé en ce monde, et qui ne leur appartient pas.
Quand Miller vient nous pondre très récemment une nouvelle usine à gaz de sa façon :
l’Université populaire de psychanalyse, je dis que c’est une plaisanterie.
Quand sa partenaire-symptôme, se précipite offrant ses services pour participer à l’éducation politique des psychanalystes (sic), cela devient une connerie.
Quand Jacques-Alain Miller veut savoir si Jean-Michel Vappereau a bien fait une analyse avec Lacan, et qu’il va en demander la confirmation à Gloria, au lieu de le laisser en témoigner dans la passe puisqu’il s’y est offert, mais lui ayant refusé son accès sur le non sans appel de la dame, je dis que c’est une saloperie, mais aussi l’aveu involontaire d’une ignorance crasse en la matière.
Ce qu’il ne cessera pas de démontrer par la suite de son action.
Miller est un effaceur.
Serge Leclaire qui peut à juste titre être reconnu comme le plus fidèle d’entre les fidèles à la personne de Lacan, n’a pas osé des trucs semblables. Ce qui ne l’empêchera pas de prophétiser de longue date que JAM veut détruire la psychanalyse.
L’interprétation du désir indestructible, selon Freud, est analytique.
La preuve qu’elle est juste, Jacques-Alain Miller à force de vouloir défendre à tout prix la psychanalyse va finir par l’interdire.
Freud s’y est pris différemment.
Prêt à sauver sa découverte des menaces bien plus pressantes de son temps, par la seule concession consentie de voir effacer son nom propre de l’histoire de la psychanalyse.
Elle a survécue, elle n’est pas prête de disparaître, si les psychanalystes répondent de leur présence, au lieu de rendre les armes.
Lacan disait tout autre chose, il voulait faire l’édupation des ânons-du-père qu’il avait formés.
Raison pour laquelle je regrette que Lacan n’ait pas été Compagnon de la Libération.
Lacan avait 40 ans en 40, médecin il disposait d’un laisser-passer permanent de la ligne de démarcation.
Il ne s’en est pas privé d’ailleurs, faisant la navette entre Paris et les exilés de la Côte-d’Azur.
Je ne me souviens plus très bien de leurs noms, et même je m’en contrefous.
Dommage qu’il n’ait pas eu l’idée d’aller visiter le Vercors, en passant. Pour prendre une autre mesure de son temps.
Lacan a peut-être bien fait d’ailleurs, ce qui lui a permis de rencontrer Sylvia, où et comment ?
En revanche je sais qu’il est allé arracher son dossier de la liste « Juifs », à la préfecture de Police. Ce qui prouve bien qu’il aurait pu être Compagnon de la Libération, ou du moins être de leur compagnonnage.
Pour le peu que je connais d’eux, d’avoir pu à plusieurs reprises parler en tête-à-tête avec Jean-Pierre Vernant, ils n’étaient pas hommes à se targuer d’un titre de gloire quelconque, histoire d’en mettre plein les mirettes aux chalands.
Ce que JAM, qui n’a fait ni la Révolution, ni même probablement son service militaire (obligatoire pour tous en son temps), ne se prive jamais de faire avec son bout-d’oulm.
Mais qui donc a peur de Jacques-Alain Miller ?
On peut rendre compte des derniers mois de Lacan en quelques mots cruels, qui ont été prononcés devant ceux qui me les ont rapportés :
« Juju, gnangnan. Papa, miam-miam ! »
Oui, c’est triste un train qui siffle dans la nuit.
Lacan aura pratiqué comme psychanalyste jusqu’au dernier moment de son heure.
Il s’était « réfugié » chez sa fille adorée Juju, et son gendre qui raconte partout qu’il était aux abois(sic).
On lui avait donné la chambre de son petit-fils Luc, qu’il a immortalisé à son séminaire, en le nommant Luc-la-grosse-tête parce que l’enfant, alors âgé de 4 ans pensait qu’il avait une grosse tête comme son grand-père à cause des mots qu’on lui faisait entrer dedans.
Depuis il a fait Polytechnique, ce qui lui a fait la tête au carré. Enfin c’est l’impression que me donne ce qu’il produit dans l’Ânerie épisodique fondée par ses parents. Ne devient pas mathématicien qui veut.
Lacan ne voulait en aucun cas consulter les médecins.
Il avait horreur de ça, et quand il y était obligé, cela tournait au cauchemar pour les malheureux consultés.
On retrouve ce même trait qui caractérise certains enfants de Lacan.
Je parle seulement de Juju fille de Sylvia et de Sibylle fille de Malou (qui n’ont eu connaissance l’une de l’autre qu’à l’âge de 17 ans). J’ai pu un peu croiser de plus près cette dernière.
Je n’en dirai pas plus, car je n’ai jamais cherché à avoir leurs confidences.
Je trouve mes arguments sans chercher dans les poubelles, mais en lisant comme il faut les ragots, dont j’ai expliqué la valeur de vérité et de réel.
Ma méthode d’analyse de la vie de la cité, est celle de la paranoïa critique, si chère aux surréalistes et auxquels Lacan l’avait empruntée dans ses premiers travaux passés au public.
Alors il n’est pas indifférent que Lacan ait passé ses derniers jours chez Juju.
Sibylle, était on ne sait où. Son père l’ayant foutue à la porte depuis plus d’un an, elle ne l’avait pas revu depuis et ne savait rien.
D’ailleurs elle a passé sa vie à ne rien vouloir savoir de son père. Maintenant elle met les bouchées doubles.
Je ne peux pas croire que Jacques-Alain Miller, qui venait de rompre de façon fracassante son analyse, n’a pas pu ne pas comprendre la force du transfert que pouvait susciter son beau-père chez ses analysants, en ce moment où il partageait probablement pour la première fois de sa vie avec lui une telle proximité.
Aujourd’hui, il soutient que Lacan est vivant et vient de publier La vie de Lacan, qui n’est pas une biographie tout en l’étant, dans laquelle il nous révèle que Lacan poussait des cris dans les restaurants chics quand il n’était pas servi assez vite, qu’il grillait les feux rouges en voiture, et qu’il donnait des coups de pieds dans les portes fermées des église à Rome.
Miller veut nous faire croire qu’il était très intime avec lui. D’ailleurs il écrit vouloir « s’approprier la pensée de Lacan, et que Lacan s’approprie la sienne ».
Il annonce aussi qu’il va cerner le réel de la différence absolue de Lacan (sic).
Lacan dépendait de ses enfants à cette époque.
Gloria, quoiqu’on en dise, n’avait plus la même fonction pour lui.
Certes elle continuait à le soutenir dans sa pratique, mais pour Lacan c’était l’avis de Juju qui primait.
Lacan était chez elle comme un réfugié aux abois (sic Miller).
Gloria avait pour mission de faire barrage absolu à toute approche, aux coups de téléphone, aux demandes, même insistantes par exemple d’un Pierre Soury qui l’avait tellement porté pendant ses années borroméennes.
Seuls ses analysants, dont j’étais, le voyaient régulièrement pour leurs séances sans le moindre manque de Lacan à ses rendez-vous, sauf pendant le mois de février 1980, où il n’a pas non plus fait son séminaire.
C’est sans doute fort de cette reconnaissance de la valeur du transfert que Miller a confié à des proches d’abord, et plus tard au public quand on le presse sur la question, qu’il avait demandé par deux fois à Lacan de le prendre en analyse et que ce dernier avait refusé.
Lacan lui aurait glissé dans l’oreille d’aller voir Moustapha Safouan.
Miller n’a pas su saisir que c’était là sa chance, d’avoir à faire avec un psychanalyste qui ne s’en laisserait pas compter par la formation de l’éclaireur, des éclairés qu’il prétend éclairer de gré ou de force, en exhibant comme il le fait sa pauvre culture acquise sur les bancs de l’ENS.
Un juif en analyse chez un arabe, intolérable ! Lacan disait n’importe quoi.
Je souligne ce point parce que c’est Miller lui-même qui l’a soulevé en disant publiquement que Maurice Krajzman était un misérable petit schemihl et qu’il y en aura toujours des comme ça.
Il s’est précipité chez son futur bourreau C.M. avec pour résultat la suite que l’on sait.
En cette époque se produit l’impensable.
Lacan a fixé rendez-vous avec ses analysants en début septembre 1981.
Pendant les vacances comme à son habitude il en a appelé certains, leur demandant de venir le voir pour des séances en plus de l’ordinaire. Cela était aussi une particularité de sa pratique.
C’est alors par les journaux que nous apprenions que le Docteur Lacan venait de mourir dans la nuit, dans les suites d’une intervention chirurgicale qu’il avait eu à subir en urgence.
Black-out total.
On apprendra par la suite ce qui s’est passé à la clinique Sainte-Isabelle de Neuilly.
Voilà déjà près d’un an que les dits « lacaniens » se crêpaient le chignon autour du ragot que Lacan était gâteux certifié de visu et in vivo par des collègues analystes et néanmoins neurologues.
Ses derniers analysants restés en analyse avec lui auraient été aveuglés (sic) par le transfert. Décidemment il a bon dos celui-là.
Y’en a même qui ont poussé le bouchon plus loin :
Tout son séminaire La Dissolution qu’il avait lu, debout à la tribune, devant 800 séminaristes chevronnés, d’une voix ferme et posée, comme l’enregistrement sonore le prouve. Eh bien ce séminaire c’était une marionnette qui le tenait, elle-même tenue sous la menace de qui ?
On vous les donne en mille, Lacan l’a dit explicitement, de J.-A. Miller du nom, qui en plus, serait l’auteur des textes lus par Lacan (comme il est co-auteur des séminaires de Lacan, même de ceux où il n’était pas - c’est-à-dire de 1953 (il avait 9 ans) à 1963 (il avait 19 ans), et probablement de 1968 à 1972 (il était maoïste de la Gauche prolétarienne) !
Y’a même une petite phrase qui témoignerait de la forfaiture : « Ceux qui m’aiment encore ». Un analyste ne pourrait pas écrire une telle chose. C’était écrit par quelqu’un qui connaissait pourtant fort bien le texte de Freud, et avait été plus perspicace en son temps.
Freud en effet ne disait-il pas souvent à des interlocuteurs sceptiques, quand il était à bout d’argument pour les convaincre du bien fondé de sa découverte : « Vous ne m’aimez pas assez pour pouvoir comprendre ce que je veux vous faire entendre » ?
Bon passons, je reviendrai là-dessus, pour montrer comment le nœud borro s’est noué autour du coup du gendre qui n’est pas son neveu, par la vertu infernale du transfert.
On apprenait par la suite, bien après sa mise en terre, que Lacan avait fait une occlusion intestinale aiguë par torsion du gros colon qui présentait une masse tumorale cancéreuse très développée.
Il avait fallu l’opérer en urgence, sinon c’était la mort certaine.
Pour une telle intervention, chez tout homme et tout particulièrement pour quelqu’un de son âge, après l’ablation de la tumeur et une résection plus ou moins importante de l’organe atteint, il convient de savoir s’il faut rétablir la continuité immédiatement, avant de refermer, ou s’il vaut mieux mettre ce que l’on appelle « un anus à la peau » dans un premier temps et de rétablir la continuité du transit dans un second temps — le malade ayant récupéré :
D’abord du choc de son occlusion, et des chocs opératoires, dont l’un, précoce, survient au réveil, et qui est en général plus facile à équilibrer. Le second choc survenant un peu décalé, imprévisible dans son ampleur qui suppose une surveillance accrue.
C’est hélas semble- t-il la première option qui fut choisie.
Lacan était réveillé, aux dires de Gloria qui était à son chevet, il recommençait à faire des plans sur la comète. « Hein ! Je suis obstiné », lui aurait-il dit, ce furent ses derniers mots.
La suture lâcha, il fut emporté par le collapsus engendré par la blessure.
Il est vrai que si Lacan avait été Compagnon de la Libération, ou simplement ami de lui même lointain, ce dernier serait intervenu avant, pour lui dire d’arrêter de déconner, parce que contrairement à ce que dit Freud, la vie ne veut pas mourir.
Je le lui ai dit à Lacan :
« Monsieur je sais bien que vous êtes en train de souffrir abominablement, vous restez maintenant presque toujours assis sur votre fauteuil, il vous arrive de vous assoupir devant moi quand je fais mon contrôle. On voit bien sur votre visage que vous êtes submergé par des poussées vaso-motrices, ça ne peut que venir du ventre, vous le savez bien, vous en parliez à votre séminaire naguère, plus précisément du plexus solaire qui doit être comprimé par une masse, dont je ne sais pas ce qu’elle est. Vous devriez consulter, la chirurgie abdominale a fait des progrès considérables, l’anesthésie-réanimation aussi, n’ayez pas peur ».
Je le laissais il s’endormait profondément, il lui fallait pouvoir se reposer. Au bout de dix minutes, je quittais son bureau, sans faire de bruit, sans prévenir Gloria, afin qu’elle ne lui amène pas aussitôt un autre analysant après moi.
Qui a peur de Jacques-Alain Miller ?
On apprenait que Jacques-Alain Miller était l’exécuteur testamentaire de l’œuvre de Lacan.
Comme il est co-auteur de ses séminaires, il peut décider à sa guise du rythme de sa publication, de son contenu, et d’y ajouter ce qu’il veut :
Peu à peu, d’un départ où il ne voulait compter pour rien (sic), pour aboutir au dernier, dont ses commentaires occupent le même volume que celui du texte de Lacan, etc.
Alors pourquoi s’embarquer dans la fumeuse entreprise, soufflée pas C.M., Les Amis de Jacques Lacan, aller au procès pour destituer Miller etc. ?
Là, devant le tribunal il a pris un râteau le Melman. Il ne pouvait pas en être autrement.
Pour revenir à Jacques-Alain comme l’appelle ses proches, c’était un béjaune en 1980.
Il venait de comprendre en observant Lacan, que le transfert et l’amour c’est du pareil au même.
À ceci près qu’il n’a pas du tout saisi, que du pareil au même il y a la place pour une petite différence. Et même la différence absolue, qui fait la singularité de quiconque, mais sur laquelle un analyste doit se repérer dans sa pratique.
En effet il lui faut renoncer à l’amour, plus précisément à se faire aimer, s’il veut que le transfert d’une position du sujet à une nouvelle autre position puisse être le résultat souhaité dans la cure.
Cela pour obtenir la satisfaction attendue de la fin, qui n’est pas seulement celle du sujet du signifiant, mais bien du parlêtre, soit l’individu qui a un nom, un corps et une histoire.
C’est qu’il lui faudrait au parlêtre en analyse pouvoir retrouver dans le parler ce qui lui faut de jouissance pour que son histoire continue.
Pour cela, il doit en passer par les lettres en souffrance, parvenues enfin à lui comme étant leur destinataire légitime.
Le dimanche Miller a fait son choix, plutôt que le dit, il a pris le manche.
Il le revendique, il est un pur produit de l’ENS.
Quand on sait le niveau de veulerie et de compromis qu’il faut pour y entrer, on comprend qu’il soit difficile d’en sortir, d’où pourquoi ne pas s’en réclamer pour l’éternité ?
Elle vous le rend, parce que vous le valez bien. Copains et tartines pour toujours.
Je vais retenir un propos de Jean-Claude Milner, autre type de l’intellectuel de gauche, dont Lacan disait que tout seul c’est un fool, un demeuré, et qu’en bande il participe de leur canaillerie collective.
Encore que lui, il est plutôt inclassable.
Ce qui manque à son œuvre, sans doute parce qu’il est traumatisé par le naufrage de la discipline auquel il a consacré sa vie par amour de lalangue, est la di(t)mension de la pulsion. C’est un homme sans corps.
Il écrit dans Le salaire de l’idéal que le normalien est comme l’énarque, un porc de la ferme. Leur seule différence tient à ce qu’ils n’ont pas été élevés dans la même porcherie.
Comme il a été formaté à l’amour pour l’École, JAM va en faire son slogan.
Son programme ? Mao comme guide éclairé, versus Moa !
Aimez-Moa les uns les autres ! À lui tout seul c’est une école-ambulance mobile.
Il va donc consacrer sans retenue tout son temps à fonder la sienne d’école à aimer sans partage, sur le modèle de ce qu’il a cru comprendre être celui de son maître (Mao), à ceci près que les enjeux ne sont pas du même calibre.
Il est parvenu à ses fins. Il faut dire que les psychanalystes sont tellement occupés à leur pratique, que de ce côté il n’a pas rencontré beaucoup d’obstacles.
Veillé par BHL, voire plus discrètement par Sollers, s’entourant de pentades, de dindons, d’un directeur de marketing, d’un médecin-général de l’armée française et de quelques analysants boutonneux, comme le lycéen précoce qu’il a été, il a réussi à créer dans un groupe qui n’attendait que ça au nom de la Cause :
Pour faire en sorte que tous se soumettent au caprice du fantasme d’un seul.
Réalisant ainsi à la lettre ce que Freud désignait comme ce qui donne consistance sidérante à la foule par identification à son chef, plutôt à ses attributs pourvu qu’ils soient les plus ordinaires possibles.
Pour y faire quoi ?
Le contraire de ce que Lacan disait :
Du bruit pour rien, qui « ne convient pas à l’analyste, et encore moins le nom qu’il porte et qui ne doit pas le porter ».
Hélas monsieur ! Si vous aviez été compagnon de la Libération, peut-être n’auriez vous pas cru tant que cela que vous étiez « aussi seul que vous l’avez été » sur terre !
Patrick Valas, le 18 novembre 2009.
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